Globalement, j’ai de la chance le mercredi à Paris, il fait souvent beau ou du moins pas mauvais. Cette fois, pour le dernier de novembre deux mille dix-neuf, la météo est catégorique, je ne couperai pas à la pluie.
Je suis déjà bien content d’y échapper sur le trajet entre mon logement et la gare de Rouen. Pendant que le sept heures cinquante-neuf se traîne jusqu’à la capitale, je termine la lecture de Rappelle-toi Barbara de Sophie Delassein (Dix/Dix-Huit).
Il ne pleut pas encore lorsque je sors de terre au milieu des travaux à Ledru-Rollin. Après un café vite bu au Faubourg, je suis le premier à entrer chez Book-Off. Parmi les livres à un euro, j’en débusque à mettre dans mon panier aux rayons Chanson : Trenet illustré par Dupuy-Berberian et Nougaro illustré par Ricardo Mosner (les deux chez Albin Michel), Art : Le Perche « A l’aube du troisième millénaire » de Vincent Malone (leroidelaprod), Cinéma : Hollywood Babylone de Kenneth Anger (Tristram) et Littérature : Shakespeare n’a jamais fait ça de Charles Bukowski (13e Note Editions) ainsi que Gisella de Jean-Pierre Verheggem (Anatolia/ Editions du Rocher).
Lorsque j’en sors, l’averse sévit. Je trouve abri sous l’auvent du Faubourg le temps de réfléchir à la suite, avec pour spectacle les pratiquant(e)s de la salle de gymnastique située au-dessus du Ma Queue Donald (comme dirait Brigitte Fontaine). A ma gauche, un jeune homme dont le dynamisme ne fait aucun doute s’entretient au téléphone avec un semblable. Il lui suggère de copier la signalétique de Parashop pour vendre des produits anti âge. Un panneau publicitaire vante la Haute-Marne. On y respire. Elle vous inspire. L’image est celle d’une jeune femme qui regarde la campagne par la porte-fenêtre d’une maison de vacances. Elle semble sur le point de s’ennuyer autant que moi lorsque j’y suis allé. Je décide de jouer la sécurité en passant une partie de l’après-midi chez Pompidou. Je rejoins donc Beaubourg en métro et entre à midi moins cinq chez New New.
Il y fait trop chaud. Les vitres embuées empêchent de voir l’extérieur. Cela n’arrange pas mon début de rhume. Les deux femmes les plus proches de moi parlent des collègues, spécialement de l’une qui a demandé sa mutation : « Elle a dû apprendre à côtoyer des gens qui gagnent deux plus qu’elle et qui ne fichent rien ». Cela vise le Rectorat de la Réunion.
Il mouille toujours autant quand je remets le pied dehors et à considérer la file d’attente du vestiaire, nombreux sont ceux qui ont Pompidou comme plan pluie. C’est en ascenseur que je monte au niveau Art Moderne. J’y vois d’abord l’exposition Dorothy Iannone, toujours de l’audace ! puis parcours les salles de la collection permanente. Depuis un certain temps, on n’y trouve aucun Balthus. Je m’en inquiète auprès d’un homme chargé du renseignement. Effectivement, me dit-il en consultant son ordinateur, ils sont en rotation c’est-à-dire en réserve. Autrefois, m’explique-t-il, les salles changeaient peu, presque pas assez, maintenant c’est le contraire, ça bouge presque trop. Nous-mêmes, on n’est pas informé des changements. J’espère que Balthus va revenir, qu’il n’est pas victime de l’air du temps.
Sorti de ce lieu, lui aussi surchauffé, j’évite la pluie en descendant sous terre à Rambuteau où je glisse dans la fente le dernier ticket de métro parisien de ma vie. J’en ressors à Quatre Septembre, un café chez Edmond, et j’entre au second Book-Off où pour un euro je deviens propriétaire de Quand nous dansions sur la table de René Nicolas Ehni (Christian Bourgois), un écrivain que je lisais dans les années Soixante-Dix lorsqu’il n’avait qu’un seul prénom.
Maintenant, si l’on veut continuer à acheter des carnets de dix tickets de métro parisien, il faut payer deux euros de plus. L’un de ces petits rectangles cartonnés met dix ans à disparaître. Ici comme ailleurs, on veut sauver la planète. Pour ce faire, Île de France mobilités met en vente des cartes « navigo easy » rechargeables à l’ancien tarif. C’est un employé revêche à longs cheveux filasse qui m’en procure une, faisant de moi un homme moderne et vertueux.
*
Le Perche à l'aube du troisième millénaire « Un chef-d’œuvre de l'iconographie contemporaine découpé à la main par Vincent Malone dans un hebdomadaire vicinal » (Jean-Baptiste Harang dans Libération en décembre deux mille trois).
*
La petite histoire de Brigitte Fontaine, entendue lors d’un de ses concerts au Théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly :
-Je vais arrêter la chanson pour ouvrir un restaurant, je l’appellerai Mes Couilles Mickey.
(…)
-Bah oui, y en a un qui marche drôlement bien, il s’appelle Ma Queue Donald.
Je suis déjà bien content d’y échapper sur le trajet entre mon logement et la gare de Rouen. Pendant que le sept heures cinquante-neuf se traîne jusqu’à la capitale, je termine la lecture de Rappelle-toi Barbara de Sophie Delassein (Dix/Dix-Huit).
Il ne pleut pas encore lorsque je sors de terre au milieu des travaux à Ledru-Rollin. Après un café vite bu au Faubourg, je suis le premier à entrer chez Book-Off. Parmi les livres à un euro, j’en débusque à mettre dans mon panier aux rayons Chanson : Trenet illustré par Dupuy-Berberian et Nougaro illustré par Ricardo Mosner (les deux chez Albin Michel), Art : Le Perche « A l’aube du troisième millénaire » de Vincent Malone (leroidelaprod), Cinéma : Hollywood Babylone de Kenneth Anger (Tristram) et Littérature : Shakespeare n’a jamais fait ça de Charles Bukowski (13e Note Editions) ainsi que Gisella de Jean-Pierre Verheggem (Anatolia/ Editions du Rocher).
Lorsque j’en sors, l’averse sévit. Je trouve abri sous l’auvent du Faubourg le temps de réfléchir à la suite, avec pour spectacle les pratiquant(e)s de la salle de gymnastique située au-dessus du Ma Queue Donald (comme dirait Brigitte Fontaine). A ma gauche, un jeune homme dont le dynamisme ne fait aucun doute s’entretient au téléphone avec un semblable. Il lui suggère de copier la signalétique de Parashop pour vendre des produits anti âge. Un panneau publicitaire vante la Haute-Marne. On y respire. Elle vous inspire. L’image est celle d’une jeune femme qui regarde la campagne par la porte-fenêtre d’une maison de vacances. Elle semble sur le point de s’ennuyer autant que moi lorsque j’y suis allé. Je décide de jouer la sécurité en passant une partie de l’après-midi chez Pompidou. Je rejoins donc Beaubourg en métro et entre à midi moins cinq chez New New.
Il y fait trop chaud. Les vitres embuées empêchent de voir l’extérieur. Cela n’arrange pas mon début de rhume. Les deux femmes les plus proches de moi parlent des collègues, spécialement de l’une qui a demandé sa mutation : « Elle a dû apprendre à côtoyer des gens qui gagnent deux plus qu’elle et qui ne fichent rien ». Cela vise le Rectorat de la Réunion.
Il mouille toujours autant quand je remets le pied dehors et à considérer la file d’attente du vestiaire, nombreux sont ceux qui ont Pompidou comme plan pluie. C’est en ascenseur que je monte au niveau Art Moderne. J’y vois d’abord l’exposition Dorothy Iannone, toujours de l’audace ! puis parcours les salles de la collection permanente. Depuis un certain temps, on n’y trouve aucun Balthus. Je m’en inquiète auprès d’un homme chargé du renseignement. Effectivement, me dit-il en consultant son ordinateur, ils sont en rotation c’est-à-dire en réserve. Autrefois, m’explique-t-il, les salles changeaient peu, presque pas assez, maintenant c’est le contraire, ça bouge presque trop. Nous-mêmes, on n’est pas informé des changements. J’espère que Balthus va revenir, qu’il n’est pas victime de l’air du temps.
Sorti de ce lieu, lui aussi surchauffé, j’évite la pluie en descendant sous terre à Rambuteau où je glisse dans la fente le dernier ticket de métro parisien de ma vie. J’en ressors à Quatre Septembre, un café chez Edmond, et j’entre au second Book-Off où pour un euro je deviens propriétaire de Quand nous dansions sur la table de René Nicolas Ehni (Christian Bourgois), un écrivain que je lisais dans les années Soixante-Dix lorsqu’il n’avait qu’un seul prénom.
Maintenant, si l’on veut continuer à acheter des carnets de dix tickets de métro parisien, il faut payer deux euros de plus. L’un de ces petits rectangles cartonnés met dix ans à disparaître. Ici comme ailleurs, on veut sauver la planète. Pour ce faire, Île de France mobilités met en vente des cartes « navigo easy » rechargeables à l’ancien tarif. C’est un employé revêche à longs cheveux filasse qui m’en procure une, faisant de moi un homme moderne et vertueux.
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Le Perche à l'aube du troisième millénaire « Un chef-d’œuvre de l'iconographie contemporaine découpé à la main par Vincent Malone dans un hebdomadaire vicinal » (Jean-Baptiste Harang dans Libération en décembre deux mille trois).
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La petite histoire de Brigitte Fontaine, entendue lors d’un de ses concerts au Théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly :
-Je vais arrêter la chanson pour ouvrir un restaurant, je l’appellerai Mes Couilles Mickey.
(…)
-Bah oui, y en a un qui marche drôlement bien, il s’appelle Ma Queue Donald.