Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant Autres directions d’André Blanchard

8 octobre 2014


Acheté quand même neuf euros, moitié de son prix neuf, chez Détéherre, mon exemplaire est orné d’un cachet « En librairie le deux février deux mille onze, merci d’en tenir compte », le critique littéraire qui en fut destinataire n’a pas jugé utile de le garder, mais comment est-il arrivé là au milieu des champs de maïs, dans cette bouquinerie rurale, je ne sais, c’est Autres directions d’André Blanchard, paru au Dilettante pour son anniversaire, qui contient ses carnets des années deux mille six à deux mille huit, surtout consacrés à ses lectures.
Un livre lu aux terrasses ensoleillées de septembre et à la fin du mois, lui est mort.
Déjà dans ces carnets, il n’est pas mieux de sa forme, pris aux poumons et marri de devoir freiner sur le tabac : Ce « Fumer tue » qui écussonne le paquet de cigarettes, et imprimé façon faire-part de deuil, ébauche déjà notre chapelle ardente. Il s’ensuit que le voilà plus déprimé qu’incisif, néanmoins toujours bougon de Vesoul, pas dénué de jalousie inavouée quand il s’en prend à Michon, Echenoz, Bergougnioux, Quignard ou Houellebecq, et me fait bondir quand il encense ce démagogue de Michel Onfray :
Il m’est arrivé d’entendre sur France Culture quelques-uns de ses cours de philo à son université ouverte : c’est plein de brio, vivifiant et, là n’étant pas le moindre mérite, d’une limpidité qui démode le jargon de cette discipline.
Je le rejoins lorsqu’il évoque Simone de Beauvoir dont il relit La Force de l’âge et La Force des choses:
C’est une femme d’une incroyable indépendance, que ce soit d’esprit ou dans la conduite de sa vie, qui se confie ici, fût-ce en se faufilant entre les conformismes, et qui, au même titre que les sentiers de montagne durant ses vacances, escalade les phrases, direction : l’épanouissement. Et qu’est-ce cela sinon être une affranchie. Telle elle va, avec des petits côtés qui charment et prennent à contre-pied les apparences, ainsi de son look, plutôt glacial, qui laisserait croire qu’elle est une rabat-joie ; c’est tout le contraire, elle aime la bonne chère, le bon vin, qu’elle déguste hardi…
Paul Léautaud :
dont je relis In memoriam, cette idée qui traîne partout : le qualifier d’homme « libre », alors que, attaché par nécessité à son modeste emploi au Mercure de France, où on travaillait six jours sur sept, et en charge d’une ménagerie sans cesse en expansion dont il fut le geôlier autant que le protecteur, il cumulait les contraintes. Ce n’est donc pas d’homme libre mais d’homme indépendant qu’il faut parler à son sujet ; et, comme il écrivit plus qu’il ne vécut, ce qui s’appelle vivre, cette indépendance se retrouve sur le papier, un, en affranchissant sa littérature de la nécessité de rapporter des sous ; deux, en pensant par soi-même, quitte à passer pour un profanateur du genre humain.
le cher abbé Mugnier :
Trouvé à la brocante le Journal de l’abbé Mugnier que je ne possédais pas, je l’avais emprunté naguère à la bibliothèque municipale pour le lire. Du coup, pour fêter ça, je l’ai relu, in extenso. On sait que l’abbé préférait la compagnie des écrivains à celles des grenouilles de bénitier. C’est pain béni pour nous, et à volonté.
ou Gustave Flaubert :
Lire la Correspondance de Flaubert, c’est, pour un écrivain, recevoir l’égal d’un formidable coup de pied aux fesses qui vous propulse vers vos cahiers si vous étiez à glander.
Bien sûr, il m’énerve avec son habitude de parler de lui à la première personne du pluriel, de même avec ses envolées contre les Amerloques ou encore son emploi des tournures du moment du genre au final mais j’ai du mal à être vraiment sévère avec lui maintenant qu’il est mort.
Si les morts nous voyaient, ils le regretteraient.
La résurrection générale ? Des embrassades ; et après, tout de suite les reproches.