Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
14 avril 2023
Il me faut quasiment enjamber une élève du Collège Privé Saint-Joseph quand je sors de mon Air Bibi ce jeudi matin. Assise en tailleur sur le trottoir, elle fait ses devoirs. Il est temps. Demain commencent ici les vacances. Mon pain au chocolat acheté au coin de la rue, je rejoins le Columbus Café où je commande un allongé qui m’est apporté avec La Voix du Nord par ma préférée. J’y lis qu’hier soir Chez Jules a été évacué pendant le service en raison d’une suspicion de fuite de gaz. Tous les clients ont dû partir. Le personnel est resté sur la place Dalton, dans la tempête Noa, jusqu’à ce que les pompiers annoncent qu’il ne s’agissait pas d’une odeur de gaz mais d’une odeur d’égout due au temps perturbé. Le ciel est bien bleu quand je reviens au studio. Dans l’entrée, je croise le voisin du dessus qui me demande si ça me plaît Boulogne. « Oui et non ».
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
*
Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.
Il souffle un vent froid qui me dissuade de prendre un bus de bord de mer. Je monte à la Ville Haute et bois un café verre d’eau (un euro cinquante) au Café de la Mairie. L’endroit n’est fréquenté que par des personnes de passage. J’essaie de lire Stendhal malgré la radio locale déplorable qu’on y entend, une nommée Delta.
Quand approchent dix heures, je descends jusqu’à la place Dalton où sont massés les manifestants contre la retraite à soixante-quatre ans, un petit millier peut-être. Ils démarrent au moment où j’entre Chez Jules pour un café congolais verre d’eau et une lecture sans télé ni radio. A la table voisine se trouve un couple de sexagénaires qui est là tous les jours. Elle et lui n’ont pour conversation que la lecture commune de La Voix du Nord. Un maire du coin va commencer sa transition et devenir une maire. « A son âge ? En quoi ça nous concerne ? Il fait ce qu’il veut. Pas de quoi en faire une page dans le journal », commente l’homme. La femme ne dit rien mais n’en pense pas moins. « Ça gaze ? » demande un serveur qui arrive. Sa collègue se plaint d’avoir pris froid lors de l’attente dehors dans la tempête. Une famille anglaise entre pour régler le repas à moitié pris la veille. « C’est offert », lui répond-on. L’assurance doit jouer. Quand même, il n’y a que les étrangers qui viennent voir ce qu’ils doivent, aucun Français.
Peu avant midi, la manif revient à son point de départ, une manif à l’ancienne, sans pétards, sans fumigènes, sans sirènes, surveillée par quelques flics débonnaires. Un discours et c’est la dispersion, pour certains l’apéro aux terrasses sur la place dans le vent froid. Je rejoins Le Bistrot des Vingt où j’ai réservé et j’ai bien fait car c’est complet. Dans la formule à seize euros cinquante, je choisis la pièce du boucher frites salade, la mousse au chocolat et le verre de vin rouge du patron. Tout cela est fort bon.
Dès la fin de ce repas, je rejoins le Café Français, la seule terrasse à l’abri du vent et au soleil, l’endroit idéal pour lire, d’autant que j’y suis le plus souvent seul. « Bonne lecture », me dit une femme qui passe. Malheureusement, elle me demande ensuite si je n’ai pas cinquante centimes ou un euro.
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Mort de Monseigneur Gaillot, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, d’un foudroyant cancer du pancréas. J’étais à Evreux le dimanche vingt-deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quinze pour sa dernière messe quand il fut viré par le Pape après ses déclarations sur les homosexuels, les immigrés, le nucléaire, etc. J’ai écrit un texte sur l’évènement. Il fut publié en revue. Je n’arrive pas à le retrouver.
13 avril 2023
Aller ou ne pas aller au Portel ce mercredi alors qu’est annoncée la tempête Noa ? Il a plu toute la nuit et le ciel est gris quand je rejoins le Columbus Café où officie encore ce matin ma serveuse préférée. « Un allongé comme hier ? » me demande-t-elle. Non non, je choisis la Formule Express à deux euros cinquante qui comprend l’allongé et un pain au chocolat.
Réflexion faite, je décide d’y aller, les plus forts coups de vent n’étant annoncés qu’à partir de l’après-midi. Un bus C m’emmène là-bas. Quand j’y arrive, le ciel est presque dégagé.
Descendu en bord de mer, je la longe dans la direction que je n’ai pas explorée. On y trouve un bar restaurant, non encore ouvert évidemment. Au bout de la route commence un sentier côtier dont les creux sont emplis d’eau de pluie. Ce sera pour une autre fois. Je fais le chemin dans l’autre sens jusqu’à la falaise. Là aussi est un sentier que je ne prends pas.
Je m’assois sur un banc en pierre peint en blanc et observe les éoliennes qui tournent bien et un bateau qui passe au loin. J’y reste jusqu’à ce que je ne puisse plus tenir en raison du froid. Direction la place de l’église et comme j‘ai réservé une table pour midi à la Brasserie Michel, c’est en face Au Coq Gaulois, où j’ai si mal mangé samedi dernier, que j’entre pour me réchauffer d’un café à un euro cinquante et essayer de lire malgré le bruit d’une radio musicale. Les habitué(e)s discutent avec le patron et une ancêtre qui doit être la mère dudit car elle s’occupe encore de la caisse. A cause de leur accent, j’ai du mal à comprendre ce qui se dit. Quand même je saisis un symptomatique « On s’en fout de l’Ukraine. Nous, on est en France ».
« Tiens v’là la drache », annonce celui qui boit une bière seul au comptoir. En effet c’en est une belle, agrémentée de coups de tonnerre. Cela se calme, puis reprend, et à midi, alors que je viens de m’asseoir dans la salle de restaurant vieillotte de la Brasserie Michel, j’entends encore de lourdes gouttes claquer sur le toit.
Il y a ici un menu du jour sans choix à quatorze euros : taboulé, rosbif frites haricots verts et salade de fruits. C’est une nourriture dont je suis le seul à profiter. Personne n’entre ici à ma suite. Dans la salle du bar, une tablée fête un anniversaire. Cela met un peu d’animation à mon repas.
Quand je sors, une nouvelle drache s’abat, avec grêlée,. Heureusement, il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à parcourir pour atteindre l’abribus. Le premier bus Marinéo qui se présente est un H dont le terminus est Liane. A l’arrivée, une éclaircie me permet de rejoindre mon studio temporaire sans être davantage mouillé. Peu après se produisent les premiers coups de vent dus à la tempête Noa.
*
Toute la nuit, Noa se fait entendre. Cent vingt-huit kilomètres heure à Boulogne-sur-Mer, apprends-je au réveil.
Réflexion faite, je décide d’y aller, les plus forts coups de vent n’étant annoncés qu’à partir de l’après-midi. Un bus C m’emmène là-bas. Quand j’y arrive, le ciel est presque dégagé.
Descendu en bord de mer, je la longe dans la direction que je n’ai pas explorée. On y trouve un bar restaurant, non encore ouvert évidemment. Au bout de la route commence un sentier côtier dont les creux sont emplis d’eau de pluie. Ce sera pour une autre fois. Je fais le chemin dans l’autre sens jusqu’à la falaise. Là aussi est un sentier que je ne prends pas.
Je m’assois sur un banc en pierre peint en blanc et observe les éoliennes qui tournent bien et un bateau qui passe au loin. J’y reste jusqu’à ce que je ne puisse plus tenir en raison du froid. Direction la place de l’église et comme j‘ai réservé une table pour midi à la Brasserie Michel, c’est en face Au Coq Gaulois, où j’ai si mal mangé samedi dernier, que j’entre pour me réchauffer d’un café à un euro cinquante et essayer de lire malgré le bruit d’une radio musicale. Les habitué(e)s discutent avec le patron et une ancêtre qui doit être la mère dudit car elle s’occupe encore de la caisse. A cause de leur accent, j’ai du mal à comprendre ce qui se dit. Quand même je saisis un symptomatique « On s’en fout de l’Ukraine. Nous, on est en France ».
« Tiens v’là la drache », annonce celui qui boit une bière seul au comptoir. En effet c’en est une belle, agrémentée de coups de tonnerre. Cela se calme, puis reprend, et à midi, alors que je viens de m’asseoir dans la salle de restaurant vieillotte de la Brasserie Michel, j’entends encore de lourdes gouttes claquer sur le toit.
Il y a ici un menu du jour sans choix à quatorze euros : taboulé, rosbif frites haricots verts et salade de fruits. C’est une nourriture dont je suis le seul à profiter. Personne n’entre ici à ma suite. Dans la salle du bar, une tablée fête un anniversaire. Cela met un peu d’animation à mon repas.
Quand je sors, une nouvelle drache s’abat, avec grêlée,. Heureusement, il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à parcourir pour atteindre l’abribus. Le premier bus Marinéo qui se présente est un H dont le terminus est Liane. A l’arrivée, une éclaircie me permet de rejoindre mon studio temporaire sans être davantage mouillé. Peu après se produisent les premiers coups de vent dus à la tempête Noa.
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Toute la nuit, Noa se fait entendre. Cent vingt-huit kilomètres heure à Boulogne-sur-Mer, apprends-je au réveil.
12 avril 2023
C’est une jolie rousse à tresses et à lunettes qui me sert ce mardi au Columbus Café. A cette heure matutinale, il n’y a décidément que cet endroit à Boulogne-sur-Mer pour déjeuner en paix.
Cela fait, je rejoins la station Liane et y prends quai Dix-Sept le bus Marinéo A de huit heures quarante-huit en direction d’Equihen-Plage, commune sise au sud du Portel que nous contournons en traversant Outreau. Je suis le seul à aller jusqu’à l’arrêt Plage, son terminus.
La plage est un peu plus bas devant la rue du Cap Horn. Elle est balayée par le vent. J’irais volontiers marcher le long de la côte, au-dessus de cette mer agitée, mais je me heurte à une barrière « Danger » « Interdit ». Que faire alors ? Il fait trop frais pour que je m’asseye sur le seul banc à disposition. Une fille à sac à dos sort d’une des maisons et remonte la rue qui mène à l’arrêt de bus. J’en déduis qu’un est pour bientôt et je la rejoins sous l’abribus. « Il est censé arriver à neuf heures vingt-sept », me dit-elle, et justement le voici. Cette fille est rejointe par d’autres qui montent aux arrêts suivants. Toutes descendent à l’arrêt Collège d’ Outreau.
Arrivé à Liane, je fais recharger ma carte de dix voyages pour huit euros puis vais Chez Jules pour un café verre d’eau congolais lecture. Apprenant que le plat du jour est une choucroute de la mer, je retiens une table pour midi.
Cette choucroute de la mer (cabillaud, bar, saumon, moules, saumon fumé, sauce crustacés) est fort bonne. Je l’accompagne d’un verre de vin blanc et la fais suivre d’une excellente mousse au chocolat et d’un café.
Je règle mes dix-huit euros au comptoir, monte à l’étage où sont les toilettes, repasse devant le comptoir et ne suis qu’à moitié surpris quand dans la rue je suis rattrapé par le serveur qui pense que je suis parti sans payer. Je lui présente mon justificatif de paiement (comme on dit).
Après une courte balade le long de la Liane, je retrouve la petite terrasse du Français pour un café lecture au soleil à l’abri du vent. Jusqu’à ce que le ciel bleu soit encore une fois caché par des nuages annonciateurs de pluie.
*
Un trentenaire en terrasse au Français : « J’ai l’impression de travailler travailler pour avoir au final une vie normale ».
*
Terminus d’une des lignes de bus Marinéo : Dernier Sou.
Cela fait, je rejoins la station Liane et y prends quai Dix-Sept le bus Marinéo A de huit heures quarante-huit en direction d’Equihen-Plage, commune sise au sud du Portel que nous contournons en traversant Outreau. Je suis le seul à aller jusqu’à l’arrêt Plage, son terminus.
La plage est un peu plus bas devant la rue du Cap Horn. Elle est balayée par le vent. J’irais volontiers marcher le long de la côte, au-dessus de cette mer agitée, mais je me heurte à une barrière « Danger » « Interdit ». Que faire alors ? Il fait trop frais pour que je m’asseye sur le seul banc à disposition. Une fille à sac à dos sort d’une des maisons et remonte la rue qui mène à l’arrêt de bus. J’en déduis qu’un est pour bientôt et je la rejoins sous l’abribus. « Il est censé arriver à neuf heures vingt-sept », me dit-elle, et justement le voici. Cette fille est rejointe par d’autres qui montent aux arrêts suivants. Toutes descendent à l’arrêt Collège d’ Outreau.
Arrivé à Liane, je fais recharger ma carte de dix voyages pour huit euros puis vais Chez Jules pour un café verre d’eau congolais lecture. Apprenant que le plat du jour est une choucroute de la mer, je retiens une table pour midi.
Cette choucroute de la mer (cabillaud, bar, saumon, moules, saumon fumé, sauce crustacés) est fort bonne. Je l’accompagne d’un verre de vin blanc et la fais suivre d’une excellente mousse au chocolat et d’un café.
Je règle mes dix-huit euros au comptoir, monte à l’étage où sont les toilettes, repasse devant le comptoir et ne suis qu’à moitié surpris quand dans la rue je suis rattrapé par le serveur qui pense que je suis parti sans payer. Je lui présente mon justificatif de paiement (comme on dit).
Après une courte balade le long de la Liane, je retrouve la petite terrasse du Français pour un café lecture au soleil à l’abri du vent. Jusqu’à ce que le ciel bleu soit encore une fois caché par des nuages annonciateurs de pluie.
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Un trentenaire en terrasse au Français : « J’ai l’impression de travailler travailler pour avoir au final une vie normale ».
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Terminus d’une des lignes de bus Marinéo : Dernier Sou.
11 avril 2023
Un lundi, qui plus est de Pâques donc férié, qui plus est avec de la pluie annoncée, voilà qui complique la vie de l’oisif itinérant que je suis.
Heureusement, le Fournil d’Isa ouvre à huit heures. Heureusement, le Columbus Café fait de même. J’ai donc de quoi prendre un petit-déjeuner. Je l’agrémente (si je puis dire) de la lecture de La Voix du Nord. Aucun évènement dans le coin, hormis l’arrivée du Paris Roubaix.
Comme il ne pleut pas quand je ressors, je me dirige vers la Liane où sont amarrés les bateaux de pêche artisanale et la franchis par le pont Marguet. Je passe devant le chantier de L’Embarcadère, la future salle de spectacle, puis tourne à droite vers le bassin Napoléon, là où sont les chalutiers. Trois doivent appartenir au même armateur car ils ont pour nom Glorieuse Vierge Marie, Mère du Christ et Glorieuse Immaculée. Au bout de ce bassin une flèche indique la passerelle Louvet qui est empruntable par les piétons. Elle permet de franchir une écluse. Celle-ci passée, j’ai vue sur une autre partie du port, où sont les navires de pêche industrielle qui fournissent, entre autre, une usine Findus.
Les premières gouttes se font sentir. Je fais demi-tour, repasse le pont, longe la Liane jusqu’au pont suivant, tourne à gauche pour rejoindre l’Office de Tourisme. Contrairement à ce que je craignais, il est ouvert. Je demande à celle qui est de permanence un plan de la côte entre Boulogne et Dunkerque. Elle n’a pas cela, ne peut me donner qu’une carte touristique jusqu’à Calais. « Après c’est le Nord, on n’a rien. », me dit-elle. Elle me confirme ensuite qu’il est impossible d’aller en car à Hardelot-Plage. « Autrefois il y avait, mais plus maintenant. »
Le bar restaurant Chez Jules est ouvert depuis dix heures. J’y commande un café que m’apporte celle qui m’a servi l’autre jour pour le déjeuner. « Je reviens avec le petit congolais », me dit-elle. C’est ainsi que j’apprends le nom de ce que j’ai qualifié l’autre jour de meringue. Mon café bu et le congolais arrivé, je poursuis ma lecture du Journal de Stendhal, moins intéressant qu’en son début, trop de temps passé avec des comédiennes dont il ne sait pas si elles l’aiment, et laquelle il aime.
A la table voisine sont les même habituées que lors de ma première fois ici. Résumé de leur conversation en trois phrases : « Oh la la, que c’est devenu triste Boulogne, on n’a plus envie » « On se croirait dimanche quand même hein » « Tiens, Stéphanie de Monaco a l’est devenue grand-mère, a doit être contente ». Le patron tient toujours le même propos au téléphone : « Désolé, nous sommes complets. »
Où donc manger en ce jour férié arrosé ? Pas loin, rue du Doyen, trouvant alléchante la photo du burgueur normand figurant sur un panneau d’extérieur, j’entre à The Original Bun’s Factory. Quand il m’est apporté, je constate que la photo n’était pas contractuelle (comme disent ces commerçants). N’entrent ici à ma suite qu’une famille et un couple, des touristes assurément. C’est aussi minable que chez McDo pour plus cher. Avec la barquette de frites, j’en ai pour quatorze euros quatre-vingt-dix.
Sorti de là, sous la pluie, je prends la direction de mon logis provisoire et fais halte au Fournil d’Isa qui va bientôt fermer. J’y achète mon dessert : une allumette au chocolat à un euro soixante, que, vu sa grosseur et sa longueur, je nommerais plutôt cigare au chocolat. Pour le café, ce sera de l’instantané avec l’eau chaude de la bouilloire.
*
Cette passerelle Louvet, indique un panneau, a été financée par l’Union Européenne dans le cadre de la réponse au Covid. Va comprendre.
*
Et j’entends siffler le train. Quand il arrive à la Gare de Boulogne Tintelleries et qu’ensuite il entre dans un tunnel qui doit passer sous la Ville Haute, dont il ressort peu avant la Gare de Boulogne Ville, celle des Tégévés.
Heureusement, le Fournil d’Isa ouvre à huit heures. Heureusement, le Columbus Café fait de même. J’ai donc de quoi prendre un petit-déjeuner. Je l’agrémente (si je puis dire) de la lecture de La Voix du Nord. Aucun évènement dans le coin, hormis l’arrivée du Paris Roubaix.
Comme il ne pleut pas quand je ressors, je me dirige vers la Liane où sont amarrés les bateaux de pêche artisanale et la franchis par le pont Marguet. Je passe devant le chantier de L’Embarcadère, la future salle de spectacle, puis tourne à droite vers le bassin Napoléon, là où sont les chalutiers. Trois doivent appartenir au même armateur car ils ont pour nom Glorieuse Vierge Marie, Mère du Christ et Glorieuse Immaculée. Au bout de ce bassin une flèche indique la passerelle Louvet qui est empruntable par les piétons. Elle permet de franchir une écluse. Celle-ci passée, j’ai vue sur une autre partie du port, où sont les navires de pêche industrielle qui fournissent, entre autre, une usine Findus.
Les premières gouttes se font sentir. Je fais demi-tour, repasse le pont, longe la Liane jusqu’au pont suivant, tourne à gauche pour rejoindre l’Office de Tourisme. Contrairement à ce que je craignais, il est ouvert. Je demande à celle qui est de permanence un plan de la côte entre Boulogne et Dunkerque. Elle n’a pas cela, ne peut me donner qu’une carte touristique jusqu’à Calais. « Après c’est le Nord, on n’a rien. », me dit-elle. Elle me confirme ensuite qu’il est impossible d’aller en car à Hardelot-Plage. « Autrefois il y avait, mais plus maintenant. »
Le bar restaurant Chez Jules est ouvert depuis dix heures. J’y commande un café que m’apporte celle qui m’a servi l’autre jour pour le déjeuner. « Je reviens avec le petit congolais », me dit-elle. C’est ainsi que j’apprends le nom de ce que j’ai qualifié l’autre jour de meringue. Mon café bu et le congolais arrivé, je poursuis ma lecture du Journal de Stendhal, moins intéressant qu’en son début, trop de temps passé avec des comédiennes dont il ne sait pas si elles l’aiment, et laquelle il aime.
A la table voisine sont les même habituées que lors de ma première fois ici. Résumé de leur conversation en trois phrases : « Oh la la, que c’est devenu triste Boulogne, on n’a plus envie » « On se croirait dimanche quand même hein » « Tiens, Stéphanie de Monaco a l’est devenue grand-mère, a doit être contente ». Le patron tient toujours le même propos au téléphone : « Désolé, nous sommes complets. »
Où donc manger en ce jour férié arrosé ? Pas loin, rue du Doyen, trouvant alléchante la photo du burgueur normand figurant sur un panneau d’extérieur, j’entre à The Original Bun’s Factory. Quand il m’est apporté, je constate que la photo n’était pas contractuelle (comme disent ces commerçants). N’entrent ici à ma suite qu’une famille et un couple, des touristes assurément. C’est aussi minable que chez McDo pour plus cher. Avec la barquette de frites, j’en ai pour quatorze euros quatre-vingt-dix.
Sorti de là, sous la pluie, je prends la direction de mon logis provisoire et fais halte au Fournil d’Isa qui va bientôt fermer. J’y achète mon dessert : une allumette au chocolat à un euro soixante, que, vu sa grosseur et sa longueur, je nommerais plutôt cigare au chocolat. Pour le café, ce sera de l’instantané avec l’eau chaude de la bouilloire.
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Cette passerelle Louvet, indique un panneau, a été financée par l’Union Européenne dans le cadre de la réponse au Covid. Va comprendre.
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Et j’entends siffler le train. Quand il arrive à la Gare de Boulogne Tintelleries et qu’ensuite il entre dans un tunnel qui doit passer sous la Ville Haute, dont il ressort peu avant la Gare de Boulogne Ville, celle des Tégévés.
10 avril 2023
Ce dimanche de Pâques, Le Fournil d’Isa ouvre à huit heures. J’en suis le premier client. Mon pain au chocolat est chaud sorti du four. Faute de café ouvert, je le mange assis sur un muret en bas de la Ville Haute. Il est temps pour moi d’aller découvrir cette partie historique et bourgeoise de Boulogne-sur-Mer.
La pente montée, j’entre par la grand-porte et suis bientôt au pied du Beffroi place de la Mairie, celui-là tout gris, celle-ci toute rose. De là, par une rue pavée, je rejoins l’imposante Basilique Notre-Dame dont le dôme de cent un mètres est partiellement caché par des échafaudages. Derrière elle, un escalier mène aux remparts, lesquels sont en très bon état et dotés d’un chemin qui permet d’en faire le tour. Ce que je fais, passant près du Château Musée, lui aussi en travaux.
Ce chemin de ronde est agréable et je n’y croise que quelques hommes promenés par leur chien. Peu avant de boucler la boucle, j’aperçois en contrebas, extramuros, des gueux qui vendent des nippes et des objets obsolètes. Je descends voir ça. Il s’agit de la Braderie des Municipaux, un vide-greniers où je suis à peu près sûr de ne trouver aucun livre à mon goût. Je le vérifie en le parcourant puis reviens vers la place de la Mairie.
Là est un restaurant renommé, La Table du Beffroi. J’entre demander si par miracle il resterait une table pour midi. Que non, me répond la patronne, mais de sa cuisine son mari se montre plus accommodant. Il me propose, puisque je suis seul, le mange-débout près de l’entrée. Comme ce mange-débout est un mange-assis sur haute chaise, j’accepte. Cet endroit fait aussi café, j’en bois un à une table ensoleillée de la terrasse (un euro soixante) et lis là assez longtemps, à peine gêné par des vacanciers à enfants en bas-âge.
Vers onze heures je retourne sur le rempart et poursuis ma lecture du Journal de Stendhal sur un banc face au dôme de la Basilique. Des coureurs seuls ou à deux passent et repassent devant moi et contournent les familles maintenant de sortie.
Quand je me rapproche de ma réservation, la messe pascale vient de se terminer dans la Basilique. Je me faufile entre les fidèles (comme on dit), surpris que ça ne carillonne pas alors que Christ est ressuscité. Cet imposant édifice doit être démuni de cloches.
Me voici perché à La Table du Beffroi dont la salle de restauration est vraiment petite, mais comme la terrasse reste ouverte aux buveurs, la patronne ne sait où courir. Arrivé le premier, je n’ai pas à attendre beaucoup pour voir arriver mon welsh de la mer (avec truite fumée) et ses frites fraîches cuites au gras de bœuf à quinze euros quatre-vingt-dix que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante-dix. Ce welsh est fort bon, meilleur que celui de Chez Jules.
Je n’en demande pas plus, règle mon addition, remercie le patron d’avoir bien voulu m’accueillir et repasse la porte de la Ville Haute, descendant tout droit vers la place Dalton puis allant vers le port de pèche. Je trouve de quoi m’asseoir au bord de celui-ci pour reprendre ma lecture mais vers quatorze heures le vent frisquet m’oblige à rentrer.
*
Ceux qui ne doutent de rien se présentent à midi et demi à la porte de La Table du Beffroi : « Bonjour, pour dix personnes, vous avez ? ».
Il y a aussi les trois qui avaient réservé et qui après étude de la carte se lèvent en disant que rien ne leur plaît.
*
Le tour des remparts a pour nom Promenade Charles Dickens. L’écrivain passa trois été consécutifs à Boulogne-sur Mer.
La pente montée, j’entre par la grand-porte et suis bientôt au pied du Beffroi place de la Mairie, celui-là tout gris, celle-ci toute rose. De là, par une rue pavée, je rejoins l’imposante Basilique Notre-Dame dont le dôme de cent un mètres est partiellement caché par des échafaudages. Derrière elle, un escalier mène aux remparts, lesquels sont en très bon état et dotés d’un chemin qui permet d’en faire le tour. Ce que je fais, passant près du Château Musée, lui aussi en travaux.
Ce chemin de ronde est agréable et je n’y croise que quelques hommes promenés par leur chien. Peu avant de boucler la boucle, j’aperçois en contrebas, extramuros, des gueux qui vendent des nippes et des objets obsolètes. Je descends voir ça. Il s’agit de la Braderie des Municipaux, un vide-greniers où je suis à peu près sûr de ne trouver aucun livre à mon goût. Je le vérifie en le parcourant puis reviens vers la place de la Mairie.
Là est un restaurant renommé, La Table du Beffroi. J’entre demander si par miracle il resterait une table pour midi. Que non, me répond la patronne, mais de sa cuisine son mari se montre plus accommodant. Il me propose, puisque je suis seul, le mange-débout près de l’entrée. Comme ce mange-débout est un mange-assis sur haute chaise, j’accepte. Cet endroit fait aussi café, j’en bois un à une table ensoleillée de la terrasse (un euro soixante) et lis là assez longtemps, à peine gêné par des vacanciers à enfants en bas-âge.
Vers onze heures je retourne sur le rempart et poursuis ma lecture du Journal de Stendhal sur un banc face au dôme de la Basilique. Des coureurs seuls ou à deux passent et repassent devant moi et contournent les familles maintenant de sortie.
Quand je me rapproche de ma réservation, la messe pascale vient de se terminer dans la Basilique. Je me faufile entre les fidèles (comme on dit), surpris que ça ne carillonne pas alors que Christ est ressuscité. Cet imposant édifice doit être démuni de cloches.
Me voici perché à La Table du Beffroi dont la salle de restauration est vraiment petite, mais comme la terrasse reste ouverte aux buveurs, la patronne ne sait où courir. Arrivé le premier, je n’ai pas à attendre beaucoup pour voir arriver mon welsh de la mer (avec truite fumée) et ses frites fraîches cuites au gras de bœuf à quinze euros quatre-vingt-dix que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante-dix. Ce welsh est fort bon, meilleur que celui de Chez Jules.
Je n’en demande pas plus, règle mon addition, remercie le patron d’avoir bien voulu m’accueillir et repasse la porte de la Ville Haute, descendant tout droit vers la place Dalton puis allant vers le port de pèche. Je trouve de quoi m’asseoir au bord de celui-ci pour reprendre ma lecture mais vers quatorze heures le vent frisquet m’oblige à rentrer.
*
Ceux qui ne doutent de rien se présentent à midi et demi à la porte de La Table du Beffroi : « Bonjour, pour dix personnes, vous avez ? ».
Il y a aussi les trois qui avaient réservé et qui après étude de la carte se lèvent en disant que rien ne leur plaît.
*
Le tour des remparts a pour nom Promenade Charles Dickens. L’écrivain passa trois été consécutifs à Boulogne-sur Mer.
9 avril 2023
Vouloir petit-déjeuner tôt à Boulogne-sur-Mer, le défi est encore plus grand le samedi. Je trouve de la lumière chez Columbus Café et découvre que l’allongé, certes bio, y est à un euro quatre-vingt-dix.
Sitôt bu et mon pain au chocolat mangé, je rejoins la station Liane. Dix minutes d’attente et je prends place dans un bus H, lequel va au Portel en passant par Outreau (capitale de l’erreur judiciaire).
Je descends à l’arrêt Eglise du Portel. Cette église est d’architecture de la reconstruction. Elle a exactement mon âge. Je n’y entre pas, descends vers la plage. Sur celle-ci un grand cœur à l’intérieur duquel se dessine au loin dans l’eau le Fort de l’Heurt dû à Napoléon quand il n’était que Consul. C’est marée basse. Je marche en bordure de plage dans des dunes jusqu’à un blockhaus. De son toit, je regarde les éoliennes à tribord, embrumées et immobiles.
De retour dans le bourg, je déniche le Café Rétro dont la clientèle, des deux genres, est bien ch’ti. Depuis son comptoir la patronne organise sa tombola du panier rempli d’œufs de Pâques. Mon café bu (un euro vingt, prix rétro), je tente de lire le Journal de Stendhal. Là aussi chaque arrivant me serre la main. Il est question d’une femme au visage tuméfié trouvée sous une voiture en stationnement. Comment est-elle arrivée là ? Chacun a son hypothèse. Surgit alors une bande de femmes excitées. C’est l’enterrement de vie de jeune fille de Lucie, dite Lulu. La patronne doit lui offrir une boisson forte. Un cognac qu’elle boit cul sec tandis que les autres chantent et glou et glou elle est des nôtres. Ces échauffées ressorties, on commente sévèrement le fait de faire boire ainsi cette Lulu et puis elle ne se marie que le vingt-trois, c’est tôt pour un enterrement. Vers onze heures, je redescends à la plage. Peu de monde s’y promène. Le ouiquennede pascal démarre lentement. La grisaille y est peut-être pour quelque chose.
Remonté place de l’église, j’entre à midi dans la brasserie Le Coq Gaulois et suis dirigé vers la salle triste où l’on déjeune. Bien que ce soit samedi, un menu du jour est proposé pour quinze euros quatre-vingt-dix : salade de crudités, potjevleesch avec frites, glace à l’italienne en pot. J’ajoute un quart de vin rouge à cinq euros et le regrette, pas bon. La patronne est en cuisine. Le patron sert quand il est appelé par la cloche. Je ne suis pas sûr qu’il y ait plusieurs viandes dans ce potjevleesch, ni que les frites soient fraîches. Il y a quand même un peu de monde, des entrés là par hasard comme moi. Quand je paie on ne me demande pas si ça m’a plu.
Après ce piètre repas, je n’ai que quelques minutes à attendre le bus Marinéo, un C cette fois qui va directement à Boulogne. Le ciel est de plus en plus gris, la température trop fraîche pour lire en terrasse, direction mon logis provisoire.
*
Une habituée du Rétro : « Si t’es un petit esprit, tu te laisses entraîner. »
*
La crêperie du bord de mer : Le Chant de l’Heurt.
*
Dans une boîte à livres du Portel : Pages d’une vie de Leonide Brejnev et Révolution d’Emmanuel Macron. J’hésite.
Sitôt bu et mon pain au chocolat mangé, je rejoins la station Liane. Dix minutes d’attente et je prends place dans un bus H, lequel va au Portel en passant par Outreau (capitale de l’erreur judiciaire).
Je descends à l’arrêt Eglise du Portel. Cette église est d’architecture de la reconstruction. Elle a exactement mon âge. Je n’y entre pas, descends vers la plage. Sur celle-ci un grand cœur à l’intérieur duquel se dessine au loin dans l’eau le Fort de l’Heurt dû à Napoléon quand il n’était que Consul. C’est marée basse. Je marche en bordure de plage dans des dunes jusqu’à un blockhaus. De son toit, je regarde les éoliennes à tribord, embrumées et immobiles.
De retour dans le bourg, je déniche le Café Rétro dont la clientèle, des deux genres, est bien ch’ti. Depuis son comptoir la patronne organise sa tombola du panier rempli d’œufs de Pâques. Mon café bu (un euro vingt, prix rétro), je tente de lire le Journal de Stendhal. Là aussi chaque arrivant me serre la main. Il est question d’une femme au visage tuméfié trouvée sous une voiture en stationnement. Comment est-elle arrivée là ? Chacun a son hypothèse. Surgit alors une bande de femmes excitées. C’est l’enterrement de vie de jeune fille de Lucie, dite Lulu. La patronne doit lui offrir une boisson forte. Un cognac qu’elle boit cul sec tandis que les autres chantent et glou et glou elle est des nôtres. Ces échauffées ressorties, on commente sévèrement le fait de faire boire ainsi cette Lulu et puis elle ne se marie que le vingt-trois, c’est tôt pour un enterrement. Vers onze heures, je redescends à la plage. Peu de monde s’y promène. Le ouiquennede pascal démarre lentement. La grisaille y est peut-être pour quelque chose.
Remonté place de l’église, j’entre à midi dans la brasserie Le Coq Gaulois et suis dirigé vers la salle triste où l’on déjeune. Bien que ce soit samedi, un menu du jour est proposé pour quinze euros quatre-vingt-dix : salade de crudités, potjevleesch avec frites, glace à l’italienne en pot. J’ajoute un quart de vin rouge à cinq euros et le regrette, pas bon. La patronne est en cuisine. Le patron sert quand il est appelé par la cloche. Je ne suis pas sûr qu’il y ait plusieurs viandes dans ce potjevleesch, ni que les frites soient fraîches. Il y a quand même un peu de monde, des entrés là par hasard comme moi. Quand je paie on ne me demande pas si ça m’a plu.
Après ce piètre repas, je n’ai que quelques minutes à attendre le bus Marinéo, un C cette fois qui va directement à Boulogne. Le ciel est de plus en plus gris, la température trop fraîche pour lire en terrasse, direction mon logis provisoire.
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Une habituée du Rétro : « Si t’es un petit esprit, tu te laisses entraîner. »
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La crêperie du bord de mer : Le Chant de l’Heurt.
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Dans une boîte à livres du Portel : Pages d’une vie de Leonide Brejnev et Révolution d’Emmanuel Macron. J’hésite.
8 avril 2023
Pas d’autre bar ouvert en descendant vers le port de Boulogne ce vendredi à huit heures que Le Persan. J’y mange mon pain au chocolat du Fournil d’Isa avec un allongé qui a le mérite d’être bon, mais quelle clientèle dès son ouverture, des vieux des deux genres, pressés de gratter et d’encore une fois constater qu’ils ont perdu.
Je rejoins Liane, l’arrêt principal des bus Marinéo gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens, et n’ai que deux minutes à attendre avant que se pointe un A dont le terminus est Mairie de Wimereux. C’est là que je vais. Las, il est plein d’une jeunesse en chemin vers le savoir. Un peu plus loin l’un descend et je peux m’asseoir. Ça grimpe. On passe par Wimille, village de peu d’attrait, puis on descend sur Wimereux. En face de la Mairie est une église sans charme et en travaux. Sur la gauche, je vais vers la mer.
Wimereux est une station balnéaire avec large promenade piétonnière longeant la plage. Je la parcours en faisant quelques photos de villas remarquables. Les restaurants et cafés sont fermés. Nous sommes encore, pour une journée, hors saison. Arrivé au bout, je rebrousse et remonte vers la Mairie. Un bus A se présente. J’y monte et rentre à Boulogne.
Sitôt arrivé, je réserve une table pour midi au restaurant Chez Jules car aujourd’hui, c’est welsh. Où aller lire Stendhal en attendant ? J’aimerais bien que ce soit au Café Michel mais une télé musicale à gros seins m’en dissuade. Dans une rue annexe, j’aperçois le café Pourquoi Pas. Pas de télé, une radio diffuse de la chanson française d’autrefois pour une clientèle typiquement locale. Tout le monde parle ch’ti et je ne comprends guère. Même quand il est question de paris sur les matchs de foute, dont est spécialiste mon voisin qui joue pour les autres et vend par ailleurs des « œufs d’oille ». Tout le monde parle avec tout le monde dans ce mastroquet, et avec la patronne aussi. Ceux qui arrivent serrent les mains, y compris la mienne (il n’y a qu’au Havre, quartier Saint-François, que j’ai déjà eu droit à ça). A un moment, tous chantent Made in Normandie avec Stone et Charden. Heureusement que personne ne m’a demandé d’où je sors. Puis il est question des matchs à l’étranger, des équipes de Nioucacheule et de Lapechiche. Ma lecture a peu avancé quand je dis au revoir à ce beau monde.
J’ai une table au rez-de-chaussée de Chez Jules, avec vue sur l’église Saint-Nicolas. J’opte évidemment pour la formule du jour à dix-huit euros : welsh campagnard, cup cake framboise violette, verre de vin rouge, café. Pas un touriste ici à part moi, que des habitués, et un service efficace pour une bonne nourriture.
Un peu de marche au long du port me fait du bien puis je vais lire pour de bon à ma table habituelle au soleil du Français.
*
Boulogne-sur-Mer : Zara bientôt remplacé par Aktion (mauvais signe).
*
Au Pourquoi Pas : « Demain, oublie pas, c’est le huit, c’est la paye à la Poste » (fine allusion au Airessa).
*
Des « œufs d’oille », peut-être faudrait-il écrire des « œufs d’oye », comme dans les Contes de ma mère l’Oye.
Je rejoins Liane, l’arrêt principal des bus Marinéo gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens, et n’ai que deux minutes à attendre avant que se pointe un A dont le terminus est Mairie de Wimereux. C’est là que je vais. Las, il est plein d’une jeunesse en chemin vers le savoir. Un peu plus loin l’un descend et je peux m’asseoir. Ça grimpe. On passe par Wimille, village de peu d’attrait, puis on descend sur Wimereux. En face de la Mairie est une église sans charme et en travaux. Sur la gauche, je vais vers la mer.
Wimereux est une station balnéaire avec large promenade piétonnière longeant la plage. Je la parcours en faisant quelques photos de villas remarquables. Les restaurants et cafés sont fermés. Nous sommes encore, pour une journée, hors saison. Arrivé au bout, je rebrousse et remonte vers la Mairie. Un bus A se présente. J’y monte et rentre à Boulogne.
Sitôt arrivé, je réserve une table pour midi au restaurant Chez Jules car aujourd’hui, c’est welsh. Où aller lire Stendhal en attendant ? J’aimerais bien que ce soit au Café Michel mais une télé musicale à gros seins m’en dissuade. Dans une rue annexe, j’aperçois le café Pourquoi Pas. Pas de télé, une radio diffuse de la chanson française d’autrefois pour une clientèle typiquement locale. Tout le monde parle ch’ti et je ne comprends guère. Même quand il est question de paris sur les matchs de foute, dont est spécialiste mon voisin qui joue pour les autres et vend par ailleurs des « œufs d’oille ». Tout le monde parle avec tout le monde dans ce mastroquet, et avec la patronne aussi. Ceux qui arrivent serrent les mains, y compris la mienne (il n’y a qu’au Havre, quartier Saint-François, que j’ai déjà eu droit à ça). A un moment, tous chantent Made in Normandie avec Stone et Charden. Heureusement que personne ne m’a demandé d’où je sors. Puis il est question des matchs à l’étranger, des équipes de Nioucacheule et de Lapechiche. Ma lecture a peu avancé quand je dis au revoir à ce beau monde.
J’ai une table au rez-de-chaussée de Chez Jules, avec vue sur l’église Saint-Nicolas. J’opte évidemment pour la formule du jour à dix-huit euros : welsh campagnard, cup cake framboise violette, verre de vin rouge, café. Pas un touriste ici à part moi, que des habitués, et un service efficace pour une bonne nourriture.
Un peu de marche au long du port me fait du bien puis je vais lire pour de bon à ma table habituelle au soleil du Français.
*
Boulogne-sur-Mer : Zara bientôt remplacé par Aktion (mauvais signe).
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Au Pourquoi Pas : « Demain, oublie pas, c’est le huit, c’est la paye à la Poste » (fine allusion au Airessa).
*
Des « œufs d’oille », peut-être faudrait-il écrire des « œufs d’oye », comme dans les Contes de ma mère l’Oye.
7 avril 2023
Il pleut ce jeudi matin quand je sors de mon logis provisoire. J’achète un pain au chocolat au coin de ma rue, au Fournil d’Isa, un euro trente. Il est excellent, je le constate, assis au Flint avec un allongé à un euro cinquante. Ce troquet attristant est fréquenté par des hommes seuls qui dépensent leur peu d’argent dans des jeux à perdre. Je ne m’attarde pas, retourne à mon Air Bibi et n’en ressors qu’à dix heures.
Profitant d’une accalmie, je rejoins, place Dalton, la brasserie Chez Jules, l’établissement bourgeois de la ville, pour un nouveau café qui m’est servi avec une meringue (un euro cinquante). J’y lis longuement le Journal de Stendhal. A part moi, ne sont là que des vieux habitués (certains ont fait la Guerre d’Algérie). Ils parlent des photos de Marlène Schiappa dans Playboy, pas dénudées hein. « De toute façon, Playboy, c’est plus ce que c’était quand on était gamin ». Le patron s’appelle Antonio et a l’accent de son pays d’origine. Il est tout le temps au téléphone. Cela ne cesse de sonner pour des réservations de repas. L’endroit fait restaurant traditionnel et pizzeria au feu de bois.
A midi moins le quart, je traverse la place Dalton (sans marché ce jour) et entre dans l’église Saint-Nicolas. Elle n’a rien de remarquable mais on y rend un culte particulier à Sainte Rita. Devant la statue d’icelle, j’ai une pensée pour celle qui travaille à Paris. Autrefois, elle faisait appel à cette patronne des causes désespérées dans certaines circonstances et, en ce moment, elle aurait vraiment besoin de son intervention (il n’est pas nécessaire d’y croire pour que ça marche, disions-nous). « Je vais bientôt fermer l’église, me dit un homme qui en est peut-être le curé, ne vous faites pas enfermer à l’intérieur. »
Au coin de la place Dalton, rue du Doyen, est un restaurant japonais à volonté au nom ronflant, le Palais de Matsuyama. J’y déjeune, avec supplément sashimi, pour dix-neuf euros quatre-vingts. Ce petit endroit est vite plein. Il y a même là un couple avec trois enfants, dont le plus grand est allergique aux cacahuètes, annonce le père au cuisinier, s’il y en a dans la nourriture, il meurt immédiatement.
La pluie ayant cessé, je vais marcher au bord du port puis je lis en terrasse au Français après un café. De temps à autre, le soleil pointe ses rayons.
*
En bas de la rue Faidherbe, près du port de pêche, un beau bar hôtel restaurant rouge, la Brasserie Hamiot, institution boulonnaise depuis mil neuf cent vingt-huit, fermée depuis une semaine, son patron expulsé pour dettes, la faute au Covid.
« L’établissement a vu défiler une clientèle très variée : des professions libérales, des ouvriers du port, des commerçants, des figures locales et des célébrités. On y a vu Raoul de Godewaersvelde, Pierre Perret, Annie Cordy, Dario Moreno, France Gall, Johnny Hallyday et bien d'autres. » écrit France Trois Hauts-de-France.
Je m’y serais bien vu.
Profitant d’une accalmie, je rejoins, place Dalton, la brasserie Chez Jules, l’établissement bourgeois de la ville, pour un nouveau café qui m’est servi avec une meringue (un euro cinquante). J’y lis longuement le Journal de Stendhal. A part moi, ne sont là que des vieux habitués (certains ont fait la Guerre d’Algérie). Ils parlent des photos de Marlène Schiappa dans Playboy, pas dénudées hein. « De toute façon, Playboy, c’est plus ce que c’était quand on était gamin ». Le patron s’appelle Antonio et a l’accent de son pays d’origine. Il est tout le temps au téléphone. Cela ne cesse de sonner pour des réservations de repas. L’endroit fait restaurant traditionnel et pizzeria au feu de bois.
A midi moins le quart, je traverse la place Dalton (sans marché ce jour) et entre dans l’église Saint-Nicolas. Elle n’a rien de remarquable mais on y rend un culte particulier à Sainte Rita. Devant la statue d’icelle, j’ai une pensée pour celle qui travaille à Paris. Autrefois, elle faisait appel à cette patronne des causes désespérées dans certaines circonstances et, en ce moment, elle aurait vraiment besoin de son intervention (il n’est pas nécessaire d’y croire pour que ça marche, disions-nous). « Je vais bientôt fermer l’église, me dit un homme qui en est peut-être le curé, ne vous faites pas enfermer à l’intérieur. »
Au coin de la place Dalton, rue du Doyen, est un restaurant japonais à volonté au nom ronflant, le Palais de Matsuyama. J’y déjeune, avec supplément sashimi, pour dix-neuf euros quatre-vingts. Ce petit endroit est vite plein. Il y a même là un couple avec trois enfants, dont le plus grand est allergique aux cacahuètes, annonce le père au cuisinier, s’il y en a dans la nourriture, il meurt immédiatement.
La pluie ayant cessé, je vais marcher au bord du port puis je lis en terrasse au Français après un café. De temps à autre, le soleil pointe ses rayons.
*
En bas de la rue Faidherbe, près du port de pêche, un beau bar hôtel restaurant rouge, la Brasserie Hamiot, institution boulonnaise depuis mil neuf cent vingt-huit, fermée depuis une semaine, son patron expulsé pour dettes, la faute au Covid.
« L’établissement a vu défiler une clientèle très variée : des professions libérales, des ouvriers du port, des commerçants, des figures locales et des célébrités. On y a vu Raoul de Godewaersvelde, Pierre Perret, Annie Cordy, Dario Moreno, France Gall, Johnny Hallyday et bien d'autres. » écrit France Trois Hauts-de-France.
Je m’y serais bien vu.
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