Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
27 juillet 2016
« Avec tout ce qui s’passe », « Maintenant, c’est près de chez nous », « C’est même chez nous », tels sont les mots automatiquement prononcés par celles et ceux qui dans les rues de Rouen parlent de l’assassinat par égorgement de Jacques Hamel, le vieux prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray, commune de la banlieue, ce mardi. Il y a aussi ce qu’on ne dit pas, qui s’exprime dans le silence qui suit.
Suite à l’attaque au camion de Nice et avant qu’ait eu lieu ce nouvel acte de barbarie islamo fasciste, les organisateurs des Terrasses du Jeudi rouennaises communiquaient :
« En raison de l’état d’urgence, la sécurité sur la place des Emmurées sera renforcée ce jeudi 28 juillet pour le concert de clôture des Terrasses du Jeudi. Des palpations et fouilles auront lieu à l’entrée du site, prévoyez donc un délai en cas d’affluence. D’autre part, les bouteilles (verre, plastique) ne seront pas autorisées sur le lieu du concert, et le stationnement ainsi que la circulation seront limités aux abords de la place. »
La place des Emmurées va à nouveau mériter son nom. Je n’y serai pas, non par crainte mais parce que de telles mesures, pourtant justifiées, m’enlèvent l’envie d’aller écouter de la musique.
S’il ne pleut pas ce jeudi soir je serai dans le jardin et y poursuivrai la lecture de la biographie de Marcel Duchamp écrite par Bernard Marcadé pour Flammarion.
Calme jardin, on y entend le chant des oiseaux et une voisine qui s’exerce au piano.
*
« De Cracovie, j'apprends la tuerie advenue ce matin à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Elle fait trois victimes : le prêtre, le père Jacques Hamel, 84 ans, et les auteurs de l'assassinat. »
Hallucinante déclaration écrite de l'Archevêque de Rouen, Dominique Lebrun qui met sur le même plan (tous des victimes) l’assassiné et les tueurs.
*
« En raison de l’état d’urgence, la sécurité sur la place des Emmurées sera renforcée ».
Étrange formulation. C’est en raison des risques d’attentats islamiques.
Suite à l’attaque au camion de Nice et avant qu’ait eu lieu ce nouvel acte de barbarie islamo fasciste, les organisateurs des Terrasses du Jeudi rouennaises communiquaient :
« En raison de l’état d’urgence, la sécurité sur la place des Emmurées sera renforcée ce jeudi 28 juillet pour le concert de clôture des Terrasses du Jeudi. Des palpations et fouilles auront lieu à l’entrée du site, prévoyez donc un délai en cas d’affluence. D’autre part, les bouteilles (verre, plastique) ne seront pas autorisées sur le lieu du concert, et le stationnement ainsi que la circulation seront limités aux abords de la place. »
La place des Emmurées va à nouveau mériter son nom. Je n’y serai pas, non par crainte mais parce que de telles mesures, pourtant justifiées, m’enlèvent l’envie d’aller écouter de la musique.
S’il ne pleut pas ce jeudi soir je serai dans le jardin et y poursuivrai la lecture de la biographie de Marcel Duchamp écrite par Bernard Marcadé pour Flammarion.
Calme jardin, on y entend le chant des oiseaux et une voisine qui s’exerce au piano.
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« De Cracovie, j'apprends la tuerie advenue ce matin à l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Elle fait trois victimes : le prêtre, le père Jacques Hamel, 84 ans, et les auteurs de l'assassinat. »
Hallucinante déclaration écrite de l'Archevêque de Rouen, Dominique Lebrun qui met sur le même plan (tous des victimes) l’assassiné et les tueurs.
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« En raison de l’état d’urgence, la sécurité sur la place des Emmurées sera renforcée ».
Étrange formulation. C’est en raison des risques d’attentats islamiques.
26 juillet 2016
Aguiché par une météo prévoyant un lundi au soleil, j’ai pris samedi un billet de train pour Dieppe et me voici au matin remontant la rue de la Jeanne sous un ciel gris et quelques gouttes après qu’il a plu dans la nuit.
Ce train pour Dieppe est caché voie huit. Il est tout neuf, muni d’écrans indiquant où l’on en est du trajet comme dans un avion. Un groupe de moutards étonnamment calmes me tient compagnie. A l’arrivée, le contrôleur dit au revoir à chacun comme à la descente d’un bateau.
Les bateaux sont là dans le port mais peu visibles car c’est marée basse. Je longe ceux des pêcheurs et, passant devant l’Office de Tourisme, y entre poser une question dont je connais par avance la réponse :
-Avez-vous une documentation sur Dieppe et les écrivains ?
C’est pourtant le seul endroit où Céline et Cioran étaient capables de venir en vacances, et nombreux sont ceux qui sont passés par ici, Faulkner y fut même arrêté pour vagabondage.
Après un café au Tout Va Bien et le temps s’améliorant, je vais voir la plage quasi déserte puis marche jusqu’au bout de la jetée, laquelle est colonisée par les pêcheurs. Une forte odeur d’urine justifie la pancarte « Défense d’uriner ». Là, je fais quelques photos des brise-lames de béton ajouré.
A midi, délaissant les restaurants à touristes, je déjeune à L’Espérance d’un menu à dix euros soixante-dix : assiette de buffet, langue sauce provençale accompagnée de frites de la maison, creumebeule aux pommes, avec une demie de sauvignon à cinq cinquante et vue sur le port derrière les voitures. J’y côtoie quelques employés solitaires, deux uniformes des Affaires Maritimes et un trio père mère fille. C’est bien bon et le service est aimable.
Pour le café, le temps devenu beau et pas trop chaud, je vise Le Mieux Ici Qu’En Face du Pollet mais cette taverne est fermée. Je me rabats sur l’intérieur de la ville et le prends à la terrasse du Brazza, sur la place de l’église Saint-Rémy autour de laquelle s’activent des chasseurs de Pokémon dont deux montés sur roulettes électriques (« On devient de plus en plus dingos », commente la serveuse). J’y lis, publié par Solin/Actes Sud, Paris 1941, le journal de Felix Hartlaub (qui fut soldat d’occupation francophile et mourut à Berlin en mil neuf cent quarante-cinq).
Rejoignant la gare pour y prendre le train de seize heures, je croise le seul Dieppois que je connaisse, en élégante tenue estivale et avec sa compagne. Nous échangeons quelques mots (sa peinture, mes écritures, nos lieux de vie) et nous nous invitons réciproquement à passer à l’occasion.
*
Un garçon de café du Tout Va Bien : « Le soir Dieppe c’est comme une île déserte, il fait froid à partir de six heures, six heures et demie. »
*
Avant le départ du train pour Rouen :
Un moutard et sa tante se séparant, des « je t’aime » et des « tu vas me manquer » à n’en plus finir et à n’y pas croire.
Une femme à une autre restée sur le quai : « L’argent est toujours planqué dans le livre Tous les chiens, tous les chats. »
Ce train pour Dieppe est caché voie huit. Il est tout neuf, muni d’écrans indiquant où l’on en est du trajet comme dans un avion. Un groupe de moutards étonnamment calmes me tient compagnie. A l’arrivée, le contrôleur dit au revoir à chacun comme à la descente d’un bateau.
Les bateaux sont là dans le port mais peu visibles car c’est marée basse. Je longe ceux des pêcheurs et, passant devant l’Office de Tourisme, y entre poser une question dont je connais par avance la réponse :
-Avez-vous une documentation sur Dieppe et les écrivains ?
C’est pourtant le seul endroit où Céline et Cioran étaient capables de venir en vacances, et nombreux sont ceux qui sont passés par ici, Faulkner y fut même arrêté pour vagabondage.
Après un café au Tout Va Bien et le temps s’améliorant, je vais voir la plage quasi déserte puis marche jusqu’au bout de la jetée, laquelle est colonisée par les pêcheurs. Une forte odeur d’urine justifie la pancarte « Défense d’uriner ». Là, je fais quelques photos des brise-lames de béton ajouré.
A midi, délaissant les restaurants à touristes, je déjeune à L’Espérance d’un menu à dix euros soixante-dix : assiette de buffet, langue sauce provençale accompagnée de frites de la maison, creumebeule aux pommes, avec une demie de sauvignon à cinq cinquante et vue sur le port derrière les voitures. J’y côtoie quelques employés solitaires, deux uniformes des Affaires Maritimes et un trio père mère fille. C’est bien bon et le service est aimable.
Pour le café, le temps devenu beau et pas trop chaud, je vise Le Mieux Ici Qu’En Face du Pollet mais cette taverne est fermée. Je me rabats sur l’intérieur de la ville et le prends à la terrasse du Brazza, sur la place de l’église Saint-Rémy autour de laquelle s’activent des chasseurs de Pokémon dont deux montés sur roulettes électriques (« On devient de plus en plus dingos », commente la serveuse). J’y lis, publié par Solin/Actes Sud, Paris 1941, le journal de Felix Hartlaub (qui fut soldat d’occupation francophile et mourut à Berlin en mil neuf cent quarante-cinq).
Rejoignant la gare pour y prendre le train de seize heures, je croise le seul Dieppois que je connaisse, en élégante tenue estivale et avec sa compagne. Nous échangeons quelques mots (sa peinture, mes écritures, nos lieux de vie) et nous nous invitons réciproquement à passer à l’occasion.
*
Un garçon de café du Tout Va Bien : « Le soir Dieppe c’est comme une île déserte, il fait froid à partir de six heures, six heures et demie. »
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Avant le départ du train pour Rouen :
Un moutard et sa tante se séparant, des « je t’aime » et des « tu vas me manquer » à n’en plus finir et à n’y pas croire.
Une femme à une autre restée sur le quai : « L’argent est toujours planqué dans le livre Tous les chiens, tous les chats. »
25 juillet 2016
Voici ce samedi la porte de la copropriété en passe de devenir un véritable tableau d’affichage. Sous mon adresse au voisinage, « un début de réponse » signé « les voisines ». Je résume : attention danger, ce monsieur raconte toute la vie de la copropriété sur Internet, il pratique la diffamation et il a des problèmes avec tout le monde.
La technique n’est pas neuve de répondre à autre chose qu’à la question posée et de faire passer celui qui la pose pour l’emmerdeur de service avec qui tout le monde est fâché.
Je ne raconte pas toute la vie de la copropriété et je ne pratique pas la diffamation. J’évoque essentiellement ce que d’aucuns appellent des incivilités et chacun peut les constater comme moi. Par ailleurs, j’ai des rapports banalement ordinaires avec la très grande majorité de mes voisin(e)s.
Le meilleur est pour la fin où l’on indique avoir prévenu le syndic et ma propriétaire de mes agissements. Je suis dans les meilleurs termes avec cette dernière, il m’étonnerait qu’elle veuille me mettre à la porte. À ma connaissance, le règlement de copropriété n’interdit pas l’écriture.
Un autre mot apparaît sur la porte : celui d’un locataire confirmant mes propos, et dont il m’a envoyé copie par mail (c’est à lui que je dois mon titre du jour). Et je sais que d’autres sont également excédés par le bruit quotidien d’Aboyus (et de ses propriétaires) mais n’osent se plaindre ouvertement.
Il est aussi des locataires qui sont arrivés dans la copropriété après ce chien et qui, n’ayant connu que ça, ne peuvent pas imaginer le calme antérieur. Mon petit mot sur la porte leur aura peut-être ouvert les oreilles.
S’ils ont eu le temps de le lire car dans la nuit de samedi à dimanche une main (in)connue a tout arraché, rendant à la porte sa fonction de porte.
*
Rue Saint-Romain, samedi matin, à la place du vrai faux mendiant baratineur, qui du coup s’est réfugié à l’autre bout, un homme qui lui a l’air d’être vraiment dans le besoin. Sa sébile est entre les pattes d’un ours en peluche porteur d’un écriteau : « Seule la faim justifie ce moyen ». Je lui donne une pièce bien qu’il ait de mauvaises lectures (Musso).
La veille, autre quémandeur à la terrasse du Son du Cor, un poète à la Cyrano qui déroule son compliment à une demoiselle à casquette à l’envers la félicitant à la fin de sa tirade de la spontanéité avec laquelle sa main se dirige vers son porte-monnaie. Elle ne peut que donner.
La technique n’est pas neuve de répondre à autre chose qu’à la question posée et de faire passer celui qui la pose pour l’emmerdeur de service avec qui tout le monde est fâché.
Je ne raconte pas toute la vie de la copropriété et je ne pratique pas la diffamation. J’évoque essentiellement ce que d’aucuns appellent des incivilités et chacun peut les constater comme moi. Par ailleurs, j’ai des rapports banalement ordinaires avec la très grande majorité de mes voisin(e)s.
Le meilleur est pour la fin où l’on indique avoir prévenu le syndic et ma propriétaire de mes agissements. Je suis dans les meilleurs termes avec cette dernière, il m’étonnerait qu’elle veuille me mettre à la porte. À ma connaissance, le règlement de copropriété n’interdit pas l’écriture.
Un autre mot apparaît sur la porte : celui d’un locataire confirmant mes propos, et dont il m’a envoyé copie par mail (c’est à lui que je dois mon titre du jour). Et je sais que d’autres sont également excédés par le bruit quotidien d’Aboyus (et de ses propriétaires) mais n’osent se plaindre ouvertement.
Il est aussi des locataires qui sont arrivés dans la copropriété après ce chien et qui, n’ayant connu que ça, ne peuvent pas imaginer le calme antérieur. Mon petit mot sur la porte leur aura peut-être ouvert les oreilles.
S’ils ont eu le temps de le lire car dans la nuit de samedi à dimanche une main (in)connue a tout arraché, rendant à la porte sa fonction de porte.
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Rue Saint-Romain, samedi matin, à la place du vrai faux mendiant baratineur, qui du coup s’est réfugié à l’autre bout, un homme qui lui a l’air d’être vraiment dans le besoin. Sa sébile est entre les pattes d’un ours en peluche porteur d’un écriteau : « Seule la faim justifie ce moyen ». Je lui donne une pièce bien qu’il ait de mauvaises lectures (Musso).
La veille, autre quémandeur à la terrasse du Son du Cor, un poète à la Cyrano qui déroule son compliment à une demoiselle à casquette à l’envers la félicitant à la fin de sa tirade de la spontanéité avec laquelle sa main se dirige vers son porte-monnaie. Elle ne peut que donner.
23 juillet 2016
Effet positif des vacances d’été, plus d’Aboyus depuis mercredi. Cela fait des vacances à ceux qui ne partent pas et mérite que j’affiche mon contentement :
« Cher(e)s voisin(e)s
Ce petit mot sur la porte n’a pas pour but de vous avertir d’une fête qui fera du bruit que l’on s’autorise en s’en excusant par avance.
Bien au contraire.
Quel calme au jardin depuis quelques jours, avez-vous remarqué ?
C’est que l’animal aboyeur est en vacances.
Profitez-en bien, cela ne va pas durer.
Au fait, saviez-vous que le règlement de copropriété interdit la possession d’un « animal criard » (étonnant non ?), mais nul n’a le pouvoir de faire qu’un(e) propriétaire le respecte.
Bon été à vous. »
Cela me vaut, quand je la croise dans la venelle, un regard noir de la voisine devenue amie avec les propriétaires de l’animal criard. La même qui il y a plusieurs années se plaignait des aboiements d’un chien dans la petite maison d’à côté, lequel faisait bien moins de bruit et beaucoup moins souvent qu’Aboyus.
*
Rouen, restaurant Sushi Tokyo, rue Verte, vendredi midi :
-Demain matin, papa y fait les travaux et puis l’après-midi, on jouera à Pokémon Go.
Il étudie la liste des fournitures scolaires de sa fille :
-Un stylo bleu. Un stylo rouge. Deux stylos verts. Pourquoi deux ?
Il porte un ticheurte David Bowie.
« Cher(e)s voisin(e)s
Ce petit mot sur la porte n’a pas pour but de vous avertir d’une fête qui fera du bruit que l’on s’autorise en s’en excusant par avance.
Bien au contraire.
Quel calme au jardin depuis quelques jours, avez-vous remarqué ?
C’est que l’animal aboyeur est en vacances.
Profitez-en bien, cela ne va pas durer.
Au fait, saviez-vous que le règlement de copropriété interdit la possession d’un « animal criard » (étonnant non ?), mais nul n’a le pouvoir de faire qu’un(e) propriétaire le respecte.
Bon été à vous. »
Cela me vaut, quand je la croise dans la venelle, un regard noir de la voisine devenue amie avec les propriétaires de l’animal criard. La même qui il y a plusieurs années se plaignait des aboiements d’un chien dans la petite maison d’à côté, lequel faisait bien moins de bruit et beaucoup moins souvent qu’Aboyus.
*
Rouen, restaurant Sushi Tokyo, rue Verte, vendredi midi :
-Demain matin, papa y fait les travaux et puis l’après-midi, on jouera à Pokémon Go.
Il étudie la liste des fournitures scolaires de sa fille :
-Un stylo bleu. Un stylo rouge. Deux stylos verts. Pourquoi deux ?
Il porte un ticheurte David Bowie.
22 juillet 2016
Troisième semaine de concerts gratuits des Terrasses du Jeudi, l’opération conjointe de la Mairie de Rouen et des patrons de cafés. Celles de l’Espace du Palais, brasseries, saladeries, sont prises d’assaut par des consommateurs bientôt déçus car lorsque la musique commence la foule de ceux qui ne sont pas clients de ces bars et restaurants se massent devant la scène et les empêchent de voir. Je trouve place près de l’homme du son. Shak Shakembo, chanteur congolais, commence seul puis est rejoint par trois musiciens et en avant la rumba. Cela me va bien, surtout la reprise dans sa langue maternelle de La Mauvaise Réputation.
Je me transporte ensuite à proximité du Son du Cor pour voir et écouter Juniore, un trio de filles (batterie, clavier, guitare) qui sont tombées dans la faille temporelle des années soixante. Je comprends peu ce que chante en français la guitariste. Le son des instruments, eux-mêmes peu distincts l’un de l’autre, écrase sa voix. Les conversations alentour n’aident pas. J’ai près de moi des jeunes buveurs de bière au godet (deux de ces godets sont siglés Conseil Régional).
-Tu vas au Festival d’Aurillac, finalement ?
-Bah, oui.
-Et c’est où ?
-Bah, à Aurillac.
Je constate une fois de plus que la plupart sont ici pour échanger des banalités avec leurs peutes et peutesses, la musique leur servant d’alibi pour faire grumeau. Les trois filles de Juniore viennent de Paris, nous dit la chanteuse, mais elles ne sont pas parisiennes (je ne sais pas si ça les gêne). Deux tiers d’entre elles n’étaient jamais venues à Rouen, elles aiment bien. Sur le programme, elles étaient cinq. Je ne sais pas où sont passées les deux autres.
*
Le matin de ce jeudi, vers dix heures et quart, allant acheter mon pain chez Robergeot, je passe devant la défunte bouquinerie Thé Majuscule et la vois ouverte. A l’intérieur sont des hommes, dont certains ont une tête que je connais. Je m’approche de la porte. Un individu fait barrage avec son corps. Je devine qu’il est commissaire-priseur. Il me dit qu’on ne peut pas entrer, la vente est finie. L’atmosphère est celle d’un mauvais coup fait au petit matin.
Je me transporte ensuite à proximité du Son du Cor pour voir et écouter Juniore, un trio de filles (batterie, clavier, guitare) qui sont tombées dans la faille temporelle des années soixante. Je comprends peu ce que chante en français la guitariste. Le son des instruments, eux-mêmes peu distincts l’un de l’autre, écrase sa voix. Les conversations alentour n’aident pas. J’ai près de moi des jeunes buveurs de bière au godet (deux de ces godets sont siglés Conseil Régional).
-Tu vas au Festival d’Aurillac, finalement ?
-Bah, oui.
-Et c’est où ?
-Bah, à Aurillac.
Je constate une fois de plus que la plupart sont ici pour échanger des banalités avec leurs peutes et peutesses, la musique leur servant d’alibi pour faire grumeau. Les trois filles de Juniore viennent de Paris, nous dit la chanteuse, mais elles ne sont pas parisiennes (je ne sais pas si ça les gêne). Deux tiers d’entre elles n’étaient jamais venues à Rouen, elles aiment bien. Sur le programme, elles étaient cinq. Je ne sais pas où sont passées les deux autres.
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Le matin de ce jeudi, vers dix heures et quart, allant acheter mon pain chez Robergeot, je passe devant la défunte bouquinerie Thé Majuscule et la vois ouverte. A l’intérieur sont des hommes, dont certains ont une tête que je connais. Je m’approche de la porte. Un individu fait barrage avec son corps. Je devine qu’il est commissaire-priseur. Il me dit qu’on ne peut pas entrer, la vente est finie. L’atmosphère est celle d’un mauvais coup fait au petit matin.
21 juillet 2016
Une tente de campigne rouge est plantée au milieu de la pelouse du square Verdrel près du bassin aux cygnes ce mercredi matin. Vacancier hardi ou sans domicile non moins hardi ? Je penche pour la seconde possibilité.
Sur le quai de la gare, où les turbines essaient de faire baisser la température, c’est encore l’afflux de valises et l’on s’inquiète un peu car le train de sept heures vingt-huit pour Paris est annoncé avec « dix minutes de retard environ ». Quand il arrive, il s’agit de bien viser une porte pour avoir une place assise. Par bonheur, la voiture est climatisée. J’y lis Trop tard de Werner Kofler, écrivain autrichien non sans intérêt mais dont le style me rappelle un peu trop celui de Thomas Bernhard.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, on s’est enfin mis aux soldes de livres. Les rapaces qui achètent avec leur téléphone remplissent panier sur panier. J’y trouve peu et ai davantage de réussite au marché d’Aligre. Sur le tas de livres à un euro affleurent Donnez-moi le temps d’André Hardellet (Idée fixe/ Julliard) et La vie du petit Saint Placide de Mère Geneviève Gallois (Editions du Cloître). J’y ajoute à deux euros les Lettres à Moune et au Toutounet de Colette (des femmes).
A midi, je m’octroie une place à l’ombre sous l’auvent de Chez Céleste. J’y déjeune d’un feroz d’avocat et de picadinha de bœuf avec un quart de vin portugais tandis que les nuages sur lesquels je compte pour faire baisser la température arrivent peu à peu. Une courte averse s’ensuit, non conforme à mes espoirs.
Je choisis donc, avec l’aide du bus Vingt-Neuf, de me réfugier au jardin du Palais Royal où faute de chaise disponible je prends place sur un banc au dur dossier derrière lequel sont assises deux jeunes femmes et un homme, des collègues de travail à sandouiches.
-Tu n’es pas dans la boucle ? demande l’une à l’homme.
Il est ensuite question d’une absente dont la bague de fiançailles a été remplacée par une bague fantaisie. Quand elle dit « on part en vacances en Grèce », qui est ce « on », son mec ou une copine ?
Ce trio est suivi par un duo de filles. L’une se vante d’avoir accès au premier étage du Point Eph’ lors des évènements, connaissant le fils du patron et tu sais pas, il se lance à son tour et va commencer par une soirée de quatre mille personnes, elle sait pas encore où, le premier octobre, avec Laurent Garnier, il fera un set de six heures, c’est énorme, elle va lui envoyer une invite. Dès qu’une chaise se libère au bord du bassin, j’y file afin de m’aérer aussi l’esprit.
Au Book-Off de Quatre-Septembre, on solde pareillement les livres grand format et les rapaces à téléphone n’ont pas tout raflé. J’y trouve notamment deux biographies : Italo Svevo ou l’Antivie de Maurizio Serra (Grasset) et Jean-Jacques Pauvert l’éditeur en liberté d’Emmanuel Pierrat (Calmann-Lévy).
Dans le train pour Rouen, à l’heure et climatisé, je relis le semi décevant Journal de Jean-René Huguenin et à l’arrivée suis saisi par une chaleur pire qu’à Paris. Square Verdrel, le campeur du matin a plié sa toile et décampé.
*
Les deux filles sur le banc :
-Non mais Bastien, il bosse avec les vieux.
-En gériatrie ?
-Gériatrie, je sais pas ce que c’est, il s’occupe des vieux, il joue avec, il tape la discute.
-Et il est payé pour ça ?
-Bah oui.
*
Je me souviens du jeu que celle qui me tenait la main avait inventé au temps où nous parcourions les vide greniers ensemble : découvrir avant l’autre chaque Pikachu parmi les marchandises déballées.
Pikachu ! Pikachu ! On a joué des mois à le chercher, au risque de passer pour des débiles.
Et maintenant, ce jeu qu’elle a inventé est repris sous la forme virtuelle et commerciale Pokémon Go sans qu’elle touche le moindre droit d’auteure.
Sur le quai de la gare, où les turbines essaient de faire baisser la température, c’est encore l’afflux de valises et l’on s’inquiète un peu car le train de sept heures vingt-huit pour Paris est annoncé avec « dix minutes de retard environ ». Quand il arrive, il s’agit de bien viser une porte pour avoir une place assise. Par bonheur, la voiture est climatisée. J’y lis Trop tard de Werner Kofler, écrivain autrichien non sans intérêt mais dont le style me rappelle un peu trop celui de Thomas Bernhard.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, on s’est enfin mis aux soldes de livres. Les rapaces qui achètent avec leur téléphone remplissent panier sur panier. J’y trouve peu et ai davantage de réussite au marché d’Aligre. Sur le tas de livres à un euro affleurent Donnez-moi le temps d’André Hardellet (Idée fixe/ Julliard) et La vie du petit Saint Placide de Mère Geneviève Gallois (Editions du Cloître). J’y ajoute à deux euros les Lettres à Moune et au Toutounet de Colette (des femmes).
A midi, je m’octroie une place à l’ombre sous l’auvent de Chez Céleste. J’y déjeune d’un feroz d’avocat et de picadinha de bœuf avec un quart de vin portugais tandis que les nuages sur lesquels je compte pour faire baisser la température arrivent peu à peu. Une courte averse s’ensuit, non conforme à mes espoirs.
Je choisis donc, avec l’aide du bus Vingt-Neuf, de me réfugier au jardin du Palais Royal où faute de chaise disponible je prends place sur un banc au dur dossier derrière lequel sont assises deux jeunes femmes et un homme, des collègues de travail à sandouiches.
-Tu n’es pas dans la boucle ? demande l’une à l’homme.
Il est ensuite question d’une absente dont la bague de fiançailles a été remplacée par une bague fantaisie. Quand elle dit « on part en vacances en Grèce », qui est ce « on », son mec ou une copine ?
Ce trio est suivi par un duo de filles. L’une se vante d’avoir accès au premier étage du Point Eph’ lors des évènements, connaissant le fils du patron et tu sais pas, il se lance à son tour et va commencer par une soirée de quatre mille personnes, elle sait pas encore où, le premier octobre, avec Laurent Garnier, il fera un set de six heures, c’est énorme, elle va lui envoyer une invite. Dès qu’une chaise se libère au bord du bassin, j’y file afin de m’aérer aussi l’esprit.
Au Book-Off de Quatre-Septembre, on solde pareillement les livres grand format et les rapaces à téléphone n’ont pas tout raflé. J’y trouve notamment deux biographies : Italo Svevo ou l’Antivie de Maurizio Serra (Grasset) et Jean-Jacques Pauvert l’éditeur en liberté d’Emmanuel Pierrat (Calmann-Lévy).
Dans le train pour Rouen, à l’heure et climatisé, je relis le semi décevant Journal de Jean-René Huguenin et à l’arrivée suis saisi par une chaleur pire qu’à Paris. Square Verdrel, le campeur du matin a plié sa toile et décampé.
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Les deux filles sur le banc :
-Non mais Bastien, il bosse avec les vieux.
-En gériatrie ?
-Gériatrie, je sais pas ce que c’est, il s’occupe des vieux, il joue avec, il tape la discute.
-Et il est payé pour ça ?
-Bah oui.
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Je me souviens du jeu que celle qui me tenait la main avait inventé au temps où nous parcourions les vide greniers ensemble : découvrir avant l’autre chaque Pikachu parmi les marchandises déballées.
Pikachu ! Pikachu ! On a joué des mois à le chercher, au risque de passer pour des débiles.
Et maintenant, ce jeu qu’elle a inventé est repris sous la forme virtuelle et commerciale Pokémon Go sans qu’elle touche le moindre droit d’auteure.
20 juillet 2016
Il faut quand même que j’y aille, voir cette exposition Scènes de la vie impressionniste au Musée des Beaux-Arts de Rouen, et je choisis ce lundi. Un peu avant dix heures, je suis devant la porte en compagnie d’une dizaine de touristes. Fini le temps où pour l’opération fabiusienne Normandie Impressionniste des guichets étaient établis à l’extérieur du Musée dans l’espoir d’une foule de visiteurs. L’édition deux mille seize se fait discrète.
-Nous participons à la minute de silence à midi, si vous êtes encore là, m’informe la caissière à qui je paie onze euros.
Suivant ma pratique habituelle, je laisse les premières salles aux autres arrivants et me trouve seul dans les salles suivantes, constatant que les Monet, Manet, Morisot, Caillebotte, Vuillard montrés, ce sont surtout des œuvres de second choix (pas mal de Renoir aussi dont je déteste le rose charcutier). Beaucoup de toiles sont ennuyeuses comme la bourgeoisie de l’époque. Elles sont peu représentatives des techniques impressionnistes sauf le Camille sur son lit de mort où Monet a peint la défunte comme une meule.
La seule peinture à vraiment sortir du lot est Berthe Morisot au bouquet de violettes d’Edouard Manet, déjà vue au Musée d’Orsay et qui sert d’affiche ici (comme elle était belle Berthe quand elle était jeune, et quel regard). Je sauve aussi un autoportrait de Gauguin jeune, le Portrait du fils de l’artiste par Cézanne (qui ressemble à un Gauguin) et l’étonnant Félix Pissarro en jupe (quelle bizarre idée a eu son père de le peindre habillé en mignonne petite fille à l’âge de huit ans, longs cheveux et regard de souffrance ; il mourra de tuberculose à vingt-trois ans).
Quant à la scénographie, elle est des plus banales, chaque salle étant consacrée à un thème : les artistes, leurs femmes ou muses, leurs enfants, leur vie sociale, leur intimité familiale (couture, coup d’œil à la fenêtre, un thé et au lit).
Julie, la fille de Berthe Morisot et Eugène Manet (frère de) qui posa pour plusieurs a droit à une salle « Jeune et Julie » (ah ah ah). Jolie, elle l’est beaucoup moins que sa mère sur ces toiles mais plus loin une photo anonyme montre que dans la réalité elle l’était fort.
Il est onze heures quand j’en ai fini. La grande et belle fille qui veille sur les bustes de la dernière salle me dit au revoir. C’est une façon de parler (comme on dit).
*
Sur l’un des murs du Musée cet extrait d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Theo ; « Ah peindre des figures comme Claude Monet peint les paysages. Voilà ce qui reste malgré tout à faire. » Il le fera, mais ce n’est pas visible à Rouen où seul un tableau de peu d’intérêt du peintre est montré.
*
A l’entrée de l’exposition quelques caricatures que le jeune Monet, vingt ans, dessinait et vendait dans les rues du Havre. L’une est ainsi légendée : « Notaire à marier. Grande facilité de paiement. On pourra entrer en jouissance de suite. »
*
Dans la série des dommages collatéraux de l’opération Normandie Impressionniste, une reproduction de la Suzanne à l'ombrelle de Monet va être constituée de dix mille petits carrés de laine, « une oeuvre collaborative des tricoteurs et tricoteuses normands ».
« Tous les points sont admis, sauf le jersey qui "s'enroule" et les côtes. » Une paire d’aiguilles et des pelotes de laine seraient arrivées au Conseil Constitutionnel.
*
Après avoir dû capituler sur l’emplacement de la Saint Romain, les forains montrent qu’à nouveau ce sont eux qui commandent. Ce lundi après-midi, dès le rejet pour vice de forme du recours déposé contre l’abattage des platanes de la presqu’île de Wellington et sans se soucier de la pétition signée par huit mille personnes, les tronçonneuses d’Yvon Robert, Maire de Rouen, Socialiste, sont entrées en action protégées par la Police tenant les opposants présents à distance. Et tournez manèges !
-Nous participons à la minute de silence à midi, si vous êtes encore là, m’informe la caissière à qui je paie onze euros.
Suivant ma pratique habituelle, je laisse les premières salles aux autres arrivants et me trouve seul dans les salles suivantes, constatant que les Monet, Manet, Morisot, Caillebotte, Vuillard montrés, ce sont surtout des œuvres de second choix (pas mal de Renoir aussi dont je déteste le rose charcutier). Beaucoup de toiles sont ennuyeuses comme la bourgeoisie de l’époque. Elles sont peu représentatives des techniques impressionnistes sauf le Camille sur son lit de mort où Monet a peint la défunte comme une meule.
La seule peinture à vraiment sortir du lot est Berthe Morisot au bouquet de violettes d’Edouard Manet, déjà vue au Musée d’Orsay et qui sert d’affiche ici (comme elle était belle Berthe quand elle était jeune, et quel regard). Je sauve aussi un autoportrait de Gauguin jeune, le Portrait du fils de l’artiste par Cézanne (qui ressemble à un Gauguin) et l’étonnant Félix Pissarro en jupe (quelle bizarre idée a eu son père de le peindre habillé en mignonne petite fille à l’âge de huit ans, longs cheveux et regard de souffrance ; il mourra de tuberculose à vingt-trois ans).
Quant à la scénographie, elle est des plus banales, chaque salle étant consacrée à un thème : les artistes, leurs femmes ou muses, leurs enfants, leur vie sociale, leur intimité familiale (couture, coup d’œil à la fenêtre, un thé et au lit).
Julie, la fille de Berthe Morisot et Eugène Manet (frère de) qui posa pour plusieurs a droit à une salle « Jeune et Julie » (ah ah ah). Jolie, elle l’est beaucoup moins que sa mère sur ces toiles mais plus loin une photo anonyme montre que dans la réalité elle l’était fort.
Il est onze heures quand j’en ai fini. La grande et belle fille qui veille sur les bustes de la dernière salle me dit au revoir. C’est une façon de parler (comme on dit).
*
Sur l’un des murs du Musée cet extrait d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Theo ; « Ah peindre des figures comme Claude Monet peint les paysages. Voilà ce qui reste malgré tout à faire. » Il le fera, mais ce n’est pas visible à Rouen où seul un tableau de peu d’intérêt du peintre est montré.
*
A l’entrée de l’exposition quelques caricatures que le jeune Monet, vingt ans, dessinait et vendait dans les rues du Havre. L’une est ainsi légendée : « Notaire à marier. Grande facilité de paiement. On pourra entrer en jouissance de suite. »
*
Dans la série des dommages collatéraux de l’opération Normandie Impressionniste, une reproduction de la Suzanne à l'ombrelle de Monet va être constituée de dix mille petits carrés de laine, « une oeuvre collaborative des tricoteurs et tricoteuses normands ».
« Tous les points sont admis, sauf le jersey qui "s'enroule" et les côtes. » Une paire d’aiguilles et des pelotes de laine seraient arrivées au Conseil Constitutionnel.
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Après avoir dû capituler sur l’emplacement de la Saint Romain, les forains montrent qu’à nouveau ce sont eux qui commandent. Ce lundi après-midi, dès le rejet pour vice de forme du recours déposé contre l’abattage des platanes de la presqu’île de Wellington et sans se soucier de la pétition signée par huit mille personnes, les tronçonneuses d’Yvon Robert, Maire de Rouen, Socialiste, sont entrées en action protégées par la Police tenant les opposants présents à distance. Et tournez manèges !
19 juillet 2016
Je ne sais pas précisément ce qu’est la Rouen Firing Line, cette compétition de planche à roulettes organisée quai de Béthencourt derrière le Cent Six mais comme il y a un concert gratuit à l’issue ce samedi soir et qu’il fait beau, que j’ai envie de sortir, je vais voir de quoi il retourne.
Pour ce faire, je passe par le nouvel espace vert de bord de Seine et découvre sitôt après que l’opération festiviste Rouen sur Mer a toujours lieu, en plus petit, plus loin, tournant résolument le dos au fleuve, les transats orientés vers la route. Derrière ce bac à sable, comme le prolongeant, sont installés les rampes à planchistes. S’y exercent des branlotins et une branlotine qui ne sont pas virtuoses.
A vingt heures, devant un public d’une centaine de personnes, Greyfell, un duo masculin, prend place sur la scène et envoie sa musique forte.
-Ce sont deux anciens des Beaux-Arts, me dit l’une de mes connaissances au pied plâtré, tu vois où ça mène.
-Oui, n’importe où.
Je recule de dix cases afin de protéger mes oreilles. Ça ne suffit pas. Je mets des bouchons d’oreilles et sais maintenant quel genre de musique j’écoute : de la musique assourdie. Parmi le public sont des porteurs de casquettes et de tatouages mais aussi des habitués des concerts de rock. Je n’y compte pas plus d’une fille pour neuf garçons. Toutes sont là parce qu’elles accompagnent des garçons.
Au bout d’une huitaine de morceaux, le duo en a fini. « On s’appelle Greyfell et on vient de Rouen », dit l’un des musiciens avant de descendre de scène (j’espère que le voyage n’a pas été trop difficile). Doit leur succéder un autre groupe masculin nommé Jessica93.
J’en reste là, n’ayant pas envie de passer toute la soirée avec les oreilles bouchées, et décide de rentrer en poursuivant le long du quai de la rive gauche puis en revenant par le quai de la rive droite. Ce n’est qu’arrivé au pied du pont Flaubert que je trouve une poubelle où jeter mes bouchons. Je traverse la Seine par ledit pont et longe les restaurants qui ne manquent pas de client(e)s. Passant à hauteur du Cent Six, j’entends parfaitement Jessica93. De là, avec le fleuve entre la musique et moi, ce n’est pas désagréable.
*
Ce dimanche soir, dans le jardin de la copropriété, apéritif dînatoire débouchant sur le concours du rire le plus vulgaire.
Le troisième prix est remporté par l’une des habitantes. Le premier et le deuxième par deux des invitées. Les deux ou trois hommes présents ne sont que pâles figurants ne méritant même pas un prix de consolation.
Je n’aurais pas dû jeter mes bouchons d’oreilles, ils me seraient bien utiles.
Pour ce faire, je passe par le nouvel espace vert de bord de Seine et découvre sitôt après que l’opération festiviste Rouen sur Mer a toujours lieu, en plus petit, plus loin, tournant résolument le dos au fleuve, les transats orientés vers la route. Derrière ce bac à sable, comme le prolongeant, sont installés les rampes à planchistes. S’y exercent des branlotins et une branlotine qui ne sont pas virtuoses.
A vingt heures, devant un public d’une centaine de personnes, Greyfell, un duo masculin, prend place sur la scène et envoie sa musique forte.
-Ce sont deux anciens des Beaux-Arts, me dit l’une de mes connaissances au pied plâtré, tu vois où ça mène.
-Oui, n’importe où.
Je recule de dix cases afin de protéger mes oreilles. Ça ne suffit pas. Je mets des bouchons d’oreilles et sais maintenant quel genre de musique j’écoute : de la musique assourdie. Parmi le public sont des porteurs de casquettes et de tatouages mais aussi des habitués des concerts de rock. Je n’y compte pas plus d’une fille pour neuf garçons. Toutes sont là parce qu’elles accompagnent des garçons.
Au bout d’une huitaine de morceaux, le duo en a fini. « On s’appelle Greyfell et on vient de Rouen », dit l’un des musiciens avant de descendre de scène (j’espère que le voyage n’a pas été trop difficile). Doit leur succéder un autre groupe masculin nommé Jessica93.
J’en reste là, n’ayant pas envie de passer toute la soirée avec les oreilles bouchées, et décide de rentrer en poursuivant le long du quai de la rive gauche puis en revenant par le quai de la rive droite. Ce n’est qu’arrivé au pied du pont Flaubert que je trouve une poubelle où jeter mes bouchons. Je traverse la Seine par ledit pont et longe les restaurants qui ne manquent pas de client(e)s. Passant à hauteur du Cent Six, j’entends parfaitement Jessica93. De là, avec le fleuve entre la musique et moi, ce n’est pas désagréable.
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Ce dimanche soir, dans le jardin de la copropriété, apéritif dînatoire débouchant sur le concours du rire le plus vulgaire.
Le troisième prix est remporté par l’une des habitantes. Le premier et le deuxième par deux des invitées. Les deux ou trois hommes présents ne sont que pâles figurants ne méritant même pas un prix de consolation.
Je n’aurais pas dû jeter mes bouchons d’oreilles, ils me seraient bien utiles.
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