Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 septembre 2022
Désireux de voir La Seyne-sur-Mer sans son marché, je prends à nouveau le bateau bus qui y mène, ce mercredi matin, en compagnie de trois dizaines de filles et de garçons qui vont étudier de l’autre côté de la rade. J’en descends en leur compagnie au premier arrêt, Espace Marine, puis marche seul vers le centre de la ville.
Quand j’ai contourné l’énorme Casino, je retrouve le bord de mer où un monument Hommage aux Justes parmi les Nations a été érigé. Non loin est le Pont-Levant toujours levé. Arrivant à sa base, je vois une femme munie d’un trousseau de clés.
-On peut y monter ? lui demandé-je
-Oui et en plus c’est gratuit, on avait arrêté mais on recommence, je vais vous ouvrir.
Et me voici très content de grimper dans cette structure métallique datant des chantiers navals. Des paliers sont là pour me permettre de souffler et de faire des photos. Un vaporetto stationne au terminus de la ligne et puis en repart tandis qu’un autre arrive. Je peux les voir de dessus, tout comme les voiliers du port de plaisance.
Arrivé en haut je dois faire avec des vitres anti suicide. Aussi je redescends d’un niveau pour mieux voir les bateaux industriels, les montagnes au-dessus de Toulon, la ville de La Seyne, sa Mairie, son église Notre-Dame-du-Bon-Voyage. J’ai tout ça pour moi seul. En redescendant on passe par la machinerie qui ne fonctionnera jamais plus.
Revenu sur le quai, j’entre en ville et en trouve les rues un peu tristes. Un certain nombre de boutiques sont définitivement fermées. On accuse la piétonisation. La terrasse du Café des Arts n’a pas la même clientèle que le dimanche. Sont là des habituées qui ont le tort d’être des femmes à chiens qui trouvent normal que leurs bestioles viennent vous renifler. En plus, elles parlent grossesse. Je change de table pour lire Léautaud le plus loin possible d’elles.
Vers onze heures dix, je prends le bateau du retour. A son arrivée, j’achète des fruits peu chers sur le cours Lafayette puis choisis Le Zinc pour déjeuner. A l’aimable serveuse habituelle s’ajoutent ce jour une jeune serveuse blonde un peu froide et un apprenti emprunté. Le plat du jour s’appelle raviolis à la daube de bœuf.
J’ai pour voisine une très vieille souffrant de solitude que l’aimable serveuse entoure de sa sollicitude, allant jusqu’à proposer de lui prêter son gilet si elle a froid et ça marche puisque au moment de régler l’addition cette femme demande qu’on lui fasse de la monnaie sur son billet de cinquante euros pour laisser un pourboire.
A l’angle de ce restaurant est une petite rue qui ne paie pas de mine et qui a pour nom rue de l’Humilité. Ce n’est certainement pas là qu’habite l’aimable serveuse qui se vante d’être née gentille.
Je ne laisse jamais de pourboire, je suis né méchant. Malgré cela, je suis toujours bien accueilli par les serveuses, les serveurs et la direction de La Gitane. Personne pour me dire : « Vous restez presque tous les jours ici à lire pendant deux heures et vous ne commandez qu’un café ? ».
*
Les bateaux bus, c’est gratuit pour les militaires, à condition d’avoir la carte.
*
Je suis si près de la Cathédrale que lorsqu’elle carillonne, des bouffées d’air frais entrent dans mon studio Air Bibi.
Quand j’ai contourné l’énorme Casino, je retrouve le bord de mer où un monument Hommage aux Justes parmi les Nations a été érigé. Non loin est le Pont-Levant toujours levé. Arrivant à sa base, je vois une femme munie d’un trousseau de clés.
-On peut y monter ? lui demandé-je
-Oui et en plus c’est gratuit, on avait arrêté mais on recommence, je vais vous ouvrir.
Et me voici très content de grimper dans cette structure métallique datant des chantiers navals. Des paliers sont là pour me permettre de souffler et de faire des photos. Un vaporetto stationne au terminus de la ligne et puis en repart tandis qu’un autre arrive. Je peux les voir de dessus, tout comme les voiliers du port de plaisance.
Arrivé en haut je dois faire avec des vitres anti suicide. Aussi je redescends d’un niveau pour mieux voir les bateaux industriels, les montagnes au-dessus de Toulon, la ville de La Seyne, sa Mairie, son église Notre-Dame-du-Bon-Voyage. J’ai tout ça pour moi seul. En redescendant on passe par la machinerie qui ne fonctionnera jamais plus.
Revenu sur le quai, j’entre en ville et en trouve les rues un peu tristes. Un certain nombre de boutiques sont définitivement fermées. On accuse la piétonisation. La terrasse du Café des Arts n’a pas la même clientèle que le dimanche. Sont là des habituées qui ont le tort d’être des femmes à chiens qui trouvent normal que leurs bestioles viennent vous renifler. En plus, elles parlent grossesse. Je change de table pour lire Léautaud le plus loin possible d’elles.
Vers onze heures dix, je prends le bateau du retour. A son arrivée, j’achète des fruits peu chers sur le cours Lafayette puis choisis Le Zinc pour déjeuner. A l’aimable serveuse habituelle s’ajoutent ce jour une jeune serveuse blonde un peu froide et un apprenti emprunté. Le plat du jour s’appelle raviolis à la daube de bœuf.
J’ai pour voisine une très vieille souffrant de solitude que l’aimable serveuse entoure de sa sollicitude, allant jusqu’à proposer de lui prêter son gilet si elle a froid et ça marche puisque au moment de régler l’addition cette femme demande qu’on lui fasse de la monnaie sur son billet de cinquante euros pour laisser un pourboire.
A l’angle de ce restaurant est une petite rue qui ne paie pas de mine et qui a pour nom rue de l’Humilité. Ce n’est certainement pas là qu’habite l’aimable serveuse qui se vante d’être née gentille.
Je ne laisse jamais de pourboire, je suis né méchant. Malgré cela, je suis toujours bien accueilli par les serveuses, les serveurs et la direction de La Gitane. Personne pour me dire : « Vous restez presque tous les jours ici à lire pendant deux heures et vous ne commandez qu’un café ? ».
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Les bateaux bus, c’est gratuit pour les militaires, à condition d’avoir la carte.
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Je suis si près de la Cathédrale que lorsqu’elle carillonne, des bouffées d’air frais entrent dans mon studio Air Bibi.
21 septembre 2022
Brest et Toulon possèdent un port militaire. Brest et Toulon ont un téléphérique. Celui du Finistère comme celui du Var sont capricieux. En ce qui concerne ce dernier il faut attendre dix heures chaque matin pour savoir s’il sera mis en service vers le sommet du Mont Faron qui domine la ville et sa rade. Trop de vent ou un souci technique peuvent l’immobiliser.
J’occupe ce moment d’attente on ne peut mieux en lisant Léautaud à la terrasse du Grand Café de la Rade, tout en ayant un œil sur les entrées et sorties du port. Un vaporetto fait face à un ferry, un bateau de guerre double un voilier, je ne m’en lasse pas.
A dix heures pile je suis à l’Office du Tourisme. Une employée appelle le Téléphérique. C’est bon pour ce mardi. Son collègue me vend un ticket spécial à sept euros cinquante. Il permet de prendre le bus Mistral numéro Quarante pour rejoindre le point de départ de la cabine, d’emprunter celle-ci aller et retour, de revenir en bus et ensuite de prendre tout bus ou bateau bus de son choix pour le reste de la journée.
Le bus Quarante monte raide et vite, conduit par un chauffeur nerveux. J’en descends avec d’autres à l’arrêt Téléphérique. Nous attendons une dizaine de minutes dans l’escalier « Merci de patienter un cabinier va vous accueillir ». Arrive alors une vraiment petite cabine rouge dans laquelle nous nous serrons à quinze, plus la cabinière, comme sardines et sans masque.
La montée dure six minutes, durant lesquelles la rade apparaît dans son ensemble et sa beauté, fermée qu’elle est par la presqu’île en forme de pince de Saint-Mandrier. Au sommet, un belvédère permet de jouir du magnifique panorama.
Une fois que j’en ai eu plein les yeux, je marche un peu dans la forêt du Mont Faron allant par un chemin rocailleux jusqu’à la Chapelle d’architecture contemporaine dont la croix a pour fausse symétrie une ancre de marine. Je suis ici au Sanctuaire de Notre-Dame du Faron. Les ex-voto à l’intérieur sont sous forme de graffitis muraux. Un pèlerin a écrit « Notre-Dame du Faron j’ai envie de faire pipi ».
N’ayant nul désir d’aller au Zoo ou au Mémorial, je choisis de redescendre assez vite. Je suis cette fois collé à un groupe de vieilles femmes, Ginette, Georgette et les autres, qui sont bien gaies et ressemblent un peu à la défunte Elisabeth d’Angleterre. Elles papotent pendant toute la durée de la descente, préférant ne rien regarder, à cause du vertige. Pour ma part, placé à côté du cabinier, je ne manque rien de cette plongée qui, peu avant l’arrivée, fait passer au-dessus de certaines piscines privées.
Un bus Quarante conduit par un chauffeur paisible me ramène au centre de Toulon et à midi pile je retrouve ma table de l’autre jour chez Côté Cochon. Cette fois j’opte pour le thon mi-cuit pané au sésame, crème de pois chiche, sauce escabèche, riz basmati et poêlée de légumes. Il m’est apporté par la serveuse du lieu qui porte aujourd’hui un chorte effrangé.
Mon ticket pour la journée me donne l’idée d’aller boire le café de l’autre côté de la rade. Je monte dans le premier vaporetto à partir. Il va à Saint-Mandrier. C’est donc au Mistral que sitôt bu je reprends la lecture.
Depuis le bateau du retour je repère l’endroit où se trouve la gare haute du Téléphérique de Toulon, au sommet du Mont Faron, à cinq cent quatre-vingt-quatre mètres.
*
Un travail que je n’aurais pas aimé faire : cabinier.
*
Sans vouloir faire le fanfaron, peut-être suis-je le seul à avoir pris la même année le seul téléphérique de Bretagne et le seul téléphérique de la Côte d’Azur.
J’occupe ce moment d’attente on ne peut mieux en lisant Léautaud à la terrasse du Grand Café de la Rade, tout en ayant un œil sur les entrées et sorties du port. Un vaporetto fait face à un ferry, un bateau de guerre double un voilier, je ne m’en lasse pas.
A dix heures pile je suis à l’Office du Tourisme. Une employée appelle le Téléphérique. C’est bon pour ce mardi. Son collègue me vend un ticket spécial à sept euros cinquante. Il permet de prendre le bus Mistral numéro Quarante pour rejoindre le point de départ de la cabine, d’emprunter celle-ci aller et retour, de revenir en bus et ensuite de prendre tout bus ou bateau bus de son choix pour le reste de la journée.
Le bus Quarante monte raide et vite, conduit par un chauffeur nerveux. J’en descends avec d’autres à l’arrêt Téléphérique. Nous attendons une dizaine de minutes dans l’escalier « Merci de patienter un cabinier va vous accueillir ». Arrive alors une vraiment petite cabine rouge dans laquelle nous nous serrons à quinze, plus la cabinière, comme sardines et sans masque.
La montée dure six minutes, durant lesquelles la rade apparaît dans son ensemble et sa beauté, fermée qu’elle est par la presqu’île en forme de pince de Saint-Mandrier. Au sommet, un belvédère permet de jouir du magnifique panorama.
Une fois que j’en ai eu plein les yeux, je marche un peu dans la forêt du Mont Faron allant par un chemin rocailleux jusqu’à la Chapelle d’architecture contemporaine dont la croix a pour fausse symétrie une ancre de marine. Je suis ici au Sanctuaire de Notre-Dame du Faron. Les ex-voto à l’intérieur sont sous forme de graffitis muraux. Un pèlerin a écrit « Notre-Dame du Faron j’ai envie de faire pipi ».
N’ayant nul désir d’aller au Zoo ou au Mémorial, je choisis de redescendre assez vite. Je suis cette fois collé à un groupe de vieilles femmes, Ginette, Georgette et les autres, qui sont bien gaies et ressemblent un peu à la défunte Elisabeth d’Angleterre. Elles papotent pendant toute la durée de la descente, préférant ne rien regarder, à cause du vertige. Pour ma part, placé à côté du cabinier, je ne manque rien de cette plongée qui, peu avant l’arrivée, fait passer au-dessus de certaines piscines privées.
Un bus Quarante conduit par un chauffeur paisible me ramène au centre de Toulon et à midi pile je retrouve ma table de l’autre jour chez Côté Cochon. Cette fois j’opte pour le thon mi-cuit pané au sésame, crème de pois chiche, sauce escabèche, riz basmati et poêlée de légumes. Il m’est apporté par la serveuse du lieu qui porte aujourd’hui un chorte effrangé.
Mon ticket pour la journée me donne l’idée d’aller boire le café de l’autre côté de la rade. Je monte dans le premier vaporetto à partir. Il va à Saint-Mandrier. C’est donc au Mistral que sitôt bu je reprends la lecture.
Depuis le bateau du retour je repère l’endroit où se trouve la gare haute du Téléphérique de Toulon, au sommet du Mont Faron, à cinq cent quatre-vingt-quatre mètres.
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Un travail que je n’aurais pas aimé faire : cabinier.
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Sans vouloir faire le fanfaron, peut-être suis-je le seul à avoir pris la même année le seul téléphérique de Bretagne et le seul téléphérique de la Côte d’Azur.
20 septembre 2022
« Descendez à Centre Culturel et vous serez près des vieilles rues et du port », me répond le chauffeur du car Zou ! Toulon Bandol quand je lui demande où je dois m’arrêter au mieux pour visiter Sanary.
Ainsi fais-je et je suis bientôt dans les rues piétonnières, un quadrillage un peu trop systématique, avec des maisons colorées comme à Toulon mais en plus soignées. J’arrive à l’église Saint-Nazaire reconstruite en style néoroman par Michel Pacha. Le port est en face, trop chargé en bateaux traditionnels à petits drapeaux. Plus loin est le coin des pêcheurs aux points de vente bien ordonnés (un seul est ouvert qui ne propose que du requin). Un marché bien aligné complète le tableau. Il ne manque que les caméras en train de tourner une série. C’est une ville hygiénique, une ville pour pharmacien(ne)s à la retraite. J’en connais une qui a sa résidence secondaire ici.
Les cafés du port m’inspirent peu, essentiellement fréquentés qu’ils sont par des touristes. Cependant je m’assois à la terrasse du Café de Lyon et je réussis même à y lire Paul Léautaud après avoir bu mon noir breuvage (un euro soixante-dix). J’en suis à la narration du voyage à Rouen avec Rémy de Gourmont et Louis Dumur, une sorte de mise en abyme.
Un car Zou ! pour Toulon passe à onze heures dix au Centre Culturel. Je le prends sans avoir tout vu de Sanary où je reviendrai, pour rentabiliser ma carte d’abonné mensuel au réseau Zou ! du Var, mais surtout parce que c’est la ville où se crurent en sécurité nombre d’écrivains allemands antinazis et où Aldous Huxley écrivit Le Meilleur des mondes.
Ce lundi, je déjeune à ce qui est peut-être la plus belle terrasse de la ville, place Baboulène. Sous quatre grands oliviers entre des maisons colorées La Feuille de Chou propose une formule plat dessert à seize euros quatre-vingt-dix. Le plat du jour est un sauté de veau aux olives et polenta crémeuse. La jeune serveuse, qui insiste sur le crémeux de la polenta, porte un crop top et un pantalon taille basse, un combo on ne peut plus troublant.
Les tables étant loin les unes des autres, j’échappe aux conversations de collègues. En dessert, je choisis le tiramisu au café. Tout cela est bien bon et le quart de vin rouge à cinq euros.
Ma table haute est libre à La Gitane. Je m’y livre à mon activité habituelle près d’un prêtre en soutane blanche à large ceinture noire. Il boit une bière avec une femme qui prend en note ses paroles.
*
A Sanary une rue piétonnière est une rue pour les piétons, un Policier Municipal fait descendre un vieux de sa bicyclette, pas de discussion allez allez exécution.
*
Une constatation : les bancs publics qui manquent à Toulon sont à Sanary.
Ainsi fais-je et je suis bientôt dans les rues piétonnières, un quadrillage un peu trop systématique, avec des maisons colorées comme à Toulon mais en plus soignées. J’arrive à l’église Saint-Nazaire reconstruite en style néoroman par Michel Pacha. Le port est en face, trop chargé en bateaux traditionnels à petits drapeaux. Plus loin est le coin des pêcheurs aux points de vente bien ordonnés (un seul est ouvert qui ne propose que du requin). Un marché bien aligné complète le tableau. Il ne manque que les caméras en train de tourner une série. C’est une ville hygiénique, une ville pour pharmacien(ne)s à la retraite. J’en connais une qui a sa résidence secondaire ici.
Les cafés du port m’inspirent peu, essentiellement fréquentés qu’ils sont par des touristes. Cependant je m’assois à la terrasse du Café de Lyon et je réussis même à y lire Paul Léautaud après avoir bu mon noir breuvage (un euro soixante-dix). J’en suis à la narration du voyage à Rouen avec Rémy de Gourmont et Louis Dumur, une sorte de mise en abyme.
Un car Zou ! pour Toulon passe à onze heures dix au Centre Culturel. Je le prends sans avoir tout vu de Sanary où je reviendrai, pour rentabiliser ma carte d’abonné mensuel au réseau Zou ! du Var, mais surtout parce que c’est la ville où se crurent en sécurité nombre d’écrivains allemands antinazis et où Aldous Huxley écrivit Le Meilleur des mondes.
Ce lundi, je déjeune à ce qui est peut-être la plus belle terrasse de la ville, place Baboulène. Sous quatre grands oliviers entre des maisons colorées La Feuille de Chou propose une formule plat dessert à seize euros quatre-vingt-dix. Le plat du jour est un sauté de veau aux olives et polenta crémeuse. La jeune serveuse, qui insiste sur le crémeux de la polenta, porte un crop top et un pantalon taille basse, un combo on ne peut plus troublant.
Les tables étant loin les unes des autres, j’échappe aux conversations de collègues. En dessert, je choisis le tiramisu au café. Tout cela est bien bon et le quart de vin rouge à cinq euros.
Ma table haute est libre à La Gitane. Je m’y livre à mon activité habituelle près d’un prêtre en soutane blanche à large ceinture noire. Il boit une bière avec une femme qui prend en note ses paroles.
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A Sanary une rue piétonnière est une rue pour les piétons, un Policier Municipal fait descendre un vieux de sa bicyclette, pas de discussion allez allez exécution.
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Une constatation : les bancs publics qui manquent à Toulon sont à Sanary.
19 septembre 2022
Ce dimanche matin cinq personnes descendent du premier vaporetto en provenance de Saint-Mandrier. Nous sommes quatre à y monter pour faire la traversée dans l’autre sens.
A l’arrivée deux autochtones m’aident à trouver la rue qui traverse la presqu’île et conduit à la baie de Cavalas. J’ai peu à marcher pour l’atteindre à hauteur de la plage de la Coudoulière.
Un chemin de randonnée démarre là, en vraie terre toute sèche, le premier que je trouve depuis mon arrivée dans le Var. Je le prends du côté qui mène à la pointe de la Renardière. Ça monte sacrément. Parfois il y a des marches en béton de hauteur différente avec un cordon métallique le long du muret pour se tenir.
Je ne vais pas jusqu’au sommet de cette grimpée d’où j’ai vue sur le bateau de guerre qui rouille dans le port de Saint-Mandrier et sur les Deux Frères au loin. Ce n’est pas que je sois fatigué, ni que j’aie trop chaud, c’est que je ne veux pas avoir d’accident. Déjà quand je redescends vers la plage, je sais qu’au regard de mon âge, je suis à la limite de l’imprudence.
Revenu sain et sauf à mon point de départ, je m’assois sur un banc bas dominant une plage de cailloux où nul n’est. Puis j’entre brièvement dans le Domaine de l’Ermitage où le Conservatoire du Littoral fait pousser différents cépages rustiques. En face, glissant mon appareil entre deux barreaux, je photographie dans une propriété privée la Vénus du lieu, sans bras évidemment et boudeuse.
De retour au port, je constate que les cafés ici n’ouvrent pas le dimanche. Aussi, comme un vaporetto est sur le départ, je le prends et suis vingt minutes plus tard à la terrasse du Grand Café de la Rade, jouissant de la vie du port de Toulon. C’est férié, on sort son voilier. C’est aussi jour de promenade pour un vieux gréement tirant derrière lui un canot de sauvetage en plastique.
Quand j’ai bien lu là Léautaud, j’entre à côté à la Librairie du Port, spécialisée dans le livre neuf à prix réduit et qui met en avant les ouvrages pour enfants. J’apprends par une affiche que le rayon Littérature a été ravagé par un dégât des eaux et qu’il sera reconstitué.
A midi moins le quart, je suis à la terrasse de chez Béchir. Son couscous est si copieux que je ne peux le terminer puis je dois attendre dix minutes qu’un quidam libère ma table haute à La Gitane, laquelle ne m’est malheureusement pas réservée.
*
Trois imbibés à la terrasse de l’Unic Café (chez Béchir), le plus déglingué doit aller ce jour à Marignane. Un des deux autres : « T’en fais pas, on va te trouver un BlaBlaCar. »
*
Comme presque tous les jours, petit-déjeuner au Maryland où dès que l’on m’aperçoit on prépare l’allongé verre d’eau. Maryland est aussi une chanson de Withney K. que me fait découvrir un fidèle lecteur.
A l’arrivée deux autochtones m’aident à trouver la rue qui traverse la presqu’île et conduit à la baie de Cavalas. J’ai peu à marcher pour l’atteindre à hauteur de la plage de la Coudoulière.
Un chemin de randonnée démarre là, en vraie terre toute sèche, le premier que je trouve depuis mon arrivée dans le Var. Je le prends du côté qui mène à la pointe de la Renardière. Ça monte sacrément. Parfois il y a des marches en béton de hauteur différente avec un cordon métallique le long du muret pour se tenir.
Je ne vais pas jusqu’au sommet de cette grimpée d’où j’ai vue sur le bateau de guerre qui rouille dans le port de Saint-Mandrier et sur les Deux Frères au loin. Ce n’est pas que je sois fatigué, ni que j’aie trop chaud, c’est que je ne veux pas avoir d’accident. Déjà quand je redescends vers la plage, je sais qu’au regard de mon âge, je suis à la limite de l’imprudence.
Revenu sain et sauf à mon point de départ, je m’assois sur un banc bas dominant une plage de cailloux où nul n’est. Puis j’entre brièvement dans le Domaine de l’Ermitage où le Conservatoire du Littoral fait pousser différents cépages rustiques. En face, glissant mon appareil entre deux barreaux, je photographie dans une propriété privée la Vénus du lieu, sans bras évidemment et boudeuse.
De retour au port, je constate que les cafés ici n’ouvrent pas le dimanche. Aussi, comme un vaporetto est sur le départ, je le prends et suis vingt minutes plus tard à la terrasse du Grand Café de la Rade, jouissant de la vie du port de Toulon. C’est férié, on sort son voilier. C’est aussi jour de promenade pour un vieux gréement tirant derrière lui un canot de sauvetage en plastique.
Quand j’ai bien lu là Léautaud, j’entre à côté à la Librairie du Port, spécialisée dans le livre neuf à prix réduit et qui met en avant les ouvrages pour enfants. J’apprends par une affiche que le rayon Littérature a été ravagé par un dégât des eaux et qu’il sera reconstitué.
A midi moins le quart, je suis à la terrasse de chez Béchir. Son couscous est si copieux que je ne peux le terminer puis je dois attendre dix minutes qu’un quidam libère ma table haute à La Gitane, laquelle ne m’est malheureusement pas réservée.
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Trois imbibés à la terrasse de l’Unic Café (chez Béchir), le plus déglingué doit aller ce jour à Marignane. Un des deux autres : « T’en fais pas, on va te trouver un BlaBlaCar. »
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Comme presque tous les jours, petit-déjeuner au Maryland où dès que l’on m’aperçoit on prépare l’allongé verre d’eau. Maryland est aussi une chanson de Withney K. que me fait découvrir un fidèle lecteur.
18 septembre 2022
Ce samedi dix-sept septembre est le jour où je remets ma veste en raison d’un vent fort qui apporte avec lui une certaine baisse de la température. « Ça fait du bien d’avoir froid », entends-je d’un Toulonnais croisé sur le cours Lafayette en chemin vers mon petit-déjeuner.
Celui-ci pris, je profite de cette fraîcheur matutinale pour voir plus à fond la Haute Ville dont les deux richesses sont l’Opéra et la place de la Liberté.
L’Opéra de Toulon a été construit sur les plans de Charles Garnier. Il est plus sobre que celui de Paris. Sa salle est la plus grande de province : mille huit cents places. On s’apprête à y jouer Tosca.
La place de la Liberté est un vaste carré qui aurait besoin d’être végétalisé. On y trouve l’ébouriffante Fontaine de la Fédération réalisée par les frères Allar pour le centième anniversaire de la Révolution. Derrière celle-ci, l’imposante façade de ce qui fut le Grand Hôtel.
Cherchant à revenir vers le port je rencontre la place d’Armes, vaste rectangle sur lequel on doit se livrer à des exercices militaires. Près de celle-ci est l’entrée de l’Arsenal.
Je n’ai qu’à marcher sur le quai pour rejoindre le Grand Café de la Rade. Sa terrasse étant balayée par le vent, c’est depuis la salle que j’assiste aux départs et arrivées des bateaux bus, tout en poursuivant la lecture du Journal littéraire de Paul Léautaud.
A midi, plus question de porter la veste, bien que le vent joue encore des tours dans la cour que se partagent Tutti Frutti et Côté Cochon. C’est chez ce dernier que j’ai pris table aujourd’hui car on y propose à douze euros quatre-vingt-dix du cochon à la broche dans son jus de thym avec écrasé de pommes de terre. J’accompagne cela d’un quart de vin rouge à quatre euros vingt.
Vers treize heures, quand je compare l’occupation des tables chez Cochon et chez Tutti, je constate que ce samedi Monsieur Cochon l’emporte nettement sur Madame Frutti. « Allez, je me rattraperai une autre fois. »
*
Un buste de Raimu place des Trois-Dauphins, une statue en pied du même près de l’Opéra, une rue Jules-Muraire-dit-Raimu, et ce n’est pas tout. L’acteur est né à Toulon.
Mireille Darc est également née à Toulon, mais point de statue pour elle, ni même de rue.
Celui-ci pris, je profite de cette fraîcheur matutinale pour voir plus à fond la Haute Ville dont les deux richesses sont l’Opéra et la place de la Liberté.
L’Opéra de Toulon a été construit sur les plans de Charles Garnier. Il est plus sobre que celui de Paris. Sa salle est la plus grande de province : mille huit cents places. On s’apprête à y jouer Tosca.
La place de la Liberté est un vaste carré qui aurait besoin d’être végétalisé. On y trouve l’ébouriffante Fontaine de la Fédération réalisée par les frères Allar pour le centième anniversaire de la Révolution. Derrière celle-ci, l’imposante façade de ce qui fut le Grand Hôtel.
Cherchant à revenir vers le port je rencontre la place d’Armes, vaste rectangle sur lequel on doit se livrer à des exercices militaires. Près de celle-ci est l’entrée de l’Arsenal.
Je n’ai qu’à marcher sur le quai pour rejoindre le Grand Café de la Rade. Sa terrasse étant balayée par le vent, c’est depuis la salle que j’assiste aux départs et arrivées des bateaux bus, tout en poursuivant la lecture du Journal littéraire de Paul Léautaud.
A midi, plus question de porter la veste, bien que le vent joue encore des tours dans la cour que se partagent Tutti Frutti et Côté Cochon. C’est chez ce dernier que j’ai pris table aujourd’hui car on y propose à douze euros quatre-vingt-dix du cochon à la broche dans son jus de thym avec écrasé de pommes de terre. J’accompagne cela d’un quart de vin rouge à quatre euros vingt.
Vers treize heures, quand je compare l’occupation des tables chez Cochon et chez Tutti, je constate que ce samedi Monsieur Cochon l’emporte nettement sur Madame Frutti. « Allez, je me rattraperai une autre fois. »
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Un buste de Raimu place des Trois-Dauphins, une statue en pied du même près de l’Opéra, une rue Jules-Muraire-dit-Raimu, et ce n’est pas tout. L’acteur est né à Toulon.
Mireille Darc est également née à Toulon, mais point de statue pour elle, ni même de rue.
17 septembre 2022
Un projet un peu fou ce vendredi : aller au Lavandou avec le car Zou ! Il en est un qui part à sept heures quarante-cinq. Je l’attends avec deux voyageurs à bagages.
Quand il se présente, son chauffeur en descend avec difficulté. Il a au moins mon âge, semble perclus de douleur et va prendre un café.
A l’heure du départ, il n’est pas revenu. Il apparaît enfin un quart d’heure après, remonte péniblement dans son car et nous voilà partis. Les deux autres doivent se demander comme moi s’il ne va pas claquer avant la fin du trajet.
En chemin monte une femme qui lui signale que la girouette indique qu’il va à Toulon. Il corrige. Même s’il semble avancer lentement, il ne perd pas de temps car à l’arrivée nous n’avons que le retard dû au départ tardif.
Je descends vers la mer et le port alors qu’un vent assez conséquent se met à souffler. Celles et ceux qui ont un billet pour les îles attendent le bateau quand même. Pour ma part, je pénètre dans les rues intérieures du bourg, y vois quelques belles bâtisses, rien de bien excitant, et surtout, n’y trouve pas de café qui me donne envie de m’installer à sa terrasse.
Je songeais à rentrer par le car d’onze heures trente. Je décide d’anticiper. Je retourne à l’ancienne Gare du Lavandou, place des Joyeuses-Vacances, où est l’arrêt des cars et y découvre un petit bureau Zou ! Qui plus est : ouvert. Une jeune femme m’annonce qu’un car pour Toulon est prévu à dix heures vingt et que celui de neuf heures trente-cinq en retard n’est pas encore passé. Parfait, je vais l’attendre. Peu après arrive un couple à valise à qui j’annonce la bonne nouvelle. Lui me dit que ça fait au moins dix ans que c’est le bazar sur ce trajet et qu’ils ont plusieurs fois loupé leur train à cause de Zou !.
Le car en retard arrive à dix heures, conduit par une femme qui a l’âge de travailler. Son avancée est ralentie par de nombreux embouteillages. A un moment elle oublie de s’arrêter pour une voyageuse qui avait sonné et se retrouve à l’arrêt suivant dans un environnement peu reluisant.
Jamais plus la ligne Toulon Le Lavandou Saint-Tropez des cars Zou ! me dis-je à l’arrivée. Il est onze heures et demie.
A midi je déjeune sous la véranda de la Brasserie Le Zinc dont le plat du jour est l’aïoli. A ma demande l’aimable serveuse m’apporte d’emblée deux coupelles de cette mayonnaise aillée. Hélas, ce n’est pas aussi bon que chez Béchir où j’ai renoncé à aller à cause du vent.
Je prends quand même le café à la terrasse de La Gitane. Le vent est toujours là. Il oblige les filles à tenir leur jupe, tout comme il m’oblige à tenir les pages en papier bible du Journal littéraire de Léautaud.
*
Ce qui fait le charme du Lavandou, c’est son long littoral, vu depuis la corniche avec le car Zou ! quand je suis allé à Saint-Tropez, toutes ses pointes séparées par des plages, au nombre desquelles La Fossette.
Quand il se présente, son chauffeur en descend avec difficulté. Il a au moins mon âge, semble perclus de douleur et va prendre un café.
A l’heure du départ, il n’est pas revenu. Il apparaît enfin un quart d’heure après, remonte péniblement dans son car et nous voilà partis. Les deux autres doivent se demander comme moi s’il ne va pas claquer avant la fin du trajet.
En chemin monte une femme qui lui signale que la girouette indique qu’il va à Toulon. Il corrige. Même s’il semble avancer lentement, il ne perd pas de temps car à l’arrivée nous n’avons que le retard dû au départ tardif.
Je descends vers la mer et le port alors qu’un vent assez conséquent se met à souffler. Celles et ceux qui ont un billet pour les îles attendent le bateau quand même. Pour ma part, je pénètre dans les rues intérieures du bourg, y vois quelques belles bâtisses, rien de bien excitant, et surtout, n’y trouve pas de café qui me donne envie de m’installer à sa terrasse.
Je songeais à rentrer par le car d’onze heures trente. Je décide d’anticiper. Je retourne à l’ancienne Gare du Lavandou, place des Joyeuses-Vacances, où est l’arrêt des cars et y découvre un petit bureau Zou ! Qui plus est : ouvert. Une jeune femme m’annonce qu’un car pour Toulon est prévu à dix heures vingt et que celui de neuf heures trente-cinq en retard n’est pas encore passé. Parfait, je vais l’attendre. Peu après arrive un couple à valise à qui j’annonce la bonne nouvelle. Lui me dit que ça fait au moins dix ans que c’est le bazar sur ce trajet et qu’ils ont plusieurs fois loupé leur train à cause de Zou !.
Le car en retard arrive à dix heures, conduit par une femme qui a l’âge de travailler. Son avancée est ralentie par de nombreux embouteillages. A un moment elle oublie de s’arrêter pour une voyageuse qui avait sonné et se retrouve à l’arrêt suivant dans un environnement peu reluisant.
Jamais plus la ligne Toulon Le Lavandou Saint-Tropez des cars Zou ! me dis-je à l’arrivée. Il est onze heures et demie.
A midi je déjeune sous la véranda de la Brasserie Le Zinc dont le plat du jour est l’aïoli. A ma demande l’aimable serveuse m’apporte d’emblée deux coupelles de cette mayonnaise aillée. Hélas, ce n’est pas aussi bon que chez Béchir où j’ai renoncé à aller à cause du vent.
Je prends quand même le café à la terrasse de La Gitane. Le vent est toujours là. Il oblige les filles à tenir leur jupe, tout comme il m’oblige à tenir les pages en papier bible du Journal littéraire de Léautaud.
*
Ce qui fait le charme du Lavandou, c’est son long littoral, vu depuis la corniche avec le car Zou ! quand je suis allé à Saint-Tropez, toutes ses pointes séparées par des plages, au nombre desquelles La Fossette.
16 septembre 2022
Encore un orage qui n’aura servi à rien, ce jeudi la chaleur se fait à nouveau sentir dès le petit matin à Toulon. Je plains ceux et celles que je croise en me rapprochant de la Gare Routière. Costumes noirs cravates chemises blanches, l’équivalent pour les filles, ce sont les élèves du Lycée Hôtelier en tenue de travail avant même d’y être.
Le bus Mistral numéro Soixante-Dix démarre de cette Gare Routière. Son terminus est la plage de Bonnegrâce (commune de Six-Fours-les-Plages). Il est heureusement climatisé. Il traverse longuement des quartiers sans intérêt et finit par atteindre Six-Fours et ses plages. Celle de Bonnegrâce est la plus longue, un kilomètre deux.
Descendu à son extrémité proche de Sanary, je la longe pédestrement, passant devant la partie connue sous le nom de Brutal Beach, dont les vagues sont appréciées des surfeurs. Même en cette matinée sans vent, elles se font voir et surtout entendre.
Arrivé à l’autre extrémité, je rebrousse jusqu’au café restaurant La Voile et m’installe à sa terrasse de plage, bien à l’ombre, avec vue sur Sanary. C’est là que je lis Léautaud après avoir bu un café à un euro quatre-vingts dont la tasse m’est enlevée par une serveuse au bout d’une demi-heure mais cela n’a aucun effet sur le moment de mon départ. C’est le temps nécessaire pour regagner Toulon qui le détermine.
J’y arrive peu avant midi et choisis de déjeuner à l’un des deux restaurants qui se partagent une paisible cour intérieure dans une des rues de la Vieille Ville. Il s’agit du Tutti Frutti, l’autre est le Côté Cochon.
La patronne et unique serveuse du Tutti Frutti est une dame blonde un peu maniérée qui commence toutes ses phrases par Allez, « Allez, je vous donne la carte », « Allez, je vous apporte le vin », un allez plein d’allant.
J’opte pour la formule du jour dont le plat est boulettes de bœuf à la menthe, pommes de terre, champignons frais, salade, tomate. Evidemment, avec cette unique cour pour deux restaurants, arrive le moment où un couple s’installe chez Tutti alors qu’il visait Cochon. Invité par la dame blonde à rectifier son erreur, il y renonce, tout en continuant à lorgner avec envie sur ce qui se passe chez le concurrent.
Mon plat, une sorte de salade tiède, est fort bon. « Allez, voici votre dessert », me dit la maitresse des lieux en m’apportant un fondant au chocolat qui s’avère délicieux. Je paie vingt-trois euros quatre-vingt-dix et allez, je rejoins ma table haute de La Gitane, heureusement un peu ventée, pour un très long café lecture sans disparition de tasse.
*
A Bonnegrâce une voix surgie des haut-parleurs rappelle qu’un chien sur la plage, c’est cent cinquante euros.
*
A La Gitane :
-Salut, je suis le frère de Samir.
-Ah non, vous me l’avez déjà fait.
-Oh, pardon.
La fois précédente, il était le frère de Momo.
*
Quand donc pourrai-je cesser de suer ? Quand pourrai-je fermer la fenêtre la nuit ? Quand pourrai-je remettre ma veste aux grandes poches si pratiques et n’avoir plus à porter à la main mes affaires dans un vieux sac en plastique ?
Le bus Mistral numéro Soixante-Dix démarre de cette Gare Routière. Son terminus est la plage de Bonnegrâce (commune de Six-Fours-les-Plages). Il est heureusement climatisé. Il traverse longuement des quartiers sans intérêt et finit par atteindre Six-Fours et ses plages. Celle de Bonnegrâce est la plus longue, un kilomètre deux.
Descendu à son extrémité proche de Sanary, je la longe pédestrement, passant devant la partie connue sous le nom de Brutal Beach, dont les vagues sont appréciées des surfeurs. Même en cette matinée sans vent, elles se font voir et surtout entendre.
Arrivé à l’autre extrémité, je rebrousse jusqu’au café restaurant La Voile et m’installe à sa terrasse de plage, bien à l’ombre, avec vue sur Sanary. C’est là que je lis Léautaud après avoir bu un café à un euro quatre-vingts dont la tasse m’est enlevée par une serveuse au bout d’une demi-heure mais cela n’a aucun effet sur le moment de mon départ. C’est le temps nécessaire pour regagner Toulon qui le détermine.
J’y arrive peu avant midi et choisis de déjeuner à l’un des deux restaurants qui se partagent une paisible cour intérieure dans une des rues de la Vieille Ville. Il s’agit du Tutti Frutti, l’autre est le Côté Cochon.
La patronne et unique serveuse du Tutti Frutti est une dame blonde un peu maniérée qui commence toutes ses phrases par Allez, « Allez, je vous donne la carte », « Allez, je vous apporte le vin », un allez plein d’allant.
J’opte pour la formule du jour dont le plat est boulettes de bœuf à la menthe, pommes de terre, champignons frais, salade, tomate. Evidemment, avec cette unique cour pour deux restaurants, arrive le moment où un couple s’installe chez Tutti alors qu’il visait Cochon. Invité par la dame blonde à rectifier son erreur, il y renonce, tout en continuant à lorgner avec envie sur ce qui se passe chez le concurrent.
Mon plat, une sorte de salade tiède, est fort bon. « Allez, voici votre dessert », me dit la maitresse des lieux en m’apportant un fondant au chocolat qui s’avère délicieux. Je paie vingt-trois euros quatre-vingt-dix et allez, je rejoins ma table haute de La Gitane, heureusement un peu ventée, pour un très long café lecture sans disparition de tasse.
*
A Bonnegrâce une voix surgie des haut-parleurs rappelle qu’un chien sur la plage, c’est cent cinquante euros.
*
A La Gitane :
-Salut, je suis le frère de Samir.
-Ah non, vous me l’avez déjà fait.
-Oh, pardon.
La fois précédente, il était le frère de Momo.
*
Quand donc pourrai-je cesser de suer ? Quand pourrai-je fermer la fenêtre la nuit ? Quand pourrai-je remettre ma veste aux grandes poches si pratiques et n’avoir plus à porter à la main mes affaires dans un vieux sac en plastique ?
15 septembre 2022
Ce mercredi quand je sors au lever du jour, je ne me soucie pas du temps qu’il va faire et j’ai tort car, descendant le cours Lafayette, je constate que le ciel est noir au-dessus du port. Quelques gouttes se font déjà sentir.
Je n’en achète pas moins mes deux pains au chocolat à la petite boulangère de chez Campaillette dont les vêtements noirs portent des traces de farine, sur la fesse droite et sur le sein gauche.
Le Maryland a installé son auvent des grands jours où je pense être assez abrité le temps de mon petit-déjeuner. J’ai pour voisinage des commerçant(e)s du marché, trois femmes qui vont repartir sans déballer, quatre hommes qui regrettent de l’avoir déjà fait. Ils sont sur leur smartphone et annoncent le pire, grêle, tempête.
Il pleut de plus en plus. Des éclairs sont visibles au-dessus du bateau de croisière arrivé cette nuit. Soudain cela s’aggrave. Le vent se lève par à-coups et il drache au point qu’il fait presque noir. Plus personne n’est dans la rue.
Quand, au bout d’une demi-heure, une éclaircie se fait, je sors mon vêtement de pluie du sac à dos et rentre à mon quatrième étage en me demandant ce que seront devenus mes slips et chaussettes mis à sécher sur le rebord de la fenêtre après leur lavage matinal avec Génie sans frotter. Tout est heureusement resté en place.
Il pleuvine quand je ressors en fin de matinée. Je rejoins la Brasserie Le Zinc qui possède une véranda et j’y trouve place pour déjeuner près de groupes de collègues à la conversation affligeante. Le très bon risotto saumon safrané moules crevettes est suivi d’un quelconque tiramisu à la fraise. Avec le quart de vin rouge, cela fait vingt euros cinquante.
Sorti de là, je descends vers le port par des rues étroites et rectilignes et trouve une place abritée à la terrasse de La Gitane. Il pleut de temps à autre tandis que je lis Léautaud. Cela incite les touristes à monter dans les bateaux du tour de la rade pour quinze euros cinquante. C’est la première fois que je vois partir les deux en même temps.
*
Le rabatteur du tour de la rade à un curieux qui lui demande « Y a deux bateaux ? » : « Oui, un pour les hommes, un pour les femmes, elles ont la pelle et le balai. »
Je n’en achète pas moins mes deux pains au chocolat à la petite boulangère de chez Campaillette dont les vêtements noirs portent des traces de farine, sur la fesse droite et sur le sein gauche.
Le Maryland a installé son auvent des grands jours où je pense être assez abrité le temps de mon petit-déjeuner. J’ai pour voisinage des commerçant(e)s du marché, trois femmes qui vont repartir sans déballer, quatre hommes qui regrettent de l’avoir déjà fait. Ils sont sur leur smartphone et annoncent le pire, grêle, tempête.
Il pleut de plus en plus. Des éclairs sont visibles au-dessus du bateau de croisière arrivé cette nuit. Soudain cela s’aggrave. Le vent se lève par à-coups et il drache au point qu’il fait presque noir. Plus personne n’est dans la rue.
Quand, au bout d’une demi-heure, une éclaircie se fait, je sors mon vêtement de pluie du sac à dos et rentre à mon quatrième étage en me demandant ce que seront devenus mes slips et chaussettes mis à sécher sur le rebord de la fenêtre après leur lavage matinal avec Génie sans frotter. Tout est heureusement resté en place.
Il pleuvine quand je ressors en fin de matinée. Je rejoins la Brasserie Le Zinc qui possède une véranda et j’y trouve place pour déjeuner près de groupes de collègues à la conversation affligeante. Le très bon risotto saumon safrané moules crevettes est suivi d’un quelconque tiramisu à la fraise. Avec le quart de vin rouge, cela fait vingt euros cinquante.
Sorti de là, je descends vers le port par des rues étroites et rectilignes et trouve une place abritée à la terrasse de La Gitane. Il pleut de temps à autre tandis que je lis Léautaud. Cela incite les touristes à monter dans les bateaux du tour de la rade pour quinze euros cinquante. C’est la première fois que je vois partir les deux en même temps.
*
Le rabatteur du tour de la rade à un curieux qui lui demande « Y a deux bateaux ? » : « Oui, un pour les hommes, un pour les femmes, elles ont la pelle et le balai. »
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