Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
30 juin 2023
S’il pleut, j’irai à Saint-Brieuc, me suis-je dit. Il pleut toute la nuit et il pleut encore un peu ce jeudi matin quand je rejoins l’arrêt de car La Vallée. Seulement alors que j’attends le car de sept heures trente-sept, cela cesse, même si le ciel reste gris. Aussi je change d’avis en route et descends à Binic où c’est jour de marché.
Celui-ci se tient sur la place devant Le Narval et dans la rue intérieure jusqu’à l’église. On y trouve certains des marchands présents hier à Plouha.
Je petit-déjeune au Narval où la clientèle est conséquente. A une table proche de la mienne, quatre vieux en chorte parlent des émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un motard de la Police à Nanterre. Ils s’en prennent à Kilian M’Bappé. « J’ai mal à ma France » Qu’est-ce qu'il en sait, lui, de la France ?
Je m’en aperçois à chaque passage : Binic est photogénique. Elle m’inspire de nouvelles photos quand je parcours à nouveau son port et sa plage.
Le temps qui devait être mauvais s’améliore. Le soleil revient. Je vais lire un peu au Chaland Qui Passe. Près de moi est une quinquagénaire qui a sympathisé avec un trentenaire qui cherche un emploi dans le bâtiment sans en trouver. Il campe sur un terrain municipal. Avec l’arrivée des vacances scolaires, toutes les places sont réservées. Il va devoir partir. « Tu vas bien trouver un endroit où mettre ta tente », lui dit-elle. « Justement, je comptais te demander de l’installer chez toi, dans ton jardin. » Elle est bien ennuyée et invente une histoire de règlement le lui interdisant.
A midi, je choisis de déjeuner à la Cabane aux Crabes qui fait face à l’entrée du port. On y propose une formule demi-homard frites légumes dessert à vingt-neuf euros. A quoi j’ajoute un verre de muscadet à quatre euros soixante.
Je suis déjà venu ici. On y employait le maillet contre les crustacés. Ce n’est plus le cas. Quand ma moitié de homard arrive, je la trouve bien petite. Quand elle est mangée, mon avis sur le homard est conforté, c’est peu de chose, c’est peu de goût. Le dessert, une mousse au chocolat blanc, ne rattrape pas l’affaire.
Je remonte l’alignement de restaurants jusqu’au Narval, traverse la place où le marché se termine et arrive à l’arrêt de car en même temps qu’un BreizhGo numéro Un. C’est celui de douze heures cinquante qui a quinze minutes de retard. Il me permet d’être perché au Café de la Plage plus tôt que prévu mais je ne peux y rester qu’une heure à cause du vent trop frais.
*
Retour à la raison pour le Maire de Dieppe, Nicolas Langlois, Communiste, et donc retour à l’affiche initiale pour le festival de bande dessinée, celle avec le léger décolleté.
Celui-ci se tient sur la place devant Le Narval et dans la rue intérieure jusqu’à l’église. On y trouve certains des marchands présents hier à Plouha.
Je petit-déjeune au Narval où la clientèle est conséquente. A une table proche de la mienne, quatre vieux en chorte parlent des émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un motard de la Police à Nanterre. Ils s’en prennent à Kilian M’Bappé. « J’ai mal à ma France » Qu’est-ce qu'il en sait, lui, de la France ?
Je m’en aperçois à chaque passage : Binic est photogénique. Elle m’inspire de nouvelles photos quand je parcours à nouveau son port et sa plage.
Le temps qui devait être mauvais s’améliore. Le soleil revient. Je vais lire un peu au Chaland Qui Passe. Près de moi est une quinquagénaire qui a sympathisé avec un trentenaire qui cherche un emploi dans le bâtiment sans en trouver. Il campe sur un terrain municipal. Avec l’arrivée des vacances scolaires, toutes les places sont réservées. Il va devoir partir. « Tu vas bien trouver un endroit où mettre ta tente », lui dit-elle. « Justement, je comptais te demander de l’installer chez toi, dans ton jardin. » Elle est bien ennuyée et invente une histoire de règlement le lui interdisant.
A midi, je choisis de déjeuner à la Cabane aux Crabes qui fait face à l’entrée du port. On y propose une formule demi-homard frites légumes dessert à vingt-neuf euros. A quoi j’ajoute un verre de muscadet à quatre euros soixante.
Je suis déjà venu ici. On y employait le maillet contre les crustacés. Ce n’est plus le cas. Quand ma moitié de homard arrive, je la trouve bien petite. Quand elle est mangée, mon avis sur le homard est conforté, c’est peu de chose, c’est peu de goût. Le dessert, une mousse au chocolat blanc, ne rattrape pas l’affaire.
Je remonte l’alignement de restaurants jusqu’au Narval, traverse la place où le marché se termine et arrive à l’arrêt de car en même temps qu’un BreizhGo numéro Un. C’est celui de douze heures cinquante qui a quinze minutes de retard. Il me permet d’être perché au Café de la Plage plus tôt que prévu mais je ne peux y rester qu’une heure à cause du vent trop frais.
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Retour à la raison pour le Maire de Dieppe, Nicolas Langlois, Communiste, et donc retour à l’affiche initiale pour le festival de bande dessinée, celle avec le léger décolleté.
29 juin 2023
Le jour est venu, un mercredi parce que c’est le marché, de m’attaquer au gros morceau qu’est Plouha, une commune très étendue dont le centre est loin de la mer.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
*
Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
*
Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
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Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
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Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.
28 juin 2023
Ce mardi matin, sous un ciel gris, je descends la rue de la Lande jusqu’à sa fin, prends à gauche la départementale, heureusement pas trop fréquentée à cette heure, et au bout de quelques centaines de mètres, derrière un bouquet d’arbres, aperçois le Moulin Saint-Michel. Il a fière allure, ce moulin à vent datant de mil huit cent trente, restauré comme il a été. J’en fais le tour, ne peux évidemment pas y entrer. De la butte où il a été construit, on voit la mer au loin.
Je traverse la départementale sur un passage pour piétons où il ne faut pas se croire prioritaire et prends la rue du Moulin-Saint-Michel qui descend tout droit jusqu’à la place d’Armes où se trouvent Le Fournil du Casino et Le Mustang. Surprise, en vue de l’arrivée des estivants, un carrousel va y être installé. « On va pouvoir faire des tours de manège », commente un habitué du troquet.
Mon petit-déjeuner terminé, je rejoins le chemin des douaniers et y croise un photographe bien équipé. Là où le sentier semble tomber dans la mer, je surplombe un bateau dans lequel trois pêcheurs remontent des casiers. Une petite pause sur un banc du port et je reviens à mon point de départ par l’intérieur du bourg.
Sur la plage du Casino personne d’autre à dix heures qu’un chercheur de métaux. Après un café lecture au Café de la Plage, j’y déjeune du menu du jour : gaspacho de melon à l’estragon, sandwich façon pastrami maison frites salade et brioche perdue, banane flambée et glace mangue. Les trois sont fort bons. Mes dix-neuf euros réglés, je retourne à mon perchoir pour le café. J’en ai fini avec les maximes de La Rochefoucauld, j’en suis à ses réflexions qui parfois entraînent les miennes.
*
Un quinquagénaire photographiant sa femme sur fond de mer. Une jeune femme : « Vous voulez que je vous prenne tous les deux ? » Il lui passe son smartphone et va se placer près de son épouse. La jeune femme : « Un p’tit sourire, monsieur ? Un p’tit geste ? Quelque chose ? »
*
« Je vais mourir. » (une collégienne trouvant fermée la confiserie Ker Suçons)
Je traverse la départementale sur un passage pour piétons où il ne faut pas se croire prioritaire et prends la rue du Moulin-Saint-Michel qui descend tout droit jusqu’à la place d’Armes où se trouvent Le Fournil du Casino et Le Mustang. Surprise, en vue de l’arrivée des estivants, un carrousel va y être installé. « On va pouvoir faire des tours de manège », commente un habitué du troquet.
Mon petit-déjeuner terminé, je rejoins le chemin des douaniers et y croise un photographe bien équipé. Là où le sentier semble tomber dans la mer, je surplombe un bateau dans lequel trois pêcheurs remontent des casiers. Une petite pause sur un banc du port et je reviens à mon point de départ par l’intérieur du bourg.
Sur la plage du Casino personne d’autre à dix heures qu’un chercheur de métaux. Après un café lecture au Café de la Plage, j’y déjeune du menu du jour : gaspacho de melon à l’estragon, sandwich façon pastrami maison frites salade et brioche perdue, banane flambée et glace mangue. Les trois sont fort bons. Mes dix-neuf euros réglés, je retourne à mon perchoir pour le café. J’en ai fini avec les maximes de La Rochefoucauld, j’en suis à ses réflexions qui parfois entraînent les miennes.
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Un quinquagénaire photographiant sa femme sur fond de mer. Une jeune femme : « Vous voulez que je vous prenne tous les deux ? » Il lui passe son smartphone et va se placer près de son épouse. La jeune femme : « Un p’tit sourire, monsieur ? Un p’tit geste ? Quelque chose ? »
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« Je vais mourir. » (une collégienne trouvant fermée la confiserie Ker Suçons)
27 juin 2023
Soleil et fraîcheur sont de nouveau là ce lundi tandis que je descends vers Le Fournil du Casino et le Mustang. Dans ce dernier, les habitué(e)s parlent des enivré(e)s d’hier matin :
-Y en avait deux qui dormaient dans leur voiture, la bouche ouverte.
-Y sont marrants.
-Tant que c’est pas les nôtres.
-Les nôtres, y feraient pas ça ici.
Sur le sentier de randonnée, je m’intéresse au Château de Calan. En passant par la venelle de la Comtesse je vais voir de plus près ce bâtiment que certains désignent abusivement par le nom d’Hôtel Ker Moor alors que cet hôtel, sous ses pieds, n’a rien à voir avec lui. Personnellement, à la suite de l’ami d’Orléans, je l’appelle la turquerie.
Difficile de s’en approcher, cela ne peut se faire que par les parquignes de l’hôtel et certains sont fermés avec digicode. Je fais néanmoins quelques photos. C’est le comte de Calan, ancien diplomate au Moyen-Orient, qui lança sa construction en mil huit cent quatre-vingt, laquelle fut poursuivie par le deuxième propriétaire, un amateur du style mauresque en vogue depuis l’exposition universelle de dix-neuf cent. Une partie de la décoration intérieure est due au célèbre mosaïste Odorico. Je n’en verrai rien.
A mon arrivée au Portrieux, je vais à la supérette acheter du thé et me trouve à la caisse derrière la pénible de service, une femme à casquette montmartroise, qui en a pour cinquante-trois euros, surtout du jambon rose et d’Aoste. C’est pour son chien qui a retrouvé l’appétit. Elle ne trouve pas sa carte bancaire et quand elle l’a enfin, n’est pas sûre de son code. Même l’épicier en a marre : « Tu me fais le coup à chaque fois », lui dit-il. Quand c’est enfin mon tour, je donne mon euro quarante-cinq que j’ai eu le temps de préparer et la contourne. A part son clébard nourri au jambon, je ne vois pas qui pourrait la supporter.
Je retrouve le calme à la terrasse des Plaisanciers. Dans le port sont alignés des voiliers identiques qui présagent d’une course prochaine. A une table voisine boivent des cafés six employés de l’agglo de Saint-Brieuc (c’est écrit dans leur dos). C’est aussi ici que je déjeune à midi.
Je retrouve ensuite mon perchoir du Café de la Plage. « J’ai pris le risque », me dit la gentille serveuse en m’apportant un café verre d’eau à peine suis-je installé. Ce n’était pas un grand risque. A l’horizon naviguent quatre bateaux à voile noire, une couleur peu courante dans ce milieu. Je passe un moment avec La Rochefoucauld dont les maximes, souvent construites sur des paradoxes, sont pour moi d’inégal intérêt. Sa plus courte : Peu de gens savent être vieux.
*
Pas loin du Château de Calan est un beau bâtiment blanc et rouge nommé Bretania, une résidence appart hôtel gérée par l’Association Nationale d’Action Sociale des personnels de la Police Nationale et du Ministère de l’Intérieur. On y a accueilli des réfugiés ukrainiens, surtout des femmes et des enfants. Je ne sais pas s’ils y sont encore.
*
La patronne des Plaisanciers à un saisonnier pas très performant : « Un jour, je te féliciterai, mais je ne sais pas quand ».
*
L’affichette du jour de La Presse d’Armor : « L’été s’annonce compliqué ».
-Y en avait deux qui dormaient dans leur voiture, la bouche ouverte.
-Y sont marrants.
-Tant que c’est pas les nôtres.
-Les nôtres, y feraient pas ça ici.
Sur le sentier de randonnée, je m’intéresse au Château de Calan. En passant par la venelle de la Comtesse je vais voir de plus près ce bâtiment que certains désignent abusivement par le nom d’Hôtel Ker Moor alors que cet hôtel, sous ses pieds, n’a rien à voir avec lui. Personnellement, à la suite de l’ami d’Orléans, je l’appelle la turquerie.
Difficile de s’en approcher, cela ne peut se faire que par les parquignes de l’hôtel et certains sont fermés avec digicode. Je fais néanmoins quelques photos. C’est le comte de Calan, ancien diplomate au Moyen-Orient, qui lança sa construction en mil huit cent quatre-vingt, laquelle fut poursuivie par le deuxième propriétaire, un amateur du style mauresque en vogue depuis l’exposition universelle de dix-neuf cent. Une partie de la décoration intérieure est due au célèbre mosaïste Odorico. Je n’en verrai rien.
A mon arrivée au Portrieux, je vais à la supérette acheter du thé et me trouve à la caisse derrière la pénible de service, une femme à casquette montmartroise, qui en a pour cinquante-trois euros, surtout du jambon rose et d’Aoste. C’est pour son chien qui a retrouvé l’appétit. Elle ne trouve pas sa carte bancaire et quand elle l’a enfin, n’est pas sûre de son code. Même l’épicier en a marre : « Tu me fais le coup à chaque fois », lui dit-il. Quand c’est enfin mon tour, je donne mon euro quarante-cinq que j’ai eu le temps de préparer et la contourne. A part son clébard nourri au jambon, je ne vois pas qui pourrait la supporter.
Je retrouve le calme à la terrasse des Plaisanciers. Dans le port sont alignés des voiliers identiques qui présagent d’une course prochaine. A une table voisine boivent des cafés six employés de l’agglo de Saint-Brieuc (c’est écrit dans leur dos). C’est aussi ici que je déjeune à midi.
Je retrouve ensuite mon perchoir du Café de la Plage. « J’ai pris le risque », me dit la gentille serveuse en m’apportant un café verre d’eau à peine suis-je installé. Ce n’était pas un grand risque. A l’horizon naviguent quatre bateaux à voile noire, une couleur peu courante dans ce milieu. Je passe un moment avec La Rochefoucauld dont les maximes, souvent construites sur des paradoxes, sont pour moi d’inégal intérêt. Sa plus courte : Peu de gens savent être vieux.
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Pas loin du Château de Calan est un beau bâtiment blanc et rouge nommé Bretania, une résidence appart hôtel gérée par l’Association Nationale d’Action Sociale des personnels de la Police Nationale et du Ministère de l’Intérieur. On y a accueilli des réfugiés ukrainiens, surtout des femmes et des enfants. Je ne sais pas s’ils y sont encore.
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La patronne des Plaisanciers à un saisonnier pas très performant : « Un jour, je te féliciterai, mais je ne sais pas quand ».
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L’affichette du jour de La Presse d’Armor : « L’été s’annonce compliqué ».
26 juin 2023
Ce dimanche, vers sept heures et demie, Le Mustang a son lot de jeunes excités alcoolisés, des petits bourges venus de L’Etrier, discothèque avec sortie sur la plage, située sous Le Café de la Plage et Les Cochons Flingueurs, chemise blanche et coiffure de surfeur pour les garçons, appas en vitrine pour les filles. Je ne m’y attarde pas, d’autant qu’il va faire encore plus chaud aujourd’hui, bien que cela reste loin de ce que subissent d’autres villes, dont Rouen.
Je décide de faire mon habituel circuit à l’envers, d’aller jusqu’aux ports par l’intérieur du bourg puis de retourner au point de départ par le chemin côtier, histoire de voir les choses différemment. Dans mon souvenir, c’est plus dur dans ce sens. J’en ai la confirmation, davantage de marches à monter. Je dois m’asseoir à mi-chemin, près du belvédère, pour reprendre souffle.
Quand je suis presque arrivé, une jeune femme en mauve vient vers moi :
-Vous vous promenez depuis un moment par-là ? Est-ce que je peux vous poser une petite question ? Est-ce que vous avez vu cette personne ?
Elle me montre une photo sur son téléphone, un brun barbu comme il en est tant.
-Non, je ne l’ai pas vu. Il est tout seul ?
-Oui tout seul en sortie de boîte. Et je viens de trouver son téléphone.
-Ah ! Eh bien non, je ne l’ai pas vu.
Je profite d’un banc temporairement à l’ombre pour attendre qu’à dix heures ouvre le Café de la Plage. Ce moment venu, malgré le soleil qui cogne (comme on dit ici), je m’installe à mon perchoir favori et de cette hauteur me demande si le garçon en chorte blanc qui marche sur la plage ne serait pas celui que cherche la fille en mauve. Il est loin et elle est je ne sais où, je ne peux rien faire. Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. Je commence Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld, le vieux Livre de Poche préfacé par Paul Morand que j’ai trouvé dans une boîte à livres.
Vers onze heures et quart, j’entre pour payer mon euro cinquante mais le serveur néo barbu qui est peut-être aussi patron, comme celui qui lui tient compagnie ce matin, me dit : « On vous l’offre, le petit café. »
-C’est gentil, mais ça fait deux fois.
-Ça nous fait plaisir, me disent-ils en chœur.
Au Fournil du Casino, je prends un pan bagnat, une tarte aux abricots et une petite bouteille d’eau, ce qui correspond à une formule à sept euros. Je traverse la place et trouve une table à l’ombre à la terrasse du Mustang. Audrey est là, toujours aussi sexy, à qui je commande une formule huîtres avec pain et beurre. Quand il s’agit de la payer, elle me rend un euro cinquante sur mon billet de dix, appliquant enfin le véritable prix, établi par sa mère, qui n’est plus là.
Aucun banc n’est à l’ombre en bord de mer. C’est près du terrain de pétanque que je mange mon pique-nique tiré du sac. La chaleur étant contre moi, je décide, le repas terminé, de rentrer sans attendre.
*
Dans la nuit de samedi à dimanche, une arrivée vers deux heures du matin dans le studio Air Bibi du dessous. Un jeune couple. A peine entré, au lit (pour dormir). Des invités à un mariage peut-être. Chaque jour, je surveille l’état des locations de ce logement gênant.
Rien à craindre pour l’ultime semaine de juin, sauf réservation de dernière minute, comme les deux motards de l’autre jour.
*
Boire le coup de l’étrier, on s’y emploie à Saint-Quay. Avant de monter, non à cheval, mais en voiture.
Je décide de faire mon habituel circuit à l’envers, d’aller jusqu’aux ports par l’intérieur du bourg puis de retourner au point de départ par le chemin côtier, histoire de voir les choses différemment. Dans mon souvenir, c’est plus dur dans ce sens. J’en ai la confirmation, davantage de marches à monter. Je dois m’asseoir à mi-chemin, près du belvédère, pour reprendre souffle.
Quand je suis presque arrivé, une jeune femme en mauve vient vers moi :
-Vous vous promenez depuis un moment par-là ? Est-ce que je peux vous poser une petite question ? Est-ce que vous avez vu cette personne ?
Elle me montre une photo sur son téléphone, un brun barbu comme il en est tant.
-Non, je ne l’ai pas vu. Il est tout seul ?
-Oui tout seul en sortie de boîte. Et je viens de trouver son téléphone.
-Ah ! Eh bien non, je ne l’ai pas vu.
Je profite d’un banc temporairement à l’ombre pour attendre qu’à dix heures ouvre le Café de la Plage. Ce moment venu, malgré le soleil qui cogne (comme on dit ici), je m’installe à mon perchoir favori et de cette hauteur me demande si le garçon en chorte blanc qui marche sur la plage ne serait pas celui que cherche la fille en mauve. Il est loin et elle est je ne sais où, je ne peux rien faire. Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. Je commence Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld, le vieux Livre de Poche préfacé par Paul Morand que j’ai trouvé dans une boîte à livres.
Vers onze heures et quart, j’entre pour payer mon euro cinquante mais le serveur néo barbu qui est peut-être aussi patron, comme celui qui lui tient compagnie ce matin, me dit : « On vous l’offre, le petit café. »
-C’est gentil, mais ça fait deux fois.
-Ça nous fait plaisir, me disent-ils en chœur.
Au Fournil du Casino, je prends un pan bagnat, une tarte aux abricots et une petite bouteille d’eau, ce qui correspond à une formule à sept euros. Je traverse la place et trouve une table à l’ombre à la terrasse du Mustang. Audrey est là, toujours aussi sexy, à qui je commande une formule huîtres avec pain et beurre. Quand il s’agit de la payer, elle me rend un euro cinquante sur mon billet de dix, appliquant enfin le véritable prix, établi par sa mère, qui n’est plus là.
Aucun banc n’est à l’ombre en bord de mer. C’est près du terrain de pétanque que je mange mon pique-nique tiré du sac. La chaleur étant contre moi, je décide, le repas terminé, de rentrer sans attendre.
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Dans la nuit de samedi à dimanche, une arrivée vers deux heures du matin dans le studio Air Bibi du dessous. Un jeune couple. A peine entré, au lit (pour dormir). Des invités à un mariage peut-être. Chaque jour, je surveille l’état des locations de ce logement gênant.
Rien à craindre pour l’ultime semaine de juin, sauf réservation de dernière minute, comme les deux motards de l’autre jour.
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Boire le coup de l’étrier, on s’y emploie à Saint-Quay. Avant de monter, non à cheval, mais en voiture.
25 juin 2023
Une bonne résolution qui n’aura pas duré longtemps, celle de ne pas servir d’alcool à qui est déjà ivre. Ce samedi matin, six bruyants embiérés en boivent une autre à la terrasse du Mustang. A l’intérieur ne sont là que le patron et l’habitué en chef. Le premier est à peu près réveillé puisqu’il est à deux doigts de poser mon allongé verre d’eau sur la table du second. Tandis que je mange mes trois crêpes du Fournil du Casino arrive le couple qui est là pour six mois. J’occupe sa place. Elle et lui en choisissent une autre. « C’est pas pareil », lui dit-elle.
C’est un jour de franc soleil. J’ai déjà un peu trop chaud quand je rejoins Le Portrieux par le sentier. Il est huit heures et demie quand j’arrive. Devant le stand du marchand de poisson ambulant, la file d’attente est conséquente, composée d’une vingtaine de femmes et d’hommes de plus ou moins soixante ans qui attendent en plein soleil près des deux grands et beaux véhicules (il semble que le commerce des poissons et des crustacés rapporte gros).
Il faut que je m’économise. Ma visite du jour est à deux pas, rue Sainte-Anne, que du port on atteint au choix par la venelle du Soleil Levant ou par la venelle de la Chapelle. La chapelle Sainte Anne est modeste, sobre et peinte en blanc. Inutile d’y vouloir entrer. J’en fais deux photos puis monte jusqu’à la pharmacie pour mon renouvellement de gouttes pour les yeux.
Redescendu, je me rends à Port d’Armor, réserve une table bien à l’ombre aux Plaisanciers et, comme c’est encore possible, bois un café à sa terrasse de bord de port dépourvue de parasol. Près de celle-ci, les Sauveteurs en Mer ont installé un barnum d’information.
Quand j’ai trop chaud, je trouve un banc à l’ombre près de l’école de plongée dont tous les profs et élèves sont partis sur trois bateaux il y a une heure.
A midi, parmi les touristes et habitués du coin, les Sauveteurs en Mer déjeunent aux Plaisanciers, une bouteille de rosé sur la table. La chaleur me conduit à choisir le filet de merlan risotto de légumes plutôt que l’andouillette écrasé de pommes de terre. Pour le dessert, c’est la panna cotta caramel.
Je cherche l’ombre dans les rues du bourg qui mènent au Café de la Plage. Arrivé à destination, j’élis comme perchoir celui qui n’est pas au soleil, en retrait près d’une des portes de ce restaurant bar. C’est moins bien, je ne peux faire le surveillant de baignade, mais je vois quand même la mer. Pour la première fois des padeules sont de sortie. C’est ici et dans ces conditions que je termine ma relecture de Correspondance de Charles Baudelaire.
*
Aux Plaisanciers, un homme à sa femme :
-Je prendrais bien des moules, mais je crois qu’on en a mangé y a pas longtemps.
Elle :
-Hier soir.
C’est un jour de franc soleil. J’ai déjà un peu trop chaud quand je rejoins Le Portrieux par le sentier. Il est huit heures et demie quand j’arrive. Devant le stand du marchand de poisson ambulant, la file d’attente est conséquente, composée d’une vingtaine de femmes et d’hommes de plus ou moins soixante ans qui attendent en plein soleil près des deux grands et beaux véhicules (il semble que le commerce des poissons et des crustacés rapporte gros).
Il faut que je m’économise. Ma visite du jour est à deux pas, rue Sainte-Anne, que du port on atteint au choix par la venelle du Soleil Levant ou par la venelle de la Chapelle. La chapelle Sainte Anne est modeste, sobre et peinte en blanc. Inutile d’y vouloir entrer. J’en fais deux photos puis monte jusqu’à la pharmacie pour mon renouvellement de gouttes pour les yeux.
Redescendu, je me rends à Port d’Armor, réserve une table bien à l’ombre aux Plaisanciers et, comme c’est encore possible, bois un café à sa terrasse de bord de port dépourvue de parasol. Près de celle-ci, les Sauveteurs en Mer ont installé un barnum d’information.
Quand j’ai trop chaud, je trouve un banc à l’ombre près de l’école de plongée dont tous les profs et élèves sont partis sur trois bateaux il y a une heure.
A midi, parmi les touristes et habitués du coin, les Sauveteurs en Mer déjeunent aux Plaisanciers, une bouteille de rosé sur la table. La chaleur me conduit à choisir le filet de merlan risotto de légumes plutôt que l’andouillette écrasé de pommes de terre. Pour le dessert, c’est la panna cotta caramel.
Je cherche l’ombre dans les rues du bourg qui mènent au Café de la Plage. Arrivé à destination, j’élis comme perchoir celui qui n’est pas au soleil, en retrait près d’une des portes de ce restaurant bar. C’est moins bien, je ne peux faire le surveillant de baignade, mais je vois quand même la mer. Pour la première fois des padeules sont de sortie. C’est ici et dans ces conditions que je termine ma relecture de Correspondance de Charles Baudelaire.
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Aux Plaisanciers, un homme à sa femme :
-Je prendrais bien des moules, mais je crois qu’on en a mangé y a pas longtemps.
Elle :
-Hier soir.
24 juin 2023
Une paire de motards quinquagénaires, voilà ce qui arrive jeudi à vingt-deux heures trente dans le studio Air Bibi du dessous. Ils ne sont là que pour une nuit et ont tôt fait de se coucher. Je dors donc correctement.
Au matin, comme la veille, je prends le car BreizhGo de sept heures trente-quatre direction Saint-Brieuc. J’en descends à Binic, arrêt Estran. J’achète deux excellents pains au chocolat à la boulangerie Aux Plaisirs Gourmands et les consomme avec un allongé au Narval.
Sorti de là, je marche sur la promenade du Grain de Beauté qui longe la plage de la Banche. Elle se termine en impasse après l’Hôtel de la Plage où seuls deux couples sont visibles dans la grande salle des petits déjeuners.
Je fais ensuite le tour du port puis trouve une place à la petite terrasse du Chaland Qui Passe pour un café lecture près d’une population locale dont la conversation est sans intérêt.
Il n’en est en pas de même au Narval où je retourne après avoir réservé une table à L’Etincelle. J’ai près de moi un trio de quinquagénaires, deux femmes et un homme, qui en savent long sur l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris. Ce n’est pas le gaz. C’est un attentat contre le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique qui avait ses locaux dans l’immeuble d’à côté. C’est comme pour l’incendie de Notre-Dame, on sait bien qu’il y avait un souterrain en-dessous. De toute façon, tu sais bien que l’année prochaine, il n’y aura pas de rentrée scolaire. Parce que c’est démoniaque ce qu’ils leur enseignent. Les Chapeaux Blancs vont passer à l’action dans le monde entier.
Les deux femmes apprennent ensuite à l’homme, qui avoue s’être endormi hier soir pendant la dernière vidéo de Géopolitique Profonde, que Christophe Charrette va mettre en vente la racine qui vient d’Inde et qui guérit tout, le cancer, le diabète, Alzheimer, tout, trente-cinq euros au lieu de cinquante, t’en as pour quatre mois, c’est quand même valable.
Quand on les voit, on peut les croire tout à fait équilibrés alors que ce sont trois cinglés, un échantillon représentatif des dingues qui font réseau grâce à Internet. Ce qui s’appelle : travailler du chapeau.
Le dynamique patron de L’Etincelle n’arrive qu’à midi ce jour, en trottinette électrique. Il ne semble pas se souvenir que j’ai déjà déjeuné dans son restaurant. Dans le menu du jour à seize euros, je choisis la salade baltique au saumon fumé, le pavé de morue aïoli et le tartare d’ananas mousse coco. Comme la fois précédente, c’est bien bon. « Est-ce qu’après le petit dessert, on prend un petit café? », me demande la serveuse. « Non merci, ma petite dame », ai-je envie de lui répondre.
Le service ayant été plus rapide que la fois précédente, j’ai du temps avant le car du retour. Je vais lire un peu près de la Maison des Jeunes sous un arbre qui s’avère être un cerisier. Ses fruits murissent. J’en prélève quelques-uns déjà rouges. Ce sont sans doute les seules cerises que je mangerai cette année.
Un car imprévu se présente peu avant l’heure de celui que j’attends. Son terminus affiché est Saint-Quay. Il emmène une jeunesse, surtout féminine, à la plage. Son conducteur ne juge pas nécessaire de viser ma carte dix voyages, encore un de gagné.
Ce car va directement à l’arrêt Casino. Je m’installe un peu avant quatorze heures à mon perchoir du Café de la Plage. En contrebas, les filles et les garçons descendus en même temps que moi sont déjà en maillot. Il fait un peu chaud. Toutefois je reste là pour lire après le café.
-Que lisez-vous monsieur ? me demande une femme du genre prof de lettres à la retraite. Vous avez l’air passionné.
-La correspondance de Baudelaire.
-Ah ! Intéressant. Bon, au revoir.
*
Honneur aux Côtes d’Armor, seul département breton à avoir refusé le passage du lumignon olympique.
Au matin, comme la veille, je prends le car BreizhGo de sept heures trente-quatre direction Saint-Brieuc. J’en descends à Binic, arrêt Estran. J’achète deux excellents pains au chocolat à la boulangerie Aux Plaisirs Gourmands et les consomme avec un allongé au Narval.
Sorti de là, je marche sur la promenade du Grain de Beauté qui longe la plage de la Banche. Elle se termine en impasse après l’Hôtel de la Plage où seuls deux couples sont visibles dans la grande salle des petits déjeuners.
Je fais ensuite le tour du port puis trouve une place à la petite terrasse du Chaland Qui Passe pour un café lecture près d’une population locale dont la conversation est sans intérêt.
Il n’en est en pas de même au Narval où je retourne après avoir réservé une table à L’Etincelle. J’ai près de moi un trio de quinquagénaires, deux femmes et un homme, qui en savent long sur l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris. Ce n’est pas le gaz. C’est un attentat contre le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique qui avait ses locaux dans l’immeuble d’à côté. C’est comme pour l’incendie de Notre-Dame, on sait bien qu’il y avait un souterrain en-dessous. De toute façon, tu sais bien que l’année prochaine, il n’y aura pas de rentrée scolaire. Parce que c’est démoniaque ce qu’ils leur enseignent. Les Chapeaux Blancs vont passer à l’action dans le monde entier.
Les deux femmes apprennent ensuite à l’homme, qui avoue s’être endormi hier soir pendant la dernière vidéo de Géopolitique Profonde, que Christophe Charrette va mettre en vente la racine qui vient d’Inde et qui guérit tout, le cancer, le diabète, Alzheimer, tout, trente-cinq euros au lieu de cinquante, t’en as pour quatre mois, c’est quand même valable.
Quand on les voit, on peut les croire tout à fait équilibrés alors que ce sont trois cinglés, un échantillon représentatif des dingues qui font réseau grâce à Internet. Ce qui s’appelle : travailler du chapeau.
Le dynamique patron de L’Etincelle n’arrive qu’à midi ce jour, en trottinette électrique. Il ne semble pas se souvenir que j’ai déjà déjeuné dans son restaurant. Dans le menu du jour à seize euros, je choisis la salade baltique au saumon fumé, le pavé de morue aïoli et le tartare d’ananas mousse coco. Comme la fois précédente, c’est bien bon. « Est-ce qu’après le petit dessert, on prend un petit café? », me demande la serveuse. « Non merci, ma petite dame », ai-je envie de lui répondre.
Le service ayant été plus rapide que la fois précédente, j’ai du temps avant le car du retour. Je vais lire un peu près de la Maison des Jeunes sous un arbre qui s’avère être un cerisier. Ses fruits murissent. J’en prélève quelques-uns déjà rouges. Ce sont sans doute les seules cerises que je mangerai cette année.
Un car imprévu se présente peu avant l’heure de celui que j’attends. Son terminus affiché est Saint-Quay. Il emmène une jeunesse, surtout féminine, à la plage. Son conducteur ne juge pas nécessaire de viser ma carte dix voyages, encore un de gagné.
Ce car va directement à l’arrêt Casino. Je m’installe un peu avant quatorze heures à mon perchoir du Café de la Plage. En contrebas, les filles et les garçons descendus en même temps que moi sont déjà en maillot. Il fait un peu chaud. Toutefois je reste là pour lire après le café.
-Que lisez-vous monsieur ? me demande une femme du genre prof de lettres à la retraite. Vous avez l’air passionné.
-La correspondance de Baudelaire.
-Ah ! Intéressant. Bon, au revoir.
*
Honneur aux Côtes d’Armor, seul département breton à avoir refusé le passage du lumignon olympique.
23 juin 2023
Du car BreizhGo de sept heures trente-quatre direction Saint-Brieuc, je descends ce jeudi à l’arrêt Office du Tourisme d’Etables-sur-Mer. A la boulangerie Au Goût du Jour, j’achète un pain au chocolat à un euro vingt et demande à la boulangère où trouver un café ouvert. « Elle, elle ouvre pas avant neuf heures », me répond-elle en me montrant celui d’en face.
Elle, c’est Calamity Jane. C’est du moins le nom de son bistrot pas très engageant. Il n’y en a pas d’autres. Je vais manger ma viennoiserie sur un banc de pierre dans le Parc de la Belle Issue qui jouxte l’Hôtel de Ville, un beau jardin disposant de grands arbres.
Quand j’ai terminé, je fais le tour du pays : une église, Saint-Jean-Baptiste, un cinéma, Le Korrigan, et une librairie café restaurant, Le Tagarin. Au moment où je suis devant cette dernière, la libraire en sort, ferme la porte à clé, me jette un vague regard sans me dire bonjour et s’en va je ne sais où. Moi qui pensais y déjeuner, cela me refroidit. Il est écrit que ça ouvre à onze heures.
Quand il est presque neuf heures, rien ne bouge chez Calamity Jane. Aussi je vais attendre le BreizhGo de huit heures cinquante-neuf direction Paimpol. Il n’arrive qu’à neuf heures cinq et le troquet rose n’est manifestement pas prêt d’ouvrir. Le conducteur est le même qu’à l’aller. Il me dit que c’est bon, qu’il a déjà visé ma carte dix voyages tout à l’heure. Me voici donc avec un voyage en plus.
Ce car ne dessert pas le port du Portrieux. Je descends à l’arrêt Casino et rejoins pédestrement Port d’Armor par le dedans du bourg. Je réserve une table ombragée en terrasse aux Plaisanciers et m’installe au bord de l’eau pour un café lecture. A la table voisine, deux quinquagénaires dans les affaires ont commandé des huîtres. Ils envoient une photo de leur festin à je ne sais qui, resté à Paris où il pleut. L’un se vante de sa Rolex, une vieille à trois mille cinq cents euros. Il est allé au Hellfest avec et il ne lui est rien arrivé. Dommage.
A midi, parmi les attablés est un couple de quinquagénaires avec leur enfant handicapé adulte. Sa mère le nourrit comme un bébé. Son père, chorte jaune et casquette à l’envers, ne s’en occupe que pour déplacer le fauteuil roulant quand il gêne d’autres convives et pour dire à sa femme de le laisser vivre sa vie quand il pousse des cris. De la langue sauce piquante pas très bonne est au menu du jour.
Des marcheurs à bâtons immobiles encombrent le chemin près des Cochons Flingueurs quand je vais au Café de la Plage. Ils mangent des sandouiches debout tout en parlant de pansements. Le vent souffle un peu. Il me permet de supporter le soleil en terrasse. J’ai bientôt terminé Correspondance de Baudelaire.
*
En vue de l’arrivée prochaine des estivants à Saint-Quay-Portrieux (suite) :
Installation pour les moutards d’un « Club des Canetons » plage du Portrieux.
Installation d’un ponton flottant à n’utiliser que sous la surveillance d’un maître-nageur plage de la Comtesse.
Installation de kayaks et de catamarans à louer plage du Casino.
Elle, c’est Calamity Jane. C’est du moins le nom de son bistrot pas très engageant. Il n’y en a pas d’autres. Je vais manger ma viennoiserie sur un banc de pierre dans le Parc de la Belle Issue qui jouxte l’Hôtel de Ville, un beau jardin disposant de grands arbres.
Quand j’ai terminé, je fais le tour du pays : une église, Saint-Jean-Baptiste, un cinéma, Le Korrigan, et une librairie café restaurant, Le Tagarin. Au moment où je suis devant cette dernière, la libraire en sort, ferme la porte à clé, me jette un vague regard sans me dire bonjour et s’en va je ne sais où. Moi qui pensais y déjeuner, cela me refroidit. Il est écrit que ça ouvre à onze heures.
Quand il est presque neuf heures, rien ne bouge chez Calamity Jane. Aussi je vais attendre le BreizhGo de huit heures cinquante-neuf direction Paimpol. Il n’arrive qu’à neuf heures cinq et le troquet rose n’est manifestement pas prêt d’ouvrir. Le conducteur est le même qu’à l’aller. Il me dit que c’est bon, qu’il a déjà visé ma carte dix voyages tout à l’heure. Me voici donc avec un voyage en plus.
Ce car ne dessert pas le port du Portrieux. Je descends à l’arrêt Casino et rejoins pédestrement Port d’Armor par le dedans du bourg. Je réserve une table ombragée en terrasse aux Plaisanciers et m’installe au bord de l’eau pour un café lecture. A la table voisine, deux quinquagénaires dans les affaires ont commandé des huîtres. Ils envoient une photo de leur festin à je ne sais qui, resté à Paris où il pleut. L’un se vante de sa Rolex, une vieille à trois mille cinq cents euros. Il est allé au Hellfest avec et il ne lui est rien arrivé. Dommage.
A midi, parmi les attablés est un couple de quinquagénaires avec leur enfant handicapé adulte. Sa mère le nourrit comme un bébé. Son père, chorte jaune et casquette à l’envers, ne s’en occupe que pour déplacer le fauteuil roulant quand il gêne d’autres convives et pour dire à sa femme de le laisser vivre sa vie quand il pousse des cris. De la langue sauce piquante pas très bonne est au menu du jour.
Des marcheurs à bâtons immobiles encombrent le chemin près des Cochons Flingueurs quand je vais au Café de la Plage. Ils mangent des sandouiches debout tout en parlant de pansements. Le vent souffle un peu. Il me permet de supporter le soleil en terrasse. J’ai bientôt terminé Correspondance de Baudelaire.
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En vue de l’arrivée prochaine des estivants à Saint-Quay-Portrieux (suite) :
Installation pour les moutards d’un « Club des Canetons » plage du Portrieux.
Installation d’un ponton flottant à n’utiliser que sous la surveillance d’un maître-nageur plage de la Comtesse.
Installation de kayaks et de catamarans à louer plage du Casino.
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