Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 décembre 2024
Cette année mon médecin traitant a allégé mon bilan sanguin de décembre, pas de dosage de Péhessa pour manque de fiabilité et pas de dosage du cholestérol je ne sais pourquoi.
Quand je me présente ce mardi devant la porte fermée du laboratoire de la place Saint-Marc, une femme est déjà là, bigrement enceinte. Nous attendons dix minutes dans le froid qu’il soit sept heures. Le rideau levé, je dois encore patienter dix minutes pendant que la secrétaire s’occupe de celle qui me précède. Ça a l’air compliqué d’être enceinte.
L’infirmière de service me pose un tas de questions sur mon état de santé. Je pense que c’est pour me détendre, bien que je ne me sente pas tendu. Je ne veux pas voir ce qu’elle me fait mais n’en ai pas peur. Elle n’a aucune difficulté à trouver ma veine. Mon sang prélevé, elle me dit que les résultats seront disponibles à dix-sept heures. Je crains un peu ce qu’ils me diront.
Mes résultats en main un peu après dix-sept heures, je constate que ma crainte était fondée. Mon taux de glycémie, qui les années passées était juste en dessous du maximum de la norme, est passé au-dessus. Je ne sais pas si mon médecin traitant jugera bon de me faire appeler par sa secrétaire pour me proposer un rendez-vous. Je vais lui donner jusqu’à la fin de la semaine pour ce faire, et si pas de nouvelles, j’appellerai moi-même.
Quand je me présente ce mardi devant la porte fermée du laboratoire de la place Saint-Marc, une femme est déjà là, bigrement enceinte. Nous attendons dix minutes dans le froid qu’il soit sept heures. Le rideau levé, je dois encore patienter dix minutes pendant que la secrétaire s’occupe de celle qui me précède. Ça a l’air compliqué d’être enceinte.
L’infirmière de service me pose un tas de questions sur mon état de santé. Je pense que c’est pour me détendre, bien que je ne me sente pas tendu. Je ne veux pas voir ce qu’elle me fait mais n’en ai pas peur. Elle n’a aucune difficulté à trouver ma veine. Mon sang prélevé, elle me dit que les résultats seront disponibles à dix-sept heures. Je crains un peu ce qu’ils me diront.
Mes résultats en main un peu après dix-sept heures, je constate que ma crainte était fondée. Mon taux de glycémie, qui les années passées était juste en dessous du maximum de la norme, est passé au-dessus. Je ne sais pas si mon médecin traitant jugera bon de me faire appeler par sa secrétaire pour me proposer un rendez-vous. Je vais lui donner jusqu’à la fin de la semaine pour ce faire, et si pas de nouvelles, j’appellerai moi-même.
9 décembre 2024
Une tempêta nommée Darragh (prénom féminin d’origine irlandaise) me dissuade ce samedi matin de prendre un bus Teor Trois vers le désherbage de la Médiathèque de Canteleu que m’avait signalé un de ma connaissance.
Je rejoins quand même à pied la Gare du Rouen afin d’imprimer mes billets aller et retour de mercredi prochain. Sur le parvis deux filles à valises ne savent que faire. Elle viennent d’apprendre qu’à cause de cette tempête aucun train normand ne circule ce ouiquennede. L’information est pourtant bien passée si j’en juge par le vide à l’intérieur où un automate accepte facilement ma requête.
Le reste de la journée est ponctué de courtes averses sur fond de bourrasques. J’en consacre une partie à inventorier mes achats de livres des derniers mois, les pas encore lus, trouvant dans le nombre trois ouvrages achetés deux fois, en toute ignorance.
*
Rue Saint-Nicolas l’autre jour, tôt le matin, deux trentenaires en pleine engueulade, des néo barbus bien habillés. L’un : « Je vais t’en mettre une. » L’autre « Vas-y, j’suis chaud. » Ils ne passent pas à l’acte mais continuent à s’invectiver tandis que je m’éloigne.
*
Autres scènes de rue rouennaises.
Un homme à un autre au Socrate : « Il s’occupait de la cuisine et un peu de la cuisinière. »
Une lycéenne à ses copines devant le Lycée Camille Saint-Saëns : « J’y suis allée, ça pue le poisson, ça sent la chatte. »
Rue de l’Hôpital, un garçon qui vient de se faire larguer par sa copine : « Elle a mis toutes mes affaires dans des sacs, c’est tout juste si elle n’a pas récupéré mes poils du cul. »
*
« Le monde semble devenir un peu fou. » C’est Donald Trump qui le dit alors ce doit être vrai.
Je rejoins quand même à pied la Gare du Rouen afin d’imprimer mes billets aller et retour de mercredi prochain. Sur le parvis deux filles à valises ne savent que faire. Elle viennent d’apprendre qu’à cause de cette tempête aucun train normand ne circule ce ouiquennede. L’information est pourtant bien passée si j’en juge par le vide à l’intérieur où un automate accepte facilement ma requête.
Le reste de la journée est ponctué de courtes averses sur fond de bourrasques. J’en consacre une partie à inventorier mes achats de livres des derniers mois, les pas encore lus, trouvant dans le nombre trois ouvrages achetés deux fois, en toute ignorance.
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Rue Saint-Nicolas l’autre jour, tôt le matin, deux trentenaires en pleine engueulade, des néo barbus bien habillés. L’un : « Je vais t’en mettre une. » L’autre « Vas-y, j’suis chaud. » Ils ne passent pas à l’acte mais continuent à s’invectiver tandis que je m’éloigne.
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Autres scènes de rue rouennaises.
Un homme à un autre au Socrate : « Il s’occupait de la cuisine et un peu de la cuisinière. »
Une lycéenne à ses copines devant le Lycée Camille Saint-Saëns : « J’y suis allée, ça pue le poisson, ça sent la chatte. »
Rue de l’Hôpital, un garçon qui vient de se faire larguer par sa copine : « Elle a mis toutes mes affaires dans des sacs, c’est tout juste si elle n’a pas récupéré mes poils du cul. »
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« Le monde semble devenir un peu fou. » C’est Donald Trump qui le dit alors ce doit être vrai.
7 décembre 2024
Un détartrage annuel chez mon jeune dentiste, voilà comment débute ce vendredi d’après coup de vent. Je le fais suivre d’un tour du Clos Saint-Marc où le marché de la drouille est de plus en plus étendu. En face d’un vendeur de quantité de bandes dessinées est une brocanteuse dont quelques cartons contiennent un vrac de livres. Dans l’un flotte en surface et en très bon état Aristote à l’heure du thé d’Oscar Wilde dont j’écoutais entre cinq heures et six heures le récit du procès et de ses suites sur France Culture, un Dix Dix-Huir Bibliothèques. « Un euro », me dit la dame.
Je dépose ce livre à la maison puis vais au Bibliovore où je demande à la sympathique libraire si elle a moins de clients depuis que sa boutique est derrière un échafaudage. Elle me dit que non mais que sa vitrine n’attire plus le regard. L’échafaudage qui cache la vitrine de sa librairie depuis le mois de juillet a été installé à la demande de la Mairie pour des raisons de sécurité, des balcons risquant de tomber sur les passants. Nous parlons ensuite de sa voisine qui subit le même sort et s’en plaint dans différents journaux, craignant pour la survie de sa boutique Les Grimoires de Morgane « librairie fantastique et salon de thé ». Sur le site ActuaLitté cette libraire regrette aussi l’installation à côté de chez elle du Bibliovore « à la devanture aux mêmes couleurs que celles des Grimoires de Morgane ».
-C’est la Mairie qui m’a obligée à garder cette couleur. Moi je voulais repeindre en bleu. Je n’ai pas pu, me dit la mise en cause.
Les travaux vont commencer. La gérante des Grimoires de Morgane a voté contre, annonce le syndic. Il lui en coûtera quinze mille euros. C’est risqué d’être propriétaire quand on est libraire. Déjà à Rouen à la Croix de Pierre la librairie anarchiste L’Insoumise a dû fermer puis vendre ses murs à perte à cause de travaux urgents de pignon dans la copropriété, travaux auxquels elle ne pouvait faire face.
*
Douze mille sept cent quarante six kilomètres en soixante-neuf trajets avec cent pour cent de réservation en solo, tel est mon score pour deux mille vingt-quatre, que m’envoie la Senecefe sous le titre Rétrainspective. Est aussi indiqué le nombre de kilos de gaz carbonique que j’aurais évité à la plante en ne prenant pas ma voilure. Comme je n’en ai plus, ce calcul n’a aucun sens.
Que je sois dans un train ou que je n’y sois pas n’a aucune influence sur l’état de la planète, car en mon absence, le train circule quand même.
*
Mourir le jour de son anniversaire, c’est ce qu’a réussi Jacques Roubaud. D’autres écrivains en ont fait autant : Georges Courteline, Maxime Du Camp, Octave Mirbeau et plus près de nous Jean-Bertrand Pontalis.
Ça peut arriver à tout le monde. Ouiquipédia explique pourquoi on risque davantage ce jour-là que les autres d’arriver au bout de sa vie.
Je dépose ce livre à la maison puis vais au Bibliovore où je demande à la sympathique libraire si elle a moins de clients depuis que sa boutique est derrière un échafaudage. Elle me dit que non mais que sa vitrine n’attire plus le regard. L’échafaudage qui cache la vitrine de sa librairie depuis le mois de juillet a été installé à la demande de la Mairie pour des raisons de sécurité, des balcons risquant de tomber sur les passants. Nous parlons ensuite de sa voisine qui subit le même sort et s’en plaint dans différents journaux, craignant pour la survie de sa boutique Les Grimoires de Morgane « librairie fantastique et salon de thé ». Sur le site ActuaLitté cette libraire regrette aussi l’installation à côté de chez elle du Bibliovore « à la devanture aux mêmes couleurs que celles des Grimoires de Morgane ».
-C’est la Mairie qui m’a obligée à garder cette couleur. Moi je voulais repeindre en bleu. Je n’ai pas pu, me dit la mise en cause.
Les travaux vont commencer. La gérante des Grimoires de Morgane a voté contre, annonce le syndic. Il lui en coûtera quinze mille euros. C’est risqué d’être propriétaire quand on est libraire. Déjà à Rouen à la Croix de Pierre la librairie anarchiste L’Insoumise a dû fermer puis vendre ses murs à perte à cause de travaux urgents de pignon dans la copropriété, travaux auxquels elle ne pouvait faire face.
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Douze mille sept cent quarante six kilomètres en soixante-neuf trajets avec cent pour cent de réservation en solo, tel est mon score pour deux mille vingt-quatre, que m’envoie la Senecefe sous le titre Rétrainspective. Est aussi indiqué le nombre de kilos de gaz carbonique que j’aurais évité à la plante en ne prenant pas ma voilure. Comme je n’en ai plus, ce calcul n’a aucun sens.
Que je sois dans un train ou que je n’y sois pas n’a aucune influence sur l’état de la planète, car en mon absence, le train circule quand même.
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Mourir le jour de son anniversaire, c’est ce qu’a réussi Jacques Roubaud. D’autres écrivains en ont fait autant : Georges Courteline, Maxime Du Camp, Octave Mirbeau et plus près de nous Jean-Bertrand Pontalis.
Ça peut arriver à tout le monde. Ouiquipédia explique pourquoi on risque davantage ce jour-là que les autres d’arriver au bout de sa vie.
5 décembre 2024
Un peu plus tard, elle nous dit : « Je plains ceux qui meurent ces jours-ci, ils ne verront pas la fin de la guerre. » C’est tout ce que je trouve à noter de ma lecture de train ce mercredi matin, Les Causes célèbres de Jean Paulhan, un livre terminé avant d’arriver à Paris.
Peu de monde bizarrement dans le métro Huit. Ma voisine d’en face lit Le Syndrome de l’Orangerie de Grégoire Bouillier, un livre qui a valu à son auteur d’être accusé de plagiat.
Au Marché d’Aligre, chez Emile point de livres, il expose ses centaines de dévédés, mais chez Amin c’est abondance de nouveautés, la bibliothèque d’un décédé à n’en pas douter que se partagent les amateurs de littérature. « Les professionnels sont déjà passés hier », dit l’un. Un autre s’étonne des cartes postales qui parsèment les livres. Des romans des meilleurs auteurs que je ne lis plus. Et aussi des pavés de la collection « Les chefs-d’œuvre » des Editions Planète, découverts adolescent à la Bibliothèque Municipale de Louviers, dont j’ai eu plus tard plusieurs, revendus. Leur poids m’empêche de succomber à la tentation de les acheter une nouvelle fois. En revanche, je ne laisse pas passer En chair vive - Pages de Journal 1977-1993 de Miguel Torga (José Corti), Journal de galère d’Imre Kertész (Actes Sud) et Journal volubile d’Enrique Vila-Matas (Christian Bourgois). « Cinq euros les trois, c’est bien ça ? » dis-je à Amin avant qu’il ne me demande davantage.
« Ça alors c’est dingue. C’est le mien. Je l’avais offert à quelqu’un de la copropriété qui a eu le culot de vous le revendre », s’exclame une voisine de Re Read. « Je ne saurais pas vous dire », lui répond prudemment la libraire. Je ne sais à quoi cette femme a reconnu son livre, ni qui a revendu vingt-cinq centimes le livre de trente-deux euros qui me fait signe, L’Energie vagabonde de Sylvain Tesson, un Bouquins Laffont groupant une majorité d’écrits que je n’ai pas, des anciens, donc des qui m’intéressent ; depuis qu’il raconte ses observations d’animaux, c’est fini pour moi. Je l’ouvre au hasard et tombe sur ceci qui me ramène à l’endroit d’où je viens Les brocanteurs sont des gens étranges. Ils attendent pendant des années que quelqu'un vienne acheter le fauteuil Louis XV sur lequel ils lisent un roman policier en fumant la pipe. Je paie ce pavé quatre euros mais il ne me coûte que deux car j’ai auparavant revendu là pour deux euros de broutilles.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, la journée des employés commence dans une certaine agitation car toute l’informatique est plantée. Parmi eux, une jolie fille à lunettes à qui je confie mon sac. Dans les livres à un euro du rayon Témoignage, je découvre Le Livre du bagne précédé de Lueurs dans l’ombre, plus d’idiots, plus de fous et du Livre d’Hermann de Louise Michel (Presses Universitaires de Lyon).
A midi, chez Au Diable des Lombards, j’opte pour le travers de porc caramélisé pommes sautées et la tarte Tatin. Derrière moi sont trois collègues. « Alors il va y avoir censure ou pas ? » demande l’une. « La censure de quoi ? » répond une autre.
Une nouvelle fois, le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin m’est favorable. A un euro pièce m’attendaient Rien entre nous de Martine Roffinella (Sulliver), Chroniques du Paris apache d’Eugène Corsy (Mercure de France), Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France de Pierre Goldman (Points Actuels) déjà eu déjà lu en son temps, ainsi que d’autres ouvrages dont je ferai commerce ou cadeau.
Cela fait un sac lourd. Il s’ensuit que je snobe le troisième Book-Off et vais boire un café verre d’eau assis à L’Opportun, place Sainte-Opportune.
Le métro Quatorze me ramène à la Gare Sain-Lazare. Dans le train du retour, je lis La fin du voyage d’Ingrid Thobois. Je ne connaissais pas cette écrivaine, fille de deux adeptes de la vadrouille en combi Volkswagen, un obstétricien et une institutrice de la métropole rouennaise, comme je le découvre page vingt-sept : Nous aurions pu ne pas avoir quitté le 215 avenue Jean-de-la-Varende 76230 Bois-Guillaume.
Peu de monde bizarrement dans le métro Huit. Ma voisine d’en face lit Le Syndrome de l’Orangerie de Grégoire Bouillier, un livre qui a valu à son auteur d’être accusé de plagiat.
Au Marché d’Aligre, chez Emile point de livres, il expose ses centaines de dévédés, mais chez Amin c’est abondance de nouveautés, la bibliothèque d’un décédé à n’en pas douter que se partagent les amateurs de littérature. « Les professionnels sont déjà passés hier », dit l’un. Un autre s’étonne des cartes postales qui parsèment les livres. Des romans des meilleurs auteurs que je ne lis plus. Et aussi des pavés de la collection « Les chefs-d’œuvre » des Editions Planète, découverts adolescent à la Bibliothèque Municipale de Louviers, dont j’ai eu plus tard plusieurs, revendus. Leur poids m’empêche de succomber à la tentation de les acheter une nouvelle fois. En revanche, je ne laisse pas passer En chair vive - Pages de Journal 1977-1993 de Miguel Torga (José Corti), Journal de galère d’Imre Kertész (Actes Sud) et Journal volubile d’Enrique Vila-Matas (Christian Bourgois). « Cinq euros les trois, c’est bien ça ? » dis-je à Amin avant qu’il ne me demande davantage.
« Ça alors c’est dingue. C’est le mien. Je l’avais offert à quelqu’un de la copropriété qui a eu le culot de vous le revendre », s’exclame une voisine de Re Read. « Je ne saurais pas vous dire », lui répond prudemment la libraire. Je ne sais à quoi cette femme a reconnu son livre, ni qui a revendu vingt-cinq centimes le livre de trente-deux euros qui me fait signe, L’Energie vagabonde de Sylvain Tesson, un Bouquins Laffont groupant une majorité d’écrits que je n’ai pas, des anciens, donc des qui m’intéressent ; depuis qu’il raconte ses observations d’animaux, c’est fini pour moi. Je l’ouvre au hasard et tombe sur ceci qui me ramène à l’endroit d’où je viens Les brocanteurs sont des gens étranges. Ils attendent pendant des années que quelqu'un vienne acheter le fauteuil Louis XV sur lequel ils lisent un roman policier en fumant la pipe. Je paie ce pavé quatre euros mais il ne me coûte que deux car j’ai auparavant revendu là pour deux euros de broutilles.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, la journée des employés commence dans une certaine agitation car toute l’informatique est plantée. Parmi eux, une jolie fille à lunettes à qui je confie mon sac. Dans les livres à un euro du rayon Témoignage, je découvre Le Livre du bagne précédé de Lueurs dans l’ombre, plus d’idiots, plus de fous et du Livre d’Hermann de Louise Michel (Presses Universitaires de Lyon).
A midi, chez Au Diable des Lombards, j’opte pour le travers de porc caramélisé pommes sautées et la tarte Tatin. Derrière moi sont trois collègues. « Alors il va y avoir censure ou pas ? » demande l’une. « La censure de quoi ? » répond une autre.
Une nouvelle fois, le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin m’est favorable. A un euro pièce m’attendaient Rien entre nous de Martine Roffinella (Sulliver), Chroniques du Paris apache d’Eugène Corsy (Mercure de France), Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France de Pierre Goldman (Points Actuels) déjà eu déjà lu en son temps, ainsi que d’autres ouvrages dont je ferai commerce ou cadeau.
Cela fait un sac lourd. Il s’ensuit que je snobe le troisième Book-Off et vais boire un café verre d’eau assis à L’Opportun, place Sainte-Opportune.
Le métro Quatorze me ramène à la Gare Sain-Lazare. Dans le train du retour, je lis La fin du voyage d’Ingrid Thobois. Je ne connaissais pas cette écrivaine, fille de deux adeptes de la vadrouille en combi Volkswagen, un obstétricien et une institutrice de la métropole rouennaise, comme je le découvre page vingt-sept : Nous aurions pu ne pas avoir quitté le 215 avenue Jean-de-la-Varende 76230 Bois-Guillaume.
3 décembre 2024
Espoir déçu, la Senecefe n’a pas, comme il lui est arrivé de le faire dans le passé, proposé sa carte Avantage Senior à moitié prix le Vendredi Noir. J’en reprends donc pour un an ce dimanche au prix fort de quarante-neuf euros.
Il y a un moment, par un article d’Enlarge your Paris, j’avais découvert qu’un certain Jean-Luc Levoux, voyageur, cartographe et autodidacte, avait créé Cartotrain afin d’éditer une carte en papier du réseau ferré de France, France Voyage en train, celle-ci indiquant toutes les gares et lignes de chemin de fer, les temps de parcours entre gares, le détail des tarifs, les liaisons complémentaires par bateau et autocar, avec en bonus un index détaillé des gares du territoire. Ayant contacté Jean-Luc Levoux, j’avais appris que sa carte n’était disponible ni à Rouen ni à Paris.
Ce même dimanche, je découvre que la carte France Voyage en train est désormais disponible à Paris dans quelques librairies et chez Au Vieux Campeur ainsi qu’à Rouen dans les librairies L’Armitière et à La Tonne.
Comme à Paris ce n’est pas sur mon chemin, je me pointe ce lundi à dix heures à L’Armitière où je n’ai pas mis le pied depuis plusieurs années. Une employée m’indique le rayon Voyage au second étage et l’ascenseur y menant. Une autre me trouve la carte convoitée.
Redescendu, j’arrive dans le couloir des caisses. Une seule est ouverte. Une quinquagénaire me précède, ayant acheté trois livres dont elle veut faire cadeau à Noël, d’où une demande d’emballages. Et qui fait les paquets ? La caissière. Je pousse un discret soupir.
La dame le reçoit cinq sur cinq. « Vous n’êtes pas patient », constate-t-elle en invitant la caissière à s’occuper de moi avant de se livrer aux emballages. « Non, et ce genre de librairie n’est pas pour moi », lui réponds-je. L’employée encaisse mon propos et mes onze euros quatre-vingt-dix.
*
Paroles de Jean-Luc Levoux :
« Quand on regarde une carte sur Internet, on se place souvent dans une position de recherche. On peut certes dézoomer mais cela n’a pas l’efficacité de la carte ! En un clin d’œil, on peut découvrir de nouvelles destinations, des villes, des rivières, des forêts. »
« Déplier une carte, c’est déjà voyager, rêver à des possibilités de voyages insoupçonnés parfois. »
« Comme en contemplant l’horizon depuis un belvédère, le regard se perd dans les détails. »
Il y a un moment, par un article d’Enlarge your Paris, j’avais découvert qu’un certain Jean-Luc Levoux, voyageur, cartographe et autodidacte, avait créé Cartotrain afin d’éditer une carte en papier du réseau ferré de France, France Voyage en train, celle-ci indiquant toutes les gares et lignes de chemin de fer, les temps de parcours entre gares, le détail des tarifs, les liaisons complémentaires par bateau et autocar, avec en bonus un index détaillé des gares du territoire. Ayant contacté Jean-Luc Levoux, j’avais appris que sa carte n’était disponible ni à Rouen ni à Paris.
Ce même dimanche, je découvre que la carte France Voyage en train est désormais disponible à Paris dans quelques librairies et chez Au Vieux Campeur ainsi qu’à Rouen dans les librairies L’Armitière et à La Tonne.
Comme à Paris ce n’est pas sur mon chemin, je me pointe ce lundi à dix heures à L’Armitière où je n’ai pas mis le pied depuis plusieurs années. Une employée m’indique le rayon Voyage au second étage et l’ascenseur y menant. Une autre me trouve la carte convoitée.
Redescendu, j’arrive dans le couloir des caisses. Une seule est ouverte. Une quinquagénaire me précède, ayant acheté trois livres dont elle veut faire cadeau à Noël, d’où une demande d’emballages. Et qui fait les paquets ? La caissière. Je pousse un discret soupir.
La dame le reçoit cinq sur cinq. « Vous n’êtes pas patient », constate-t-elle en invitant la caissière à s’occuper de moi avant de se livrer aux emballages. « Non, et ce genre de librairie n’est pas pour moi », lui réponds-je. L’employée encaisse mon propos et mes onze euros quatre-vingt-dix.
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Paroles de Jean-Luc Levoux :
« Quand on regarde une carte sur Internet, on se place souvent dans une position de recherche. On peut certes dézoomer mais cela n’a pas l’efficacité de la carte ! En un clin d’œil, on peut découvrir de nouvelles destinations, des villes, des rivières, des forêts. »
« Déplier une carte, c’est déjà voyager, rêver à des possibilités de voyages insoupçonnés parfois. »
« Comme en contemplant l’horizon depuis un belvédère, le regard se perd dans les détails. »
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante