Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
20 octobre 2023
Il me reste à voir une dernière commune du bord du lac d’Annecy. Elle se nomme Saint-Jorioz et se trouve entre Sevrier et Duingt. Seulement ce jeudi matin, il pleut bien. Le bus Cinquante de huit heures dix part sans moi. J’envisage même de renoncer mais cette pluie cesse et des coins de ciel bleu apparaissent. Aussi je monte dans le huit heures cinquante et une et en descends à l’arrêt Collège de Saint-Jorioz.
Ce bourg est vaste, il faut marcher longtemps depuis la départementale pour atteindre le lac, mais ce trajet est plat. Ma crainte est que la pluie revienne. Le ciel est tourmenté.
Le chemin me fait passer prés d’une pâture à vaches. C’est un plaisir d’entendre à nouveau un concert de cloches. Peu après, j’arrive au bord de l’eau. Un bâtiment, devant lequel se trouvent des dizaines d’arceaux pour les bicyclettes, annonce « Entrée Plage Municipale ». Elle est payante en été. Je ne peux y entrer. Je photographie par-dessus la clôture sa ressemblance circulaire avec celle de Veyrier-du-Lac.
A gauche de cette Plage, ce sont les Marais de l’Enfer (le mercredi quatre octobre au matin, on y a découvert le corps d’un quinquagénaire, un ancien Policier qui s’est suicidé). A droite, après une sorte de Pont des Amours, c’est le Port, avec le même embarcadère à abri vert que dans les autres. Au bout de son ponton est un pêcheur. Ce port contient beaucoup de bateaux mais n’est guère animé. En face, un voile blanc court sur la montagne. Il laisse apparaître le Château de Menthon-Saint-Bernard.
Avant de m’engager sur une petite route plate qui devrait me ramener à la départementale, je demande confirmation à la factrice. Elle me dit que je vais arriver au marché, prés de la Mairie où est un arrêt de bus.
Effectivement, et le prochain bus Cinquante est dans huit minutes. Je ne vois donc l’église que de loin, content d’avoir rempli mon objectif du jour sans avoir été draché.
Il fait doux. Je déjeune pour seize euros en terrasse sous l’arcade du restaurant Les Retrouvailles, langue de bœuf sauce pimentée pommes vapeur et crème brûlée, puis je vais boire le café et lire au Café des Arts où j’apprends que ma serveuse préférée se prénomme Margot. Si elle est vêtue sobrement ce jeudi, elle n’en est pas moins exubérante.
J’ai près de moi deux trentenaires, un garçon et une fille qui ne se connaissent pas. Je soupçonne un rendez-vous d’application de rencontres. Elle et lui parlent de leur travail, puis de leurs voyages, rien qui mène au rapprochement que la commande d’un verre de vin par elle permettait d’envisager.
Je retrouve ponctuellement de l’intérêt à lire Saint-Simon qui fait le procès du Château de Versailles, ce chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût.
Quand je quitte les lieux, mon voisin et ma voisine n’ont guère progressé malgré la commande d’un deuxième verre de vin, un peu poussés par Margot.
*
Obsèques à Notre-Dame de la Liesse, peut-être qu’ils ont choisi cet endroit parce qu’ils sont contents d’être débarrassés du défunt.
*
Un jeune homme qui cherche comment fêter son anniversaire : « Une salle des fêtes pour mes dix-huit ans, je trouve que ça fait un peu… »
*
Ceux qui se font photographier un sac plastique à la main.
*
Entendu dans la rue : « Ce n’est pas parce que tu avances en âge qu’on doit te pardonner tes crasses. »
Ce bourg est vaste, il faut marcher longtemps depuis la départementale pour atteindre le lac, mais ce trajet est plat. Ma crainte est que la pluie revienne. Le ciel est tourmenté.
Le chemin me fait passer prés d’une pâture à vaches. C’est un plaisir d’entendre à nouveau un concert de cloches. Peu après, j’arrive au bord de l’eau. Un bâtiment, devant lequel se trouvent des dizaines d’arceaux pour les bicyclettes, annonce « Entrée Plage Municipale ». Elle est payante en été. Je ne peux y entrer. Je photographie par-dessus la clôture sa ressemblance circulaire avec celle de Veyrier-du-Lac.
A gauche de cette Plage, ce sont les Marais de l’Enfer (le mercredi quatre octobre au matin, on y a découvert le corps d’un quinquagénaire, un ancien Policier qui s’est suicidé). A droite, après une sorte de Pont des Amours, c’est le Port, avec le même embarcadère à abri vert que dans les autres. Au bout de son ponton est un pêcheur. Ce port contient beaucoup de bateaux mais n’est guère animé. En face, un voile blanc court sur la montagne. Il laisse apparaître le Château de Menthon-Saint-Bernard.
Avant de m’engager sur une petite route plate qui devrait me ramener à la départementale, je demande confirmation à la factrice. Elle me dit que je vais arriver au marché, prés de la Mairie où est un arrêt de bus.
Effectivement, et le prochain bus Cinquante est dans huit minutes. Je ne vois donc l’église que de loin, content d’avoir rempli mon objectif du jour sans avoir été draché.
Il fait doux. Je déjeune pour seize euros en terrasse sous l’arcade du restaurant Les Retrouvailles, langue de bœuf sauce pimentée pommes vapeur et crème brûlée, puis je vais boire le café et lire au Café des Arts où j’apprends que ma serveuse préférée se prénomme Margot. Si elle est vêtue sobrement ce jeudi, elle n’en est pas moins exubérante.
J’ai près de moi deux trentenaires, un garçon et une fille qui ne se connaissent pas. Je soupçonne un rendez-vous d’application de rencontres. Elle et lui parlent de leur travail, puis de leurs voyages, rien qui mène au rapprochement que la commande d’un verre de vin par elle permettait d’envisager.
Je retrouve ponctuellement de l’intérêt à lire Saint-Simon qui fait le procès du Château de Versailles, ce chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût.
Quand je quitte les lieux, mon voisin et ma voisine n’ont guère progressé malgré la commande d’un deuxième verre de vin, un peu poussés par Margot.
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Obsèques à Notre-Dame de la Liesse, peut-être qu’ils ont choisi cet endroit parce qu’ils sont contents d’être débarrassés du défunt.
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Un jeune homme qui cherche comment fêter son anniversaire : « Une salle des fêtes pour mes dix-huit ans, je trouve que ça fait un peu… »
*
Ceux qui se font photographier un sac plastique à la main.
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Entendu dans la rue : « Ce n’est pas parce que tu avances en âge qu’on doit te pardonner tes crasses. »
19 octobre 2023
Il fait encore nuit désormais quand je monte à huit heures dans le bus Soixante terminus Talloires. Comme il traîne un peu dans Annecy-le-Vieux, j’arrive de jour à l’arrêt Chef-Lieu de Veyrier-du-Lac.
Il s’agit pour moi d’aller découvrir le port et la plage de cette commune sise entre Annecy et Menthon-Saint-Bernard. C’est facile, le chemin du Chapitre y descend tout droit depuis l’arrêt de bus. Il descend même beaucoup et j’y vais prudemment.
Comme souvent le matin tôt, le lac est magnifique. Ce mercredi, le temps est mitigé mais je vois au loin qu’Annecy est dans le soleil. Arrivé au bord de l’eau, c’est l’abri de l’embarcadère qui m’apparaît en premier, semblable à ceux des autres ports du lac, une installation qui est utilisée en juillet et août par les navires qui transportent les touristes d’une commune du lac à une autre.
Ce sont ensuite différents pontons et quelques bateaux dont certains bâchés. Rien qui bouge dans ce port. Je suis seul sur le chemin qui mène à la plage. Elle possède une jolie esthétique circulaire. Les cafés sont fermés pour longtemps, dont un nommé Le Pêcheur qui mérite une photo.
Impossible d’aller plus loin en restant au bord du lac, je reprends le chemin du Chapitre, m’arrêtant plusieurs fois lors de cette rude montée. Arrivé sur la départementale, je passe voir la Mairie et l’église puis constate qu’il manque un bar susceptible de m’accueillir. Je reviens donc devant l’arrêt de bus. Bientôt se présente un car de la Région. Ma carte de bus dix voyages me donne le droit d’y monter dans cette zone. J’en descends à la Gare Routière.
Je fais quelques courses et les monte à mon sixième étage. Je constate que j’avais laissé Saint-Simon à la maison. C’est révélateur, comme on dit. Je le glisse dans mon sac à dos et par la rue Carnot vais tout droit au Café des Arts. Ma serveuse préférée m’accueille chaleureusement, pantalon multi poches un peu grand, manteau ouvert sur un crop top qui dévoile un nombril percé. Elle explique à des Américains qu’elle a appris l’anglais en Nouvelle-Zélande où elle est allée pour ce faire après avoir travaillé au Cleube Med en Nouvelle-Calédonie. Voilà d’où lui vient son sens du contact.
Je lis Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner. Comme la température redescend, je prends place à l’étage au Bistrot du Pâquier où je suis servi par une jeune femme elle aussi extravertie. Mon choix se porte sur le rôti de porc aux chanterelles accompagné de sa polenta crémeuse au parmesan et un gâteau savoyard dont j’oublie de noter le nom, l’un et l’autre fort bons. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros.
Il pleut quand je remets le pied dans la rue. C’est là que les arcades des rues d’Annecy montrent leur utilité. Je suis à peine mouillé quand je reprends place à la terrasse du Café des Arts sous l’auvent. Des Balinais quinquagénaires, dont certains arrivés là en mini vélo pliable, trouvent eux aussi beaucoup de charme à la serveuse, d’autant qu’elle leur montre son tatouage au mollet fait dans leur pays.
Pendant ce temps, la pluie a cessé et un agent de sécurité installe une table de fouille à l’extérieur du Palais de l’Ile à côté du café, une nouveauté sans doute inspirée par la situation actuelle.
*
Un hôpital bombardé à Gaza, des centaines de morts, on ne sait pas encore par qui, Israël ou le Jihad islamique. J’en entends parler en ville.
Ce dont je suis sûr, c’est que cet hôpital n’aurait jamais été bombardé si le Hamas ne s’était pas livré à son agression barbare contre des civils de tout âge. Le Hamas est responsable de tout ce qui arrive depuis son attaque initiale.
Il s’agit pour moi d’aller découvrir le port et la plage de cette commune sise entre Annecy et Menthon-Saint-Bernard. C’est facile, le chemin du Chapitre y descend tout droit depuis l’arrêt de bus. Il descend même beaucoup et j’y vais prudemment.
Comme souvent le matin tôt, le lac est magnifique. Ce mercredi, le temps est mitigé mais je vois au loin qu’Annecy est dans le soleil. Arrivé au bord de l’eau, c’est l’abri de l’embarcadère qui m’apparaît en premier, semblable à ceux des autres ports du lac, une installation qui est utilisée en juillet et août par les navires qui transportent les touristes d’une commune du lac à une autre.
Ce sont ensuite différents pontons et quelques bateaux dont certains bâchés. Rien qui bouge dans ce port. Je suis seul sur le chemin qui mène à la plage. Elle possède une jolie esthétique circulaire. Les cafés sont fermés pour longtemps, dont un nommé Le Pêcheur qui mérite une photo.
Impossible d’aller plus loin en restant au bord du lac, je reprends le chemin du Chapitre, m’arrêtant plusieurs fois lors de cette rude montée. Arrivé sur la départementale, je passe voir la Mairie et l’église puis constate qu’il manque un bar susceptible de m’accueillir. Je reviens donc devant l’arrêt de bus. Bientôt se présente un car de la Région. Ma carte de bus dix voyages me donne le droit d’y monter dans cette zone. J’en descends à la Gare Routière.
Je fais quelques courses et les monte à mon sixième étage. Je constate que j’avais laissé Saint-Simon à la maison. C’est révélateur, comme on dit. Je le glisse dans mon sac à dos et par la rue Carnot vais tout droit au Café des Arts. Ma serveuse préférée m’accueille chaleureusement, pantalon multi poches un peu grand, manteau ouvert sur un crop top qui dévoile un nombril percé. Elle explique à des Américains qu’elle a appris l’anglais en Nouvelle-Zélande où elle est allée pour ce faire après avoir travaillé au Cleube Med en Nouvelle-Calédonie. Voilà d’où lui vient son sens du contact.
Je lis Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner. Comme la température redescend, je prends place à l’étage au Bistrot du Pâquier où je suis servi par une jeune femme elle aussi extravertie. Mon choix se porte sur le rôti de porc aux chanterelles accompagné de sa polenta crémeuse au parmesan et un gâteau savoyard dont j’oublie de noter le nom, l’un et l’autre fort bons. Avec un verre de vin rouge, j’en ai pour dix-neuf euros.
Il pleut quand je remets le pied dans la rue. C’est là que les arcades des rues d’Annecy montrent leur utilité. Je suis à peine mouillé quand je reprends place à la terrasse du Café des Arts sous l’auvent. Des Balinais quinquagénaires, dont certains arrivés là en mini vélo pliable, trouvent eux aussi beaucoup de charme à la serveuse, d’autant qu’elle leur montre son tatouage au mollet fait dans leur pays.
Pendant ce temps, la pluie a cessé et un agent de sécurité installe une table de fouille à l’extérieur du Palais de l’Ile à côté du café, une nouveauté sans doute inspirée par la situation actuelle.
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Un hôpital bombardé à Gaza, des centaines de morts, on ne sait pas encore par qui, Israël ou le Jihad islamique. J’en entends parler en ville.
Ce dont je suis sûr, c’est que cet hôpital n’aurait jamais été bombardé si le Hamas ne s’était pas livré à son agression barbare contre des civils de tout âge. Le Hamas est responsable de tout ce qui arrive depuis son attaque initiale.
18 octobre 2023
J’innove ce mardi matin en montant à sept heures quarante-cinq dans le bus Quarante qui va dans l’Albanais, pays situé entre les lacs d’Annecy et du Bourget. Son terminus est un mystérieux Entrelacs. C’est encore un bus à forme de car où l’on doit être assis et les bagages dans la soute. Il est électrique mais n’annonce pas ses arrêts.
Le chauffeur me dit quand je dois descendre. L’endroit se nomme La Combe. Un lycéen qui attend le bus dans l’autre sens m’explique comment rejoindre le centre d’Alby-sur-Chéran. Mon vieux Guide du Routard m’a donné envie de voir « sa superbe place triangulaire, bordée de maisons à arcades » « Elle serait à Annecy, les foules s’y agglutineraient ; ici, personne … »
Je passe d’abord devant l’église Notre-Dame de Plaimpalais d’architecture contemporaine. Elle fut construite par Maurice Novarina. Les vitraux classés sont d’Alfred Manessier, mais comme elle est fermée je ne peux les voir.
De partout des femmes conduisent des enfants à l’école, à pied, à bicyclette, en voiture. Il y a beaucoup trop de voitures dans ce village et peu de largeur de trottoir. Qui plus est, il est dominé par une autoroute. Un grand viaduc surplombe l’arrêt de bus de La Combe. A cet endroit, des écriteaux avertissent de la présence d’un pipeline.
La place centrale d’Alby-sur-Chéran est conforme à la description du Routard. J’en fais des photos entre deux passages de voitures. Tout est fermé à cette heure hormis un salon de thé. En contrebas coule le Chéran. Sur une hauteur est la chapelle Saint Maurice. Je me dis que c’est bon comme ça et reviens à La Combe. Je rentre avec le bus de neuf heures cinq conduit par le même homme.
A Annecy, comme le ciel est redevenu bleu et qu’il fait bon au soleil, je vais lire Saint-Simon au bord du lac. Sa description de la fin de Louis le Quatorzième terminée, il recommence avec ses considérations sur l’action de défunt roi et de son entourage. Ça ne m’intéresse pas.
A midi, je choisis de déjeuner rue du Pâquier au restaurant Les Retrouvailles en terrasse bien qu’elle soit à l’ombre. Le plat du jour est sauté de cerf spaghettis. Comme ça me saoule de me battre avec ces longues nouilles, le cuisinier m’accorde de les remplacer par une purée de potiron. Bien sûr, c’est un peu gênant de manger du cerf, mais quoi, celui-là n’a pas été tué pour moi. Le dessert est un tiramisu aux fruits rouges fort bon, rien à voir avec l’escroquerie qui m’a été servie un jour à La Cuisine des Amis. J’en ai pour seize euros.
Le beau temps toujours là, je retourne lire au bord du lac puis ayant repéré une terrasse au soleil, celle du Regann face au Centre Bonlieu (grand bâtiment commercial et culturel d’architecture marron), j’y trouve place pour un café verre d’eau à un euro quatre-vingts.
*
Entrelacs est le nom donné à la fusion de six communes (encore un nom de lotissement).
*
La « superbe place triangulaire, bordée de maisons à arcades », elle serait à Annecy qu’aucune voiture n’y passerait.
*
Maurice Novarina est le père de Valère Novarina. Il était aussi le frère de Madeleine Novarina qui fut la femme de Sarane Alexandrian. Ce dernier m’a souvent parlé de la famille Novarina quand j’allais le voir à Paris, rue Jean-Moréas.
Le chauffeur me dit quand je dois descendre. L’endroit se nomme La Combe. Un lycéen qui attend le bus dans l’autre sens m’explique comment rejoindre le centre d’Alby-sur-Chéran. Mon vieux Guide du Routard m’a donné envie de voir « sa superbe place triangulaire, bordée de maisons à arcades » « Elle serait à Annecy, les foules s’y agglutineraient ; ici, personne … »
Je passe d’abord devant l’église Notre-Dame de Plaimpalais d’architecture contemporaine. Elle fut construite par Maurice Novarina. Les vitraux classés sont d’Alfred Manessier, mais comme elle est fermée je ne peux les voir.
De partout des femmes conduisent des enfants à l’école, à pied, à bicyclette, en voiture. Il y a beaucoup trop de voitures dans ce village et peu de largeur de trottoir. Qui plus est, il est dominé par une autoroute. Un grand viaduc surplombe l’arrêt de bus de La Combe. A cet endroit, des écriteaux avertissent de la présence d’un pipeline.
La place centrale d’Alby-sur-Chéran est conforme à la description du Routard. J’en fais des photos entre deux passages de voitures. Tout est fermé à cette heure hormis un salon de thé. En contrebas coule le Chéran. Sur une hauteur est la chapelle Saint Maurice. Je me dis que c’est bon comme ça et reviens à La Combe. Je rentre avec le bus de neuf heures cinq conduit par le même homme.
A Annecy, comme le ciel est redevenu bleu et qu’il fait bon au soleil, je vais lire Saint-Simon au bord du lac. Sa description de la fin de Louis le Quatorzième terminée, il recommence avec ses considérations sur l’action de défunt roi et de son entourage. Ça ne m’intéresse pas.
A midi, je choisis de déjeuner rue du Pâquier au restaurant Les Retrouvailles en terrasse bien qu’elle soit à l’ombre. Le plat du jour est sauté de cerf spaghettis. Comme ça me saoule de me battre avec ces longues nouilles, le cuisinier m’accorde de les remplacer par une purée de potiron. Bien sûr, c’est un peu gênant de manger du cerf, mais quoi, celui-là n’a pas été tué pour moi. Le dessert est un tiramisu aux fruits rouges fort bon, rien à voir avec l’escroquerie qui m’a été servie un jour à La Cuisine des Amis. J’en ai pour seize euros.
Le beau temps toujours là, je retourne lire au bord du lac puis ayant repéré une terrasse au soleil, celle du Regann face au Centre Bonlieu (grand bâtiment commercial et culturel d’architecture marron), j’y trouve place pour un café verre d’eau à un euro quatre-vingts.
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Entrelacs est le nom donné à la fusion de six communes (encore un nom de lotissement).
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La « superbe place triangulaire, bordée de maisons à arcades », elle serait à Annecy qu’aucune voiture n’y passerait.
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Maurice Novarina est le père de Valère Novarina. Il était aussi le frère de Madeleine Novarina qui fut la femme de Sarane Alexandrian. Ce dernier m’a souvent parlé de la famille Novarina quand j’allais le voir à Paris, rue Jean-Moréas.
17 octobre 2023
Retour à Menthon-Saint-Bernard ce lundi matin, je descends du bus Soixante à l’arrêt Montpellaz. C’est l’entrée du bourg. De là, je prends la première route qui descend vers le lac. Elle ne permet pas de l’atteindre tout de suite car de belles demeures se sont approprié ses berges.
C’est lorsque j’arrive à ce qui est pompeusement appelé la Plage que je peux m’approcher de l’eau. Après, c’est le Port. Il est quasiment rectiligne. Peu de bateaux y sont amarrés. En ligne de mire, j’ai un impressionnant bâtiment blanc. En approchant, je découvre qu’il s’agit d’un hôtel de luxe, le Menthon Palace. Il empêche d’aller plus loin.
Je remonte donc par une route sans trop de voitures vers l’église de Menthon-Saint-Bernard, guidé par son carillon (sans doute un Paccard) qui donne un mini concert automatisé.
Le Café de la Place est ouvert mais sa porte est fermée, signe qu’il fait froid. Difficile de se faire servir en terrasse. J’y suis quand même repéré au bout de dix minutes. Mon café bu (le seul que j’ai trouvé à un euro cinquante autour du lac d’Annecy jusqu’à présent), je me mets à la lecture de Saint-Simon.
A onze heures sept, je monte dans le bus de retour à Annecy et à midi, conscient que je souffrirais dehors, je choisis de déjeuner à l’étage du Bistrot du Pâquier.
Je commande l’entrée du moment, une tourte de grand-mère, et le plat du jour, de la poitrine de porc confite, compotée de légumes et pommes de terre.
« Je suis désolée, me dit la serveuse (patronne ?), en cuisine votre plat est sorti avant l’entrée, est-ce que ça vous pose un problème ? ». Je ne vais pas lui chanter pouille. Je commence donc mon repas par cette poitrine de porc confite et son accompagnement, un plat digne d’une ferme auberge. Je n’ai pratiquement plus faim quand je l’ai terminé. Il me faut pourtant continuer avec mon entrée, la tourte de grand-mère, elle aussi énorme. « Ils ne savent pas faire plus petit en cuisine », me dit le serveur d’en bas (le patron ?) à qui je paie seize euros cinquante.
Je bois le café au Café des Arts, y poursuivant la lecture de Saint-Simon. A ma gauche sont deux professeures qui parlent de professer. A ma droite sont deux musiciens qui parlent de musiquer. Je ne sais qui sont les plus pénibles.
*
Sur la porte d’un garage déglingué de Menthon-Saint-Bernard : « Le prochain maître qui fait déféquer son clébard devant le garage, je lui fais bouffer son chien ».
*
Un café renversé, c’est ce que commandent certain(e)s au Café des Arts. Il semble que ce soit l’appellation suisse du café au lait qui se soit répandue de ce côté de la frontière.
*
… nous n’étions pas là pour être devant lui à plaît-il maître. (Saint-Simon)
C’est lorsque j’arrive à ce qui est pompeusement appelé la Plage que je peux m’approcher de l’eau. Après, c’est le Port. Il est quasiment rectiligne. Peu de bateaux y sont amarrés. En ligne de mire, j’ai un impressionnant bâtiment blanc. En approchant, je découvre qu’il s’agit d’un hôtel de luxe, le Menthon Palace. Il empêche d’aller plus loin.
Je remonte donc par une route sans trop de voitures vers l’église de Menthon-Saint-Bernard, guidé par son carillon (sans doute un Paccard) qui donne un mini concert automatisé.
Le Café de la Place est ouvert mais sa porte est fermée, signe qu’il fait froid. Difficile de se faire servir en terrasse. J’y suis quand même repéré au bout de dix minutes. Mon café bu (le seul que j’ai trouvé à un euro cinquante autour du lac d’Annecy jusqu’à présent), je me mets à la lecture de Saint-Simon.
A onze heures sept, je monte dans le bus de retour à Annecy et à midi, conscient que je souffrirais dehors, je choisis de déjeuner à l’étage du Bistrot du Pâquier.
Je commande l’entrée du moment, une tourte de grand-mère, et le plat du jour, de la poitrine de porc confite, compotée de légumes et pommes de terre.
« Je suis désolée, me dit la serveuse (patronne ?), en cuisine votre plat est sorti avant l’entrée, est-ce que ça vous pose un problème ? ». Je ne vais pas lui chanter pouille. Je commence donc mon repas par cette poitrine de porc confite et son accompagnement, un plat digne d’une ferme auberge. Je n’ai pratiquement plus faim quand je l’ai terminé. Il me faut pourtant continuer avec mon entrée, la tourte de grand-mère, elle aussi énorme. « Ils ne savent pas faire plus petit en cuisine », me dit le serveur d’en bas (le patron ?) à qui je paie seize euros cinquante.
Je bois le café au Café des Arts, y poursuivant la lecture de Saint-Simon. A ma gauche sont deux professeures qui parlent de professer. A ma droite sont deux musiciens qui parlent de musiquer. Je ne sais qui sont les plus pénibles.
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Sur la porte d’un garage déglingué de Menthon-Saint-Bernard : « Le prochain maître qui fait déféquer son clébard devant le garage, je lui fais bouffer son chien ».
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Un café renversé, c’est ce que commandent certain(e)s au Café des Arts. Il semble que ce soit l’appellation suisse du café au lait qui se soit répandue de ce côté de la frontière.
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… nous n’étions pas là pour être devant lui à plaît-il maître. (Saint-Simon)
16 octobre 2023
Un temps frais ce dimanche matin quand je quitte mon logis provisoire par la rue de la Gare. Je vais tout droit jusqu’à rencontrer le Thiou. Je passe le pont et tourne à droite le long de cette rivière, remarquant sur l’autre rive, dans une cour d’école, un petit vide grenier. Je marche encore un peu et aperçois des croix qui dépassent d’un mur d’enceinte à ma gauche. Je suis arrivé au Cimetière de Loverchy.
J’en trouve l’entrée mais pas d’indication pour localiser la tombe d’Eugène Sue. Ce cimetière n’est pas grand mais rien ne me rappelle la photo vue sur Internet. Un homme arrive à bicyclette. Il se met à ratisser les feuilles. Je lui demande. C’est à deux pas après le point d’eau.
Sans lui, je ne l’aurais jamais trouvée. Une pierre tombale nue avec son nom et ses dates de naissance et de décès, aucune plantation ou objet funéraire. Qui lit encore Les Mystères de Paris ? J’ai lu ce roman feuilleton quand j’étais collégien (pas pour les cours). Je me souviens que certains passages m’émoustillaient. Eugène Sue n’avait que cinquante-trois ans lorsqu’il est mort. Il y avait foule à son enterrement au Cimetière de Loverchy dans le carré des dissidents (c’est-à-dire des non catholiques), bien que cet enterrement ait lieu à six heures du matin pour dissuader les présences.
Sorti du Cimetière, je reviens par l’autre rive du Thiou, ce qui me permet de faire le tour du vide grenier de l’école élémentaire Vaugelas où il n y a rien pour moi. J’arrive au Café des Arts pour l’ouverture. Mon café m’est apporté par un serveur qui reprend le travail après avoir arrêté en juin. Bon nombre de clients s’installent à l’intérieur. Ils ont froid.
Quand j’ai assez lu Saint-Simon, je vais marcher au bord du lac où le soleil brille par intermittence mais où souffle un vent frisquet. A midi, je suis seul à la terrasse de La Cuisine des Amis. Le restaurant a ouvert une salle à l’étage et tout le monde veut y trouver place. Cela me préserve des familles du dimanche. Plutôt que la formule proposée, je choisis un plat unique : le foie de veau jus persillé et sa purée maison à vingt et un euros. Il est fort gros et fort bon.
L’envie d’aller boire le café au Café des Arts me manquant, je rentre à mon studio Air Bibi où j’ai du temps pour consulter les sites d’information. Je lis que l’islamiste qui a assassiné Dominique Bernard, professeur de lettres à Arras, a bénéficié, et sa famille avec lui, du soutien du Réseau Education Sans Frontières lors de son arrivée en France et que ça a aidé à leur non expulsion.
C’est précisément à cause de ce risque, un enfant mignon qui se transforme en islamiste, que j’ai cessé de participer à Rouen aux activités du Réseau Education Sans Frontières après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Plus question pour moi d’aider quiconque de cette religion à s’installer en France.
*
Il y eut un monument Eugène Sue à Annecy, évoquant les personnages de ses livres avec lui en médaillon. Il a été démoli en mil neuf cent soixante.
La statue d’Eugène Sue dont il est question dans le sketch d’Yves Montand et Simone Signoret Le Télégramme est celle de La Colle-sur-Loup inaugurée en mil neuf cent cinquante-quatre par Simone Signoret qui passait ses vacances avec Yves Montand en face à Saint-Paul-de-Vence. Cette statue est toujours à la même place.
J’en trouve l’entrée mais pas d’indication pour localiser la tombe d’Eugène Sue. Ce cimetière n’est pas grand mais rien ne me rappelle la photo vue sur Internet. Un homme arrive à bicyclette. Il se met à ratisser les feuilles. Je lui demande. C’est à deux pas après le point d’eau.
Sans lui, je ne l’aurais jamais trouvée. Une pierre tombale nue avec son nom et ses dates de naissance et de décès, aucune plantation ou objet funéraire. Qui lit encore Les Mystères de Paris ? J’ai lu ce roman feuilleton quand j’étais collégien (pas pour les cours). Je me souviens que certains passages m’émoustillaient. Eugène Sue n’avait que cinquante-trois ans lorsqu’il est mort. Il y avait foule à son enterrement au Cimetière de Loverchy dans le carré des dissidents (c’est-à-dire des non catholiques), bien que cet enterrement ait lieu à six heures du matin pour dissuader les présences.
Sorti du Cimetière, je reviens par l’autre rive du Thiou, ce qui me permet de faire le tour du vide grenier de l’école élémentaire Vaugelas où il n y a rien pour moi. J’arrive au Café des Arts pour l’ouverture. Mon café m’est apporté par un serveur qui reprend le travail après avoir arrêté en juin. Bon nombre de clients s’installent à l’intérieur. Ils ont froid.
Quand j’ai assez lu Saint-Simon, je vais marcher au bord du lac où le soleil brille par intermittence mais où souffle un vent frisquet. A midi, je suis seul à la terrasse de La Cuisine des Amis. Le restaurant a ouvert une salle à l’étage et tout le monde veut y trouver place. Cela me préserve des familles du dimanche. Plutôt que la formule proposée, je choisis un plat unique : le foie de veau jus persillé et sa purée maison à vingt et un euros. Il est fort gros et fort bon.
L’envie d’aller boire le café au Café des Arts me manquant, je rentre à mon studio Air Bibi où j’ai du temps pour consulter les sites d’information. Je lis que l’islamiste qui a assassiné Dominique Bernard, professeur de lettres à Arras, a bénéficié, et sa famille avec lui, du soutien du Réseau Education Sans Frontières lors de son arrivée en France et que ça a aidé à leur non expulsion.
C’est précisément à cause de ce risque, un enfant mignon qui se transforme en islamiste, que j’ai cessé de participer à Rouen aux activités du Réseau Education Sans Frontières après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher. Plus question pour moi d’aider quiconque de cette religion à s’installer en France.
*
Il y eut un monument Eugène Sue à Annecy, évoquant les personnages de ses livres avec lui en médaillon. Il a été démoli en mil neuf cent soixante.
La statue d’Eugène Sue dont il est question dans le sketch d’Yves Montand et Simone Signoret Le Télégramme est celle de La Colle-sur-Loup inaugurée en mil neuf cent cinquante-quatre par Simone Signoret qui passait ses vacances avec Yves Montand en face à Saint-Paul-de-Vence. Cette statue est toujours à la même place.
15 octobre 2023
Cent mille personnes attendues à Annecy ce samedi pour le Retour des Alpages, une tradition inventée en mil neuf cent soixante-treize, qui fête donc ses cinquante ans, et est organisée par Annecy Traditions. Pas de chance, c’est aussi le retour de la pluie.
Après mon petit-déjeuner à La Panière, je trouve une place sous l’auvent du Café des Arts et ai le temps de lire un peu Saint-Simon avant l’envahissement de la ville. Des troupeaux d’humains venus de la montagne ou d’ailleurs arrivent par cars entiers, surtout des vieilles et des vieux. Ils s’agglutinent dans les rues et sur les places où sont groupés des marchands de ruralité plus ou moins authentique. Ce que j’en vois surtout, ce sont les barnums en plastique. Il y a aussi des estrades où on joue de la musique folklorique.
Avec la pluie et la foule, je renonce à déjeuner dans un restaurant. J’achète un sandouiche rond et une tartelette aux pommes à La Panière (neuf euros et soixante centimes) et les mange sur mon balcon du sixième étage qui dispose d’une toiture à gouttière. Les montagnes sont à moitié cachées par les nuages.
Le défilé des bovins descendus du Semnoz, d’autres animaux venus d’ailleurs et des groupes de musique commence à quatorze heures trente. Il emprunte un circuit dans les rues du centre ville. Je choisis de me mettre à mi-parcours, au bout de la rue Vaugelas, à un endroit un peu surélevé et surtout sous un auvent. Vu le monde déjà en place, ma vision sera très partielle.
L'attente est longue avant qu’arrivent les lanceurs de drapeaux savoyards qui ouvrent le défilé. Trois vaches qu’il faut tirer et pousser suivent. Ensuite, c’est une interminable succession de groupes de musique folklorique entre lesquels se glissent des vieux tracteurs (dont l’un tirant un carillon Paccard), des carrioles tirées par des ânes ou des chevaux, des sonneurs à longues trompes, des chasseurs à courre avec les leurs et d’autres péquenauderies.
Il pleut quand se présentent des moutons, des chèvres, des chiens, les oies de Monsieur Passaquay et « enfin des vaches ! » comme le crient des spectateurs. Elles avancent par groupes de six ou huit, peu nombreuses au total.
C’est fini. La foule se disperse et je me fais rouler sur le pied par une poussette garnie.
*
Le Retour des Alpages d’Annecy, un carnaval avec quelques animaux.
*
Au Café des Arts, une famille autour de la mamie qui ne cesse de parler, notamment pour dire qu’elle est souvent en mode silence (il s’agit de son téléphone.).
*
A cette même terrasse, il y a celle qui a un chien et le prend pour son enfant et celle qui a un enfant et l’appelle mon p’tit chat.
Après mon petit-déjeuner à La Panière, je trouve une place sous l’auvent du Café des Arts et ai le temps de lire un peu Saint-Simon avant l’envahissement de la ville. Des troupeaux d’humains venus de la montagne ou d’ailleurs arrivent par cars entiers, surtout des vieilles et des vieux. Ils s’agglutinent dans les rues et sur les places où sont groupés des marchands de ruralité plus ou moins authentique. Ce que j’en vois surtout, ce sont les barnums en plastique. Il y a aussi des estrades où on joue de la musique folklorique.
Avec la pluie et la foule, je renonce à déjeuner dans un restaurant. J’achète un sandouiche rond et une tartelette aux pommes à La Panière (neuf euros et soixante centimes) et les mange sur mon balcon du sixième étage qui dispose d’une toiture à gouttière. Les montagnes sont à moitié cachées par les nuages.
Le défilé des bovins descendus du Semnoz, d’autres animaux venus d’ailleurs et des groupes de musique commence à quatorze heures trente. Il emprunte un circuit dans les rues du centre ville. Je choisis de me mettre à mi-parcours, au bout de la rue Vaugelas, à un endroit un peu surélevé et surtout sous un auvent. Vu le monde déjà en place, ma vision sera très partielle.
L'attente est longue avant qu’arrivent les lanceurs de drapeaux savoyards qui ouvrent le défilé. Trois vaches qu’il faut tirer et pousser suivent. Ensuite, c’est une interminable succession de groupes de musique folklorique entre lesquels se glissent des vieux tracteurs (dont l’un tirant un carillon Paccard), des carrioles tirées par des ânes ou des chevaux, des sonneurs à longues trompes, des chasseurs à courre avec les leurs et d’autres péquenauderies.
Il pleut quand se présentent des moutons, des chèvres, des chiens, les oies de Monsieur Passaquay et « enfin des vaches ! » comme le crient des spectateurs. Elles avancent par groupes de six ou huit, peu nombreuses au total.
C’est fini. La foule se disperse et je me fais rouler sur le pied par une poussette garnie.
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Le Retour des Alpages d’Annecy, un carnaval avec quelques animaux.
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Au Café des Arts, une famille autour de la mamie qui ne cesse de parler, notamment pour dire qu’elle est souvent en mode silence (il s’agit de son téléphone.).
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A cette même terrasse, il y a celle qui a un chien et le prend pour son enfant et celle qui a un enfant et l’appelle mon p’tit chat.
14 octobre 2023
C’est au tour du bus Soixante ce vendredi à huit heures. J’en descends avant qu’il arrive à Talloires, à l’arrêt Chef-Lieu de Menthon-Saint-Bernard, commune en pente qui s’étend du lac à la montagne. La route qui la traverse assez haut la coupe malheureusement en deux. Devant moi est l’église. De jolies bâtisses sont visibles à proximité. Dans le ciel volent deux montgolfières.
M’engageant dans une petite rue qui va vers les Dents de Lanfon, j’aperçois le Château qui fait la renommée de ce bourg, celui vu de l’autocar en revenant de Thônes, une construction qui aurait inspiré Walt Disney en vacances dans la région et que certains comparent au Château de Louis Deux de Bavière. La route monte doucement, il n’a pas l’air si loin. Je me renseigne auprès d’une autochtone qui s’avère très aimable (il y en a). Elle m’explique que je dois aller sur la droite pour trouver un sentier sur la gauche qui m’y mènera. Ça montera un peu, surtout vers la fin, mais je peux y être en vingt minutes.
Ainsi fais-je, voyant le bâtiment de plus en plus gros. Nul autre que moi sur ce sentier qui permet aussi de voir le lac de haut et des fermes en contrebas. A l’arrivée, c’est sans surprise que je trouve l’endroit fermé. Les Menthon le font visiter, mais pas à cette heure matutinale, contre onze euros pour voir huit des cent cinq pièces, dont la cuisine qui possède un passe-plat de quinze mètres de long creusé dans la roche et la bibliothèque qui contient plus de douze mille volumes antérieurs à la Révolution.
En redescendant, je croise une classe qui monte, ce qui me rappelle les balades de ce genre que je faisais avec mes élèves. Un crochet par le moulin, qu’on ne peut davantage approcher, me permet de voir les vignes en biodynamie du châtelain (vingt-troisième génération de la famille de Menthon à vivre ici). Son jardin est en permaculture.
Gardant pour une autre fois la descente vers le lac, le port et la plage, je m’installe à la terrasse du Café de la Place, face à l’église. Le café n’y est qu’à un euro cinquante. La patronne ne cesse de recevoir des téléphonages de personnes souhaitant réserver pour midi. Je me renseigne et fais de même. Je lis là Saint-Simon un moment puis vais poursuivre au soleil sur un banc prés de l’église. Une exposition de photos anciennes m’apprend que celle-ci a perdu une aile pour élargir la route.
Au Café de la Place de Menthon-Saint-Bernard, le menu est à dix-neuf euros. Les clients du midi sont avant tout les ouvriers du coin. C’est fort bon, salade fermière, rosbif gratin de pommes de terre et dessert poire chocolat maison. On ne sert le vin qu’au verre. Il m’en coûte cinq euros pour du côtes-du-rhône. Les travailleurs boivent de l’eau.
Pour redescendre à Annecy c’est facile, l’arrêt de bus est devant la terrasse. Je peux prendre celui de treize heures sept. A l’arrivée, je me rends directement au Café des Arts où je continue ma lecture. A un moment une fenêtre s’ouvre en face et une femme met de la musique à fond en faisant des doigts d’honneur à la clientèle. « Oui, on a une voisine folle, ne vous inquiétez pas», explique la serveuse du jour. Cela ne dure pas, la folle a de la famille qui la calme.
J’ai prés de moi cinq lycéennes qui sèchent un cours de maths. Le « Je m’en bats les couilles » de l’une n’a pas de quoi me surprendre, mais les entendre s’interpeller en s’appelant « mec », entendre l’une qui éternue dire « Je suis désolée, les gars », une autre dire « Ecoutez-moi tous », j’ai dû louper un épisode.
*
Il y eut Saint Bernard et plus près de nous François de Menthon, Procureur au Procès de Nuremberg, Ministre du Général de Gaulle, lequel a dormi au Château (comme avant lui Jean-Jacques Rousseau).
*
Mise sous verre dans la salle du Café de la Place, la couverture d’un vieux numéro de Charlie Hebdo, un dessin de Reiser représentant un pilier de bar au nez rouge devant un verre de vin de même couleur qui déclare « Faut que je rentre, Chaban va causer ».
*
Ecran publicitaire dans la vitrine de la pharmacie donnant sur la place : « Et si la contention devenait tendance ? ». Toute tentative de rendre sexy l’abominable vieillesse est vouée à l’échec.
M’engageant dans une petite rue qui va vers les Dents de Lanfon, j’aperçois le Château qui fait la renommée de ce bourg, celui vu de l’autocar en revenant de Thônes, une construction qui aurait inspiré Walt Disney en vacances dans la région et que certains comparent au Château de Louis Deux de Bavière. La route monte doucement, il n’a pas l’air si loin. Je me renseigne auprès d’une autochtone qui s’avère très aimable (il y en a). Elle m’explique que je dois aller sur la droite pour trouver un sentier sur la gauche qui m’y mènera. Ça montera un peu, surtout vers la fin, mais je peux y être en vingt minutes.
Ainsi fais-je, voyant le bâtiment de plus en plus gros. Nul autre que moi sur ce sentier qui permet aussi de voir le lac de haut et des fermes en contrebas. A l’arrivée, c’est sans surprise que je trouve l’endroit fermé. Les Menthon le font visiter, mais pas à cette heure matutinale, contre onze euros pour voir huit des cent cinq pièces, dont la cuisine qui possède un passe-plat de quinze mètres de long creusé dans la roche et la bibliothèque qui contient plus de douze mille volumes antérieurs à la Révolution.
En redescendant, je croise une classe qui monte, ce qui me rappelle les balades de ce genre que je faisais avec mes élèves. Un crochet par le moulin, qu’on ne peut davantage approcher, me permet de voir les vignes en biodynamie du châtelain (vingt-troisième génération de la famille de Menthon à vivre ici). Son jardin est en permaculture.
Gardant pour une autre fois la descente vers le lac, le port et la plage, je m’installe à la terrasse du Café de la Place, face à l’église. Le café n’y est qu’à un euro cinquante. La patronne ne cesse de recevoir des téléphonages de personnes souhaitant réserver pour midi. Je me renseigne et fais de même. Je lis là Saint-Simon un moment puis vais poursuivre au soleil sur un banc prés de l’église. Une exposition de photos anciennes m’apprend que celle-ci a perdu une aile pour élargir la route.
Au Café de la Place de Menthon-Saint-Bernard, le menu est à dix-neuf euros. Les clients du midi sont avant tout les ouvriers du coin. C’est fort bon, salade fermière, rosbif gratin de pommes de terre et dessert poire chocolat maison. On ne sert le vin qu’au verre. Il m’en coûte cinq euros pour du côtes-du-rhône. Les travailleurs boivent de l’eau.
Pour redescendre à Annecy c’est facile, l’arrêt de bus est devant la terrasse. Je peux prendre celui de treize heures sept. A l’arrivée, je me rends directement au Café des Arts où je continue ma lecture. A un moment une fenêtre s’ouvre en face et une femme met de la musique à fond en faisant des doigts d’honneur à la clientèle. « Oui, on a une voisine folle, ne vous inquiétez pas», explique la serveuse du jour. Cela ne dure pas, la folle a de la famille qui la calme.
J’ai prés de moi cinq lycéennes qui sèchent un cours de maths. Le « Je m’en bats les couilles » de l’une n’a pas de quoi me surprendre, mais les entendre s’interpeller en s’appelant « mec », entendre l’une qui éternue dire « Je suis désolée, les gars », une autre dire « Ecoutez-moi tous », j’ai dû louper un épisode.
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Il y eut Saint Bernard et plus près de nous François de Menthon, Procureur au Procès de Nuremberg, Ministre du Général de Gaulle, lequel a dormi au Château (comme avant lui Jean-Jacques Rousseau).
*
Mise sous verre dans la salle du Café de la Place, la couverture d’un vieux numéro de Charlie Hebdo, un dessin de Reiser représentant un pilier de bar au nez rouge devant un verre de vin de même couleur qui déclare « Faut que je rentre, Chaban va causer ».
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Ecran publicitaire dans la vitrine de la pharmacie donnant sur la place : « Et si la contention devenait tendance ? ». Toute tentative de rendre sexy l’abominable vieillesse est vouée à l’échec.
13 octobre 2023
Encore dans le bus Cinquante terminus Duingt Eglise, ce jeudi matin, mais pour en descendre assez vite à l’arrêt Riant Port de Sevrier, commune en longueur contigüe à Annecy. Le lac n’est pas loin de la route à cet endroit et le port assez étendu dont il est agréable de parcourir en solitaire les quais et les pontons.
Je marche ensuite jusqu’à la plage qui se vante d’être de sable. Un homme nage seul dans la fraîcheur du petit matin. Là-bas, le clocher de l’église m’indique le cœur de ce long bourg. Pas loin de cette église est le Boull’Café. J’y bois un café verre d’eau à un euro soixante-dix perché en terrasse avec vue sur la départementale Annecy Albertville.
La patronne m’explique où trouver la Fonderie Paccard. Ce n’est pas tout près. Il me faut marcher longuement sur le trottoir de cette route à voitures et camions avant d’arriver au rond-point du Carrefour Market. Le Musée de la Cloche et la Fonderie Paccard se trouvent derrière. Je n’imaginais pas ça comme ça, ni dans un pareil environnement. Ce banal bâtiment industriel n’est pas à l’image que je me faisais d’une entreprise datant de mil sept cent quatre-vingt-seize dont les cloches (certaines énormes) sont présentes dans le monde entier. Des vieilles et des vieux sortent de leur voiture ou descendent d’un autocar pour visiter le Musée de la Cloche. L’envie me manque d’en faire autant.
Par bonheur, il y a à proximité un arrêt de bus. Le prochain Cinquante est dans une demi-heure. Je l’attends face à l’Hôtel Restaurant Le P’tit Savoyard. Il est à vendre. Depuis un moment, semble-t-il.
A l’arrivée à Annecy, j’ai une heure pour lire Saint-Simon dans les Jardins de l’Europe entre le Pont des Amours et l’Ile aux Cygnes. A midi, à La Cuisine des Amis, mon repas se compose d’une cuisse de canard confite avec purée, d’un chou farci et d’un café.
Saint-Simon m’intéresse à nouveau car il raconte enfin les ultimes jours de Louis le Quatorzième, en insistant sur tout ce que Sa Majesté fait pour la dernière fois. Je ne saute donc pas de page au Café des Arts où opère un serveur pas encore vu. On y prépare pour la fin de l’après-midi l’Oktoberfest, une opération commerciale de la brasserie munichoise Paulaner. Cela met en joie mes voisins allemands.
*
Des fausses muettes qui veulent vous faire signer une pétition, cela existe encore à Annecy.
*
Le nombre de filles qui mangent au restaurant avec leur mère.
Celle du jour, enceinte, raconte à sa génitrice qu’elle et son mari ont fermé les yeux ce matin lors de l’échographie pour ne pas connaître le sexe du futur bébé.
Ont dû aussi fermer les oreilles lors de sa conception, pour ne pas entendre les nouvelles sur l’état du monde.
Je marche ensuite jusqu’à la plage qui se vante d’être de sable. Un homme nage seul dans la fraîcheur du petit matin. Là-bas, le clocher de l’église m’indique le cœur de ce long bourg. Pas loin de cette église est le Boull’Café. J’y bois un café verre d’eau à un euro soixante-dix perché en terrasse avec vue sur la départementale Annecy Albertville.
La patronne m’explique où trouver la Fonderie Paccard. Ce n’est pas tout près. Il me faut marcher longuement sur le trottoir de cette route à voitures et camions avant d’arriver au rond-point du Carrefour Market. Le Musée de la Cloche et la Fonderie Paccard se trouvent derrière. Je n’imaginais pas ça comme ça, ni dans un pareil environnement. Ce banal bâtiment industriel n’est pas à l’image que je me faisais d’une entreprise datant de mil sept cent quatre-vingt-seize dont les cloches (certaines énormes) sont présentes dans le monde entier. Des vieilles et des vieux sortent de leur voiture ou descendent d’un autocar pour visiter le Musée de la Cloche. L’envie me manque d’en faire autant.
Par bonheur, il y a à proximité un arrêt de bus. Le prochain Cinquante est dans une demi-heure. Je l’attends face à l’Hôtel Restaurant Le P’tit Savoyard. Il est à vendre. Depuis un moment, semble-t-il.
A l’arrivée à Annecy, j’ai une heure pour lire Saint-Simon dans les Jardins de l’Europe entre le Pont des Amours et l’Ile aux Cygnes. A midi, à La Cuisine des Amis, mon repas se compose d’une cuisse de canard confite avec purée, d’un chou farci et d’un café.
Saint-Simon m’intéresse à nouveau car il raconte enfin les ultimes jours de Louis le Quatorzième, en insistant sur tout ce que Sa Majesté fait pour la dernière fois. Je ne saute donc pas de page au Café des Arts où opère un serveur pas encore vu. On y prépare pour la fin de l’après-midi l’Oktoberfest, une opération commerciale de la brasserie munichoise Paulaner. Cela met en joie mes voisins allemands.
*
Des fausses muettes qui veulent vous faire signer une pétition, cela existe encore à Annecy.
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Le nombre de filles qui mangent au restaurant avec leur mère.
Celle du jour, enceinte, raconte à sa génitrice qu’elle et son mari ont fermé les yeux ce matin lors de l’échographie pour ne pas connaître le sexe du futur bébé.
Ont dû aussi fermer les oreilles lors de sa conception, pour ne pas entendre les nouvelles sur l’état du monde.
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