Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
30 juin 2016
C’est porteur d’un lourd sac de livres invendables à Rouen que je prends ce mercredi le train de sept heures vingt-huit pour Paris. On me les reprendra chez Book-Off où le contenu n’importe pas, seul l’état du livre le met dans la pile « acheté à petit prix» ou dans la pile « refusé et mis au recyclage si vous voulez ».
A cette fin, j’inverse ma boucle habituelle, rejoignant à pied la boutique de la rue du Quatre-Septembre, la plus proche géographiquement. Pour me faciliter la tâche, la Mairie de Paris décide de mettre tous les feux de mon trajet au vert piéton.
En attendant l’heure de l’ouverture, je prends un café à la Clef des Champs. établissement où l’on écoute Fip. Aujourd’hui la station, comme toutes celles de Radio France, est en grève « suite à un désaccord avec la stratégie de l’entreprise » mais ce qui est bien avec Fip c’est que le programme musical de grève est quasiment le même que le programme musical habituel.
A dix heures, je pose mes treize livres sur le comptoir. La sympathique employée les prend tous pour neuf euros quatre-vingts, une somme que j’investis en partie sur place dans du meilleur.
Le métro m’emmène ensuite à Ledru-Rollin. Je passe au marché d’Aligre où l’un des marchands créée un attroupement rigolard en diffusant des sketches de Coluche puis déjeune sur le trottoir de Chez Céleste car il fait beau et chaud. Madame Céleste fait installer des petits drapeaux portugais sur son auvent. « C’est demain le match », me dit-elle. Il y a aussi un petit drapeau français mais on n’a pas pu trouver d’islandais. Rue de Charonne passent et repassent les livreurs de Deliveroo, portage de repas à domicile ou au bureau, un boulot de tâcheron encensé par certains parce qu’il se pratique à bicyclette.
*
Dernière fois que suis porteur de l’élégant sac noir Book-Off si facile à recycler en sac poubelle, interdit à compter du premier juillet. La loi écologiste le transforme en objet de collection.
*
L’art de marcher (Les conseils pratiques du roi des marcheurs) d’Yves Gallot suivi d’extraits de Souvenirs du célèbre marcheur Gallot avec une préface d’Antoine de Baecque, il est des livres que j’achète pour leur titre et puis ça peut servir. Celui-ci est mince, quatre-vingt-huit pages, publié par la Petite Bibliothèque Payot.
A cette fin, j’inverse ma boucle habituelle, rejoignant à pied la boutique de la rue du Quatre-Septembre, la plus proche géographiquement. Pour me faciliter la tâche, la Mairie de Paris décide de mettre tous les feux de mon trajet au vert piéton.
En attendant l’heure de l’ouverture, je prends un café à la Clef des Champs. établissement où l’on écoute Fip. Aujourd’hui la station, comme toutes celles de Radio France, est en grève « suite à un désaccord avec la stratégie de l’entreprise » mais ce qui est bien avec Fip c’est que le programme musical de grève est quasiment le même que le programme musical habituel.
A dix heures, je pose mes treize livres sur le comptoir. La sympathique employée les prend tous pour neuf euros quatre-vingts, une somme que j’investis en partie sur place dans du meilleur.
Le métro m’emmène ensuite à Ledru-Rollin. Je passe au marché d’Aligre où l’un des marchands créée un attroupement rigolard en diffusant des sketches de Coluche puis déjeune sur le trottoir de Chez Céleste car il fait beau et chaud. Madame Céleste fait installer des petits drapeaux portugais sur son auvent. « C’est demain le match », me dit-elle. Il y a aussi un petit drapeau français mais on n’a pas pu trouver d’islandais. Rue de Charonne passent et repassent les livreurs de Deliveroo, portage de repas à domicile ou au bureau, un boulot de tâcheron encensé par certains parce qu’il se pratique à bicyclette.
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Dernière fois que suis porteur de l’élégant sac noir Book-Off si facile à recycler en sac poubelle, interdit à compter du premier juillet. La loi écologiste le transforme en objet de collection.
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L’art de marcher (Les conseils pratiques du roi des marcheurs) d’Yves Gallot suivi d’extraits de Souvenirs du célèbre marcheur Gallot avec une préface d’Antoine de Baecque, il est des livres que j’achète pour leur titre et puis ça peut servir. Celui-ci est mince, quatre-vingt-huit pages, publié par la Petite Bibliothèque Payot.
28 juin 2016
Qu’adviendra-t-il de mes écritures, notamment de ce Journal, quand je ne serai plus ? C’est la question qui m’inquiète de temps à autre. Elle resurgit ce lundi à la lecture de la soixante et onzième livraison hebdomadaire de celui de Philippe Dumez intitulé Ramble Tamble distribué uniquement par mail à son réseau d’amis et de connaissances, épisode dans lequel il parle du mien suite à notre déjeuner de mercredi dernier.
Il évoque aussi notre conversation, ce qui à la lecture me fait dire : « Ce n’est pas tout à fait ça que j’avais dit ». Cette objection, j’ai pu la lire à mon encontre à diverses occasions suite à des propos entendus rapportés ici même (d’Ernest Pignon-Esnest à un spectateur de Nono Futur).
Lors d’un stage que je faisais à l’Ecole Normale d’Evreux, l’un des intervenants avait fait sortir une douzaine de présents puis avait chargé quelqu’un de raconter une histoire simple d’une dizaine de phrases devant l’un des sortis revenu. Celui-ci la disait à son tour au deuxième revenu et ainsi de suite. Au bout de quatre ou cinq participants, des points importants avaient disparu et à la fin l’histoire était méconnaissable.
S’il y a des propos qui sont bien rapportés, c’est certains de ceux que j’écris, au point que je suis parfois obligé de me censurer, par exemple quand je voudrais évoquer un nouveau voisinage. La cafeteuse de service se chargerait d’aller signaler à qui ne me lit pas ce que j’aurais dit d’elle ou de lui.
Le choix qu’a fait Philippe Dumez de publier par mail évite ce genre de désagrément mais pour pratiquer de la sorte il faut avoir un réseau social étendu. Si je faisais ainsi, je n’aurais qu’une poignée de lecteurs.
Soyons public donc, et espérons que tout cela ne disparaîtra pas car j’écris aussi pour dans deux cents ans.
*
Eklablog, qui héberge la première partie de ce Journal rapatriée d’Overblog pour raison d’invasion publicitaire, m’écrit : « Pour continuer de vous fournir un espace d’expression libre, gratuit et facile d’accès, toutes les catégories de blogs intégrerons (sic) désormais quelques espaces publicitaires. »
Il évoque aussi notre conversation, ce qui à la lecture me fait dire : « Ce n’est pas tout à fait ça que j’avais dit ». Cette objection, j’ai pu la lire à mon encontre à diverses occasions suite à des propos entendus rapportés ici même (d’Ernest Pignon-Esnest à un spectateur de Nono Futur).
Lors d’un stage que je faisais à l’Ecole Normale d’Evreux, l’un des intervenants avait fait sortir une douzaine de présents puis avait chargé quelqu’un de raconter une histoire simple d’une dizaine de phrases devant l’un des sortis revenu. Celui-ci la disait à son tour au deuxième revenu et ainsi de suite. Au bout de quatre ou cinq participants, des points importants avaient disparu et à la fin l’histoire était méconnaissable.
S’il y a des propos qui sont bien rapportés, c’est certains de ceux que j’écris, au point que je suis parfois obligé de me censurer, par exemple quand je voudrais évoquer un nouveau voisinage. La cafeteuse de service se chargerait d’aller signaler à qui ne me lit pas ce que j’aurais dit d’elle ou de lui.
Le choix qu’a fait Philippe Dumez de publier par mail évite ce genre de désagrément mais pour pratiquer de la sorte il faut avoir un réseau social étendu. Si je faisais ainsi, je n’aurais qu’une poignée de lecteurs.
Soyons public donc, et espérons que tout cela ne disparaîtra pas car j’écris aussi pour dans deux cents ans.
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Eklablog, qui héberge la première partie de ce Journal rapatriée d’Overblog pour raison d’invasion publicitaire, m’écrit : « Pour continuer de vous fournir un espace d’expression libre, gratuit et facile d’accès, toutes les catégories de blogs intégrerons (sic) désormais quelques espaces publicitaires. »
27 juin 2016
Boudant le vide grenier local de Bois-Guillaume, j’opte ce dimanche, le temps prévu plutôt beau avec de rares averses, pour ceux de la capitale. A cette fin, il me faut attendre dans une gare à peu près morte le premier train qui n’est qu’à sept heures douze et pas direct. A Vernon et à Mantes-la-Jolie y montent de nombreux hommes et femmes noirs endimanchés visiblement en chemin vers une cérémonie religieuse. L’une lit La Bible, une autre Libres des pervers sexuels.
Ce n’est qu’à neuf heures trente que j’aborde la Butte-aux-Cailles, ce quartier populaire, bourgeois et verdoyant où j’ai souvenir d’avoir en même circonstance fait un bon déjeuner en compagnie de celle avec qui j’ai pris une boisson chaude hier à Rouen avant qu’elle aille récupérer son singulier animal de compagnie. A cette heure, tous les vendeurs sont installés.
-Cinquante centimes ou vingt centimes, comme vous voulez, me répond la jolie fille à qui je demande le prix d’un premier livre.
Cette réponse mérite achat (à cinquante centimes) et est de bon augure pour la suite. Au fil du mon exploration du labyrinthe mon sac s’emplit cependant que le nombre des visiteurs augmente considérablement. Parmi eux je trouve un barbu souvent croisé chez Book-Off, l’un de ses individus achetant les livres avec leur téléphone. Il en a déjà un chariot plein. Une décapotée de luxe bloquée par la foule fait soudainement évènement. « On n’est pas à Saint-Tropez ici. » lance un quidam. Le conducteur fait profil bas : « J’habite ici, je veux juste rentrer chez moi. » Les gilets jaunes viennent à son secours.
Un peu avant midi, fatigué par le monde, je rejoins à pied via l’avenue des Gobelins le quartier du Jardin des Plantes où sur une portion du boulevard Saint-Marcel il y a déballage. Après avoir pique-niqué sur un banc, je m’apprête à l’explorer quand venue d’on ne sait où s’abat une drache de quelques minutes qui ruine une bonne partie de la marchandise dont des livres que je ne puis plus acheter.
Je prends la ligne Sept du métro, descends à Cadet près du square Montholon autour duquel sont installés d’autres déballeurs et déballeuses. L’une d’elles, fille filiforme à accent nordique, vend quelques cédés dont l’un retient mon attention par le dessin de sa pochette montrant un pianiste déchaîné à tête de mort. Ce dessin est signé, comme les textes et les musiques : Daniel Johnston.
-C’est quel genre de musique ?
-De l’indie, me dit-elle, on ne peut pas écouter ça très souvent.
Je lui dis que c’est le dessin qui me plaît. Elle me le propose à cinquante centimes. Je le prends et rejoins Saint-Lazare à pied par la rue de Châteaudun, me disant que j’aurais mieux fait après mon pique-nique d’explorer à nouveau les ressources de la Butte-aux-Cailles.
A la Ville d’Argentan où je bois un café, la télé de fond de salle diffuse ce que tous appellent le match. Il intéresse moins de monde que je ne le croyais et le son bas ne gêne pas ma lecture de Motel blues de Bill Bryson.
La Senecefe m’ayant proposé un billet à tarif réduit en première au même prix que le billet à tarif réduit en seconde, je voyage confortablement pour mon retour à Rouen, mais pas seul. La voiture est entièrement occupée. Je découvre à cette occasion que nombreux sont celles et ceux qui tirent parti de l’absence de contrôle avant Mantes-la-Jolie. Tant qu’à voyager sans billet quand on ne court aucun risque d’amende, autant le faire en première classe.
*
Parmi les livres rapportés : Cinq années de ma vie d’Alfred Dreyfus (La Découverte), Journal 1973-1982 de Joyce Carol Oates (Philippe Rey), Trop tard de Werner Kofler (Absalon) et, acheté dix euros à une professionnelle, Pierre Molinier « Je suis un homme-putain » (Ecrits et dessins inédits) (Adam Biro/Kamel Mennour).
*
A la peinture noire sur une cabane de chantier de la Butte-aux-Cailles : « Nous sommes ceux qui font l’amour l’après-midi ».
Ce n’est qu’à neuf heures trente que j’aborde la Butte-aux-Cailles, ce quartier populaire, bourgeois et verdoyant où j’ai souvenir d’avoir en même circonstance fait un bon déjeuner en compagnie de celle avec qui j’ai pris une boisson chaude hier à Rouen avant qu’elle aille récupérer son singulier animal de compagnie. A cette heure, tous les vendeurs sont installés.
-Cinquante centimes ou vingt centimes, comme vous voulez, me répond la jolie fille à qui je demande le prix d’un premier livre.
Cette réponse mérite achat (à cinquante centimes) et est de bon augure pour la suite. Au fil du mon exploration du labyrinthe mon sac s’emplit cependant que le nombre des visiteurs augmente considérablement. Parmi eux je trouve un barbu souvent croisé chez Book-Off, l’un de ses individus achetant les livres avec leur téléphone. Il en a déjà un chariot plein. Une décapotée de luxe bloquée par la foule fait soudainement évènement. « On n’est pas à Saint-Tropez ici. » lance un quidam. Le conducteur fait profil bas : « J’habite ici, je veux juste rentrer chez moi. » Les gilets jaunes viennent à son secours.
Un peu avant midi, fatigué par le monde, je rejoins à pied via l’avenue des Gobelins le quartier du Jardin des Plantes où sur une portion du boulevard Saint-Marcel il y a déballage. Après avoir pique-niqué sur un banc, je m’apprête à l’explorer quand venue d’on ne sait où s’abat une drache de quelques minutes qui ruine une bonne partie de la marchandise dont des livres que je ne puis plus acheter.
Je prends la ligne Sept du métro, descends à Cadet près du square Montholon autour duquel sont installés d’autres déballeurs et déballeuses. L’une d’elles, fille filiforme à accent nordique, vend quelques cédés dont l’un retient mon attention par le dessin de sa pochette montrant un pianiste déchaîné à tête de mort. Ce dessin est signé, comme les textes et les musiques : Daniel Johnston.
-C’est quel genre de musique ?
-De l’indie, me dit-elle, on ne peut pas écouter ça très souvent.
Je lui dis que c’est le dessin qui me plaît. Elle me le propose à cinquante centimes. Je le prends et rejoins Saint-Lazare à pied par la rue de Châteaudun, me disant que j’aurais mieux fait après mon pique-nique d’explorer à nouveau les ressources de la Butte-aux-Cailles.
A la Ville d’Argentan où je bois un café, la télé de fond de salle diffuse ce que tous appellent le match. Il intéresse moins de monde que je ne le croyais et le son bas ne gêne pas ma lecture de Motel blues de Bill Bryson.
La Senecefe m’ayant proposé un billet à tarif réduit en première au même prix que le billet à tarif réduit en seconde, je voyage confortablement pour mon retour à Rouen, mais pas seul. La voiture est entièrement occupée. Je découvre à cette occasion que nombreux sont celles et ceux qui tirent parti de l’absence de contrôle avant Mantes-la-Jolie. Tant qu’à voyager sans billet quand on ne court aucun risque d’amende, autant le faire en première classe.
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Parmi les livres rapportés : Cinq années de ma vie d’Alfred Dreyfus (La Découverte), Journal 1973-1982 de Joyce Carol Oates (Philippe Rey), Trop tard de Werner Kofler (Absalon) et, acheté dix euros à une professionnelle, Pierre Molinier « Je suis un homme-putain » (Ecrits et dessins inédits) (Adam Biro/Kamel Mennour).
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A la peinture noire sur une cabane de chantier de la Butte-aux-Cailles : « Nous sommes ceux qui font l’amour l’après-midi ».
25 juin 2016
Il y a du monde dans la rue devant Les Mondes Magiques ce mercredi soir. Elise et Robin qui ont créé cette bouquinerie il y a cinq ans la quittent bientôt pour en créer une autre dans un village breton de quatre cents habitants dont un certain nombre de néo ruraux. Elle et lui invitent à la fête et en profitent pour présenter, à qui ne le connaît pas, Jérémy qui ouvrira le premier août sa propre bouquinerie dans le même lieu.
Il y a aussi du monde à l’intérieur où je me vois offrir un verre de rosé. Je discute un bon moment de livres avec Hélios Azoulay, l’occasion de constater que nos goûts en ce domaine ne coïncident pas. Il me parle d’auteurs que je ne connais pas ou que je connais mais n’aime pas ou ne lis plus ou n’ai pas lus, et réciproquement, ce qui l’amène à cette constatation désabusée : « Quand on discute de livres avec quelqu'un, c’est souvent bibliothèque contre bibliothèque ». « C’est la même chose avec la musique. », ajoute-il. Nous allons nous resservir un verre de rosé pour nous consoler.
Trois boîtes sont à disposition des présent(e)s. Elles contiennent ce qu’Elise et Robin ont trouvé entre les pages des livres achetés pour la revente: une de marque-pages, une d’images, une de textes.
-Tenez, ça c’est pour vous, me dit l’une de mes connaissances en me tendant un document pioché dans la boîte à textes.
Il s’agit d’une lettre dactylographiée non datée de Roger Garaudy, ce communiste critique exclu du Pécé puis converti à l’islam et devenu négationniste. Elle est adressée à un « cher collègue » à qui il envoie son dernier livre, « un testament philosophique ». Le post-scriptum est ce qu’elle contient de plus révélateur : « Au-delà des vaines polémiques faites autour de mon nom, en raison du boycott dont je suis, depuis trois ans, victime, et du silence imposé aux médias sur mes écrits, des amis fidèles ont décidé de collecter les fonds nécessaires pour que je puisse adresser à mes collègues au moins cet ouvrage. Je les en remercie. »
Le reste du contenu de la boîte à textes ne me séduisant pas, et ne trouvant pas davantage d’image ou de marque-page à mon goût, c’est avec la lettre de ce sale type (Prix Kadhafi des Droits de l’Homme en deux mille deux) que je rentre à la maison après un troisième verre de rosé accompagné de bonnes choses à manger.
*
Brexit ce vendredi matin. Malheureux Londoniens, Ecossais et Irlandais du Nord victimes de la ploucocratie référendaire. La fille Le Pen jubile, de même que son idiot utile Mélenchon.
*
Lycéennes au Son du Cor :
-Et après on est allés dans un bar gay et Tancrède il s’est trop fait draguer par des mecs et après il était tout frais. Et puis quand on est rentrés, il s’est endormi et Marouane a fait des photos de sa bite près de sa bouche.
-Ils sont bizarres tes amis, non ?
-Je ne sais pas si ce sont mes amis.
Après elles se transforment en joueuses de cartes. Champagne est le nom de leur jeu.
Il y a aussi du monde à l’intérieur où je me vois offrir un verre de rosé. Je discute un bon moment de livres avec Hélios Azoulay, l’occasion de constater que nos goûts en ce domaine ne coïncident pas. Il me parle d’auteurs que je ne connais pas ou que je connais mais n’aime pas ou ne lis plus ou n’ai pas lus, et réciproquement, ce qui l’amène à cette constatation désabusée : « Quand on discute de livres avec quelqu'un, c’est souvent bibliothèque contre bibliothèque ». « C’est la même chose avec la musique. », ajoute-il. Nous allons nous resservir un verre de rosé pour nous consoler.
Trois boîtes sont à disposition des présent(e)s. Elles contiennent ce qu’Elise et Robin ont trouvé entre les pages des livres achetés pour la revente: une de marque-pages, une d’images, une de textes.
-Tenez, ça c’est pour vous, me dit l’une de mes connaissances en me tendant un document pioché dans la boîte à textes.
Il s’agit d’une lettre dactylographiée non datée de Roger Garaudy, ce communiste critique exclu du Pécé puis converti à l’islam et devenu négationniste. Elle est adressée à un « cher collègue » à qui il envoie son dernier livre, « un testament philosophique ». Le post-scriptum est ce qu’elle contient de plus révélateur : « Au-delà des vaines polémiques faites autour de mon nom, en raison du boycott dont je suis, depuis trois ans, victime, et du silence imposé aux médias sur mes écrits, des amis fidèles ont décidé de collecter les fonds nécessaires pour que je puisse adresser à mes collègues au moins cet ouvrage. Je les en remercie. »
Le reste du contenu de la boîte à textes ne me séduisant pas, et ne trouvant pas davantage d’image ou de marque-page à mon goût, c’est avec la lettre de ce sale type (Prix Kadhafi des Droits de l’Homme en deux mille deux) que je rentre à la maison après un troisième verre de rosé accompagné de bonnes choses à manger.
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Brexit ce vendredi matin. Malheureux Londoniens, Ecossais et Irlandais du Nord victimes de la ploucocratie référendaire. La fille Le Pen jubile, de même que son idiot utile Mélenchon.
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Lycéennes au Son du Cor :
-Et après on est allés dans un bar gay et Tancrède il s’est trop fait draguer par des mecs et après il était tout frais. Et puis quand on est rentrés, il s’est endormi et Marouane a fait des photos de sa bite près de sa bouche.
-Ils sont bizarres tes amis, non ?
-Je ne sais pas si ce sont mes amis.
Après elles se transforment en joueuses de cartes. Champagne est le nom de leur jeu.
24 juin 2016
Cette chaleur soudaine qui fait se plaindre même ceux venus d’outre Méditerranée débouche sur une averse à l’heure où je rejoins la gare Saint-Lazare. C’est le coutumier bazar des jours sans grève. Les annonces s’enchaînent. Il n’est question que de trains qui seront affichés tardivement (province) ou sont supprimés (banlieue).
Un mail de la Senecefe m’ayant averti que mon train de dix-huit heures vingt-cinq serait supprimé pour cause de travaux (comment un seul train peut-il être supprimé pour cause de travaux ?), je vais au guichet m’informer de la validité de mon billet Prem’s. Puis-je prendre sans risque d’amende le dix-sept heures cinquante ? Oui, me dit-on et même m’écrit-on sur le billet.
C’est bien, mais ce dix-sept heures cinquante est soudain annoncé encore au garage. Comme le dix-sept heures trente est arrivé tardivement et n’est pas encore parti, j’y grimpe et d’un coup de stylo modifie l’heure inscrite par le guichetier sur mon billet. Nous partons avec dix minutes de retard. Le chef de bord nous dit avoir téléphoné au conducteur. Celui-ci va faire tout son possible pour rattraper ce retard. Cela fait sourire les habitués.
Bientôt, notre train roule au ralenti. Des trains sont partis avant nous et nous empêchent d’aller plus vite, nous explique le chef de bord. A Vernon, le retard est de vingt-cinq minutes. Aucun contrôleur ne passe. Après Val-de-Reuil, le chef de bord reprend la parole : « Rassurez-vous ce n’est pas une mauvaise nouvelle, la correspondance avec Dieppe en gare de Rouen est maintenue ».
Ces annonces ne me font ni chaud ni froid (comme on dit). Je les entends comme un « Vous pouvez continuer à lire tranquillement ». Mon livre est l’un de ceux achetés un euro chez Book-Off ce mercredi, Motel blues de Bill Bryson (Petite Bibliothèque Payot) à la deuxième phrase réjouissante : Quand on vit à Des Moines, ou bien on accepte la situation sans discuter, on se met en ménage avec une fille du coin nommée Bobbi, on se trouve du travail à l’usine Firestone et on vit là jusqu’à la fin des temps ; ou bien on passe son adolescence à se plaindre à longueur de journée que c’est un trou et qu’on n’a qu’une envie, en partir, et puis on se met en ménage avec une fille du coin nommée Bobbi, on se trouve du travail à l’usine Firestone et on vit là jusqu’à la fin des temps.
Notre train a vingt et une minutes de retard à l’approche de Rouen mais il arrive quand même avant l’heure où devait arriver celui que j’aurais dû prendre s’il n’avait été supprimé pour cause de prétendus travaux.
Cette suppression m’arrange car elle me permet, après avoir posé mon sac à la maison, d’aller plus tôt que prévu à la fête d’au revoir des bouquinistes des Mondes Magiques, rue Beauvoisine.
*
A l’aller, c’était un autre type de chef de bord, qui nous faisait bénéficier des ressources de la langue française lors de ses messages : « en somme », « dans ce cas de figure ».
*
Première vraie journée d’été, dans ce cas de figure les filles sortent leurs tenues légères et montrent leurs jolies gambettes avec la complicité du soleil qui rend les tissus clairs transparents, un plaisir pour les yeux en somme.
Un mail de la Senecefe m’ayant averti que mon train de dix-huit heures vingt-cinq serait supprimé pour cause de travaux (comment un seul train peut-il être supprimé pour cause de travaux ?), je vais au guichet m’informer de la validité de mon billet Prem’s. Puis-je prendre sans risque d’amende le dix-sept heures cinquante ? Oui, me dit-on et même m’écrit-on sur le billet.
C’est bien, mais ce dix-sept heures cinquante est soudain annoncé encore au garage. Comme le dix-sept heures trente est arrivé tardivement et n’est pas encore parti, j’y grimpe et d’un coup de stylo modifie l’heure inscrite par le guichetier sur mon billet. Nous partons avec dix minutes de retard. Le chef de bord nous dit avoir téléphoné au conducteur. Celui-ci va faire tout son possible pour rattraper ce retard. Cela fait sourire les habitués.
Bientôt, notre train roule au ralenti. Des trains sont partis avant nous et nous empêchent d’aller plus vite, nous explique le chef de bord. A Vernon, le retard est de vingt-cinq minutes. Aucun contrôleur ne passe. Après Val-de-Reuil, le chef de bord reprend la parole : « Rassurez-vous ce n’est pas une mauvaise nouvelle, la correspondance avec Dieppe en gare de Rouen est maintenue ».
Ces annonces ne me font ni chaud ni froid (comme on dit). Je les entends comme un « Vous pouvez continuer à lire tranquillement ». Mon livre est l’un de ceux achetés un euro chez Book-Off ce mercredi, Motel blues de Bill Bryson (Petite Bibliothèque Payot) à la deuxième phrase réjouissante : Quand on vit à Des Moines, ou bien on accepte la situation sans discuter, on se met en ménage avec une fille du coin nommée Bobbi, on se trouve du travail à l’usine Firestone et on vit là jusqu’à la fin des temps ; ou bien on passe son adolescence à se plaindre à longueur de journée que c’est un trou et qu’on n’a qu’une envie, en partir, et puis on se met en ménage avec une fille du coin nommée Bobbi, on se trouve du travail à l’usine Firestone et on vit là jusqu’à la fin des temps.
Notre train a vingt et une minutes de retard à l’approche de Rouen mais il arrive quand même avant l’heure où devait arriver celui que j’aurais dû prendre s’il n’avait été supprimé pour cause de prétendus travaux.
Cette suppression m’arrange car elle me permet, après avoir posé mon sac à la maison, d’aller plus tôt que prévu à la fête d’au revoir des bouquinistes des Mondes Magiques, rue Beauvoisine.
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A l’aller, c’était un autre type de chef de bord, qui nous faisait bénéficier des ressources de la langue française lors de ses messages : « en somme », « dans ce cas de figure ».
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Première vraie journée d’été, dans ce cas de figure les filles sortent leurs tenues légères et montrent leurs jolies gambettes avec la complicité du soleil qui rend les tissus clairs transparents, un plaisir pour les yeux en somme.
23 juin 2016
Chaleur annoncée pour ce premier mercredi de l’été, je la sens poindre lorsque je mets le pied dans la ruelle, laquelle a été lavée de l’urine des fêtards par une averse nocturne. Elle porte en revanche de nouveaux stigmates sur ses murs et son sol, des graffitis à la peinture rose orangée : textes abscons et grosse bite.
Le train de six heures cinquante-huit me conduit à la gare Saint-Lazare où de l’escalator j’aperçois un attroupement circulaire. A sa périphérie, moult voyageurs ont le bras tendu avec au bout leur téléphone en mode appareil photo. A l’intérieur, des micros et des caméras. Au centre, sûrement une célébrité.
Un peu descendu, je reconnais, avec son faux air de Boris Vian : Emmanuel Macron. Des Céhéresses assez discrets sont prêts à intervenir mais nul ne lui lance de quolibet ou autre chose (j’aurais dû acheter les œufs l’autre dimanche au vide grenier de la rue Saint-Julien). Que fait-il dans cette partie de la gare qui est avant tout un centre commercial ? Est-il venu profiter du premier jour des soldes pour s’acheter un costard (comme il dit) à moins cinquante pour cent.
Je ne cherche pas à le savoir et par le bus Vingt vais jusqu'à la Bastille afin de vaquer à mes occupations habituelles puis les métros Cinq et Quatre m’emmènent dans le Dix-Huitième.
A treize heures, je suis rejoint au Bon Coin par celui qui pourrait se prénommer Emmanuel mais que j’appelle Philippe. Il me remet le fanzine sur les cicatrices réalisé par sa femme Christelle auquel j’ai participé à mon corps plus ou moins défendant. Je sors de mon sac le recueil des chroniques de Lester Bangs que je voulais lui offrir mais évidemment il l’a déjà. J’en suis d’autant plus marri que l’ami Dumez m’offre trois cédés de premier choix : l’œuvre pour piano solo de Maurice Ravel joué par Bertrand Chamayou, Schubert par le pianiste David Fray et Rameau et Royer par le claveciniste Jean Rondeau. Tout en mangeant, lui trop vite, moi trop lentement, nous parlons, entre autres choses, de son année sabbatique qui commence le premier juillet.
Elle lui permettra de donner suite, l’automne venu, à mon invitation déjà lointaine de découvrir Rouen en ma compagnie. Cela me fera déroger à mon refus de faire nuiter quiconque à la maison. J’ai deux mois pour m’y préparer psychologiquement.
Le train de six heures cinquante-huit me conduit à la gare Saint-Lazare où de l’escalator j’aperçois un attroupement circulaire. A sa périphérie, moult voyageurs ont le bras tendu avec au bout leur téléphone en mode appareil photo. A l’intérieur, des micros et des caméras. Au centre, sûrement une célébrité.
Un peu descendu, je reconnais, avec son faux air de Boris Vian : Emmanuel Macron. Des Céhéresses assez discrets sont prêts à intervenir mais nul ne lui lance de quolibet ou autre chose (j’aurais dû acheter les œufs l’autre dimanche au vide grenier de la rue Saint-Julien). Que fait-il dans cette partie de la gare qui est avant tout un centre commercial ? Est-il venu profiter du premier jour des soldes pour s’acheter un costard (comme il dit) à moins cinquante pour cent.
Je ne cherche pas à le savoir et par le bus Vingt vais jusqu'à la Bastille afin de vaquer à mes occupations habituelles puis les métros Cinq et Quatre m’emmènent dans le Dix-Huitième.
A treize heures, je suis rejoint au Bon Coin par celui qui pourrait se prénommer Emmanuel mais que j’appelle Philippe. Il me remet le fanzine sur les cicatrices réalisé par sa femme Christelle auquel j’ai participé à mon corps plus ou moins défendant. Je sors de mon sac le recueil des chroniques de Lester Bangs que je voulais lui offrir mais évidemment il l’a déjà. J’en suis d’autant plus marri que l’ami Dumez m’offre trois cédés de premier choix : l’œuvre pour piano solo de Maurice Ravel joué par Bertrand Chamayou, Schubert par le pianiste David Fray et Rameau et Royer par le claveciniste Jean Rondeau. Tout en mangeant, lui trop vite, moi trop lentement, nous parlons, entre autres choses, de son année sabbatique qui commence le premier juillet.
Elle lui permettra de donner suite, l’automne venu, à mon invitation déjà lointaine de découvrir Rouen en ma compagnie. Cela me fera déroger à mon refus de faire nuiter quiconque à la maison. J’ai deux mois pour m’y préparer psychologiquement.
22 juin 2016
Ce mardi après-midi, fenêtre ouverte malgré la pluie intermittente, je profite de la musique jazzy de musiciens installés à l’abri rue Saint-Nicolas mais le soir venu, je reste à la maison, content d’être hors de portée de la musique électrifiée. Les raisons ne manquent pas pour que je me dispense de sortir à l’occasion de cette Fête de la Musique, le mauvais temps, la perspective de ne pas faire de découverte excitante et surtout sa concordance avec la compétition qui offre la ville aux fanatisés du foute, lesquels renforceront la propension qu’a l’évènement musical à se transformer en Fête de la Bière.
L’autre après-midi, à la terrasse du Son du Cor, un des rares jours où l’auvent n’était pas baissé pour cause de pluie, côtoyant six jeunes hommes entre vingt et trente ans, des musiciens à idées gauchistes qui le soir avaient tous le projet de regarder le match, je me demandais s’il existe encore des mâles de cet âge à n’en rien avoir à cirer du foute.
Quand j’étais moi-même jeune et contestataire, aucun de mes semblables n’aurait passé la soirée devant un match de foute. Nul n’en parlait. Cela n’intéressait personne.
Aujourd’hui, les jeunes rêveurs de révolution sont infectés par le virus. C’est dire que la société qu’ils fantasment ne serait pas à l’abri du foute sur écran plat que l’on regarde en bande bruyante et donc pas davantage pour moi que l’actuelle.
*
Deux hommes au Son du Cor.
L’un :
-Avant, des couteaux, j’en avais deux. Je m’en suis fait piquer un par ma mère, l’autre par les flics.
L’autre :
-Moi, j’ai mes quatre-vingt-douze kilos et mes poings.
*
Deux femmes au Son du Cor.
L’une :
-Moi, j’ai pris des menottes et de l’huile chauffante.
L’autre ne se dévoile pas.
L’autre après-midi, à la terrasse du Son du Cor, un des rares jours où l’auvent n’était pas baissé pour cause de pluie, côtoyant six jeunes hommes entre vingt et trente ans, des musiciens à idées gauchistes qui le soir avaient tous le projet de regarder le match, je me demandais s’il existe encore des mâles de cet âge à n’en rien avoir à cirer du foute.
Quand j’étais moi-même jeune et contestataire, aucun de mes semblables n’aurait passé la soirée devant un match de foute. Nul n’en parlait. Cela n’intéressait personne.
Aujourd’hui, les jeunes rêveurs de révolution sont infectés par le virus. C’est dire que la société qu’ils fantasment ne serait pas à l’abri du foute sur écran plat que l’on regarde en bande bruyante et donc pas davantage pour moi que l’actuelle.
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Deux hommes au Son du Cor.
L’un :
-Avant, des couteaux, j’en avais deux. Je m’en suis fait piquer un par ma mère, l’autre par les flics.
L’autre :
-Moi, j’ai mes quatre-vingt-douze kilos et mes poings.
*
Deux femmes au Son du Cor.
L’une :
-Moi, j’ai pris des menottes et de l’huile chauffante.
L’autre ne se dévoile pas.
21 juin 2016
Le bus Vingt qui passe devant l’Hippodrome des Trois Pipes démarrant tardivement le dimanche, c’est avec le premier Teor Deux de six heures quarante-six que je rejoins Bihorel par la voie détournée qui permet de visiter les Hauts de Rouen où l’on dort paisiblement puis le quartier où vivent les parents de celle qui est sur la route du retour de ses vacances en Espagne.
Je descends à Tamarelle, le terminus. De là, pour rejoindre l’endroit où a lieu le vide grenier, il faut aller sur la droite à travers les immeubles. Ce qui est simple en théorie s’avère compliqué en pratique. Je me perds et personne n’est dans les rues à qui je pourrais demander de l’aide. Je finis par arriver au lycée Flaubert. Grâce au plan figurant sur l’abribus, j’arrive enfin à atteindre mon but, ayant perdu pas mal de temps et marché tant et plus.
C’est néanmoins d’un pas vaillant que je fais plusieurs fois le tour de cet hippodrome au nom évocateur, tel un brave cheval, croisant ou suivant beaucoup de canassons plus ou moins chargés, et quelques autres animaux dont un brochet, tout cela pour rien, pas le moindre fourrage à mon goût.
Je n’ai que cinq minutes à attendre pour qu’à neuf heures quarante un bus Vingt me redescende à Rouen.
*
Mercredi dernier, en mon absence, mon vieux compteur électrique a été remplacé par un automatique Linky sans que je sois avisé de l’intervention (une circulaire reçue il y a plusieurs mois m’avait simplement averti de cette décision). Aurais-je eu envie de m’y opposer (certains jugent que cet appareil est malsain) que cela n’aurait servi à rien car derrière mon mur sont disposés, en plus du mien, cinq compteurs de voisins.
Ce lundi après-midi, une femme m’appelle de la part de la maison Linky. Il s’agit de convenir d’un rendez-vous pour la pose de mon nouveau compteur.
*
Catherine Morin-Desailly, Sénatrice, Conseillère Régionale, Centriste de Droite, Présidente de l’Opéra de Rouen, interrogée par Maryse Bunel sur le site culturel Relikto quant à ses ambitions hardies pour cette maison.
« -Faudra-t-il une nouvelle direction pour ce projet ?
-Nous sommes en phase de réflexion. »
Que cette chose-là est politiquement dite.
Je descends à Tamarelle, le terminus. De là, pour rejoindre l’endroit où a lieu le vide grenier, il faut aller sur la droite à travers les immeubles. Ce qui est simple en théorie s’avère compliqué en pratique. Je me perds et personne n’est dans les rues à qui je pourrais demander de l’aide. Je finis par arriver au lycée Flaubert. Grâce au plan figurant sur l’abribus, j’arrive enfin à atteindre mon but, ayant perdu pas mal de temps et marché tant et plus.
C’est néanmoins d’un pas vaillant que je fais plusieurs fois le tour de cet hippodrome au nom évocateur, tel un brave cheval, croisant ou suivant beaucoup de canassons plus ou moins chargés, et quelques autres animaux dont un brochet, tout cela pour rien, pas le moindre fourrage à mon goût.
Je n’ai que cinq minutes à attendre pour qu’à neuf heures quarante un bus Vingt me redescende à Rouen.
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Mercredi dernier, en mon absence, mon vieux compteur électrique a été remplacé par un automatique Linky sans que je sois avisé de l’intervention (une circulaire reçue il y a plusieurs mois m’avait simplement averti de cette décision). Aurais-je eu envie de m’y opposer (certains jugent que cet appareil est malsain) que cela n’aurait servi à rien car derrière mon mur sont disposés, en plus du mien, cinq compteurs de voisins.
Ce lundi après-midi, une femme m’appelle de la part de la maison Linky. Il s’agit de convenir d’un rendez-vous pour la pose de mon nouveau compteur.
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Catherine Morin-Desailly, Sénatrice, Conseillère Régionale, Centriste de Droite, Présidente de l’Opéra de Rouen, interrogée par Maryse Bunel sur le site culturel Relikto quant à ses ambitions hardies pour cette maison.
« -Faudra-t-il une nouvelle direction pour ce projet ?
-Nous sommes en phase de réflexion. »
Que cette chose-là est politiquement dite.
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