Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
21 septembre 2019
En cette fin septembre le soleil est là tous les jours mais si bas qu’il n’y a plus moyen de prendre un café à la terrasse du Son du Cor en s’en faisant chauffer, du moins à une table sans danger. Celles sous les arbres sont trop risquées survolées qu’elles sont par des moineaux incontinents. Les oiseaux sont le pire ennemi des lecteurs.
Autrefois, à cette époque, je m’asseyais à l’une des tables situées contre les vitres, côté terrain de pétanque, ensoleillées et non survolées. Maintenant qu’elles sont remplacées par les perchoirs offerts par une marque de bière, c’est terminé. La Mairie de Rouen qui interdit les parasols publicitaires pour les cafés serait bien inspirée de faire de même pour les tables.
Je me rattrape avec la terrasse du Sacre qui n’est pas jouxtée par de la végétation. Si l’on y sert plus de bière qu’au Son du Cor, on ne juge pas utile d’en faire la publicité ailleurs que sur la façade
*
Pas un jour cette semaine sans que je voie des Policiers contrôler les zonards qui squattent les bancs du jardin d’Albane près de la Cathédrale. Peut-être est-ce la conséquence du meurtre du jardin de l’Hôtel de Ville. Le corps d’un homme y a été retrouvé sous le panneau de basquette, nu et massacré. Une bande de mineurs a semé la terreur cette nuit-là à Rouen.
Ils l’avaient déjà fait le soir de la Fête de la Musique. La Police les avait arrêtés en flagrant délit après qu’un couple eut subi leur violence. L’homme avait eu trente jours d’arrêt de travail. Un juge rouennais avait ordonné la remise en liberté des agresseurs puis lui-même ou un autre avait prononcé un non-lieu.
*
Ce pauvre Mélenchon et ses hommes de main crient au procès politique devant le Tribunal de Bobigny. Parmi leurs soutiens, le porteur de pancartes faites à la main avec des feutres de couleur, un parasiteur de manifestation toujours habillé en bleu et les bras en vé. Son unique objectif est de se placer face aux caméras de télévision.
On peut le voir avec les Jaunes, avec les jeunes de la manif pour le climat, avec les infirmières, avec la Cégété, avec les femmes battues, avec les retraités, avec les ratons-laveurs, la pancarte toujours à bout de bras, A croire qu’il est né comme ça, les bras en vé, sa mère a dû souffrir.
J’ai lu quelque part que ce m’as-tu-vu avait été instit remplaçant et qu’il a un nom de guerre, dans le genre de ceux que se donnent ceux qui écrivent ou dessinent sur les murs, mais je préfère l’appeler le Grand Bleu.
Autrefois, à cette époque, je m’asseyais à l’une des tables situées contre les vitres, côté terrain de pétanque, ensoleillées et non survolées. Maintenant qu’elles sont remplacées par les perchoirs offerts par une marque de bière, c’est terminé. La Mairie de Rouen qui interdit les parasols publicitaires pour les cafés serait bien inspirée de faire de même pour les tables.
Je me rattrape avec la terrasse du Sacre qui n’est pas jouxtée par de la végétation. Si l’on y sert plus de bière qu’au Son du Cor, on ne juge pas utile d’en faire la publicité ailleurs que sur la façade
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Pas un jour cette semaine sans que je voie des Policiers contrôler les zonards qui squattent les bancs du jardin d’Albane près de la Cathédrale. Peut-être est-ce la conséquence du meurtre du jardin de l’Hôtel de Ville. Le corps d’un homme y a été retrouvé sous le panneau de basquette, nu et massacré. Une bande de mineurs a semé la terreur cette nuit-là à Rouen.
Ils l’avaient déjà fait le soir de la Fête de la Musique. La Police les avait arrêtés en flagrant délit après qu’un couple eut subi leur violence. L’homme avait eu trente jours d’arrêt de travail. Un juge rouennais avait ordonné la remise en liberté des agresseurs puis lui-même ou un autre avait prononcé un non-lieu.
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Ce pauvre Mélenchon et ses hommes de main crient au procès politique devant le Tribunal de Bobigny. Parmi leurs soutiens, le porteur de pancartes faites à la main avec des feutres de couleur, un parasiteur de manifestation toujours habillé en bleu et les bras en vé. Son unique objectif est de se placer face aux caméras de télévision.
On peut le voir avec les Jaunes, avec les jeunes de la manif pour le climat, avec les infirmières, avec la Cégété, avec les femmes battues, avec les retraités, avec les ratons-laveurs, la pancarte toujours à bout de bras, A croire qu’il est né comme ça, les bras en vé, sa mère a dû souffrir.
J’ai lu quelque part que ce m’as-tu-vu avait été instit remplaçant et qu’il a un nom de guerre, dans le genre de ceux que se donnent ceux qui écrivent ou dessinent sur les murs, mais je préfère l’appeler le Grand Bleu.
20 septembre 2019
C’est avec cinq minutes d’avance que se présente ce mercredi en gare de Rouen le sept heures cinquante-trois venant du Havre et allant à Paris. Je trouve place comme à mon habitude dans la voiture Six et me plonge dans Avant et après de Paul Gauguin.
A la suite des ralentissements habituels, tout à coup le train s’arrête. Au bout d’une ou deux minutes, il repart. Cela se reproduit deux fois sans que le chef de bord juge bon de nous dire ce qui se passe. Un quatrième arrêt se produit mais cette fois on ne repart pas.
Nous sommes dans la banlieue parisienne mais en pleine pampa. L’éclairage cesse de fonctionner ainsi que le chauffage. Au bout de dix minutes apparaît le chef de bord. Il passe de voiture en voiture n’ayant plus possibilité d’utiliser la sono, nous dit-il. Soit c’est une panne d’alimentation générale, soit un problème sur la machine, le chauffeur est parti voir.
Un peu plus tard, un voyageur annonce que l’application de la Senecefe donne une estimation de cent quatre-vingts minutes de retard pour notre train. Plusieurs « Putain » et un « Nom de Dieu » se font entendre. « C’est une estimation, commente le jeune homme derrière moi, ça peut être plus ». Il achève de saper le moral de tout le monde en racontant qu’un soir il devait rentrer à dix-neuf heures et qu’il est arrivé à trois heures du matin. « Je suis dépitée, dit une jeune femme qui doit revenir par le quatorze heures dix-neuf, si ça se trouve mon train de retour sera parti avant que celui de l’aller soit arrivé. »
Il s’avère que c’est le moteur de la motrice qui a commencé à prendre feu et qu’il va falloir faire venir une machine de secours pour nous pousser jusqu’à la prochaine gare et que ça va prendre un bon moment. « Je reviendrai vers vous quand elle sera là », annonce le chef de bord. Celles et ceux qui vont chaque jour travailler dans la capitale transforment la voiture en espace de travail partagé, qui en visioconférence, qui au téléphone. Cette ambiance de ruche laborieuse est épuisante pour l’oisif que je suis. Le livre de Gauguin, très inégal, m’aide peu à m’en abstraire.
Il est prêt de midi quand on nous annonce l’arrivée de la machine de dépannage. Il faut encore l’arrimer au convoi. Le chef de bord et des gilets orange montés à bord nous promettent un départ sans cesse reporté jusqu’à ce que tout à coup un cri unanime se fasse entendre « Ça y est, on bouge ».
Chacun range ses affaires et, un quart d’heure plus tard, nous sommes en gare de Maisons-Laffitte attendant un train de banlieue pour terminer le voyage, munis d’une petite bouteille d’eau Saint-Benoît distribuée par des gilets orange et assommés de messages sans cesse répétés par haut-parleur, informations pratiques, conseil de prudence et excuses pour la gêne occasionnée. Pendant ce temps un gilet orange à casquette de chef de gare s’en prend à ceux qui ont allumé une cigarette sur le quai. Ceux-ci se rebiffent et le ton monte.
Arrive alors le train de banlieue. Je me trouve, avec le sac de livres que je comptais vendre chez Book-Off à dix heures, au niveau de la dernière voiture. Elle est vide car ses portes sont bloquées. Je me rabats sur l’avant-dernière. Tout le monde réussit à s’asseoir tandis qu’à l’arrière un cri de victoire des gilets orange se fait entendre « On a réussi à ouvrir les portes de la dernière voiture, vous pouvez vous y installer. »
Ce train de banlieue s’arrête à Houille-Carrières puis file sur Paris. A l’arrivée, il faut encore s’extraire du piège que constituent les barrières à Pécresse, lesquelles fonctionnent dans les deux sens contrairement à celles de Morin. Il est exactement treize heures lorsque je traverse le parvis de la gare sous un beau soleil dont j’aurais aimé profiter plus tôt.
Je marche avec mon lourd sac jusqu’au Royal Bourse Opéra afin d’y déjeuner d’un des deux plats du jour mais la serveuse m’annonce qu’il n’y en a plus. Elle me propose des plats basiques et plus chers. « Dans ce cas, je vais ailleurs », lui dis-je. Le patron me dit au revoir. Je ne lui réponds pas car je ne reviendrai pas. Je me rabats sur Les Ducs où l’unique plat du jour est encore disponible, tranches de rosbif purée, mais je dois attendre à une table sale que la patronne ait terminé de distribuer des cafés. Elle n’apprécie pas que je le lui fasse remarquer. Peu m’importe, elle ne me reverra pas non plus.
Quand j’entre chez Book-Off j’ai la chance qu’il n’y ait pas d’attente pour vendre. J’obtiens treize euros quatre-vingts de mes livres, que je cherche en vain à dépenser, me disant qu’il est certain qu’à l’autre boutique j’aurais trouvé de quoi me combler si cette maudite Senecefe avec ses trains hors d’âge ne m’avait pas pourri la journée.
Le train de retour ne me joue pas de mauvais tour. J’y poursuis sans grande envie ma lecture du matin et découvre en remettant le livre dans ma poche que j’ai oublié mon carnet Muji dans un café. Heureusement, on me l’a mis de côté, apprends-je arrivé chez moi.
*
Cent quatre-vingts minutes de retard, ça moins peur que trois heures.
*
Un train dont le moteur de la motrice prend feu, un autre dont les portes sont bloquées et entre les deux un employé zélé qui s’efforce de faire respecter l’interdiction de fumer. A la Senecefe, tout part en vrille côté matériel, mais on tient bon sur le règlement.
*
Technique de gargotier : afficher un menu du jour attrayant et en prévoir insuffisamment afin d’imposer des plats plus rentables à une partie de la clientèle.
A la suite des ralentissements habituels, tout à coup le train s’arrête. Au bout d’une ou deux minutes, il repart. Cela se reproduit deux fois sans que le chef de bord juge bon de nous dire ce qui se passe. Un quatrième arrêt se produit mais cette fois on ne repart pas.
Nous sommes dans la banlieue parisienne mais en pleine pampa. L’éclairage cesse de fonctionner ainsi que le chauffage. Au bout de dix minutes apparaît le chef de bord. Il passe de voiture en voiture n’ayant plus possibilité d’utiliser la sono, nous dit-il. Soit c’est une panne d’alimentation générale, soit un problème sur la machine, le chauffeur est parti voir.
Un peu plus tard, un voyageur annonce que l’application de la Senecefe donne une estimation de cent quatre-vingts minutes de retard pour notre train. Plusieurs « Putain » et un « Nom de Dieu » se font entendre. « C’est une estimation, commente le jeune homme derrière moi, ça peut être plus ». Il achève de saper le moral de tout le monde en racontant qu’un soir il devait rentrer à dix-neuf heures et qu’il est arrivé à trois heures du matin. « Je suis dépitée, dit une jeune femme qui doit revenir par le quatorze heures dix-neuf, si ça se trouve mon train de retour sera parti avant que celui de l’aller soit arrivé. »
Il s’avère que c’est le moteur de la motrice qui a commencé à prendre feu et qu’il va falloir faire venir une machine de secours pour nous pousser jusqu’à la prochaine gare et que ça va prendre un bon moment. « Je reviendrai vers vous quand elle sera là », annonce le chef de bord. Celles et ceux qui vont chaque jour travailler dans la capitale transforment la voiture en espace de travail partagé, qui en visioconférence, qui au téléphone. Cette ambiance de ruche laborieuse est épuisante pour l’oisif que je suis. Le livre de Gauguin, très inégal, m’aide peu à m’en abstraire.
Il est prêt de midi quand on nous annonce l’arrivée de la machine de dépannage. Il faut encore l’arrimer au convoi. Le chef de bord et des gilets orange montés à bord nous promettent un départ sans cesse reporté jusqu’à ce que tout à coup un cri unanime se fasse entendre « Ça y est, on bouge ».
Chacun range ses affaires et, un quart d’heure plus tard, nous sommes en gare de Maisons-Laffitte attendant un train de banlieue pour terminer le voyage, munis d’une petite bouteille d’eau Saint-Benoît distribuée par des gilets orange et assommés de messages sans cesse répétés par haut-parleur, informations pratiques, conseil de prudence et excuses pour la gêne occasionnée. Pendant ce temps un gilet orange à casquette de chef de gare s’en prend à ceux qui ont allumé une cigarette sur le quai. Ceux-ci se rebiffent et le ton monte.
Arrive alors le train de banlieue. Je me trouve, avec le sac de livres que je comptais vendre chez Book-Off à dix heures, au niveau de la dernière voiture. Elle est vide car ses portes sont bloquées. Je me rabats sur l’avant-dernière. Tout le monde réussit à s’asseoir tandis qu’à l’arrière un cri de victoire des gilets orange se fait entendre « On a réussi à ouvrir les portes de la dernière voiture, vous pouvez vous y installer. »
Ce train de banlieue s’arrête à Houille-Carrières puis file sur Paris. A l’arrivée, il faut encore s’extraire du piège que constituent les barrières à Pécresse, lesquelles fonctionnent dans les deux sens contrairement à celles de Morin. Il est exactement treize heures lorsque je traverse le parvis de la gare sous un beau soleil dont j’aurais aimé profiter plus tôt.
Je marche avec mon lourd sac jusqu’au Royal Bourse Opéra afin d’y déjeuner d’un des deux plats du jour mais la serveuse m’annonce qu’il n’y en a plus. Elle me propose des plats basiques et plus chers. « Dans ce cas, je vais ailleurs », lui dis-je. Le patron me dit au revoir. Je ne lui réponds pas car je ne reviendrai pas. Je me rabats sur Les Ducs où l’unique plat du jour est encore disponible, tranches de rosbif purée, mais je dois attendre à une table sale que la patronne ait terminé de distribuer des cafés. Elle n’apprécie pas que je le lui fasse remarquer. Peu m’importe, elle ne me reverra pas non plus.
Quand j’entre chez Book-Off j’ai la chance qu’il n’y ait pas d’attente pour vendre. J’obtiens treize euros quatre-vingts de mes livres, que je cherche en vain à dépenser, me disant qu’il est certain qu’à l’autre boutique j’aurais trouvé de quoi me combler si cette maudite Senecefe avec ses trains hors d’âge ne m’avait pas pourri la journée.
Le train de retour ne me joue pas de mauvais tour. J’y poursuis sans grande envie ma lecture du matin et découvre en remettant le livre dans ma poche que j’ai oublié mon carnet Muji dans un café. Heureusement, on me l’a mis de côté, apprends-je arrivé chez moi.
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Cent quatre-vingts minutes de retard, ça moins peur que trois heures.
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Un train dont le moteur de la motrice prend feu, un autre dont les portes sont bloquées et entre les deux un employé zélé qui s’efforce de faire respecter l’interdiction de fumer. A la Senecefe, tout part en vrille côté matériel, mais on tient bon sur le règlement.
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Technique de gargotier : afficher un menu du jour attrayant et en prévoir insuffisamment afin d’imposer des plats plus rentables à une partie de la clientèle.
17 septembre 2019
Enfin voyez-le sur les quais, notre amateur. – Il sait et répète avec tout le monde depuis vingt ans qu’on ne trouve rien sur les quais. Mais il peut se faire qu’en dix ans une seule occasion se présente. Et cette occasion-là, il ne veut pas que d’autres que lui en profitent. Quoi de plus adapté à la situation que ce début du troisième chapitre de L’Enfer du bibliophile de Charles Asselineau lu hier à Dieppe. Je suis ce dimanche de pleine lune à sept heures et demie l’un des premiers à espérer sans y croire trouver du bon au vingtième Quai des Livres de Rouen. Parmi les autres est un habituel bouquiniste du samedi au Clos Saint-Marc. Ordinairement de bonne humeur, il est ce matin très remonté contre ses confrères qui vendent ici. Ce qu’il m’en dit est un peu confus, mais il en ressort que ces gens-là font de l’argent avec les livres. Que fait-il d’autre lui chaque semaine ?
-Je me demande ce que je fais là, me dit-il, je n’aurais pas dû venir.
Je le laisse à ses aigreurs et tente de trouver de quoi me plaire aux stands déjà installés avant que d’autres dans mon genre ne me précèdent, marchant pour cela plus que mon pied ne le souhaiterait. Me demanderez-vous pour quel péché l’on y souffre ? demande Asselineau. Je vous répondrai : faisons de bonne foi notre examen de conscience ; et dites-moi s’il est une seule manie, même la plus innocente, qui ne les contienne tous : cupidité, luxure, orgueil, avarice, oubli du devoir et mépris du prochain ?
Comme chaque année, près du marégraphe, une file de femmes et d’hommes à valises attendent avec une certaine impatience le long de tentes blanches. On pourrait les prendre pour des voyageurs espérant l’arrivée de leur Ouibus, mais ce que chacun vise, quand les municipaux auront fini de les installer, c’est de s’asseoir à une table sur laquelle étaler les livres dont il est à la fois l’auteur et l’éditeur. Ce sont les participants du huitième Salon des Ecrivains Normands dont les valises seront quasiment aussi lourdes ce soir au retour. D’autres de leur espèce sont isolés, venus avec leur propre table et répartis entre les vendeurs de livres d’occasion. « C’est moi qui l’ai écrit, oui », disent-ils aux rares chalands qui s’arrêtent à leur table.
A l’issue d’un aller-retour, mon constat est que chez les vendeurs de livres d’occasion les particuliers sont de moins en moins présents. Restent les professionnels, qui n’apportent pas le meilleur, espérant se débarrasser ici des livres qu’ils n’arrivent pas à vendre ailleurs. Enfin sont là les associations qui font du commerce pour leurs bonnes œuvres : Rotary, Kiwanis, Amnesty et tutti.
Un rotarien me demande trois euros pour Sérotonine au prétexte que c’est récent et deux euros pour un livre de poche au prétexte qu’il est épais. Je lui laisse l’un et l’autre. Mon bonheur est un peu plus loin et modeste : les deux tomes des Misérables que je cherchais à sa demande depuis presque un an pour celle qui travaille à Paris, deux poches de chez Folio, plus qu’épais, à deux euros le lot. Outre deux livres que je parcourrai vite fait avant de les revendre, il n’y a pour moi qu’Avant et après de Paul Gauguin dans l’édition de poche de La Petite Vermillon (cinquante centimes).
Il est dix heures lorsque je renonce, décidé à ne même pas repasser dans l’après-midi sur ce quai où d’ailleurs il fera une chaleur à crever. Je croise encore une fois celui qui m’a dit qu’il aurait mieux fait de ne pas venir. Ses sacs sont bien chargés.
-Vous êtes toujours là, lui fais-je remarquer.
Il me répond par un grognement.
-Je me demande ce que je fais là, me dit-il, je n’aurais pas dû venir.
Je le laisse à ses aigreurs et tente de trouver de quoi me plaire aux stands déjà installés avant que d’autres dans mon genre ne me précèdent, marchant pour cela plus que mon pied ne le souhaiterait. Me demanderez-vous pour quel péché l’on y souffre ? demande Asselineau. Je vous répondrai : faisons de bonne foi notre examen de conscience ; et dites-moi s’il est une seule manie, même la plus innocente, qui ne les contienne tous : cupidité, luxure, orgueil, avarice, oubli du devoir et mépris du prochain ?
Comme chaque année, près du marégraphe, une file de femmes et d’hommes à valises attendent avec une certaine impatience le long de tentes blanches. On pourrait les prendre pour des voyageurs espérant l’arrivée de leur Ouibus, mais ce que chacun vise, quand les municipaux auront fini de les installer, c’est de s’asseoir à une table sur laquelle étaler les livres dont il est à la fois l’auteur et l’éditeur. Ce sont les participants du huitième Salon des Ecrivains Normands dont les valises seront quasiment aussi lourdes ce soir au retour. D’autres de leur espèce sont isolés, venus avec leur propre table et répartis entre les vendeurs de livres d’occasion. « C’est moi qui l’ai écrit, oui », disent-ils aux rares chalands qui s’arrêtent à leur table.
A l’issue d’un aller-retour, mon constat est que chez les vendeurs de livres d’occasion les particuliers sont de moins en moins présents. Restent les professionnels, qui n’apportent pas le meilleur, espérant se débarrasser ici des livres qu’ils n’arrivent pas à vendre ailleurs. Enfin sont là les associations qui font du commerce pour leurs bonnes œuvres : Rotary, Kiwanis, Amnesty et tutti.
Un rotarien me demande trois euros pour Sérotonine au prétexte que c’est récent et deux euros pour un livre de poche au prétexte qu’il est épais. Je lui laisse l’un et l’autre. Mon bonheur est un peu plus loin et modeste : les deux tomes des Misérables que je cherchais à sa demande depuis presque un an pour celle qui travaille à Paris, deux poches de chez Folio, plus qu’épais, à deux euros le lot. Outre deux livres que je parcourrai vite fait avant de les revendre, il n’y a pour moi qu’Avant et après de Paul Gauguin dans l’édition de poche de La Petite Vermillon (cinquante centimes).
Il est dix heures lorsque je renonce, décidé à ne même pas repasser dans l’après-midi sur ce quai où d’ailleurs il fera une chaleur à crever. Je croise encore une fois celui qui m’a dit qu’il aurait mieux fait de ne pas venir. Ses sacs sont bien chargés.
-Vous êtes toujours là, lui fais-je remarquer.
Il me répond par un grognement.
16 septembre 2019
Foule à prévoir dans les rues de Rouen ce samedi, je m’échappe vers Dieppe avec le neuf heures douze, traversant une riante campagne peuplée d’arbres feuillus et d’animaux d’élevage.
A l’arrivée je marche droit vers la mer, ne m’arrêtant que pour réserver une table à L’Espérance, puis je longe le bord de l’eau jusqu’au café restaurant de la piscine, lequel a nom O 2 Mer (oh oh oh) et terrasse sur la plage.
Il est dix heures et quart. Je suis le premier client, bientôt rejoint par des touristes anglo-saxons. Après avoir bu un café à un euro quatre-vingt-dix, je plonge dans une lecture en accord avec mon activité de la journée prochaine : L’Enfer du bibliophile de Charles Asselineau, que publie Phébus dans sa collection de poche Libretto.
Cet auteur du dix-neuvième siècle, peu connu de son vivant et pas davantage après sa mort, y narre l’histoire d’un homme atteint de « libricité » qui tombe entre les mains du Diable. Celui-ci l’oblige à acheter tant de livres d’occasion qu’il se ruine puis s’endette.
Côté mer, quelques baigneurs suscitent l’admiration de mes voisins jusqu’à ce qu’ils apprennent que l’eau est encore à dix-neuf degrés.
Vers onze heures trente, je rejoins le port et m’installe à midi pile dans le restaurant du quai Duquesne. Mon menu est l’habituel à buffet d’entrées, andouillette de Troyes avec frites maison et dessert du jour (une tarte à la rhubarbe) à dix euros quatre-vingt-dix-neuf, accompagné d’un quart de merlot à cinq euros zéro cinq. La clientèle reste âgée, la patronne et les serveuses, dont une pour qui c’est le premier jour, fort souriantes.
A treize heures, je passe le pont levant puis le pont tournant et m’installe à la terrasse du Mieux Ici Qu’En Face avec un livre qui s'accorde à mon environnement portuaire. Publié à La Table Ronde dans la collection de poche La Petite Vermillon, Cartes postales contient les poésies d'Henry Jean-Marie Levet,
Ce poète du dix-neuvième siècle, peu connu de son vivant et pas davantage après sa mort, fut néanmoins encensé par Valery Larbaud qui voyait en lui un Walt Whitman français, et apprécié par Léon-Paul Fargue, Sylvia Beach, Jean Cocteau et Paul Morand qui le connaissait par cœur.
Le spectacle du port m’aide à passer d’un poème au suivant. A un moment, on assiste à l’ouverture du pont levant et du pont tournant qui donnent accès à deux bassins différents.
-C’est rare de les voir ouverts en même temps, se réjouit l’un des deux tenanciers de l’estaminet au café à un euro.
L’un et l’autre sont joyeux car ils ferment demain soir et partent jeudi pour deux semaines de vacances en Grèce.
Quand toutes les tables sont occupées une lectrice sexagénaire me demande si je veux bien partager la mienne. Faisant preuve d’une sociabilité un peu obligée, j’accepte.
Mon livre terminé, après avoir souhaité une bonne fin de journée à ma colocataire et de bonnes vacances aux deux impatients, je regagne la gare et rentre avec le seize heures neuf.
A l’arrivée à Rouen, je constate que cette fois la manifestation de Rouen dans la rue est un succès. Des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants occupent l’espace public, au milieu desquels je dois créer mon chemin. Point de slogans ni de banderoles, il faut regarder leurs sacs en papier emplis de vêtements et d’objets de toute nature pour connaître les mots d’ordre : « Pour le capitalisme » « Pour la société de consommation » « Pour le réchauffement climatique ». L’acte quarante-quatre, nommé Grande Braderie, efface tous les autres.
*
Trois extraits de poésies de Levet :
Ni les attraits des plus aimables Argentines,
Ni les courses à cheval dans la pampa,
N’ont le pouvoir de distraire de son spleen
Le Consul général de France à la Plata !
*
L’Armand-Béhic (des Messageries Maritimes)
File quatorze nœuds sur l’Océan Indien…
Le soleil se couche en des confitures de crime,
Dans cette mer plate comme avec la main.
*
Depuis la dernière épidémie de choléra
Où sa fille lui fut brusquement enlevée
-Il y a aujourd’hui juste un an de cela-
Le capitaine Kio-tsu a beaucoup changé.
A l’arrivée je marche droit vers la mer, ne m’arrêtant que pour réserver une table à L’Espérance, puis je longe le bord de l’eau jusqu’au café restaurant de la piscine, lequel a nom O 2 Mer (oh oh oh) et terrasse sur la plage.
Il est dix heures et quart. Je suis le premier client, bientôt rejoint par des touristes anglo-saxons. Après avoir bu un café à un euro quatre-vingt-dix, je plonge dans une lecture en accord avec mon activité de la journée prochaine : L’Enfer du bibliophile de Charles Asselineau, que publie Phébus dans sa collection de poche Libretto.
Cet auteur du dix-neuvième siècle, peu connu de son vivant et pas davantage après sa mort, y narre l’histoire d’un homme atteint de « libricité » qui tombe entre les mains du Diable. Celui-ci l’oblige à acheter tant de livres d’occasion qu’il se ruine puis s’endette.
Côté mer, quelques baigneurs suscitent l’admiration de mes voisins jusqu’à ce qu’ils apprennent que l’eau est encore à dix-neuf degrés.
Vers onze heures trente, je rejoins le port et m’installe à midi pile dans le restaurant du quai Duquesne. Mon menu est l’habituel à buffet d’entrées, andouillette de Troyes avec frites maison et dessert du jour (une tarte à la rhubarbe) à dix euros quatre-vingt-dix-neuf, accompagné d’un quart de merlot à cinq euros zéro cinq. La clientèle reste âgée, la patronne et les serveuses, dont une pour qui c’est le premier jour, fort souriantes.
A treize heures, je passe le pont levant puis le pont tournant et m’installe à la terrasse du Mieux Ici Qu’En Face avec un livre qui s'accorde à mon environnement portuaire. Publié à La Table Ronde dans la collection de poche La Petite Vermillon, Cartes postales contient les poésies d'Henry Jean-Marie Levet,
Ce poète du dix-neuvième siècle, peu connu de son vivant et pas davantage après sa mort, fut néanmoins encensé par Valery Larbaud qui voyait en lui un Walt Whitman français, et apprécié par Léon-Paul Fargue, Sylvia Beach, Jean Cocteau et Paul Morand qui le connaissait par cœur.
Le spectacle du port m’aide à passer d’un poème au suivant. A un moment, on assiste à l’ouverture du pont levant et du pont tournant qui donnent accès à deux bassins différents.
-C’est rare de les voir ouverts en même temps, se réjouit l’un des deux tenanciers de l’estaminet au café à un euro.
L’un et l’autre sont joyeux car ils ferment demain soir et partent jeudi pour deux semaines de vacances en Grèce.
Quand toutes les tables sont occupées une lectrice sexagénaire me demande si je veux bien partager la mienne. Faisant preuve d’une sociabilité un peu obligée, j’accepte.
Mon livre terminé, après avoir souhaité une bonne fin de journée à ma colocataire et de bonnes vacances aux deux impatients, je regagne la gare et rentre avec le seize heures neuf.
A l’arrivée à Rouen, je constate que cette fois la manifestation de Rouen dans la rue est un succès. Des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants occupent l’espace public, au milieu desquels je dois créer mon chemin. Point de slogans ni de banderoles, il faut regarder leurs sacs en papier emplis de vêtements et d’objets de toute nature pour connaître les mots d’ordre : « Pour le capitalisme » « Pour la société de consommation » « Pour le réchauffement climatique ». L’acte quarante-quatre, nommé Grande Braderie, efface tous les autres.
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Trois extraits de poésies de Levet :
Ni les attraits des plus aimables Argentines,
Ni les courses à cheval dans la pampa,
N’ont le pouvoir de distraire de son spleen
Le Consul général de France à la Plata !
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L’Armand-Béhic (des Messageries Maritimes)
File quatorze nœuds sur l’Océan Indien…
Le soleil se couche en des confitures de crime,
Dans cette mer plate comme avec la main.
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Depuis la dernière épidémie de choléra
Où sa fille lui fut brusquement enlevée
-Il y a aujourd’hui juste un an de cela-
Le capitaine Kio-tsu a beaucoup changé.
14 septembre 2019
Sur le derrière de Pompidou trois entrées temporaires sont ouvertes, la première pour le tout-venant qui vient voir l’exposition permanente, la deuxième pour les visiteurs à créneau horaire obligatoire de l’exposition Bacon en toutes lettres dont c’est le premier jour ce mercredi, la troisième pour les prioritaires dont les adhérents et j’en suis.
Vite entré je descends l’escalier métallique provisoire qui mène au niveau Zéro et, après m’être délesté de mon sac, monte par la chenille toujours vaillante au niveau Six. Là point de file prioritaire pour l’adhérent, il faut se mettre avec les créneaux horaires qui avancent à la vitesse du scannage de leur mobile. Tous prioritaires nous sommes, ce qui est assez oxymorique. Cela va néanmoins assez vite. Bientôt je peux montrer ma carte Pop.
Cette exposition présente les peintures des vingt dernières années de Francis Bacon, de grands tableaux épurés et colorés, beaucoup en triptyques, dont dans une même salle les trois évoquant le suicide de son amant George Dyer le vingt-quatre octobre mil neuf cent soixante et onze à l’Hôtel des Saints Pères où séjournaient les deux hommes, c’était deux jours avant le vernissage de l’expo Bacon au Grand Palais.
La plupart des peintures sont recouvertes d’une vitre, ce qui donnera de beaux reflets sur les photographies que beaucoup prennent. Seules celles de la première salle ne sont pas protégées, ce qui me permet d’examiner le grain de la matière.
D’une certaine manière, quand tu as vu un Bacon, tu les as tous vus. Il ne m’étonne pas que possédant la technique on puisse facilement en peindre des faux, comme le faisait un ancien Beauzarteux de ma connaissance à la demande d’homosexuels rouennais désireux de décorer leur salon, de vrais faux, pas des copies de tableaux existants.
Avec tous ses nus masculins, Bacon repose des peintres qui ont la femme pour sujet de prédilection, me dis-je en constatant qu’il y a quand même un Nu féminin se tenant dans l’embrasure d’une porte. On trouve là également deux peintures floues représentant des dunes de sable que je trouve bien moches. En revanche, j’aime particulièrement, pour son cadrage, Scène de rue (avec une voiture au loin).
Il règne en ce lieu un apaisant murmure. L’avantage de visiter avant que tout le monde en parle, c’est d’échapper aux conférenciers, aux groupes de tous âges et aux trios d’institutrices retraitées membres d’une association d’artistes amateurs qui commentent à voix haute. Quand même, un vieux beau entouré de sa petite cour féminine explique à ces dames ce qu’il convient de penser.
-On ne voit pas souvent le sexe, constate l’une devant un des corps masculins qui justement le montre.
-Oui, ça fait assez pine d’huître, déclare le pignouf.
Une femme assise à ma droite sur un banc porte comme moi autant d’intérêt au public qu’aux peintures. Elle photographie discrètement un couple de garçons anglais tatoués, bijoutés, coiffés et habillés excentriquement, main dans la main.
Six salles annexes, dans une semi pénombre, permettent à qui veut d’entendre, lus pas des acteurs renommés, des textes d’auteurs ayant inspiré l’artiste (d’où le titre de l’expo) : Eschyle, Nietzsche, T.S. Eliot, Leiris, Conrad, Bataille. Je n’y entre pas.
Juste avant la sortie, sur grand écran, est diffusée une vidéo d’interviou de Bacon dont le visage est déjà une de ses peintures. Je fends la foule qui s’agglomère devant et regagne le niveau Zéro.
*
« La richesse de sa bibliothèque, composée de plus de mille ouvrages, démontre son intérêt pour le livre », explique le dépliant mis a disposition des visiteurs. A ce compte-là, je suis un super riche.
Vite entré je descends l’escalier métallique provisoire qui mène au niveau Zéro et, après m’être délesté de mon sac, monte par la chenille toujours vaillante au niveau Six. Là point de file prioritaire pour l’adhérent, il faut se mettre avec les créneaux horaires qui avancent à la vitesse du scannage de leur mobile. Tous prioritaires nous sommes, ce qui est assez oxymorique. Cela va néanmoins assez vite. Bientôt je peux montrer ma carte Pop.
Cette exposition présente les peintures des vingt dernières années de Francis Bacon, de grands tableaux épurés et colorés, beaucoup en triptyques, dont dans une même salle les trois évoquant le suicide de son amant George Dyer le vingt-quatre octobre mil neuf cent soixante et onze à l’Hôtel des Saints Pères où séjournaient les deux hommes, c’était deux jours avant le vernissage de l’expo Bacon au Grand Palais.
La plupart des peintures sont recouvertes d’une vitre, ce qui donnera de beaux reflets sur les photographies que beaucoup prennent. Seules celles de la première salle ne sont pas protégées, ce qui me permet d’examiner le grain de la matière.
D’une certaine manière, quand tu as vu un Bacon, tu les as tous vus. Il ne m’étonne pas que possédant la technique on puisse facilement en peindre des faux, comme le faisait un ancien Beauzarteux de ma connaissance à la demande d’homosexuels rouennais désireux de décorer leur salon, de vrais faux, pas des copies de tableaux existants.
Avec tous ses nus masculins, Bacon repose des peintres qui ont la femme pour sujet de prédilection, me dis-je en constatant qu’il y a quand même un Nu féminin se tenant dans l’embrasure d’une porte. On trouve là également deux peintures floues représentant des dunes de sable que je trouve bien moches. En revanche, j’aime particulièrement, pour son cadrage, Scène de rue (avec une voiture au loin).
Il règne en ce lieu un apaisant murmure. L’avantage de visiter avant que tout le monde en parle, c’est d’échapper aux conférenciers, aux groupes de tous âges et aux trios d’institutrices retraitées membres d’une association d’artistes amateurs qui commentent à voix haute. Quand même, un vieux beau entouré de sa petite cour féminine explique à ces dames ce qu’il convient de penser.
-On ne voit pas souvent le sexe, constate l’une devant un des corps masculins qui justement le montre.
-Oui, ça fait assez pine d’huître, déclare le pignouf.
Une femme assise à ma droite sur un banc porte comme moi autant d’intérêt au public qu’aux peintures. Elle photographie discrètement un couple de garçons anglais tatoués, bijoutés, coiffés et habillés excentriquement, main dans la main.
Six salles annexes, dans une semi pénombre, permettent à qui veut d’entendre, lus pas des acteurs renommés, des textes d’auteurs ayant inspiré l’artiste (d’où le titre de l’expo) : Eschyle, Nietzsche, T.S. Eliot, Leiris, Conrad, Bataille. Je n’y entre pas.
Juste avant la sortie, sur grand écran, est diffusée une vidéo d’interviou de Bacon dont le visage est déjà une de ses peintures. Je fends la foule qui s’agglomère devant et regagne le niveau Zéro.
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« La richesse de sa bibliothèque, composée de plus de mille ouvrages, démontre son intérêt pour le livre », explique le dépliant mis a disposition des visiteurs. A ce compte-là, je suis un super riche.
13 septembre 2019
Quelques gouttes m’obligent à ouvrir mon parapluie tandis que je rejoins la gare, tel est le temps à Rouen ce mercredi matin onze septembre. Je songe à celui que l’on écrit avec des majuscules et me souviens de mon passage juste après une averse au Mémorial quelques jours avant la date anniversaire. J’utilise toujours l’étui à parapluie en plastique qui m’avait été offert à l’entrée. C’était il y a sept ans, m’a rappelé Effe Bé, en me précisant que le onze septembre je me trouvais à Colombus (Ohio), amené là par celle qui travaillait en Amérique.
Pour plusieurs semaines, le Corail de sept heures cinquante-neuf pour Paris part à sept heures cinquante-trois (rapport à des travaux à Gaillon). Je suis donc un peu moins en avance au borduquet.
Je voyage avec trois retraitées réjouies qui étudient un plan de Paris tout neuf. L’une fait le numéro d’une connaissance commune : « Alors, j’y dis que ça y est, on est dans le train ? ». Elles trouvent les sièges très confortables. Je termine la lecture du Voyage à Nuremberg d’Hermann Hesse en qui je découvre un précurseur de Thomas Bernhard. Comme souvent dans mes lectures de train, il est question de train : Il s’en fallut d’un cheveu que nous ne rations le train mais cela nous permit de faire l’économie des cérémonies d’adieux.
Partis plus tôt de Rouen nous arrivons quand même en retard à cause de multiples ralentissements et d’un arrêt peu avant Saint-Lazare pendant lequel j’empêche une jeune pressée distraite de descendre sur les voies.
J’assiste quand même à l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin après qu’une employée a commencé sa journée de travail en chargeant dans une camionnette de lourds cartons destinés au recyclage. Explorant les livres à un euro, j’en trouve quelques-uns pour moi, dont Voyages en Suisse et dans les Alpes de Goethe publié chez l’éditeur suisse Georg, Une vie de paysages de Béatrice Commengé chez Verdier (une évocation de la vie de Lawrence Durrell), Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantès Saavedra illustré par Salvador Dali au Chêne (j’en vis les originaux il y a bien longtemps au château de Vascœuil) et Proust et les autres de Christian Péchenard en poche chez La Petite Vermillon (un ouvrage regroupant les trois livres consacrés à Marcel de l’auteur décédé en mil neuf cent quatre-vingt-dix : Proust à Cabourg, Proust et son père, Proust et Céleste).
Dès sorti j’attends le Soixante-Seize en compagnie d’une vieille handicapée qui me tient informé de son avancée grâce à l’application. Je descends à Hôtel de Ville et rejoins l’arrière du Centre Pompidou par où on entre provisoirement. Il est onze heures trente et je veux visiter l’expo Bacon dès son premier jour.
J’en ressors vers treize heures quinze sous un ciel bleu et me dirige vers chez New New. J’y mange à volonté à proximité de deux sosies de célébrités : une Nathalie Sarraute et une Marguerite Duras. Elles s’ignorent ostensiblement. Chacune est accompagnée par une femme qui peut être sa fille. Parmi les autres convives, un homme et une femme lisent en même temps qu’ils déjeunent en solitaire, mais je ne sais pas si ce sont des livres d’elles.
*
Ceux qui descendent leur trottinette dans le métro, ceux qui l’emmènent au restaurant.
*
Déjeuner à treize heures quinze, il y avait longtemps que je ne m’étais livré à une telle excentricité.
*
Lire en mangeant, ça je ne l’ai jamais fait (et ne le ferai jamais).
Pour plusieurs semaines, le Corail de sept heures cinquante-neuf pour Paris part à sept heures cinquante-trois (rapport à des travaux à Gaillon). Je suis donc un peu moins en avance au borduquet.
Je voyage avec trois retraitées réjouies qui étudient un plan de Paris tout neuf. L’une fait le numéro d’une connaissance commune : « Alors, j’y dis que ça y est, on est dans le train ? ». Elles trouvent les sièges très confortables. Je termine la lecture du Voyage à Nuremberg d’Hermann Hesse en qui je découvre un précurseur de Thomas Bernhard. Comme souvent dans mes lectures de train, il est question de train : Il s’en fallut d’un cheveu que nous ne rations le train mais cela nous permit de faire l’économie des cérémonies d’adieux.
Partis plus tôt de Rouen nous arrivons quand même en retard à cause de multiples ralentissements et d’un arrêt peu avant Saint-Lazare pendant lequel j’empêche une jeune pressée distraite de descendre sur les voies.
J’assiste quand même à l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin après qu’une employée a commencé sa journée de travail en chargeant dans une camionnette de lourds cartons destinés au recyclage. Explorant les livres à un euro, j’en trouve quelques-uns pour moi, dont Voyages en Suisse et dans les Alpes de Goethe publié chez l’éditeur suisse Georg, Une vie de paysages de Béatrice Commengé chez Verdier (une évocation de la vie de Lawrence Durrell), Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantès Saavedra illustré par Salvador Dali au Chêne (j’en vis les originaux il y a bien longtemps au château de Vascœuil) et Proust et les autres de Christian Péchenard en poche chez La Petite Vermillon (un ouvrage regroupant les trois livres consacrés à Marcel de l’auteur décédé en mil neuf cent quatre-vingt-dix : Proust à Cabourg, Proust et son père, Proust et Céleste).
Dès sorti j’attends le Soixante-Seize en compagnie d’une vieille handicapée qui me tient informé de son avancée grâce à l’application. Je descends à Hôtel de Ville et rejoins l’arrière du Centre Pompidou par où on entre provisoirement. Il est onze heures trente et je veux visiter l’expo Bacon dès son premier jour.
J’en ressors vers treize heures quinze sous un ciel bleu et me dirige vers chez New New. J’y mange à volonté à proximité de deux sosies de célébrités : une Nathalie Sarraute et une Marguerite Duras. Elles s’ignorent ostensiblement. Chacune est accompagnée par une femme qui peut être sa fille. Parmi les autres convives, un homme et une femme lisent en même temps qu’ils déjeunent en solitaire, mais je ne sais pas si ce sont des livres d’elles.
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Ceux qui descendent leur trottinette dans le métro, ceux qui l’emmènent au restaurant.
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Déjeuner à treize heures quinze, il y avait longtemps que je ne m’étais livré à une telle excentricité.
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Lire en mangeant, ça je ne l’ai jamais fait (et ne le ferai jamais).
10 septembre 2019
Tranquille pour lire au Son du Cor cette semaine avec pour bande son Ray Charles, Les Suprêmes, Otis Redding et tutti, j’y suis aussi ce samedi, pas loin d’un de ma connaissance ayant la même occupation.
-A la prochaine, me dit-il en partant.
-Et même à demain, lui dis-je.
En effet ce dimanche il est l’un des vendeurs du plus sympathique des vide greniers rouennais, celui de la Croix de Pierre.
Ce n’est pas avec lui que je fais affaire mais plus loin avec une femme sympathique qui propose un choix hétéroclite de livres au prix de trois pour deux euros. Je lui en achète six dont Wilder Mann ou la figure du sauvage de Charles Fréger (Thames & Hudson), Tout pour l’amour, recueil de récits érotiques chinois (Picquier poche) et L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie (Gallimard).
Arrivé au bout de la rue Saint-Hilaire, je rebrousse et m’arrête à la librairie L’Insoumise devant laquelle les vieux anars bradent, trois livres pour un euro. J’en trouve quelques-uns à mon goût bien qu’un concurrent m’ait précédé, un petit malin qui a trouvé la technique pour être le premier : participer à l’installation des livres sur les tables en vidant les cartons.
Mon sac plein, je rentre à la maison vers neuf heures et suis de retour vers midi pour un deuxième passage.
Il est fructueux. J’achète deux euros à une femme qui ne peut l’avoir lu Georges Fourest ou le carnaval de la littérature de Laurent André (Editions Universitaires de Dijon) puis un euro Flaubert de Michel Winock (Gallimard) à une femme qui l’a peut-être lu.
Elle aussi en voulait deux euros mais j’ai argué d’une pliure dans la couverture pour diviser le prix par deux. Cette personne ne m’était pas inconnue, je la côtoyais quand je fréquentais la terrasse de L’Interlude. Acheter à quelqu’un qui ne vous est pas étranger est toujours délicat.
*
Cela commence à frétiller chez les aspirants à la Maire de Rouen. Revoici Jean-Michel Bérégovoy Ecologiste. La fois dernière, il voulait « prendre la Mairie ». Cette fois, il se contente de vouloir « gagner la ville ». A la fin, ce sera la même chose : il échouera et se ralliera au second tour à Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, Fier de Rouen, autre candidat déclaré. Le premier à avoir fait état de son ambition fut Jean-Louis Louvel, le roi de la palette, actionnaire principal de Paris Normandie, déjà soutenu par Agir et le Modem, les satellites de LaRem dont il deviendra sans doute le candidat. Seule, la Droite n’a pas encore de candidat, pour la raison qu’elle en a plusieurs, ce pourquoi il est probable qu’elle perde encore une fois.
*
« Nous avons quelques années pour répondre à l’urgence, partout dans le monde. » « On joue l’avenir des générations futures. » déclare Jean-Michel Bérégovoy. Qu’un Ecologiste pense que l’on a encore le temps, que cela ne concerne que des humains pas encore nés, en dit long sur l’aveuglement qui caractérise ce début de siècle.
-A la prochaine, me dit-il en partant.
-Et même à demain, lui dis-je.
En effet ce dimanche il est l’un des vendeurs du plus sympathique des vide greniers rouennais, celui de la Croix de Pierre.
Ce n’est pas avec lui que je fais affaire mais plus loin avec une femme sympathique qui propose un choix hétéroclite de livres au prix de trois pour deux euros. Je lui en achète six dont Wilder Mann ou la figure du sauvage de Charles Fréger (Thames & Hudson), Tout pour l’amour, recueil de récits érotiques chinois (Picquier poche) et L’Usage de la photo d’Annie Ernaux et Marc Marie (Gallimard).
Arrivé au bout de la rue Saint-Hilaire, je rebrousse et m’arrête à la librairie L’Insoumise devant laquelle les vieux anars bradent, trois livres pour un euro. J’en trouve quelques-uns à mon goût bien qu’un concurrent m’ait précédé, un petit malin qui a trouvé la technique pour être le premier : participer à l’installation des livres sur les tables en vidant les cartons.
Mon sac plein, je rentre à la maison vers neuf heures et suis de retour vers midi pour un deuxième passage.
Il est fructueux. J’achète deux euros à une femme qui ne peut l’avoir lu Georges Fourest ou le carnaval de la littérature de Laurent André (Editions Universitaires de Dijon) puis un euro Flaubert de Michel Winock (Gallimard) à une femme qui l’a peut-être lu.
Elle aussi en voulait deux euros mais j’ai argué d’une pliure dans la couverture pour diviser le prix par deux. Cette personne ne m’était pas inconnue, je la côtoyais quand je fréquentais la terrasse de L’Interlude. Acheter à quelqu’un qui ne vous est pas étranger est toujours délicat.
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Cela commence à frétiller chez les aspirants à la Maire de Rouen. Revoici Jean-Michel Bérégovoy Ecologiste. La fois dernière, il voulait « prendre la Mairie ». Cette fois, il se contente de vouloir « gagner la ville ». A la fin, ce sera la même chose : il échouera et se ralliera au second tour à Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, Fier de Rouen, autre candidat déclaré. Le premier à avoir fait état de son ambition fut Jean-Louis Louvel, le roi de la palette, actionnaire principal de Paris Normandie, déjà soutenu par Agir et le Modem, les satellites de LaRem dont il deviendra sans doute le candidat. Seule, la Droite n’a pas encore de candidat, pour la raison qu’elle en a plusieurs, ce pourquoi il est probable qu’elle perde encore une fois.
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« Nous avons quelques années pour répondre à l’urgence, partout dans le monde. » « On joue l’avenir des générations futures. » déclare Jean-Michel Bérégovoy. Qu’un Ecologiste pense que l’on a encore le temps, que cela ne concerne que des humains pas encore nés, en dit long sur l’aveuglement qui caractérise ce début de siècle.
9 septembre 2019
Ce samedi matin, après la pluie de la nuit, j’attends à l’arrêt République le bus Té Un de sept heures treize. Il est remarquablement à l’heure. J’en descends à l’arrêt Campus, tout comme deux dames à caddies. Je les suis jusqu'au parquigne de la Fac de Lettres où s’étale le vide grenier annuel.
L’une des premières personnes que je croise fut une très belle jeune fille, il y a plus de vingt ans, vers laquelle se tournaient les regards masculins au café Les Floralies que je fréquentais quand je venais à Rouen le mercredi. Devenue prof et mère, son visage s’est rapidement ridé, de plus en plus ridé. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’elle parle toute seule.
Il fut un temps où je trouvais ici des livres dignes de l’Université. Ce n’est plus le cas. Au moins ai-je la chance d’être devant un stand au moment où le vendeur, que je connais de vue, y dépose des livres à un euro. Leur prix m’aide à en acheter quatre avant qu’arrive la concurrence. Plus loin, j’achète pour un euro cinquante, publiés chez Buchet Chastel, période couverture orange, deux romans de Mongo Beti qui fut prof de lettres à Rouen au Lycée Corneille pendant presque trente ans et est bien oublié.
-Vous vous y connaissez en contrefaçon ? me demande la femme près de laquelle j’attends le Té Un du retour.
Elle a acheté une écharpe Chanel et commence à le regretter. Et des bijoux qu’elle m’assure ne pas revendre : « Je les mets puis quand j’en ai assez je les donne à des amies ». Je la crois à moitié tandis qu’elle sort de son sac une loupe oculaire pour examiner une boucle d’oreille. C’est bien une Swarovski. Je ne suis pas mécontent qu’elle aille s’asseoir à l’autre bout du bus quand nous grimpons dans celui-ci.
*
Ce samedi est également celui du retour des Gilets Jaunes et des Céhéresses. Les premiers (la plupart sans uniforme), émoustillés d’avoir réussi à entrer dans la rue du Gros Horloge et à casser les vitrines de quelques banques sur fond de poubelles enflammées, ont vu leurs ardeurs calmées par les lacrymogènes des seconds.
*
Ces partisans de la violence de rue, scandant « Anti anti capitaliste », soutiennent ce qui se passe à Hong-Kong où pourtant il s’agit de défendre le capitalisme contre le communisme dévoyé des Chinois.
L’une des premières personnes que je croise fut une très belle jeune fille, il y a plus de vingt ans, vers laquelle se tournaient les regards masculins au café Les Floralies que je fréquentais quand je venais à Rouen le mercredi. Devenue prof et mère, son visage s’est rapidement ridé, de plus en plus ridé. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’elle parle toute seule.
Il fut un temps où je trouvais ici des livres dignes de l’Université. Ce n’est plus le cas. Au moins ai-je la chance d’être devant un stand au moment où le vendeur, que je connais de vue, y dépose des livres à un euro. Leur prix m’aide à en acheter quatre avant qu’arrive la concurrence. Plus loin, j’achète pour un euro cinquante, publiés chez Buchet Chastel, période couverture orange, deux romans de Mongo Beti qui fut prof de lettres à Rouen au Lycée Corneille pendant presque trente ans et est bien oublié.
-Vous vous y connaissez en contrefaçon ? me demande la femme près de laquelle j’attends le Té Un du retour.
Elle a acheté une écharpe Chanel et commence à le regretter. Et des bijoux qu’elle m’assure ne pas revendre : « Je les mets puis quand j’en ai assez je les donne à des amies ». Je la crois à moitié tandis qu’elle sort de son sac une loupe oculaire pour examiner une boucle d’oreille. C’est bien une Swarovski. Je ne suis pas mécontent qu’elle aille s’asseoir à l’autre bout du bus quand nous grimpons dans celui-ci.
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Ce samedi est également celui du retour des Gilets Jaunes et des Céhéresses. Les premiers (la plupart sans uniforme), émoustillés d’avoir réussi à entrer dans la rue du Gros Horloge et à casser les vitrines de quelques banques sur fond de poubelles enflammées, ont vu leurs ardeurs calmées par les lacrymogènes des seconds.
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Ces partisans de la violence de rue, scandant « Anti anti capitaliste », soutiennent ce qui se passe à Hong-Kong où pourtant il s’agit de défendre le capitalisme contre le communisme dévoyé des Chinois.
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