Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
4 octobre 2023
Officiellement c’est un bus, le Soixante, mais concrètement c’est un car, où tout le monde est assis et doit en principe boucler sa ceinture, qui permet d’aller à Talloires sur la rive est du lac d’Annecy. Ce mardi, je monte dans celui qui part à huit heures de la Gare Routière. Le valideur est en panne, ce sera un voyage gratuit.
Nous y sommes peu nombreux à longer le lac, de prés d’abord puis d’un peu haut avant de redescendre par deux virages en épingle à cheveux vers Talloires. Je descends à l’arrêt Ecoles. Le Policier Municipal qui veillait sur l’entrée des élèves terminant son service, je lui demande comment rejoindre le bord du lac. Il me conseille le chemin de la Roche. Ce qui me permet de faire un léger détour par un petit port discret.
Je rejoins ensuite le centre du bourg. Il possède un mignonnet Office du Tourisme que j’ai la surprise de trouver ouvert. Un homme de type employé aux écritures raccroche son téléphone « attends, j’ai quelqu’un » et me donne un plan du pays. Il me confirme qu’il n’est plus possible de monter avec un autre car au Col de la Forclaz.
Je vais voir l’église Saint Maurice puis m’offre un croissant à un euro vingt au Fournil de Mon Père que je vais manger avec un café à deux euros à la terrasse du Café de la Place près duquel est malheureusement un chantier de construction un peu bruyant.
Ce bruit s’estompe lorsque je descends vers le port de loisir et la plage. Celle-ci ne dispose pas d’endroit pour s’allonger, hormis l’herbe et les pontons. C’est surtout un endroit où on peut nager et certain(e)s le font. On trouve là des plongeoirs, une piscine d’eau de lac et un croquignolet toboggan posé sur une plateforme. La vue sur l’autre rive est magnifique et le calme appréciable. Il n’y a ici ce matin que quelques autochtones, dont des résidents anglais. Je lis là un bon moment Saint-Simon. Au soleil, ce qui me permet peut-être de soigner ma toux.
A midi, je retourne au Café de la Place qui propose une formule à dix-huit euros, crevettes roses, araignée de porc frites salade. Encore une fois ce n’est pas de la grande cuisine et les plats à la carte que je vois passer non plus. Sept Anglais à ma droite, des hommes de vingt-cinq à quarante ans, profitent de leur présence en France pour s’encanailler, certains mangent du foie gras, d’autres des escargots.
Je vais boire le café à La Closerie, un bar à restauration rapide tenu par un jeune couple, elle en cuisine, lui au service. Ce café à deux euros m’est servi avec une petite carafe d’eau. Au moment où je pars arrivent au moins vingt marcheuses et marcheurs à bâtons qui s’engouffrent à l’intérieur. « Ça va être compliqué », leur dit le jeune homme.
Talloires est un bel endroit qui échappe aux dérives touristiques. Un air d’authenticité y survit, qui doit être mis à mal en été. Là, les parcmètres ont été neutralisés, le stationnement redevenu gratuit.
Je remonte vers les écoles pour le bus du retour, les yeux sur la falaise dentelée qui surplombe la montagne de ce côté-là. L’Ermitage Saint-Germain y est accroché que l’on peut atteindre par un sentier sûrement très pentu. Ce que je me garderai de faire, épuisé rien qu’à l’idée.
*
Une affiche sur l’un des murs du Café de la Place : « On vous laisse croire. Laissez-nous penser. »
*
C’est à Talloires que se déroule Le Genou de Claire d’Eric Rohmer.
Nous y sommes peu nombreux à longer le lac, de prés d’abord puis d’un peu haut avant de redescendre par deux virages en épingle à cheveux vers Talloires. Je descends à l’arrêt Ecoles. Le Policier Municipal qui veillait sur l’entrée des élèves terminant son service, je lui demande comment rejoindre le bord du lac. Il me conseille le chemin de la Roche. Ce qui me permet de faire un léger détour par un petit port discret.
Je rejoins ensuite le centre du bourg. Il possède un mignonnet Office du Tourisme que j’ai la surprise de trouver ouvert. Un homme de type employé aux écritures raccroche son téléphone « attends, j’ai quelqu’un » et me donne un plan du pays. Il me confirme qu’il n’est plus possible de monter avec un autre car au Col de la Forclaz.
Je vais voir l’église Saint Maurice puis m’offre un croissant à un euro vingt au Fournil de Mon Père que je vais manger avec un café à deux euros à la terrasse du Café de la Place près duquel est malheureusement un chantier de construction un peu bruyant.
Ce bruit s’estompe lorsque je descends vers le port de loisir et la plage. Celle-ci ne dispose pas d’endroit pour s’allonger, hormis l’herbe et les pontons. C’est surtout un endroit où on peut nager et certain(e)s le font. On trouve là des plongeoirs, une piscine d’eau de lac et un croquignolet toboggan posé sur une plateforme. La vue sur l’autre rive est magnifique et le calme appréciable. Il n’y a ici ce matin que quelques autochtones, dont des résidents anglais. Je lis là un bon moment Saint-Simon. Au soleil, ce qui me permet peut-être de soigner ma toux.
A midi, je retourne au Café de la Place qui propose une formule à dix-huit euros, crevettes roses, araignée de porc frites salade. Encore une fois ce n’est pas de la grande cuisine et les plats à la carte que je vois passer non plus. Sept Anglais à ma droite, des hommes de vingt-cinq à quarante ans, profitent de leur présence en France pour s’encanailler, certains mangent du foie gras, d’autres des escargots.
Je vais boire le café à La Closerie, un bar à restauration rapide tenu par un jeune couple, elle en cuisine, lui au service. Ce café à deux euros m’est servi avec une petite carafe d’eau. Au moment où je pars arrivent au moins vingt marcheuses et marcheurs à bâtons qui s’engouffrent à l’intérieur. « Ça va être compliqué », leur dit le jeune homme.
Talloires est un bel endroit qui échappe aux dérives touristiques. Un air d’authenticité y survit, qui doit être mis à mal en été. Là, les parcmètres ont été neutralisés, le stationnement redevenu gratuit.
Je remonte vers les écoles pour le bus du retour, les yeux sur la falaise dentelée qui surplombe la montagne de ce côté-là. L’Ermitage Saint-Germain y est accroché que l’on peut atteindre par un sentier sûrement très pentu. Ce que je me garderai de faire, épuisé rien qu’à l’idée.
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Une affiche sur l’un des murs du Café de la Place : « On vous laisse croire. Laissez-nous penser. »
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C’est à Talloires que se déroule Le Genou de Claire d’Eric Rohmer.
3 octobre 2023
Le soleil arrive en même temps que moi au Café des Ducs ce lundi matin alors qu’une montgolfière flotte au-dessus du lac. Ce tableau idyllique est hélas troublé par un bruit de machine. On cure le Thiou. Un engin mécanique a été descendu dans le lit de la rivière. Plusieurs tuyaux en sortent. Certains aspirent la vase. D’autres propulsent de l’eau façon carcheur. Une dizaine d’ouvriers en cuissardes s’activent. De temps à autre l’un trébuche mais aucun ne choie. Ce bruit me conduit à ne pas prolonger mon petit-déjeuner.
C’est un jour où je suis décidé à ne pas me bousculer. Je choisis de retourner par le bord du lac au Parc Charles-Bosson dans lequel se trouve l’Impérial Palace. Pour ce faire, je longe l’endroit où s’est tenu le High Five Festival. L’heure est au démontage. Je ne sais s’il y a eu du monde pour s’intéresser au ski par ces températures estivales.
La vue sur les montagnes dans la lumière du matin est un spectacle de choix. Je m’installe sur un banc à l’ombre des grands platanes pour en jouir tout en lisant Saint-Simon. Sur le ponton où opéraient l’autre fois des professionnel(le)s de la photo, un jeune homme fait sa gymnastique. Précisément, il se fait voir faisant sa gymnastique. Sur le banc voisin du mien est une fille venue là avec sa bicyclette. Elle ne semble pas plus que moi intéressée par cette exhibition. Quand le paysage s’anime d’un passage de voiliers ou de la pause d’une jeune femme sur le muret, je sors de ma poche mon appareil photo.
Vers onze heures et demie, je quitte mon banc pour revenir tout droit jusqu’à la rue du Pâquier. La moitié des restaurants sont fermés le lundi. Je trouve place à la terrasse des Retrouvailles où je ne suis jamais venu. Le plat et le dessert du jour sont pour quinze euros cinquante, diots au vin de Savoie et poudigne. Le personnel est d’une amabilité commerciale.
Vers quatorze heures, après avoir lu à l’ombre au bord du lac dans les Jardins de l’Europe. je trouve une table au Café des Arts. A celle d’à côté sont six ou sept lycéennes, toutes mignonnes. Leur conversation n’est pas plus fine que celle des groupes de garçons de leur âge. De quoi faut-il parler pour montrer qu’on est affranchies ? De la chiasse par exemple. Elles sont remplacées par deux garçons plus âgés. L’un essaie de conseiller l’autre à qui son médecin vient de prescrire six mois d’antidépresseurs. En cause : ses vingt-cinq ans et les musiciens de son groupe pas assez motivés.
*
Parmi tous les touristes anglais, parfois un groupe avec ballon de rugby. Ils se font des passes en marchant.
C’est un jour où je suis décidé à ne pas me bousculer. Je choisis de retourner par le bord du lac au Parc Charles-Bosson dans lequel se trouve l’Impérial Palace. Pour ce faire, je longe l’endroit où s’est tenu le High Five Festival. L’heure est au démontage. Je ne sais s’il y a eu du monde pour s’intéresser au ski par ces températures estivales.
La vue sur les montagnes dans la lumière du matin est un spectacle de choix. Je m’installe sur un banc à l’ombre des grands platanes pour en jouir tout en lisant Saint-Simon. Sur le ponton où opéraient l’autre fois des professionnel(le)s de la photo, un jeune homme fait sa gymnastique. Précisément, il se fait voir faisant sa gymnastique. Sur le banc voisin du mien est une fille venue là avec sa bicyclette. Elle ne semble pas plus que moi intéressée par cette exhibition. Quand le paysage s’anime d’un passage de voiliers ou de la pause d’une jeune femme sur le muret, je sors de ma poche mon appareil photo.
Vers onze heures et demie, je quitte mon banc pour revenir tout droit jusqu’à la rue du Pâquier. La moitié des restaurants sont fermés le lundi. Je trouve place à la terrasse des Retrouvailles où je ne suis jamais venu. Le plat et le dessert du jour sont pour quinze euros cinquante, diots au vin de Savoie et poudigne. Le personnel est d’une amabilité commerciale.
Vers quatorze heures, après avoir lu à l’ombre au bord du lac dans les Jardins de l’Europe. je trouve une table au Café des Arts. A celle d’à côté sont six ou sept lycéennes, toutes mignonnes. Leur conversation n’est pas plus fine que celle des groupes de garçons de leur âge. De quoi faut-il parler pour montrer qu’on est affranchies ? De la chiasse par exemple. Elles sont remplacées par deux garçons plus âgés. L’un essaie de conseiller l’autre à qui son médecin vient de prescrire six mois d’antidépresseurs. En cause : ses vingt-cinq ans et les musiciens de son groupe pas assez motivés.
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Parmi tous les touristes anglais, parfois un groupe avec ballon de rugby. Ils se font des passes en marchant.
2 octobre 2023
La lune presque ronde dans le ciel bleu montre que ce dimanche le temps est au beau dès la première heure. De quoi valider mon retour au Semnoz. Au quai Onze de la Gare Routière, je suis encore le premier à attendre le car de huit heures quarante, terminus Les Alpages Cette fois, une flopée de vététistes me rejoignent les uns après les autres. Des jeunes coqs qui pour certains arrivent avec leur petit-déjeuner à la main. Ils se toisent sans se dire un mot mais j’entends bien les t’as vu mon beau vélo ? et mon beau casque ? et mes exploits, tu veux que je te les raconte ?
Ils mettent un temps fou à installer leur monture à l’arrière du car blanc. Nous sommes quand même quelques piétons, dont la dame aux champignons et un vieil homme à canne qui veut dire adieu au Semnoz et à des amis là-haut qu’il ne pourra plus voir faute de car.
Le conducteur d’aujourd’hui est rond. Sa conduite lui ressemble, tranquille. La dame descend dans la forêt. Je descends à l’avant-dernier arrêt, Rochers Blancs. Ce nom est celui d’un hôtel bar restaurant montagnard tenu par la même famille depuis quatre générations.
Prés de cet établissement, un ingénieux système à cylindres (cela laisse aussi passer les bicyclistes) me permet de pénétrer dans la pâture où est le chemin qui mène au Crêt du Chatillon, le sommet du Semnoz à mille sept cent quatre mètres. Les animaux sont en contrebas. Ils m’ignorent tandis que je grimpe vers ce qui est aussi un lieu d’arrivée de remonte-pente. Deux tables d’orientation permettent de savoir ce qu’on a sous les yeux. Côté plaine, les trois lacs (Le Bourget, Annecy et Léman). Côté montagne, la Chaîne des Aravis, le Massif du Mont-Blanc, le Massif de la Vanoise, le Massif des Bauges, le Massif des Ecrins. Les sommets sont un peu embrumés mais je distingue le Mont Blanc et ses neiges dites éternelles.
Après ce bel exploit, je redescends aux Rochers Blancs et m’installe à une table haute en terrasse pour un café verre d’eau. « Nous n’avons pas d’eau ici, me dit la serveuse, on nous l’apporte par citerne, mais je vais vous donner un verre d’eau. » Je lui réponds que je peux m’en passer. Il arrive quand même avec mon café à deux euros. J’avais dans l’idée de manger dans cette auberge mais j’apprends que tout est réservé. Je me console car c’est déjeuner sur du goudron, prés de la route, avec de l’autre côté de celle-ci, le parquigne où se garent les clients et les autres. Assis à une table, on ne voit presque pas la montagne.
Je reste là à lire Saint-Simon jusqu’au car d’onze heures vingt-six et rentre avec le même chauffeur, tout aussi calme dans sa conduite. Je suis seul avec lui. La dame aux champignons n’est pas au bord de la route comme hier. A l’arrivée dans le centre d’Annecy, je constate qu’il y a foule. « C’est cette année que c’est comme ça, me dit le chauffeur, depuis le début du mois de juin. »
Le Napoli fermé, je déjeune à La Cuisine des Amis de la formule du dimanche à vingt euros soixante, épaule de veau rôtie jus à l’échalote purée maison légumes, opéra au café et café. Cela me va et reste un prix raisonnable quand on compare avec ceux des restaurants de bord de Thiou où l’on sert fondues et tartiflettes à toute heure et malgré la chaleur.
Une chaleur que je subis devant le Château Musée qui est gratuit le premier dimanche de chaque mois. Je suis l’un des premiers à y entrer à quatorze heures. Ma visite dure peu, trop chaud, trop sombre dans les salles. Je me contente des tours et des murs vus de la cour intérieure et de découvrir ce qu’on voir de la ville et du lac depuis cette hauteur. Redescendu au bord du Thiou, je veux entrer au Palais de l’Isle, mais en ce jour de gratuité, c’est fermé sans explication. Une dame me dit qu’elle est déjà venue ce matin, que c’était pareil et que la galeriste d’en face lui a dit « C’est pas étonnant avec la Mairie ».
Faute de trouver une place au Café des Arts, c’est encore une fois à une table haute du Café des Ducs que je vais lire à l’ombre.
*
Type de crétins de la montagne : les motards qui font ronfler leur engin entre chaque virage, z’avez vu comme on en a une grosse.
*
Parmi les sommets visibles du Semnoz : le Lancebranlette.
Ils mettent un temps fou à installer leur monture à l’arrière du car blanc. Nous sommes quand même quelques piétons, dont la dame aux champignons et un vieil homme à canne qui veut dire adieu au Semnoz et à des amis là-haut qu’il ne pourra plus voir faute de car.
Le conducteur d’aujourd’hui est rond. Sa conduite lui ressemble, tranquille. La dame descend dans la forêt. Je descends à l’avant-dernier arrêt, Rochers Blancs. Ce nom est celui d’un hôtel bar restaurant montagnard tenu par la même famille depuis quatre générations.
Prés de cet établissement, un ingénieux système à cylindres (cela laisse aussi passer les bicyclistes) me permet de pénétrer dans la pâture où est le chemin qui mène au Crêt du Chatillon, le sommet du Semnoz à mille sept cent quatre mètres. Les animaux sont en contrebas. Ils m’ignorent tandis que je grimpe vers ce qui est aussi un lieu d’arrivée de remonte-pente. Deux tables d’orientation permettent de savoir ce qu’on a sous les yeux. Côté plaine, les trois lacs (Le Bourget, Annecy et Léman). Côté montagne, la Chaîne des Aravis, le Massif du Mont-Blanc, le Massif de la Vanoise, le Massif des Bauges, le Massif des Ecrins. Les sommets sont un peu embrumés mais je distingue le Mont Blanc et ses neiges dites éternelles.
Après ce bel exploit, je redescends aux Rochers Blancs et m’installe à une table haute en terrasse pour un café verre d’eau. « Nous n’avons pas d’eau ici, me dit la serveuse, on nous l’apporte par citerne, mais je vais vous donner un verre d’eau. » Je lui réponds que je peux m’en passer. Il arrive quand même avec mon café à deux euros. J’avais dans l’idée de manger dans cette auberge mais j’apprends que tout est réservé. Je me console car c’est déjeuner sur du goudron, prés de la route, avec de l’autre côté de celle-ci, le parquigne où se garent les clients et les autres. Assis à une table, on ne voit presque pas la montagne.
Je reste là à lire Saint-Simon jusqu’au car d’onze heures vingt-six et rentre avec le même chauffeur, tout aussi calme dans sa conduite. Je suis seul avec lui. La dame aux champignons n’est pas au bord de la route comme hier. A l’arrivée dans le centre d’Annecy, je constate qu’il y a foule. « C’est cette année que c’est comme ça, me dit le chauffeur, depuis le début du mois de juin. »
Le Napoli fermé, je déjeune à La Cuisine des Amis de la formule du dimanche à vingt euros soixante, épaule de veau rôtie jus à l’échalote purée maison légumes, opéra au café et café. Cela me va et reste un prix raisonnable quand on compare avec ceux des restaurants de bord de Thiou où l’on sert fondues et tartiflettes à toute heure et malgré la chaleur.
Une chaleur que je subis devant le Château Musée qui est gratuit le premier dimanche de chaque mois. Je suis l’un des premiers à y entrer à quatorze heures. Ma visite dure peu, trop chaud, trop sombre dans les salles. Je me contente des tours et des murs vus de la cour intérieure et de découvrir ce qu’on voir de la ville et du lac depuis cette hauteur. Redescendu au bord du Thiou, je veux entrer au Palais de l’Isle, mais en ce jour de gratuité, c’est fermé sans explication. Une dame me dit qu’elle est déjà venue ce matin, que c’était pareil et que la galeriste d’en face lui a dit « C’est pas étonnant avec la Mairie ».
Faute de trouver une place au Café des Arts, c’est encore une fois à une table haute du Café des Ducs que je vais lire à l’ombre.
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Type de crétins de la montagne : les motards qui font ronfler leur engin entre chaque virage, z’avez vu comme on en a une grosse.
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Parmi les sommets visibles du Semnoz : le Lancebranlette.
1er octobre 2023
Pratique d’avoir La Panière, qui ouvre dès six heures trente tous les jours, en bas de chez soi. A sept heures, j’y prends le petit-déjeuner, un pain au chocolat et un café allongé pour trois euros quatre-vingt-quinze.
Ce samedi, je souhaite aller dans la montagne au dessus d’Annecy, aux alpages du Semnoz, en car pour le prix d’un ticket de bus (quatre-vingt-dix-neuf centimes en ce qui me concerne grâce à ma carte senior dix voyages). Ce sont les derniers cars de l'année ce ouiquennede, et comme ils prennent les vététés (cinq euros par machine), il y a peu de places pour les humains. En conséquence, je me présente à huit heures et quart au quai Onze de la Gare Routière. Le premier car est à huit heures quarante. Etant le premier arrivé, je ne serai pas privé du voyage.
Dans le car blanc, dont la moitié arrière est dépourvue de sièges, nous ne sommes que sept, dont un vététiste. Le chauffeur est du genre sec et excité, de plus énervé parce qu’il a été prévenu tard de ses horaires du jour. « J’espère que vous êtes bien attachés », nous dit-il. Montant vers la sortie d’Annecy, nous passons devant le Camping Municipal du Belvédère où j’ai séjourné avec celle qui travaille à Paris, quand elle me tenait la main. Cela me rend mélancolique.
Vient une succession de virages serrés dans la montagne boisée. La montée est rude. Le moteur ronfle. Une dame avec une canne descend du car au milieu des bois. Quand les alpages apparaissent, on pense être arrivé mais il faut encore grimper.
Le terminus est au Chalet Nordique du Plateau. Je m’engage sur le sentier caillouteux qui mène aux fermes d’alpage, désolé d’être suivi par deux duos de femmes. Il faut aussi faire avec les campigne-cars tous rangés au même endroit.
J’arrive quand même à être seul pour bénéficier du concert de clochettes des animaux qui paissent. Une vache se gratte contre un arbre. Une autre me fait un clin d’œil. A chaque ferme on annonce la vente de fromages mais c’est fermé. Quand même je croise un énorme tracteur tirant une non moins énorme remorque. Il est conduit par une jeune femme blonde qui me salue en passant. Le ciel aussi est fermé, par des nuages assez gris. Au-dessus de ma tête, les remonte-pentes sont immobiles.
Quand une pancarte m’annonce « Le Galet Rond 1615 m », je considère que j’ai assez marché et je reviens vers l’arrêt de car. En saison un café permet de se désaltérer. C’est fini jusqu’en juillet. Aucune possibilité pour manger non plus. Je rentre donc par le car d’onze heures vingt-cinq. J’y suis seul avec le même chauffeur. Il m’annonce le seul endroit où on voit le lac dans la descente. Au cœur de la forêt, il s’arrête pour la dame à canne. Elle a empli son sac de champignons. Comme elle ne m’invite pas à les manger avec elle, je descends à Hôtel de Ville. Ici, c’est plein soleil.
Je déjeune à la Pizzéria Napoli où le personnel a été renforcé pour ce samedi. Celle que je prenais pour une serveuse doit être la patronne. Vêtue d’une minirobe crème, elle ne quitte guère la caisse aujourd’hui. J’ai choisi le faux filet sauce au bleu avec des pommes sautées et j’ai bien fait. C’est copieux et bon. En dessert, le tiramisu mérite son nom mais rien de plus. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-six euros cinquante.
Que ce soit dans les Jardins de l’Europe ou à la terrasse du Café des Ducs, j’ai du mal à me concentrer pour lire Saint-Simon. C’est jour de foule et tout ce monde me fatigue. Le contraste est violent entre la vie aux alpages et la vie au cœur d’Annecy. Quarante minutes de car les sépare.
*
Panneau d’alpage : « Merci de ne pas prendre l’abreuvoir à vaches pour une piscine à chiens ».
Ce samedi, je souhaite aller dans la montagne au dessus d’Annecy, aux alpages du Semnoz, en car pour le prix d’un ticket de bus (quatre-vingt-dix-neuf centimes en ce qui me concerne grâce à ma carte senior dix voyages). Ce sont les derniers cars de l'année ce ouiquennede, et comme ils prennent les vététés (cinq euros par machine), il y a peu de places pour les humains. En conséquence, je me présente à huit heures et quart au quai Onze de la Gare Routière. Le premier car est à huit heures quarante. Etant le premier arrivé, je ne serai pas privé du voyage.
Dans le car blanc, dont la moitié arrière est dépourvue de sièges, nous ne sommes que sept, dont un vététiste. Le chauffeur est du genre sec et excité, de plus énervé parce qu’il a été prévenu tard de ses horaires du jour. « J’espère que vous êtes bien attachés », nous dit-il. Montant vers la sortie d’Annecy, nous passons devant le Camping Municipal du Belvédère où j’ai séjourné avec celle qui travaille à Paris, quand elle me tenait la main. Cela me rend mélancolique.
Vient une succession de virages serrés dans la montagne boisée. La montée est rude. Le moteur ronfle. Une dame avec une canne descend du car au milieu des bois. Quand les alpages apparaissent, on pense être arrivé mais il faut encore grimper.
Le terminus est au Chalet Nordique du Plateau. Je m’engage sur le sentier caillouteux qui mène aux fermes d’alpage, désolé d’être suivi par deux duos de femmes. Il faut aussi faire avec les campigne-cars tous rangés au même endroit.
J’arrive quand même à être seul pour bénéficier du concert de clochettes des animaux qui paissent. Une vache se gratte contre un arbre. Une autre me fait un clin d’œil. A chaque ferme on annonce la vente de fromages mais c’est fermé. Quand même je croise un énorme tracteur tirant une non moins énorme remorque. Il est conduit par une jeune femme blonde qui me salue en passant. Le ciel aussi est fermé, par des nuages assez gris. Au-dessus de ma tête, les remonte-pentes sont immobiles.
Quand une pancarte m’annonce « Le Galet Rond 1615 m », je considère que j’ai assez marché et je reviens vers l’arrêt de car. En saison un café permet de se désaltérer. C’est fini jusqu’en juillet. Aucune possibilité pour manger non plus. Je rentre donc par le car d’onze heures vingt-cinq. J’y suis seul avec le même chauffeur. Il m’annonce le seul endroit où on voit le lac dans la descente. Au cœur de la forêt, il s’arrête pour la dame à canne. Elle a empli son sac de champignons. Comme elle ne m’invite pas à les manger avec elle, je descends à Hôtel de Ville. Ici, c’est plein soleil.
Je déjeune à la Pizzéria Napoli où le personnel a été renforcé pour ce samedi. Celle que je prenais pour une serveuse doit être la patronne. Vêtue d’une minirobe crème, elle ne quitte guère la caisse aujourd’hui. J’ai choisi le faux filet sauce au bleu avec des pommes sautées et j’ai bien fait. C’est copieux et bon. En dessert, le tiramisu mérite son nom mais rien de plus. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-six euros cinquante.
Que ce soit dans les Jardins de l’Europe ou à la terrasse du Café des Ducs, j’ai du mal à me concentrer pour lire Saint-Simon. C’est jour de foule et tout ce monde me fatigue. Le contraste est violent entre la vie aux alpages et la vie au cœur d’Annecy. Quarante minutes de car les sépare.
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Panneau d’alpage : « Merci de ne pas prendre l’abreuvoir à vaches pour une piscine à chiens ».
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