Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
13 janvier 2025
Un mail, envoyé mercredi par le Secours Populaire, m’apprend que celui-ci organise une vente de livres vendredi samedi et dimanche au Centre Commercial des Docks.
J’ai la flemme de marcher jusque-là vendredi à cause du froid, lequel froid est encore présent ce samedi matin, mais comme c’est le jour des transports en commun gratuits, je monte vers neuf heures et quart dans un bus Teor chauffé.
La vente commence officiellement à dix heures mais les livres sont déjà accessibles quand j’arrive sur place. Le premier à me faire signe se trouve au premier rang d’un des cartons contenant les bandes dessinées à deux euros, dans lesquels ordinairement je ne fouille jamais. C’est l’Opus 5 de Mordillo publié chez Glénat. Je le mets dans mon sac.
Nous sommes peu autour des tables. Se trouve là un que je n’aime pas croiser, L’à bonnet au téléphone, un revendeur un peu honteux qui croit qu’on ne le voit pas quand il demande à son instrument si ça vaut le coup ou pas d’acheter ce livre pour en faire commerce. Il a l’air grippé, toussant, mouchant, une raison supplémentaire pour s’en tenir à distance.
Une fois de plus, je constate que le deuxième jour d’une vente du Secours Pop, il y a encore de quoi me plaire. Ainsi parmi les livres de poche à un euro je trouve Mémoires de Louise Michel (Folio) et parmi les grands formats à deux euros : Rabelais de Mireille Huchon (Gallimard), Le livre de l’intranquillité, édition intégrale de Fernando Pessoa (Christian Bourgois), Balzac, Paris d’Eric Hazan (La Fabrique) et Parfois l’homme de Sébastien Bailly (Le Tripode).
Mon obole versée aux deux membres du Secours Populaire qui tiennent la caisse, je rentre à l’aide d’un Teor.
*
Il faut croire que je n’en ai pas assez car en début d’après-midi, je récidive et trouve encore, à deux euros, Le procès de Gilles de Rais de Georges Bataille dans l’édition qu’en fit Jean-Jacques Pauvert et, pour seulement quatre euros, Sem, l’énorme monographie consacrée à ce dessinateur et caricaturiste par Madeleine Bonnelle et Marie-José Meneret chez Fanlac.
J’ai la flemme de marcher jusque-là vendredi à cause du froid, lequel froid est encore présent ce samedi matin, mais comme c’est le jour des transports en commun gratuits, je monte vers neuf heures et quart dans un bus Teor chauffé.
La vente commence officiellement à dix heures mais les livres sont déjà accessibles quand j’arrive sur place. Le premier à me faire signe se trouve au premier rang d’un des cartons contenant les bandes dessinées à deux euros, dans lesquels ordinairement je ne fouille jamais. C’est l’Opus 5 de Mordillo publié chez Glénat. Je le mets dans mon sac.
Nous sommes peu autour des tables. Se trouve là un que je n’aime pas croiser, L’à bonnet au téléphone, un revendeur un peu honteux qui croit qu’on ne le voit pas quand il demande à son instrument si ça vaut le coup ou pas d’acheter ce livre pour en faire commerce. Il a l’air grippé, toussant, mouchant, une raison supplémentaire pour s’en tenir à distance.
Une fois de plus, je constate que le deuxième jour d’une vente du Secours Pop, il y a encore de quoi me plaire. Ainsi parmi les livres de poche à un euro je trouve Mémoires de Louise Michel (Folio) et parmi les grands formats à deux euros : Rabelais de Mireille Huchon (Gallimard), Le livre de l’intranquillité, édition intégrale de Fernando Pessoa (Christian Bourgois), Balzac, Paris d’Eric Hazan (La Fabrique) et Parfois l’homme de Sébastien Bailly (Le Tripode).
Mon obole versée aux deux membres du Secours Populaire qui tiennent la caisse, je rentre à l’aide d’un Teor.
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Il faut croire que je n’en ai pas assez car en début d’après-midi, je récidive et trouve encore, à deux euros, Le procès de Gilles de Rais de Georges Bataille dans l’édition qu’en fit Jean-Jacques Pauvert et, pour seulement quatre euros, Sem, l’énorme monographie consacrée à ce dessinateur et caricaturiste par Madeleine Bonnelle et Marie-José Meneret chez Fanlac.
9 janvier 2025
De la neige annoncée par la météo en Seine-Maritime à partir de quinze heures. Pas de quoi me faire renoncer à mon mercredi à Paris. J’y arrive à huit heures trente-neuf comme prévu. Avant la descente le chef de bord annonce la neige en Normandie dès treize heures et des perturbations à craindre, veuillez rester informés via les applications.
Ce qui me surprend, c’est la pluie abondante en sortant de sous la terre à Ledru-Rollin. Point de passage au Marché d’Aligre, ni chez Re-Read, mais un très long café lecture au Camélia. J’ai avec moi Représailles de Raymond Guérin, son journal de la Libération : Le culte du passé, la foi en l’avenir, les manifestations de toutes les orthodoxies religieuses, sociales ou politiques, tous les grands mots d’ordre, les éternelles promesses de renouveau, les assurances que chaque époque veut donner que les choses vont enfin changer, voilà tout ce contre quoi mon esprit critique tient à rester en éveil. Appelons ça, si l’on veut, une sorte d’anarchisme passif.
« Ah non, je veux pas voir sa gueule », proteste un homme au comptoir quand un autre lui montre un journal avec la photo de celui qui est mort hier. « Quatre-vingt-seize ans, Quatre-vingt-seize ans de trop », ajoute-t-il. « La mauvaise herbe, ça crève pas comme ça », commente une femme. Retailleau, Droitiste, Ministre de l’Intérieur, a eu sa sensibilité heurtée par celles et ceux qui ont fêté l’évènement place de la République hier soir. Personnellement, la mort tardive de Jean Le Pen (dit Jean-Marie) ne me fait ni chaud ni froid car hélas il s’est reproduit biologiquement et idéologiquement.
Il pleut toujours aussi fort quand je rejoins Book-Off à onze heures, mais je ne regrette pas d’être ici car dans les rayonnages à un euro, c’est l’abondance de livres à mon goût. Bientôt sont dans mon panier Lettres à Jean Voilier de Paul Valéry (Gallimard), Le Journal d’une Jeune Femme de Qualité de Cleone Knox (Zulma), « Ma très chère Clemmie chérie » correspondance de Winston et Clementine Churchill (Le Livre de Poche), Parlons travail de Philip Roth (Gallimard), Jardiner dans le noir de Denis Hirson (Le temps qu’il fait) et Une soirée chez Madame Geoffrin de Madame d’Abrantès (Le Promeneur).
Il est midi. Je me fais saucer sur les cinquante mètres entre la boutique et Le Rallye où je déjeune d’un filet de hareng et d’un confit de canard. C’est ce que je devais manger au même endroit, il y a dix ans et un jour, avant d’apprendre, place de la Bastille, l’attentat contre Charlie Hebdo et de rejoindre le carrefour Chemin-Vert Richard-Lenoir où je découvrais ceci : Camions de télé à antenne géante, quantité d’ambulances, police scientifique, déminage, bataillon de Céhéresses arrivant à pied, les coups de sifflet ne cessent jamais, les caméras filment les ambulances, des badauds photographient les caméras, quelques crétin(e)s font des selfies. Soudain, venu dont ne sait où, apparaît un chariot sur lequel est couché un blessé dont le visage est caché.
Mon repas terminé, je redescends sous terre à Ledru-Rollin. Avant d’arriver à Hôtel-de-Ville, je sors mon parapluie pour affronter le déluge de la sortie Rue du Renard jusqu’au Book-Off de Saint-Martin. Dans son sous-sol, je ne prélève que deux livres à un euro : Partir à Pernambouc de Maurice Pianzola chez Mamco à Genève et La Réunion de Roger Vailland chez Kailash autrefois à Pondichéry aujourd’hui à Sète.
Comme il pleut toujours autant lorsque je sors, je renonce au troisième Book-Off. Je marche entre les flaques jusqu’à la sortie Sainte-Opportune de la station Châtelet. L’Opportun m’accueille pour un café assis verre d’eau lecture d’une heure.
La ligne Quatorze est là qui me ramène à Saint-Lazare. La circulation des trains est normale. En attendant le mien, je regarde une Gilet Rouge Nomad expliquer à un étranger qui ne comprend ni le français ni l’anglais que son train ne part pas de la Gare St-Lazare mais de la Gare de Lyon et que la Gare de Lyon, non ce n’est pas à Lyon.
Point de neige à l’arrivée à Rouen, mais autant de pluie qu’à Paris. Un bus Effe Sept me permet de rester abrité jusqu’à la rue Saint-Nicolas.
*
Au Rallye, un homme rassurant une commerçante qui se désole du temps pourri : « Ils achètent n’importe quoi, n’importe quand, par n’importe quel temps. »
Ce qui me surprend, c’est la pluie abondante en sortant de sous la terre à Ledru-Rollin. Point de passage au Marché d’Aligre, ni chez Re-Read, mais un très long café lecture au Camélia. J’ai avec moi Représailles de Raymond Guérin, son journal de la Libération : Le culte du passé, la foi en l’avenir, les manifestations de toutes les orthodoxies religieuses, sociales ou politiques, tous les grands mots d’ordre, les éternelles promesses de renouveau, les assurances que chaque époque veut donner que les choses vont enfin changer, voilà tout ce contre quoi mon esprit critique tient à rester en éveil. Appelons ça, si l’on veut, une sorte d’anarchisme passif.
« Ah non, je veux pas voir sa gueule », proteste un homme au comptoir quand un autre lui montre un journal avec la photo de celui qui est mort hier. « Quatre-vingt-seize ans, Quatre-vingt-seize ans de trop », ajoute-t-il. « La mauvaise herbe, ça crève pas comme ça », commente une femme. Retailleau, Droitiste, Ministre de l’Intérieur, a eu sa sensibilité heurtée par celles et ceux qui ont fêté l’évènement place de la République hier soir. Personnellement, la mort tardive de Jean Le Pen (dit Jean-Marie) ne me fait ni chaud ni froid car hélas il s’est reproduit biologiquement et idéologiquement.
Il pleut toujours aussi fort quand je rejoins Book-Off à onze heures, mais je ne regrette pas d’être ici car dans les rayonnages à un euro, c’est l’abondance de livres à mon goût. Bientôt sont dans mon panier Lettres à Jean Voilier de Paul Valéry (Gallimard), Le Journal d’une Jeune Femme de Qualité de Cleone Knox (Zulma), « Ma très chère Clemmie chérie » correspondance de Winston et Clementine Churchill (Le Livre de Poche), Parlons travail de Philip Roth (Gallimard), Jardiner dans le noir de Denis Hirson (Le temps qu’il fait) et Une soirée chez Madame Geoffrin de Madame d’Abrantès (Le Promeneur).
Il est midi. Je me fais saucer sur les cinquante mètres entre la boutique et Le Rallye où je déjeune d’un filet de hareng et d’un confit de canard. C’est ce que je devais manger au même endroit, il y a dix ans et un jour, avant d’apprendre, place de la Bastille, l’attentat contre Charlie Hebdo et de rejoindre le carrefour Chemin-Vert Richard-Lenoir où je découvrais ceci : Camions de télé à antenne géante, quantité d’ambulances, police scientifique, déminage, bataillon de Céhéresses arrivant à pied, les coups de sifflet ne cessent jamais, les caméras filment les ambulances, des badauds photographient les caméras, quelques crétin(e)s font des selfies. Soudain, venu dont ne sait où, apparaît un chariot sur lequel est couché un blessé dont le visage est caché.
Mon repas terminé, je redescends sous terre à Ledru-Rollin. Avant d’arriver à Hôtel-de-Ville, je sors mon parapluie pour affronter le déluge de la sortie Rue du Renard jusqu’au Book-Off de Saint-Martin. Dans son sous-sol, je ne prélève que deux livres à un euro : Partir à Pernambouc de Maurice Pianzola chez Mamco à Genève et La Réunion de Roger Vailland chez Kailash autrefois à Pondichéry aujourd’hui à Sète.
Comme il pleut toujours autant lorsque je sors, je renonce au troisième Book-Off. Je marche entre les flaques jusqu’à la sortie Sainte-Opportune de la station Châtelet. L’Opportun m’accueille pour un café assis verre d’eau lecture d’une heure.
La ligne Quatorze est là qui me ramène à Saint-Lazare. La circulation des trains est normale. En attendant le mien, je regarde une Gilet Rouge Nomad expliquer à un étranger qui ne comprend ni le français ni l’anglais que son train ne part pas de la Gare St-Lazare mais de la Gare de Lyon et que la Gare de Lyon, non ce n’est pas à Lyon.
Point de neige à l’arrivée à Rouen, mais autant de pluie qu’à Paris. Un bus Effe Sept me permet de rester abrité jusqu’à la rue Saint-Nicolas.
*
Au Rallye, un homme rassurant une commerçante qui se désole du temps pourri : « Ils achètent n’importe quoi, n’importe quand, par n’importe quel temps. »
7 janvier 2025
Enfin, ce lundi matin, après deux mois de pénitence, je récupère chez Ecouter Voir mes lunettes pour lire. Je vais pouvoir relire la lettre de celle qui m’a écrit juste avant l’opération de la cataracte et lui répondre. Je vais pouvoir lire les fanzines que m’a offerts celui avec qui j’ai déjeuné entre Noël et Jour de l’An. Je vais pouvoir lire au café, dans mon lit et dans le train sans tenir l’ouvrage à bout de bras.
Il va falloir que je m’habitue à ôter ces bésicles quand je voudrai bien voir au loin et à les remettre pour bien voir de près. Le risque sera de les perdre, de les oublier, ou de me les faire voler quand elles seront dans mon sac. Pendant soixante ans, j’aurai vécu avec des lunettes toujours sur le nez, c’est fini.
Tout n’est cependant pas réglé pour mes yeux. L’insidieux glaucome est toujours là et j’ai à nouveau les paupières qui me démangent, surtout la nuit. Peut-être suis-je devenu allergique à Cosidime dont je dois mettre une goutte soir et matin. Je ne peux m’en passer pour retarder la cécité.
Afin de parler de ce problème, et d’autres, à mon médecin traitant, je rejoins son cabinet, ce mardi matin en fin de nuit avec les transports en commun. Mon rendez-vous est à huit heures et demie. Je suis le premier appelé par le docteur à qui je souhaite une bonne année. Ma tension est bonne. Mon cœur bat bien. Reste le reste. Des ordonnances à renouveler. Une nouvelle prise de sang dans trois mois pour la glycémie et d’ici là faire un effort, côté nourriture (moins de sucre, moins de pain, moins de féculents) et côté activité physique (plus de marche). Pour les paupières qui démangent, il me prescrit un médicament pou trois mois et me dis qu’il faudrait interroger mon ophtalmo afin de savoir s’il y a un moyen de remplacer Cosidime par un équivalent. Je vais attendre un peu avant de suivre ce conseil.
*
En fin d’après-midi, un café en ville avec l’étudiant serviable qui m’aide quand j’ai un problème d’ordinateur ou de téléphone. Le sujet de conversation à lui épargner : mon état de (mauvaise) santé. Il étudie la médecine.
Il va falloir que je m’habitue à ôter ces bésicles quand je voudrai bien voir au loin et à les remettre pour bien voir de près. Le risque sera de les perdre, de les oublier, ou de me les faire voler quand elles seront dans mon sac. Pendant soixante ans, j’aurai vécu avec des lunettes toujours sur le nez, c’est fini.
Tout n’est cependant pas réglé pour mes yeux. L’insidieux glaucome est toujours là et j’ai à nouveau les paupières qui me démangent, surtout la nuit. Peut-être suis-je devenu allergique à Cosidime dont je dois mettre une goutte soir et matin. Je ne peux m’en passer pour retarder la cécité.
Afin de parler de ce problème, et d’autres, à mon médecin traitant, je rejoins son cabinet, ce mardi matin en fin de nuit avec les transports en commun. Mon rendez-vous est à huit heures et demie. Je suis le premier appelé par le docteur à qui je souhaite une bonne année. Ma tension est bonne. Mon cœur bat bien. Reste le reste. Des ordonnances à renouveler. Une nouvelle prise de sang dans trois mois pour la glycémie et d’ici là faire un effort, côté nourriture (moins de sucre, moins de pain, moins de féculents) et côté activité physique (plus de marche). Pour les paupières qui démangent, il me prescrit un médicament pou trois mois et me dis qu’il faudrait interroger mon ophtalmo afin de savoir s’il y a un moyen de remplacer Cosidime par un équivalent. Je vais attendre un peu avant de suivre ce conseil.
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En fin d’après-midi, un café en ville avec l’étudiant serviable qui m’aide quand j’ai un problème d’ordinateur ou de téléphone. Le sujet de conversation à lui épargner : mon état de (mauvaise) santé. Il étudie la médecine.
4 janvier 2025
De la pluie forte toute la nuit et encore un peu quand je sors de chez moi pour rejoindre la Gare de Rouen. Place des Carmes, dans l’obscurité du petit matin, des oiseaux se font entendre, illustrant la chanson de Dominique A.
Ce jeudi, le sept heures vingt-deux pour Paris est encore un train des familles. J’ai place dans un carré déjà occupé par un couple à enfançon vagissant. Je m’en éloigne grâce à une place restée libre, de plus sans voisinage. Je lis Département des Nains de Martin Melkonian paru en mil neuf cent quatre-vingt-huit à la Librairie Séguier, de la poésie en prose. On y trouve des choses comme ceci, qu’on ne publierait plus aujourd’hui : Deux très jeunes danseuses : chignon, pas de maquillage, anatomie suraiguë, démarche chaotique. En tennis. L’envie de s’ébattre (la détente) tout le temps. Gracieuses ? Corps écartés, techniquement prêts à l’écartement. Souples aussi. Gamines ? Asphalte chaud.
A la sortie du métro Ledru-Rollin, je constate qu’il pleut autant à Paris qu’à Rouen au milieu de la nuit et qu’on s’y croirait presque tant il fait sombre. Je me réfugie au Camélia. Le café bu à une table, je commence à lire De la Conversation de l’abbé André Morellet paru chez Rivages Poche. « Après quinze heures, y a pas pleut », annonce la patronne qui a consulté son smartphone.
A midi, un triple « Bonne année » (patron, patronne et employée) m’accueille à l’entrée du Rallye où il fait un froid humide. On y est de bonne humeur, retour de quinze jours de vacances. Je déjeune d’un filet de hareng et d’une andouillette.
C’est une journée à ne se déplacer que sous la terre pour aller d’un Book-Off à l’autre pêcher des livres à un euro.
Dans le premier : Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion) et chez Equateurs six petits livres rouges signés Albert Thibaudet Taine, André Chénier, Fontenelle, Alfred de Vigny, Ronsard, Théophile Gautier.
Dans le deuxième, où Fip diffuse une chanson de fainéant, Poil dans la main de Jacques Higelin : Tout un cheval, fictions et images de Breyten Breytenbach (Grasset), Jacques a dit, récit autobiographique de Susie Morgenstern (Bayard) et Le Brigand de Cavanac de Dominique Blanc et Daniel Fabre « le fait divers, le roman, l’histoire » (Verdier).
Dans le troisième, où je déplore trop de monde : La mort de Radiguet de Yukio Mishima édition bilingue français japonais (Gallimard / Gibert Joseph) et Un promeneur solitaire dans la foule d’Antonio Muñoz Molina (Points).
Peu de monde dans le seize heures quarante du retour où je termine le texte de l’abbé Morrelet. Il est suivi de Suggestions pour un essai sur la conversation de Jonathan Swift et doté d’une préface de Chantal Thomas. Celle-ci cite ceci de l’auteur irlandais : Aujourd’hui, toutes mes visites du matin se sont faites dans le sens de la montée. J’ai d’abord vu le duc d’Osmonde au pied de l’escalier, et je l’ai félicité d’avoir été nommé général en chef en Flandres, puis j’ai grimpé deux étages et j’ai fait salon avec la duchesse, puis j’ai monté encore deux étages et j’ai fait une visite à Lady Betty. Après ça, je n’avais plus qu’à monter à la mansarde. J’ai prié la femme de chambre de venir y passer une demi-heure avec moi. Mais elle était jeune et jolie, et elle n’a pas voulu. Ce qui montre une fois de plus qu’il est inutile et surtout néfaste de commencer une phrase par « Mais ».
*
Le patron du Rallye : « Maintenant il faut travailler. Ça coûte cher au bled. » (le bled : la République Populaire de Chine).
Etaient là-bas, les parents, les enfants et le grand-père. Impossible de monter dans un taxi à cinq, il fallait en prendre deux à chaque fois.
*
Dans le livre de Breyten Breytenbach, un envoi de l’auteur en date du dix-neuf janvier mil neuf cent quatre-vingt-dix : « Pour Régis, de la part d’un démocrate porteur de foulard rouge. Salutations. »
*
Il allait sur le zinc, un livre à la main, se ménageant une place entre deux « imbibés », jamais dérangé, lapant à petites gorgées un crème, lisant. Maintenant il va dans la salle et, assis, de temps en temps il observe, de temps en temps il écrit. (Martin Melkonian Département des Nains)
Ce jeudi, le sept heures vingt-deux pour Paris est encore un train des familles. J’ai place dans un carré déjà occupé par un couple à enfançon vagissant. Je m’en éloigne grâce à une place restée libre, de plus sans voisinage. Je lis Département des Nains de Martin Melkonian paru en mil neuf cent quatre-vingt-huit à la Librairie Séguier, de la poésie en prose. On y trouve des choses comme ceci, qu’on ne publierait plus aujourd’hui : Deux très jeunes danseuses : chignon, pas de maquillage, anatomie suraiguë, démarche chaotique. En tennis. L’envie de s’ébattre (la détente) tout le temps. Gracieuses ? Corps écartés, techniquement prêts à l’écartement. Souples aussi. Gamines ? Asphalte chaud.
A la sortie du métro Ledru-Rollin, je constate qu’il pleut autant à Paris qu’à Rouen au milieu de la nuit et qu’on s’y croirait presque tant il fait sombre. Je me réfugie au Camélia. Le café bu à une table, je commence à lire De la Conversation de l’abbé André Morellet paru chez Rivages Poche. « Après quinze heures, y a pas pleut », annonce la patronne qui a consulté son smartphone.
A midi, un triple « Bonne année » (patron, patronne et employée) m’accueille à l’entrée du Rallye où il fait un froid humide. On y est de bonne humeur, retour de quinze jours de vacances. Je déjeune d’un filet de hareng et d’une andouillette.
C’est une journée à ne se déplacer que sous la terre pour aller d’un Book-Off à l’autre pêcher des livres à un euro.
Dans le premier : Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais (Flammarion) et chez Equateurs six petits livres rouges signés Albert Thibaudet Taine, André Chénier, Fontenelle, Alfred de Vigny, Ronsard, Théophile Gautier.
Dans le deuxième, où Fip diffuse une chanson de fainéant, Poil dans la main de Jacques Higelin : Tout un cheval, fictions et images de Breyten Breytenbach (Grasset), Jacques a dit, récit autobiographique de Susie Morgenstern (Bayard) et Le Brigand de Cavanac de Dominique Blanc et Daniel Fabre « le fait divers, le roman, l’histoire » (Verdier).
Dans le troisième, où je déplore trop de monde : La mort de Radiguet de Yukio Mishima édition bilingue français japonais (Gallimard / Gibert Joseph) et Un promeneur solitaire dans la foule d’Antonio Muñoz Molina (Points).
Peu de monde dans le seize heures quarante du retour où je termine le texte de l’abbé Morrelet. Il est suivi de Suggestions pour un essai sur la conversation de Jonathan Swift et doté d’une préface de Chantal Thomas. Celle-ci cite ceci de l’auteur irlandais : Aujourd’hui, toutes mes visites du matin se sont faites dans le sens de la montée. J’ai d’abord vu le duc d’Osmonde au pied de l’escalier, et je l’ai félicité d’avoir été nommé général en chef en Flandres, puis j’ai grimpé deux étages et j’ai fait salon avec la duchesse, puis j’ai monté encore deux étages et j’ai fait une visite à Lady Betty. Après ça, je n’avais plus qu’à monter à la mansarde. J’ai prié la femme de chambre de venir y passer une demi-heure avec moi. Mais elle était jeune et jolie, et elle n’a pas voulu. Ce qui montre une fois de plus qu’il est inutile et surtout néfaste de commencer une phrase par « Mais ».
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Le patron du Rallye : « Maintenant il faut travailler. Ça coûte cher au bled. » (le bled : la République Populaire de Chine).
Etaient là-bas, les parents, les enfants et le grand-père. Impossible de monter dans un taxi à cinq, il fallait en prendre deux à chaque fois.
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Dans le livre de Breyten Breytenbach, un envoi de l’auteur en date du dix-neuf janvier mil neuf cent quatre-vingt-dix : « Pour Régis, de la part d’un démocrate porteur de foulard rouge. Salutations. »
*
Il allait sur le zinc, un livre à la main, se ménageant une place entre deux « imbibés », jamais dérangé, lapant à petites gorgées un crème, lisant. Maintenant il va dans la salle et, assis, de temps en temps il observe, de temps en temps il écrit. (Martin Melkonian Département des Nains)
1er janvier 2025
C’est la fin pour deux mille vingt-quatre. Nul bruit dans la copropriété et son alentour. Celles et ceux qui font la fête la font ailleurs. A minuit, la Cathédrale se secoue les cloches. S’ensuivent de lointaines explosions d’artifices. Ça ne dure pas longtemps ou alors je me rendors avant que ça cesse. Le reste de ma nuit est encore plus tranquille qu’à l’accoutumée.
Le petit matin est tout aussi silencieux. Ce n’est pas une année à groupes d’alcoolisés dans la ruelle. Pourtant certains ont dû célébrer le Nouvel An toute la nuit. Oubliant que chaque nouvelle année les rapproche de la mort.
Deux mille vingt-cinq sera pire que deux mille vingt-quatre, j’en suis sûr. Et cette fois pour distraire les Français(e)s pas de parenthèse enchantée (comme ils ont dit à propos des Jeux Olympiques et de la réouverture de Notre-Dame).
*
Après Barnier, Bayrou. Un homme de soixante-treize ans en a remplacé un autre. Au moins le premier était-il encore capable de balancer quelques piques. La façon dont il a mouché le jeune Attal fut réjouissante. Le second est amorti. Il a besoin de ses deux mains accrochées au micro pour répondre aux questions des Député(e)s
Ce Bayrou, j’ai voté pour lui au premier tour de la Présidentielle de deux mille sept, ne voulant ni de Sarkozy ni de Royal. Je me disais « Avec lui, on va continuer à décliner tranquillement. » Je l’ai connu Ministre de l’Education Nationale, il ne faisait rien. Récemment, il ne faisait rien au Haut Commissaire au Plan. Il va sans doute se faire censurer.
Un jour ou l’autre, il y aura une Présidentielle. Mélenchon est sûr qu’au second tour, ce sera lui contre le Pen (si ce n’est pas elle, son barde est là). Dans cette éventualité, elle l’emportera par soixante pour cent contre quarante. Il est sa meilleure chance.
*
Au moins, deux mille vingt-cinq est solide d’un point de vue mathématique. C’est la première année carrée de ce siècle (quarante-cinq au carré). La précédente était mil neuf cent trente-six (quarante-quatre au carré).
Plus fort, deux mille vingt-cinq est aussi le carré de la somme des chiffres de un à neuf.et la somme des cubes de un à neuf.
Le petit matin est tout aussi silencieux. Ce n’est pas une année à groupes d’alcoolisés dans la ruelle. Pourtant certains ont dû célébrer le Nouvel An toute la nuit. Oubliant que chaque nouvelle année les rapproche de la mort.
Deux mille vingt-cinq sera pire que deux mille vingt-quatre, j’en suis sûr. Et cette fois pour distraire les Français(e)s pas de parenthèse enchantée (comme ils ont dit à propos des Jeux Olympiques et de la réouverture de Notre-Dame).
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Après Barnier, Bayrou. Un homme de soixante-treize ans en a remplacé un autre. Au moins le premier était-il encore capable de balancer quelques piques. La façon dont il a mouché le jeune Attal fut réjouissante. Le second est amorti. Il a besoin de ses deux mains accrochées au micro pour répondre aux questions des Député(e)s
Ce Bayrou, j’ai voté pour lui au premier tour de la Présidentielle de deux mille sept, ne voulant ni de Sarkozy ni de Royal. Je me disais « Avec lui, on va continuer à décliner tranquillement. » Je l’ai connu Ministre de l’Education Nationale, il ne faisait rien. Récemment, il ne faisait rien au Haut Commissaire au Plan. Il va sans doute se faire censurer.
Un jour ou l’autre, il y aura une Présidentielle. Mélenchon est sûr qu’au second tour, ce sera lui contre le Pen (si ce n’est pas elle, son barde est là). Dans cette éventualité, elle l’emportera par soixante pour cent contre quarante. Il est sa meilleure chance.
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Au moins, deux mille vingt-cinq est solide d’un point de vue mathématique. C’est la première année carrée de ce siècle (quarante-cinq au carré). La précédente était mil neuf cent trente-six (quarante-quatre au carré).
Plus fort, deux mille vingt-cinq est aussi le carré de la somme des chiffres de un à neuf.et la somme des cubes de un à neuf.
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