Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
30 avril 2023
Du bruit pour la première fois depuis mon installation dans le studio Air Bibi de Boulogne-sur-Mer, de la musique de boîte pendant toute la nuit. Elle ne provient pas de l’immeuble où je suis, ni de la rue, mais de derrière la salle de bains. Impossible de situer exactement l’origine de cette nuisance. Heureusement, la porte qui sépare cette salle de bains de la chambre est épaisse et atténue fortement le bruit. Je dors donc, ni moins bien, ni mieux que d’habitude.
Ce samedi matin, je reprends le car Région Hauts-de-France pour Calais et en descends une nouvelle fois à Audresselles. Le temps est sans surprise, ciel nuageux et température fraîche. Arrivé au bord de la mer, je me rends sur la plage (ici constituée de galets). J’y trouve une jeune femme en maillot qui sort de l’eau. Son compagnon resté au sec lui tend une serviette.
De cette plage, je photographie certaines maisons aux volets clos ou semi ouverts qui m’évoquent à la fois Edward Hopper et Stephen King. Remonté sur la terre sableuse, je franchis le pont bleu qui sert de point de départ au chemin de douanier qui mène à Ambleteuse. Je marche à travers les dunes et arrivé à mi-chemin, près d’un blockhaus semi détruit, choisis de ne pas aller plus loin.
De retour dans le bourg, je vais voir où en est Emilie dans son P’tit Paradis. « Tout faire bien, c’est pas possible », constate-t-elle. Elle est toujours aussi complimenteuse mais quand un client quitte le comptoir, elle le critique avec celui qui reste. Mauvais ça pour le commerce.
Mon café bu, je lis Stendhal un long moment. Quand je vais régler, celui qu’Emilie appelle son chéri me demande un euro quatre-vingts. « Ah bon ! ça a augmenté ? », lui dis-je. Il s’excuse, m’ayant fait le prix du café au restaurant.
Du car, j’ai repéré un restaurant isolé nommé Chez MiMi, spécialisé dans les fruits de mer et le poisson (depuis plus de vingt-neuf ans, est-il écrit sur la façade). Comme il n’ouvre sa porte qu’à midi pile, je n’ai pu réserver et, m’apprend une serveuse au profil d’anorexique, c’est complet hélas.
Qu’à cela ne tienne, un peu plus haut est une friterie nommée L’Abri Côtier (jeu de mot original). Il faut commander au comptoir, m’explique celle qui m’accueille et après on vous donne un bipeur et on le fait sonner quand c’est prêt. « Pas pour moi », lui dis-je en tournant les talons.
J’échoue à De Cap en Cap, l’un des restaurants alignés dans la rue perpendiculaire à la mer. Pour vingt euros, je commande des moules frites avec un quart de muscadet. Au cours du repas un guitariste qui chante fort et parfois faux vient donner l’aubade : « On s’est rencontré un soir d’été oh mon amour je t’aime oh mon amour aime-moi ». Heureusement, pour les chansons suivantes, il passe à l’italien. La dernière, Marina, est reprise en chœur par les deux serveuses. Rien de ma part dans son chapeau.
Comme j’espère une apparition du soleil, je vais boire le café en terrasse au P’tit Paradis mais il ne point pas et un petit vent froid se fait sentir. Je reste à lire néanmoins à ce P’tit Purgatoire, jusqu’au moment de rentrer avec le car de quatorze heures cinquante qui part d’Audresselles.
J’y suis seul avec la conductrice jusqu’à Ambleteuse. Là monte un jeune homme. Ensuite, à partir de Wimereux, ce car ne peut plus prendre personne pour ne pas faire concurrence aux bus Marinéo. Pas rentable cette affaire.
*
Sur l’une des ardoises murales extérieures du P’tit Paradis : « Un bonjour, un sourire ne coûtent rien et font du bien ».
*
Autrefois, dans un certain milieu, il était courant de sonner le personnel pour qu’il vous apporte votre repas. A L’Abri Côtier, on se fait sonner par le personnel pour venir le chercher.
Ce samedi matin, je reprends le car Région Hauts-de-France pour Calais et en descends une nouvelle fois à Audresselles. Le temps est sans surprise, ciel nuageux et température fraîche. Arrivé au bord de la mer, je me rends sur la plage (ici constituée de galets). J’y trouve une jeune femme en maillot qui sort de l’eau. Son compagnon resté au sec lui tend une serviette.
De cette plage, je photographie certaines maisons aux volets clos ou semi ouverts qui m’évoquent à la fois Edward Hopper et Stephen King. Remonté sur la terre sableuse, je franchis le pont bleu qui sert de point de départ au chemin de douanier qui mène à Ambleteuse. Je marche à travers les dunes et arrivé à mi-chemin, près d’un blockhaus semi détruit, choisis de ne pas aller plus loin.
De retour dans le bourg, je vais voir où en est Emilie dans son P’tit Paradis. « Tout faire bien, c’est pas possible », constate-t-elle. Elle est toujours aussi complimenteuse mais quand un client quitte le comptoir, elle le critique avec celui qui reste. Mauvais ça pour le commerce.
Mon café bu, je lis Stendhal un long moment. Quand je vais régler, celui qu’Emilie appelle son chéri me demande un euro quatre-vingts. « Ah bon ! ça a augmenté ? », lui dis-je. Il s’excuse, m’ayant fait le prix du café au restaurant.
Du car, j’ai repéré un restaurant isolé nommé Chez MiMi, spécialisé dans les fruits de mer et le poisson (depuis plus de vingt-neuf ans, est-il écrit sur la façade). Comme il n’ouvre sa porte qu’à midi pile, je n’ai pu réserver et, m’apprend une serveuse au profil d’anorexique, c’est complet hélas.
Qu’à cela ne tienne, un peu plus haut est une friterie nommée L’Abri Côtier (jeu de mot original). Il faut commander au comptoir, m’explique celle qui m’accueille et après on vous donne un bipeur et on le fait sonner quand c’est prêt. « Pas pour moi », lui dis-je en tournant les talons.
J’échoue à De Cap en Cap, l’un des restaurants alignés dans la rue perpendiculaire à la mer. Pour vingt euros, je commande des moules frites avec un quart de muscadet. Au cours du repas un guitariste qui chante fort et parfois faux vient donner l’aubade : « On s’est rencontré un soir d’été oh mon amour je t’aime oh mon amour aime-moi ». Heureusement, pour les chansons suivantes, il passe à l’italien. La dernière, Marina, est reprise en chœur par les deux serveuses. Rien de ma part dans son chapeau.
Comme j’espère une apparition du soleil, je vais boire le café en terrasse au P’tit Paradis mais il ne point pas et un petit vent froid se fait sentir. Je reste à lire néanmoins à ce P’tit Purgatoire, jusqu’au moment de rentrer avec le car de quatorze heures cinquante qui part d’Audresselles.
J’y suis seul avec la conductrice jusqu’à Ambleteuse. Là monte un jeune homme. Ensuite, à partir de Wimereux, ce car ne peut plus prendre personne pour ne pas faire concurrence aux bus Marinéo. Pas rentable cette affaire.
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Sur l’une des ardoises murales extérieures du P’tit Paradis : « Un bonjour, un sourire ne coûtent rien et font du bien ».
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Autrefois, dans un certain milieu, il était courant de sonner le personnel pour qu’il vous apporte votre repas. A L’Abri Côtier, on se fait sonner par le personnel pour venir le chercher.
29 avril 2023
Du bus C qui traverse Le Portel, je descends ce vendredi matin à l’arrêt Parc des Falaises situé sur les hauteurs. Cela me permet de me diriger pédestrement vers la plage jouxtée des quatre éoliennes. Elles turbinent. Il y a toujours ce vent froid. De plus, il brouillasse. Ce qui est peu de chose après la pluie de la nuit. Le chemin est parsemé de flaques. Arrivé au bord de la mer, je ne puis faire autre chose que rejoindre la Brasserie Michel et d’y boire un café à un euro trente.
C’est jour de marché sur la place de l’église. Les locaux viennent se réchauffer dans l’estaminet et me donnent l’occasion, tout en lisant le Journal de Stendhal, de me plonger encore une fois dans le parler d’ici. Je prends des notes : « Deux cents euros pour payer ma garage ! » « Un petit carton avec le prix ed d’ssus. » « J’ai été à l’tirette, je me rappelle plus ed code. »
Aussi :
-J’ai failli me casser une gueule.
-On dit tomber.
-Casser une gueule ! On est au Portel, oui ou non ?
Quand je ressors, vers onze heures, il ne pleut plus mais le ciel est toujours gris et la mer agitée. Je parcours la digue jusqu’à la sortie du bourg, croisant quelques familles qui s’efforcent d’être heureuses d’être là.
A midi, je retourne à la Brasserie Michel. Le quatrième vendredi du mois, c’est blanquette de veau à quatorze euros. Elle m’est servie par un jeune homme qui manifestement aimerait faire autre chose que serveur. Le couple de la table voisine se gausse de ses approximations. Comme les autres fois, la clientèle est rare. Cette salle sombre à la déco des années soixante-dix peut contenir soixante convives. Nous sommes sept.
Je rentre à Boulogne par le premier bus C. A Outreau monte un groupe de dix ans d’un centre de loisirs, une vingtaine de moutards dont le calme m’impressionne. Il en est de même des groupes d’adolescents que je peux croiser ici ou là, jamais en train de chahuter comme le font perpétuellement les branlotins rouennais. Il arrive qu’ils me disent bonjour et ce n’est pas pour se moquer.
*
Brasserie Michel, à un homme qui lui dit que pour aller si souvent à l’Leclerc, elle doit y avoir un amant :
-J’irons pas à l’Leclerc avec mon homme si j’y avais un amant. Il est là. Il pousse le Caddie.
*
Où loge la patronne de la Brasserie Michel, qui fait aussi hôtel, quand elle est en vacances à Lisbonne ? Chez un confrère ? Pas du tout, dans un Air Bibi.
*
Sur le marché du Portel, distribution de tracts pour la manif du Premier Mai à Boulogne. J’explique à la dame que si je suis contre le report de l’âge de la retraite, je n’ai plus envie de manifester depuis un certain nombre d’années.
*
Quant à taper sur des casseroles, ce n’est pas dans mes mœurs (comme dirait Thomas Clerc).
C’est jour de marché sur la place de l’église. Les locaux viennent se réchauffer dans l’estaminet et me donnent l’occasion, tout en lisant le Journal de Stendhal, de me plonger encore une fois dans le parler d’ici. Je prends des notes : « Deux cents euros pour payer ma garage ! » « Un petit carton avec le prix ed d’ssus. » « J’ai été à l’tirette, je me rappelle plus ed code. »
Aussi :
-J’ai failli me casser une gueule.
-On dit tomber.
-Casser une gueule ! On est au Portel, oui ou non ?
Quand je ressors, vers onze heures, il ne pleut plus mais le ciel est toujours gris et la mer agitée. Je parcours la digue jusqu’à la sortie du bourg, croisant quelques familles qui s’efforcent d’être heureuses d’être là.
A midi, je retourne à la Brasserie Michel. Le quatrième vendredi du mois, c’est blanquette de veau à quatorze euros. Elle m’est servie par un jeune homme qui manifestement aimerait faire autre chose que serveur. Le couple de la table voisine se gausse de ses approximations. Comme les autres fois, la clientèle est rare. Cette salle sombre à la déco des années soixante-dix peut contenir soixante convives. Nous sommes sept.
Je rentre à Boulogne par le premier bus C. A Outreau monte un groupe de dix ans d’un centre de loisirs, une vingtaine de moutards dont le calme m’impressionne. Il en est de même des groupes d’adolescents que je peux croiser ici ou là, jamais en train de chahuter comme le font perpétuellement les branlotins rouennais. Il arrive qu’ils me disent bonjour et ce n’est pas pour se moquer.
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Brasserie Michel, à un homme qui lui dit que pour aller si souvent à l’Leclerc, elle doit y avoir un amant :
-J’irons pas à l’Leclerc avec mon homme si j’y avais un amant. Il est là. Il pousse le Caddie.
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Où loge la patronne de la Brasserie Michel, qui fait aussi hôtel, quand elle est en vacances à Lisbonne ? Chez un confrère ? Pas du tout, dans un Air Bibi.
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Sur le marché du Portel, distribution de tracts pour la manif du Premier Mai à Boulogne. J’explique à la dame que si je suis contre le report de l’âge de la retraite, je n’ai plus envie de manifester depuis un certain nombre d’années.
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Quant à taper sur des casseroles, ce n’est pas dans mes mœurs (comme dirait Thomas Clerc).
28 avril 2023
Un peu de soleil mais toujours un vent froid, c’est ce que je constate ce jeudi matin à ma descente du bus F qui a l’avantage de prendre la route côtière et dont le terminus pour cause de travaux est à l’entrée de Wimereux.
Je suis de retour dans ce qui est la plus ancienne station balnéaire de la Côte d’Opale avec l’envie de faire quelques photos du Grand Hôtel (qui n’en est plus un, transformé en appartements), des villas les plus inspirantes (les meilleures sont dans les rues intérieures) et de quelques cabines dites de plage (bien qu’installées sur la digue promenade). Certaines de ces cabines ont pour nom celui de la villa de leur propriétaire (ainsi Grisélidis, qui me fait penser à une certaine prostituée), d’autres non (ainsi Corto Maltese).
Je pourrais suivre les indications de mon Guide du Routard et le tracé de la « balade architecturale » sur le plan que j’ai eu à l’Office de Tourisme, mais je préfère aller à mon gré, en évitant le soleil quand il est en face, les voitures garées, les poubelles sorties.
Vient le moment où j’en ai assez. Je vais m’asseoir sur un banc près de l’arrêt Mairie de Wimereux et un quart d’heure plus tard arrive un bus A qui me ramène à Boulogne-sur-Mer
A la Pharmacie Centrale, près de la place Dalton, je fais renouveler mes gouttes pour les yeux. Cela prend un certain temps car la pharmacienne et l’informatique cela fait deux. Lorsque j’entre Chez Jules, ma table habituelle est occupée. J’obtiens de m’installer à une table côté restaurant pour mon café lecture. Je ne perds pas au change. J’évite le commentaire des articles de La Voix du Nord par celle qui vient là tous les jours avec son journal et son mari éteint et j’ai pour spectacle silencieux le ballet de la p’tite serveuse, Angèle, qui dresse avec application les tables proches de la mienne.
J’ai réservé ici pour le déjeuner. C’est une autre table qui m’est attribuée et c’est une autre serveuse qui s’occupe de moi, aussi aimable et professionnelle. Le filet de canard rôti pommes de terre sautées au beurre de thym sauce porto dont je me faisais un plaisir par avance me déçoit, peu de goût. Avec le verre de vin rouge, la mousse au chocolat accompagnée d’une petite meringue au caramel et le café avec son congolais, cela fait comme toujours dix-huit euros.
Cette fois, je peux m’installer à la terrasse du Français pour reprendre un café et ma lecture. Je n’ose trop m’interroger sur le nom de ce café, ni sur le fait qu’un drapeau tricolore soit présent au-dessus de son auvent. Le couple assez âgé qui le tient n’a pas la tête à ça. Elle et lui sont même très sympathiques.
*
Les cabines de Wimereux se transmettent de génération en génération. Leurs propriétaires les entretiennent, les démontent, les réinstallent à chaque printemps. Toutefois, certaines sont municipales et peuvent être louées. Au mois de juillet ou au mois d’août, c’est deux cent quatre-vingts euros les quatre semaines. Pas pour y loger évidemment.
*
C’est à Wimereux qu’est mort Pilâtre de Rozier, d’un accident de ballon, voulant rallier l’Angleterre avec un ami, mort aussi. Le Collège de Wimille, à côté, bourg où il est enterré, porte son nom.
Je suis de retour dans ce qui est la plus ancienne station balnéaire de la Côte d’Opale avec l’envie de faire quelques photos du Grand Hôtel (qui n’en est plus un, transformé en appartements), des villas les plus inspirantes (les meilleures sont dans les rues intérieures) et de quelques cabines dites de plage (bien qu’installées sur la digue promenade). Certaines de ces cabines ont pour nom celui de la villa de leur propriétaire (ainsi Grisélidis, qui me fait penser à une certaine prostituée), d’autres non (ainsi Corto Maltese).
Je pourrais suivre les indications de mon Guide du Routard et le tracé de la « balade architecturale » sur le plan que j’ai eu à l’Office de Tourisme, mais je préfère aller à mon gré, en évitant le soleil quand il est en face, les voitures garées, les poubelles sorties.
Vient le moment où j’en ai assez. Je vais m’asseoir sur un banc près de l’arrêt Mairie de Wimereux et un quart d’heure plus tard arrive un bus A qui me ramène à Boulogne-sur-Mer
A la Pharmacie Centrale, près de la place Dalton, je fais renouveler mes gouttes pour les yeux. Cela prend un certain temps car la pharmacienne et l’informatique cela fait deux. Lorsque j’entre Chez Jules, ma table habituelle est occupée. J’obtiens de m’installer à une table côté restaurant pour mon café lecture. Je ne perds pas au change. J’évite le commentaire des articles de La Voix du Nord par celle qui vient là tous les jours avec son journal et son mari éteint et j’ai pour spectacle silencieux le ballet de la p’tite serveuse, Angèle, qui dresse avec application les tables proches de la mienne.
J’ai réservé ici pour le déjeuner. C’est une autre table qui m’est attribuée et c’est une autre serveuse qui s’occupe de moi, aussi aimable et professionnelle. Le filet de canard rôti pommes de terre sautées au beurre de thym sauce porto dont je me faisais un plaisir par avance me déçoit, peu de goût. Avec le verre de vin rouge, la mousse au chocolat accompagnée d’une petite meringue au caramel et le café avec son congolais, cela fait comme toujours dix-huit euros.
Cette fois, je peux m’installer à la terrasse du Français pour reprendre un café et ma lecture. Je n’ose trop m’interroger sur le nom de ce café, ni sur le fait qu’un drapeau tricolore soit présent au-dessus de son auvent. Le couple assez âgé qui le tient n’a pas la tête à ça. Elle et lui sont même très sympathiques.
*
Les cabines de Wimereux se transmettent de génération en génération. Leurs propriétaires les entretiennent, les démontent, les réinstallent à chaque printemps. Toutefois, certaines sont municipales et peuvent être louées. Au mois de juillet ou au mois d’août, c’est deux cent quatre-vingts euros les quatre semaines. Pas pour y loger évidemment.
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C’est à Wimereux qu’est mort Pilâtre de Rozier, d’un accident de ballon, voulant rallier l’Angleterre avec un ami, mort aussi. Le Collège de Wimille, à côté, bourg où il est enterré, porte son nom.
27 avril 2023
Ce mercredi matin, je rejoins à nouveau le point de départ du car Région Hauts-de-France de huit heures trente-trois à destination de Calais. Davantage de voyageurs qu’hier y montent, dont deux, je pense, qui ont un autre lieu à atteindre, l’Angleterre, par tous les moyens. A peine le car est-il parti que ces deux-là s’endorment. A l’arrêt Mairie de Wimereux, c’est une quinzaine d’hommes, de femmes et d’enfants d’Afrique. Ils ont l’air d’avoir couché dehors. Je n’ai pas l’impression qu’ils paient pour monter. C’est gratuit pendant les vacances scolaires pour les moins de vingt-six ans. Le chauffeur doit considérer que c’est leur cas. Peut-être sont-ils arrivés ici en bus pour ne pas se faire repérer à la Gare de Boulogne mais la Police les attendra sûrement, comme les deux endormis, au terminus de la ligne, à la Gare de Calais.
Je descends à Ambleteuse, commune de bord de mer située entre Wimereux et Audresselles, à l’arrêt Belvédère. C’est le nom d’un quartier récent que je traverse avant de trouver le Chemin de l’Estuaire, sentier champêtre qui domine les énormes dunes et le Fort Vauban. Entre les deux coule la Slack, court fleuve impétueux qui se jette dans la mer près de ce dernier.
C’est un fort beau Fort que je découvre à l’arrivée, construit pour être entouré d’eau à marée haute mais là elle est basse, ce qui me permet d’en faire le tour et aussi de m’approcher de cette Slack au nom qui claque.
Je marche ensuite sur la digue. Elle est bordée de villas moins spectaculaires que celles de ses voisines Wimereux et Audresselles. Aucun bar, aucun restaurant, des gargotes de plage qui doivent ouvrir plus tard. Deux autochtones m’indiquent la place où se tient un tout petit marché à trois vendeurs car près de celui-ci est un café ouvert, Le Reinitas, qui fait aussi marchand de tabac et de jeux à perdre et dans lequel j’entre. A part moi, la clientèle est locale et se plaint que maintenant il faut tout faire par Internet. Après avoir bu un café à un euro cinquante, malgré une radio crispante, j’avance un peu dans ma lecture du Journal de Stendhal. Celui-ci est en voyage à Rouen. Comme le fera Pierre Louÿs plus tard, il grimpe en haut de la flèche de la Cathédrale.
Les deux restaurants qui voisinent Le Reinitas sont fermés. L’un est vidé de ses tables et chaises. L’autre n’ouvre que le soir. Heureusement, il en est un troisième, à l’angle de cette rue et de la nationale où sont les arrêts du car. Il a pour nom Fort des Caps. J’y entre à midi pile. De nombreux autres font de même dans la demi-heure qui suit, surtout des familles. Une patronne, un patron, deux jeunes serveuses, dont l’une particulièrement à mon goût, font tourner la maison et elle tourne bien, sans la moindre anicroche. Dans la formule à dix-sept euros quatre-vingt-dix, je choisis le filet de plie pommes grenaille, un verre de vin blanc et le brownie glace vanille. C’est bien cuisiné, rien à voir avec Le P’tit Paradis d’Audresselles.
Avant qu’arrive le car du retour, j’explore un peu le centre du bourg. A un carrefour, je découvre une maison fortifiée, un flatiron, une ancienne chapelle et un joli café vendeur de frites, Le Café des Baigneurs, où je n’ai pas le temps d’entrer. Une pancarte indique la direction d’un foyer de L’Arche. Longtemps que je n’avais eu à l’esprit le nom de Lanza del Vasto, qui fut du combat contre l’extension du camp du Larzac et de celui contre le projet de centrale nucléaire à Creys-Malville.
*
« Aujourd'hui Ambleteuse est aussi connue comme l'un des principaux centres de l'organisation caritative la « Communauté de l'Arche », dont les retombées économiques font vivre une partie importante de la population du bourg. » (Ouiquipédia)
Je descends à Ambleteuse, commune de bord de mer située entre Wimereux et Audresselles, à l’arrêt Belvédère. C’est le nom d’un quartier récent que je traverse avant de trouver le Chemin de l’Estuaire, sentier champêtre qui domine les énormes dunes et le Fort Vauban. Entre les deux coule la Slack, court fleuve impétueux qui se jette dans la mer près de ce dernier.
C’est un fort beau Fort que je découvre à l’arrivée, construit pour être entouré d’eau à marée haute mais là elle est basse, ce qui me permet d’en faire le tour et aussi de m’approcher de cette Slack au nom qui claque.
Je marche ensuite sur la digue. Elle est bordée de villas moins spectaculaires que celles de ses voisines Wimereux et Audresselles. Aucun bar, aucun restaurant, des gargotes de plage qui doivent ouvrir plus tard. Deux autochtones m’indiquent la place où se tient un tout petit marché à trois vendeurs car près de celui-ci est un café ouvert, Le Reinitas, qui fait aussi marchand de tabac et de jeux à perdre et dans lequel j’entre. A part moi, la clientèle est locale et se plaint que maintenant il faut tout faire par Internet. Après avoir bu un café à un euro cinquante, malgré une radio crispante, j’avance un peu dans ma lecture du Journal de Stendhal. Celui-ci est en voyage à Rouen. Comme le fera Pierre Louÿs plus tard, il grimpe en haut de la flèche de la Cathédrale.
Les deux restaurants qui voisinent Le Reinitas sont fermés. L’un est vidé de ses tables et chaises. L’autre n’ouvre que le soir. Heureusement, il en est un troisième, à l’angle de cette rue et de la nationale où sont les arrêts du car. Il a pour nom Fort des Caps. J’y entre à midi pile. De nombreux autres font de même dans la demi-heure qui suit, surtout des familles. Une patronne, un patron, deux jeunes serveuses, dont l’une particulièrement à mon goût, font tourner la maison et elle tourne bien, sans la moindre anicroche. Dans la formule à dix-sept euros quatre-vingt-dix, je choisis le filet de plie pommes grenaille, un verre de vin blanc et le brownie glace vanille. C’est bien cuisiné, rien à voir avec Le P’tit Paradis d’Audresselles.
Avant qu’arrive le car du retour, j’explore un peu le centre du bourg. A un carrefour, je découvre une maison fortifiée, un flatiron, une ancienne chapelle et un joli café vendeur de frites, Le Café des Baigneurs, où je n’ai pas le temps d’entrer. Une pancarte indique la direction d’un foyer de L’Arche. Longtemps que je n’avais eu à l’esprit le nom de Lanza del Vasto, qui fut du combat contre l’extension du camp du Larzac et de celui contre le projet de centrale nucléaire à Creys-Malville.
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« Aujourd'hui Ambleteuse est aussi connue comme l'un des principaux centres de l'organisation caritative la « Communauté de l'Arche », dont les retombées économiques font vivre une partie importante de la population du bourg. » (Ouiquipédia)
26 avril 2023
Ce mardi matin, je monte dans le car Région Hauts-de-France de huit heures trente-trois à destination de Calais et en descends à Audresselles, commune de bord de mer située entre Ambleteuse et le Cap Gris Nez. L’arrêt est près d’un restaurant. D’autres sont alignés dans cette rue perpendiculaire à la côte.
Je rejoins ce bord de mer et constate qu’on ne peut le longer. Des maisons ont été construites jusqu’aux premiers rochers. Il faudrait passer par le sable et je n’aime pas ça. Beaucoup de ces habitations sont remarquables, que ce soient des villas (dont l’une dans un blockhaus, on peut la louer pour ses vacances si on est huit ou dix) ou des maisons basses de pêcheurs (ici la spécialité, ce fut le homard). J’en photographie certaines puis cherche, côté Cap Gris Nez, s’il y a moyen à proximité de marcher sur un sentier. Il n’y a pas. Je m’en accommode parce que si le soleil fait des apparitions, le vent lui est constant et glacial. Cela m’amène à me réfugier au P’tit Paradis, le restaurant le plus près de la mer mais qui ne la voit pas plus que les autres. Cet endroit fait aussi café, tabac et même dépôt de boulangerie.
Mon café bu, je lis Stendhal, tant bien que mal, car il y a du bruit. La patronne, nommée Emilie, vient tout juste de reprendre cette affaire et ça la rend volubile. Elle est excitée par cette nouvelle aventure menée avec son chéri. Au point de chanter Sweet Dreams avec Eurythmics à la radio.
Vers onze heures, je ressors pour aller voir l’église fortifiée. Celle-ci est assez loin dans les terres à la sortie du village. C’est un bâtiment qui vaut le détour et d’en faire le tour avant d’y entrer. Elle est entourée d’un cimetière où, si on la cherche, ce qui n’est pas mon cas, on trouve la tombe de Martine Allain-Regnault, journaliste médicale.
De retour au cœur du village, je passe en revue les restaurants ouverts. Aucun ne propose de menu du jour, tout au plus un plat du jour. Faute d’inspiration, je choisis Le P’tit Paradis, me disant que puisque ça vient d’ouvrir, on y sera mieux soigné.
Deux serveuses aident Elodie. Bien qu’elles ne soient pas de sa famille, elles ont une petite ressemblance avec elle. Peut-être est-ce le chéri qui les a recrutées. Elles aussi sont excitées par la nouveauté et se font des amabilités. Pourtant, je discerne déjà quelques petites frictions entre elles et aussi quelques impatiences de la patronne envers elles. Je pense que la bonne ambiance ne va pas durer longtemps mais pour le moment je bénéficie comme les autres clients de moult sourires et de « tout va bien ? ». Le plat du jour est Faluche Burger puled porc frites maison salade. Rien à en dire de particulier. Avec un quart de vin rouge basique, cela fait dix-neuf euros.
Il y a des tables en terrasse au P’tit Paradis, où je prendrais bien un café, mais avec ce vent glacial, c’est impossible. Je trouve un banc bleu abrité par une maison face à la mer pour regarder celle-ci en attendant que le car de treize heures trente-trois me ramène à Boulogne.
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Un buveur de bière au comptoir du P’tit Paradis : « J’avais des copains dans l’temps, quand j’étais jeune, je vois plus personne, La Voix du Nord je l’ai sur mon téléphone, c’est plus la même vie. »
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C’est à Audresselles qu’a été tournée la série Le P’tit Quinquin. Certains de ses habitants parlent encore le picard maritime. Dicton local des marins: « vint d'amont va coutcher aveuc les files d'Auderselle ». Traduction : quand souffle le vent d’amont (comme aujourd’hui peut-être) les marins restent à terre et s’occupent en couchant avec les filles d’Audresselles.
Je rejoins ce bord de mer et constate qu’on ne peut le longer. Des maisons ont été construites jusqu’aux premiers rochers. Il faudrait passer par le sable et je n’aime pas ça. Beaucoup de ces habitations sont remarquables, que ce soient des villas (dont l’une dans un blockhaus, on peut la louer pour ses vacances si on est huit ou dix) ou des maisons basses de pêcheurs (ici la spécialité, ce fut le homard). J’en photographie certaines puis cherche, côté Cap Gris Nez, s’il y a moyen à proximité de marcher sur un sentier. Il n’y a pas. Je m’en accommode parce que si le soleil fait des apparitions, le vent lui est constant et glacial. Cela m’amène à me réfugier au P’tit Paradis, le restaurant le plus près de la mer mais qui ne la voit pas plus que les autres. Cet endroit fait aussi café, tabac et même dépôt de boulangerie.
Mon café bu, je lis Stendhal, tant bien que mal, car il y a du bruit. La patronne, nommée Emilie, vient tout juste de reprendre cette affaire et ça la rend volubile. Elle est excitée par cette nouvelle aventure menée avec son chéri. Au point de chanter Sweet Dreams avec Eurythmics à la radio.
Vers onze heures, je ressors pour aller voir l’église fortifiée. Celle-ci est assez loin dans les terres à la sortie du village. C’est un bâtiment qui vaut le détour et d’en faire le tour avant d’y entrer. Elle est entourée d’un cimetière où, si on la cherche, ce qui n’est pas mon cas, on trouve la tombe de Martine Allain-Regnault, journaliste médicale.
De retour au cœur du village, je passe en revue les restaurants ouverts. Aucun ne propose de menu du jour, tout au plus un plat du jour. Faute d’inspiration, je choisis Le P’tit Paradis, me disant que puisque ça vient d’ouvrir, on y sera mieux soigné.
Deux serveuses aident Elodie. Bien qu’elles ne soient pas de sa famille, elles ont une petite ressemblance avec elle. Peut-être est-ce le chéri qui les a recrutées. Elles aussi sont excitées par la nouveauté et se font des amabilités. Pourtant, je discerne déjà quelques petites frictions entre elles et aussi quelques impatiences de la patronne envers elles. Je pense que la bonne ambiance ne va pas durer longtemps mais pour le moment je bénéficie comme les autres clients de moult sourires et de « tout va bien ? ». Le plat du jour est Faluche Burger puled porc frites maison salade. Rien à en dire de particulier. Avec un quart de vin rouge basique, cela fait dix-neuf euros.
Il y a des tables en terrasse au P’tit Paradis, où je prendrais bien un café, mais avec ce vent glacial, c’est impossible. Je trouve un banc bleu abrité par une maison face à la mer pour regarder celle-ci en attendant que le car de treize heures trente-trois me ramène à Boulogne.
*
Un buveur de bière au comptoir du P’tit Paradis : « J’avais des copains dans l’temps, quand j’étais jeune, je vois plus personne, La Voix du Nord je l’ai sur mon téléphone, c’est plus la même vie. »
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C’est à Audresselles qu’a été tournée la série Le P’tit Quinquin. Certains de ses habitants parlent encore le picard maritime. Dicton local des marins: « vint d'amont va coutcher aveuc les files d'Auderselle ». Traduction : quand souffle le vent d’amont (comme aujourd’hui peut-être) les marins restent à terre et s’occupent en couchant avec les filles d’Audresselles.
25 avril 2023
Un temps maussade étant encore une fois promis pour ce lundi, je laisse Stendhal à la maison, ainsi que mon sac à dos. Inutile que l’un et l’autre soient avec moi si la menace de pluie se concrétise. Il est sept heures trente. J’arrive au Columbus Café au moment où ma préférée termine d’installer le mobilier de la terrasse, les chaises noires avec les tables noires, les chaises jaunes avec les tables jaunes. « Vous n’avez jamais envie de mélanger le jaune avec le noir ? », lui demandé-je. « Si, je l’ai déjà fait mais le patron ne veut pas, il trouve que ça fait mal aux yeux ». Elle, elle ne me fait pas du tout mal aux yeux avec ses cheveux teints en roux coiffés en deux couettes, ses lunettes rondes et son pantalon à franges. Elle s’accorde parfaitement à la musique que diffuse Spotify, California Dreamin', Mrs. Robinson et autres chansons du temps où j’avais son âge.
Mon petit-déjeuner terminé, un bus A m’emmène à la Mairie de Wimereux. Après avoir rejoint le bord de mer, je me mets à la recherche du sentier des douaniers direction Ambleteuse. Mon objectif du jour est à mi-chemin entre les deux communes et a pour nom la Pointe aux Oies.
Las, quand je le trouve, ce chemin, je vois qu’il est désormais interdit en raison des chutes de falaise. Me voici obligé de faire un grand détour qui monte par la route jusqu’à un terrain de foute. Là démarre le chemin caillouteux, portion du Géherre Cent Vingt. La mer est à ma gauche et c’est d’abord une longue ligne droite.
Vu le temps gris menaçant, je m’attends à ne croiser personne, mais si, une coureuse, puis deux hommes à chien. A un moment, conséquence des dernières pluies, le chemin disparaît sous l’eau. Contourner cette bassine m’oblige à des acrobaties. Puis le sentier bifurque à gauche. Me voici arrivé. Des fils de fer empêchent de s’approcher du bord.
Cette Pointe aux Oies n’a rien de spectaculaire. A défaut d’oies, j’y vois deux petits lapins qui me montrent leur queue en fuyant. Au loin, c’est la Baie de Saint-Jean et les dunes de la Slack qu’il faudrait longer loin de la mer pour traverser cette Slack et atteindre Ambleteuse, ce qui est au-delà de mon envie et de mes forces.
Je rebrousse et passe à l’Office de Tourisme où une aimable jeune personne me fournit de la documentation pour les jours suivants. Quand je ressors, c’est à peine croyable, le ciel est devenu bleu. C’est sur un banc au soleil que j’attends un quart d’heure le bus A du retour. En traversant Wimille, .il passe à proximité de la Colonne de la Grande Armée, dite aussi Colonne Napoléon, haute de cinquante-quatre mètres. Une statue de Napoléon Bonaparte tournant le dos à la mer se trouve à son sommet.
Je descends de ce bus près de mon logis provisoire, prends mon sac à dos contenant Stendhal, marche jusqu’à la place Dalton, réserve une table Chez Jules et, en attendant qu’il soit midi, m’offre une demi-heure de café lecture.
C’est Madame Leleu, la patronne, qui me conduit à ma table et la p’tite serveuse qui s’occupe de moi avec professionnalisme. Aujourd’hui, pour dix-huit euros, c’est une véritable andouillette de Troyes AAAAA frites fraîches, un verre de vin rouge, un gâteau nommé désir (biscuit noisette, croustillant praliné, chantilly, chocolat noir à la framboise) et un café. Pas question dans cette maison de vous servir la nourriture sur une planche. Elle arrive dans une grande assiette dotée d’un couvercle métallique en forme de dôme, une cloche que l’on soulève au moment où on la pose devant vous. Quelques secondes après surgit, portée par d’autres mains, la saucière en acier inoxydable.
*
Reçu il y a deux jours d’un fidèle lecteur, bon connaisseur de la littérature, cet extrait de La Digue de Ludovic Degroote, texte écrit entre Wimereux et La Madeleine, paru en mil neuf cent quatre-vingt-quinze aux Editions Unes :
C’est la mer à gauche quand on va à la Pointe aux Oies, à droite ce sont les cabines, les villas, les immeubles récents, et puis aussi le Grand Hôtel, les choses, ça arrive, on ne les voit plus, on croit les savoir par cœur, on n’écoute plus rien.
Mon petit-déjeuner terminé, un bus A m’emmène à la Mairie de Wimereux. Après avoir rejoint le bord de mer, je me mets à la recherche du sentier des douaniers direction Ambleteuse. Mon objectif du jour est à mi-chemin entre les deux communes et a pour nom la Pointe aux Oies.
Las, quand je le trouve, ce chemin, je vois qu’il est désormais interdit en raison des chutes de falaise. Me voici obligé de faire un grand détour qui monte par la route jusqu’à un terrain de foute. Là démarre le chemin caillouteux, portion du Géherre Cent Vingt. La mer est à ma gauche et c’est d’abord une longue ligne droite.
Vu le temps gris menaçant, je m’attends à ne croiser personne, mais si, une coureuse, puis deux hommes à chien. A un moment, conséquence des dernières pluies, le chemin disparaît sous l’eau. Contourner cette bassine m’oblige à des acrobaties. Puis le sentier bifurque à gauche. Me voici arrivé. Des fils de fer empêchent de s’approcher du bord.
Cette Pointe aux Oies n’a rien de spectaculaire. A défaut d’oies, j’y vois deux petits lapins qui me montrent leur queue en fuyant. Au loin, c’est la Baie de Saint-Jean et les dunes de la Slack qu’il faudrait longer loin de la mer pour traverser cette Slack et atteindre Ambleteuse, ce qui est au-delà de mon envie et de mes forces.
Je rebrousse et passe à l’Office de Tourisme où une aimable jeune personne me fournit de la documentation pour les jours suivants. Quand je ressors, c’est à peine croyable, le ciel est devenu bleu. C’est sur un banc au soleil que j’attends un quart d’heure le bus A du retour. En traversant Wimille, .il passe à proximité de la Colonne de la Grande Armée, dite aussi Colonne Napoléon, haute de cinquante-quatre mètres. Une statue de Napoléon Bonaparte tournant le dos à la mer se trouve à son sommet.
Je descends de ce bus près de mon logis provisoire, prends mon sac à dos contenant Stendhal, marche jusqu’à la place Dalton, réserve une table Chez Jules et, en attendant qu’il soit midi, m’offre une demi-heure de café lecture.
C’est Madame Leleu, la patronne, qui me conduit à ma table et la p’tite serveuse qui s’occupe de moi avec professionnalisme. Aujourd’hui, pour dix-huit euros, c’est une véritable andouillette de Troyes AAAAA frites fraîches, un verre de vin rouge, un gâteau nommé désir (biscuit noisette, croustillant praliné, chantilly, chocolat noir à la framboise) et un café. Pas question dans cette maison de vous servir la nourriture sur une planche. Elle arrive dans une grande assiette dotée d’un couvercle métallique en forme de dôme, une cloche que l’on soulève au moment où on la pose devant vous. Quelques secondes après surgit, portée par d’autres mains, la saucière en acier inoxydable.
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Reçu il y a deux jours d’un fidèle lecteur, bon connaisseur de la littérature, cet extrait de La Digue de Ludovic Degroote, texte écrit entre Wimereux et La Madeleine, paru en mil neuf cent quatre-vingt-quinze aux Editions Unes :
C’est la mer à gauche quand on va à la Pointe aux Oies, à droite ce sont les cabines, les villas, les immeubles récents, et puis aussi le Grand Hôtel, les choses, ça arrive, on ne les voit plus, on croit les savoir par cœur, on n’écoute plus rien.
24 mars 2023
Encore la pluie pour perspective ce dimanche à Boulogne-sur-Mer, mais comme le ciel n’est pas encore complétement gris vers huit heures et demie, je prends le risque d’aller voir le bout de la plage, où mes pieds ne m’ont pas encore conduit.
Ce jour a lieu un petit marché face aux hallettes des marchands de poisson fraîchement débarqué. Au-delà, je ne rencontre plus sur la promenade que les inévitables trotteurs et crotteurs, des sportifs et des animaux dont on ne peut jamais faire l’économie.
Je passe encore une fois devant Nausicaá, cette attraction animalière qui ne suscite aucun débat (les animaux aquatiques en cage ne sont pas perçus de la même manière que les animaux terrestres en cage). Elle attire les bus en nombre suffisant pour que la ville de Boulogne-sur-Mer ne se soucie pas de se rendre plus attirante par ailleurs. Après la Bibliothèque de Plage que je n’aurai vue que fermée, est une statue représentant un globe terrestre d'où s'envole un aigle. Elle est à la mémoire de Ferber « capitaine d’artillerie précurseur et victime de l’aviation ».
Cela monte doucement ensuite le long du boulevard Sainte-Beuve dont quelques villas sont regardables, le reste n’étant que modernité dépassée. Quand j’arrive au bout de la plage, j’ai envie de poursuivre un peu sur le sentier des douaniers, direction Wimereux, mais les premières gouttes me tombent dessus et surtout un panneau déconseille ce chemin « Danger éboulement permanent de la falaise ». Permanent c’est exagéré. Fréquent aurait suffi. C’est comme la pluie ici, pas toujours, mais souvent.
*
Un piètre repas à midi, le fish and chips d’Au Bureau présenté sur une planche, peu de chose pour son prix, quatorze euros quatre-vingt-dix. J’ai pour attraction principale le spectacle désolant d’une famille ébahie par Génération Cinquante. Parents et grands-parents n’en ont que pour Emilie Jolie (comme ils disent). Quelle idée d’appeler sa fille Emilie. Toute son enfance, et même après, elle aura droit à ce sobriquet d’Emilie Jolie. Et pour peu qu’elle soit laide…
*
Il y a pire prix qu’en France pour les plats uniques au restaurant. J’ai appris hier soir sur France Trois Hauts-de-France qu’à La Panne les moules frites sont facturées vingt-quatre euros, pas loin du double du prix pratiqué ici, car en Belgique pas de bouclier énergétique. Il s’ensuit que certains Belges viennent manger leurs moules frites à Bray-Dunes.
*
Charles-Augustin Sainte-Beuve est né à Boulogne-sur-Mer, d’où le boulevard à son nom. Louis Ferdinand Ferber, pionnier de l’aviation, est mort au décollage à Beuvrequen près de Boulogne-sur-Mer.
*
La Librairie Mollat barbouillée de peintures et recouverte par les affiches des colleuses du coin en raison de la venue dans ses murs du bègue Beder pour y présenter son dernier livre, la maison de ce dernier à Guéthary et sa voiture ayant déjà été dégradées par les mêmes ou leurs semblables, triste illustration du déplorable vingt et unième siècle dans lequel il faut bien vivre.
Ce qui me désole le plus, c’est que parmi les gens de gauche, si soucieux de liberté d’expression, quasiment plus personne ne condamne de tels actes, beaucoup parce qu’ils sont d’accord, d’autres parce que, pris de peur, ils font profil bas.
Ce jour a lieu un petit marché face aux hallettes des marchands de poisson fraîchement débarqué. Au-delà, je ne rencontre plus sur la promenade que les inévitables trotteurs et crotteurs, des sportifs et des animaux dont on ne peut jamais faire l’économie.
Je passe encore une fois devant Nausicaá, cette attraction animalière qui ne suscite aucun débat (les animaux aquatiques en cage ne sont pas perçus de la même manière que les animaux terrestres en cage). Elle attire les bus en nombre suffisant pour que la ville de Boulogne-sur-Mer ne se soucie pas de se rendre plus attirante par ailleurs. Après la Bibliothèque de Plage que je n’aurai vue que fermée, est une statue représentant un globe terrestre d'où s'envole un aigle. Elle est à la mémoire de Ferber « capitaine d’artillerie précurseur et victime de l’aviation ».
Cela monte doucement ensuite le long du boulevard Sainte-Beuve dont quelques villas sont regardables, le reste n’étant que modernité dépassée. Quand j’arrive au bout de la plage, j’ai envie de poursuivre un peu sur le sentier des douaniers, direction Wimereux, mais les premières gouttes me tombent dessus et surtout un panneau déconseille ce chemin « Danger éboulement permanent de la falaise ». Permanent c’est exagéré. Fréquent aurait suffi. C’est comme la pluie ici, pas toujours, mais souvent.
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Un piètre repas à midi, le fish and chips d’Au Bureau présenté sur une planche, peu de chose pour son prix, quatorze euros quatre-vingt-dix. J’ai pour attraction principale le spectacle désolant d’une famille ébahie par Génération Cinquante. Parents et grands-parents n’en ont que pour Emilie Jolie (comme ils disent). Quelle idée d’appeler sa fille Emilie. Toute son enfance, et même après, elle aura droit à ce sobriquet d’Emilie Jolie. Et pour peu qu’elle soit laide…
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Il y a pire prix qu’en France pour les plats uniques au restaurant. J’ai appris hier soir sur France Trois Hauts-de-France qu’à La Panne les moules frites sont facturées vingt-quatre euros, pas loin du double du prix pratiqué ici, car en Belgique pas de bouclier énergétique. Il s’ensuit que certains Belges viennent manger leurs moules frites à Bray-Dunes.
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Charles-Augustin Sainte-Beuve est né à Boulogne-sur-Mer, d’où le boulevard à son nom. Louis Ferdinand Ferber, pionnier de l’aviation, est mort au décollage à Beuvrequen près de Boulogne-sur-Mer.
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La Librairie Mollat barbouillée de peintures et recouverte par les affiches des colleuses du coin en raison de la venue dans ses murs du bègue Beder pour y présenter son dernier livre, la maison de ce dernier à Guéthary et sa voiture ayant déjà été dégradées par les mêmes ou leurs semblables, triste illustration du déplorable vingt et unième siècle dans lequel il faut bien vivre.
Ce qui me désole le plus, c’est que parmi les gens de gauche, si soucieux de liberté d’expression, quasiment plus personne ne condamne de tels actes, beaucoup parce qu’ils sont d’accord, d’autres parce que, pris de peur, ils font profil bas.
23 avril 2023
Ce samedi matin, sous un ciel gris, je franchis la Liane par le pont semi-couvert. Il s’agit cette fois de faire le tour complet du port de pêche (mon premier essai ayant échoué à cause de la pluie qui m’avait fait rebrousser). Je longe à nouveau le bassin Napoléon, de là à l’écluse Loubet, de là à la Capitainerie d’où je photographie en face Nausicaá et au loin le dôme de la Basilique, de là au Bassin Loubet où sont amarrés les bateaux de pêche industrielle, des gros comme on ne voit pas à Dieppe, l’un a pour nom Parti de Rien.
Je ne suis pas le seul à marcher autour de Bassin Loubet. Un homme m’a rejoint et dépassé au passage de l’écluse. Il fait la même chose que moi mais avec un appareil de professionnel. Au bout de ce bassin se trouve le préau de ramendage dans lequel gisent de longs filets. Je ne suis pas loin du Portel dont je vois les éoliennes, immobiles. Les laissant dans mon dos, je reviens par l’autre côté, photographiant pour finir le seul bâtiment à l’architecture originale. Les autres sont fonctionnels, de vastes hangars. Des camions sont garés devant leurs portes attendant un chargement.
De retour sur l’autre rive de la Liane je fais un court passage au marché de la place Dalton, y achète deux kilos de bananes pour trois euros, puis entre Chez Jules où se trouve la foule du samedi matin, essentiellement bourgeoise. Je reste là lisant Stendhal jusqu’à midi moins le quart puis me dirige ver la brasserie Le Royal, voisine du Columbus Café, où j’ai retenu une table.
Le décor en est encore joli mais abimé par une télé musicale à chanson française. Des gens de passage constituent l’essentiel de la clientèle de cette affaire familiale, le patron en cuisine, la patronne et sa fille, charmantes toutes les deux, en salle et derrière le comptoir, la seconde en longue jupe plissée et crop top. Une formule est proposée même ce jour, à dix-neuf euros dix. Je vois arriver successivement sur ma table, bien placée au fond de la salle, un peu en hauteur, un petit verre de sauvignon, un petit gratin de julienne que j’ai demandé avec du riz parce que les frites j’ai besoin de faire une pause, une petite part de tarte pomme rhubarbe et un café. Au regard de la quantité et de la qualité, c’est cher payé, mais je ne fais aucune remarque désagréable et comme le soleil est apparu durant mon repas, je vais m’installer à ma table habituelle de la terrasse du Français où, après un nouveau café, je reprends ma lecture, bien que j’aie les yeux fatigués et souvent comme un voile devant le droit.
*
Une cliente de Chez Jules : « J’hésite entre un chocolat viennois et un mojito ». Une autre, plus âgée : « Je ne serai pas une veuve joyeuse ».
*
Dans La Voix du Nord, lu au Columbus Café, Lille qui s’enorgueillit d’être la ville française qui fait le plus pour les chiens. De quoi donner des idées à qui n’en a pas, alors qu’il y en a déjà trop. Sur le marché de la place Dalton, où que je pose mon regard, au moins trois chiens visibles.
*
Un début de texte en employant « de là » à la manière du jeune Stendhal qui court toujours d’un lieu à l’autre. Pour moi, il n’est plus question de courir. Pour une autre de mon âge, ça s’est terminé par une chute dont elle sent encore les conséquences, ce qu’elle raconte à chaque tablée de Chez Jules ce samedi matin « J’ai voulu courir avec mon chien sur la plage ». Cela ne lui serait pas arrivé si la plage de Boulogne était interdite aux chiens comme celle de Wimereux.
Je ne suis pas le seul à marcher autour de Bassin Loubet. Un homme m’a rejoint et dépassé au passage de l’écluse. Il fait la même chose que moi mais avec un appareil de professionnel. Au bout de ce bassin se trouve le préau de ramendage dans lequel gisent de longs filets. Je ne suis pas loin du Portel dont je vois les éoliennes, immobiles. Les laissant dans mon dos, je reviens par l’autre côté, photographiant pour finir le seul bâtiment à l’architecture originale. Les autres sont fonctionnels, de vastes hangars. Des camions sont garés devant leurs portes attendant un chargement.
De retour sur l’autre rive de la Liane je fais un court passage au marché de la place Dalton, y achète deux kilos de bananes pour trois euros, puis entre Chez Jules où se trouve la foule du samedi matin, essentiellement bourgeoise. Je reste là lisant Stendhal jusqu’à midi moins le quart puis me dirige ver la brasserie Le Royal, voisine du Columbus Café, où j’ai retenu une table.
Le décor en est encore joli mais abimé par une télé musicale à chanson française. Des gens de passage constituent l’essentiel de la clientèle de cette affaire familiale, le patron en cuisine, la patronne et sa fille, charmantes toutes les deux, en salle et derrière le comptoir, la seconde en longue jupe plissée et crop top. Une formule est proposée même ce jour, à dix-neuf euros dix. Je vois arriver successivement sur ma table, bien placée au fond de la salle, un peu en hauteur, un petit verre de sauvignon, un petit gratin de julienne que j’ai demandé avec du riz parce que les frites j’ai besoin de faire une pause, une petite part de tarte pomme rhubarbe et un café. Au regard de la quantité et de la qualité, c’est cher payé, mais je ne fais aucune remarque désagréable et comme le soleil est apparu durant mon repas, je vais m’installer à ma table habituelle de la terrasse du Français où, après un nouveau café, je reprends ma lecture, bien que j’aie les yeux fatigués et souvent comme un voile devant le droit.
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Une cliente de Chez Jules : « J’hésite entre un chocolat viennois et un mojito ». Une autre, plus âgée : « Je ne serai pas une veuve joyeuse ».
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Dans La Voix du Nord, lu au Columbus Café, Lille qui s’enorgueillit d’être la ville française qui fait le plus pour les chiens. De quoi donner des idées à qui n’en a pas, alors qu’il y en a déjà trop. Sur le marché de la place Dalton, où que je pose mon regard, au moins trois chiens visibles.
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Un début de texte en employant « de là » à la manière du jeune Stendhal qui court toujours d’un lieu à l’autre. Pour moi, il n’est plus question de courir. Pour une autre de mon âge, ça s’est terminé par une chute dont elle sent encore les conséquences, ce qu’elle raconte à chaque tablée de Chez Jules ce samedi matin « J’ai voulu courir avec mon chien sur la plage ». Cela ne lui serait pas arrivé si la plage de Boulogne était interdite aux chiens comme celle de Wimereux.
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