Il pleut ce jeudi matin quand je sors de mon logis provisoire. J’achète un pain au chocolat au coin de ma rue, au Fournil d’Isa, un euro trente. Il est excellent, je le constate, assis au Flint avec un allongé à un euro cinquante. Ce troquet attristant est fréquenté par des hommes seuls qui dépensent leur peu d’argent dans des jeux à perdre. Je ne m’attarde pas, retourne à mon Air Bibi et n’en ressors qu’à dix heures.
Profitant d’une accalmie, je rejoins, place Dalton, la brasserie Chez Jules, l’établissement bourgeois de la ville, pour un nouveau café qui m’est servi avec une meringue (un euro cinquante). J’y lis longuement le Journal de Stendhal. A part moi, ne sont là que des vieux habitués (certains ont fait la Guerre d’Algérie). Ils parlent des photos de Marlène Schiappa dans Playboy, pas dénudées hein. « De toute façon, Playboy, c’est plus ce que c’était quand on était gamin ». Le patron s’appelle Antonio et a l’accent de son pays d’origine. Il est tout le temps au téléphone. Cela ne cesse de sonner pour des réservations de repas. L’endroit fait restaurant traditionnel et pizzeria au feu de bois.
A midi moins le quart, je traverse la place Dalton (sans marché ce jour) et entre dans l’église Saint-Nicolas. Elle n’a rien de remarquable mais on y rend un culte particulier à Sainte Rita. Devant la statue d’icelle, j’ai une pensée pour celle qui travaille à Paris. Autrefois, elle faisait appel à cette patronne des causes désespérées dans certaines circonstances et, en ce moment, elle aurait vraiment besoin de son intervention (il n’est pas nécessaire d’y croire pour que ça marche, disions-nous). « Je vais bientôt fermer l’église, me dit un homme qui en est peut-être le curé, ne vous faites pas enfermer à l’intérieur. »
Au coin de la place Dalton, rue du Doyen, est un restaurant japonais à volonté au nom ronflant, le Palais de Matsuyama. J’y déjeune, avec supplément sashimi, pour dix-neuf euros quatre-vingts. Ce petit endroit est vite plein. Il y a même là un couple avec trois enfants, dont le plus grand est allergique aux cacahuètes, annonce le père au cuisinier, s’il y en a dans la nourriture, il meurt immédiatement.
La pluie ayant cessé, je vais marcher au bord du port puis je lis en terrasse au Français après un café. De temps à autre, le soleil pointe ses rayons.
*
En bas de la rue Faidherbe, près du port de pêche, un beau bar hôtel restaurant rouge, la Brasserie Hamiot, institution boulonnaise depuis mil neuf cent vingt-huit, fermée depuis une semaine, son patron expulsé pour dettes, la faute au Covid.
« L’établissement a vu défiler une clientèle très variée : des professions libérales, des ouvriers du port, des commerçants, des figures locales et des célébrités. On y a vu Raoul de Godewaersvelde, Pierre Perret, Annie Cordy, Dario Moreno, France Gall, Johnny Hallyday et bien d'autres. » écrit France Trois Hauts-de-France.
Je m’y serais bien vu.
Profitant d’une accalmie, je rejoins, place Dalton, la brasserie Chez Jules, l’établissement bourgeois de la ville, pour un nouveau café qui m’est servi avec une meringue (un euro cinquante). J’y lis longuement le Journal de Stendhal. A part moi, ne sont là que des vieux habitués (certains ont fait la Guerre d’Algérie). Ils parlent des photos de Marlène Schiappa dans Playboy, pas dénudées hein. « De toute façon, Playboy, c’est plus ce que c’était quand on était gamin ». Le patron s’appelle Antonio et a l’accent de son pays d’origine. Il est tout le temps au téléphone. Cela ne cesse de sonner pour des réservations de repas. L’endroit fait restaurant traditionnel et pizzeria au feu de bois.
A midi moins le quart, je traverse la place Dalton (sans marché ce jour) et entre dans l’église Saint-Nicolas. Elle n’a rien de remarquable mais on y rend un culte particulier à Sainte Rita. Devant la statue d’icelle, j’ai une pensée pour celle qui travaille à Paris. Autrefois, elle faisait appel à cette patronne des causes désespérées dans certaines circonstances et, en ce moment, elle aurait vraiment besoin de son intervention (il n’est pas nécessaire d’y croire pour que ça marche, disions-nous). « Je vais bientôt fermer l’église, me dit un homme qui en est peut-être le curé, ne vous faites pas enfermer à l’intérieur. »
Au coin de la place Dalton, rue du Doyen, est un restaurant japonais à volonté au nom ronflant, le Palais de Matsuyama. J’y déjeune, avec supplément sashimi, pour dix-neuf euros quatre-vingts. Ce petit endroit est vite plein. Il y a même là un couple avec trois enfants, dont le plus grand est allergique aux cacahuètes, annonce le père au cuisinier, s’il y en a dans la nourriture, il meurt immédiatement.
La pluie ayant cessé, je vais marcher au bord du port puis je lis en terrasse au Français après un café. De temps à autre, le soleil pointe ses rayons.
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En bas de la rue Faidherbe, près du port de pêche, un beau bar hôtel restaurant rouge, la Brasserie Hamiot, institution boulonnaise depuis mil neuf cent vingt-huit, fermée depuis une semaine, son patron expulsé pour dettes, la faute au Covid.
« L’établissement a vu défiler une clientèle très variée : des professions libérales, des ouvriers du port, des commerçants, des figures locales et des célébrités. On y a vu Raoul de Godewaersvelde, Pierre Perret, Annie Cordy, Dario Moreno, France Gall, Johnny Hallyday et bien d'autres. » écrit France Trois Hauts-de-France.
Je m’y serais bien vu.