S’il est une catégorie de citoyens qui ne quittent pas Paris au mois d’août, c’est celle des givrés. J’en croise un certain nombre sitôt mis le pied dans la capitale ce mercredi. L’un d’eux arrive avec son sac de livres devant chez Book-Off encore fermé et vient droit sur moi.
-Le magasin, y va bien ouvert ? Parce que mardi, c’était fermé.
-C’était le Quinze Août, lui dis-je.
-Et là, ça va bien ouvert ?
Je l’envoie ennuyer quelqu’un d’autre.
Quand le magasin est ouvert, j’admire le stoïcisme de l’employée qui a affaire à lui et à qui il donne des « Mademoiselle » long comme le bras (comme on dit).
Il n’est pas le seul à vendre. La file des porteurs de gros sacs occupe toute la rangée des beaux livres à deux euros, devenue inaccessible. La plupart, dont le givré, ont plus de soixante ans et manquent visiblement d’argent.
A midi, je déjeune de mon confit de canard pommes rissolées préféré au Rallye, le Péhemmu chinois. La clientèle du bar n’a pas non plus quitté Paris. Elle préfère jeter son argent dans les caisses de l’Etat et de la Française des Jeux. Près de moi mangent un sexagénaire et sa petite-fille devenue adulte. Elle et lui essaient de combler le fossé sans y parvenir. Chacun de leurs sujets de conversation avorte. Il finit par lui parler de ce qu’il a regardé à la télé tandis qu’elle regarde son smartphone.
Quel que soit le jour, à Paris il fait lourd. Je le constate encore une fois, allant pédestrement de la rue du Faubourg-Saint-Antoine à la rue de Fourcy. Après avoir montré mes livres au vigile posté à l’entrée de la Maison Européenne de la Photographie, je paie cinq euros, tarif consenti à la vieillesse, afin de visiter Mémoire et Lumière, photographie japonaise, 1950-2000.
Cette exposition occupe l’ensemble des trois étages de la Mep. Aucune unité, on passe d’un univers à un autre, d’un photographe au suivant. Je ne note aucun nom car aucun de ces artistes japonais ne me retient vraiment, hormis celui que je connaissais déjà beaucoup, Araki, dont je revois ici le Voyage sentimental et le Voyage d’hiver.
Il y a quand même pour m’intéresser les images d’objets vitrifiés par les explosions atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, ainsi que celles de survivants qui racontent.
*
Plus d’entrée gratuite le mercredi après dix-sept heures à la Mep, Ceci pour éviter la constitution d’une file d’attente à l’extérieur du bâtiment. Une conséquence des attentats islamistes.
*
Une habituée du Royal Bourse Opéra, où je bois un café avant d’explorer le second Book-Off :
-Je ne le juge pas, c’est quelqu’un avec qui je vis, hélas, depuis trente ans.
-Le magasin, y va bien ouvert ? Parce que mardi, c’était fermé.
-C’était le Quinze Août, lui dis-je.
-Et là, ça va bien ouvert ?
Je l’envoie ennuyer quelqu’un d’autre.
Quand le magasin est ouvert, j’admire le stoïcisme de l’employée qui a affaire à lui et à qui il donne des « Mademoiselle » long comme le bras (comme on dit).
Il n’est pas le seul à vendre. La file des porteurs de gros sacs occupe toute la rangée des beaux livres à deux euros, devenue inaccessible. La plupart, dont le givré, ont plus de soixante ans et manquent visiblement d’argent.
A midi, je déjeune de mon confit de canard pommes rissolées préféré au Rallye, le Péhemmu chinois. La clientèle du bar n’a pas non plus quitté Paris. Elle préfère jeter son argent dans les caisses de l’Etat et de la Française des Jeux. Près de moi mangent un sexagénaire et sa petite-fille devenue adulte. Elle et lui essaient de combler le fossé sans y parvenir. Chacun de leurs sujets de conversation avorte. Il finit par lui parler de ce qu’il a regardé à la télé tandis qu’elle regarde son smartphone.
Quel que soit le jour, à Paris il fait lourd. Je le constate encore une fois, allant pédestrement de la rue du Faubourg-Saint-Antoine à la rue de Fourcy. Après avoir montré mes livres au vigile posté à l’entrée de la Maison Européenne de la Photographie, je paie cinq euros, tarif consenti à la vieillesse, afin de visiter Mémoire et Lumière, photographie japonaise, 1950-2000.
Cette exposition occupe l’ensemble des trois étages de la Mep. Aucune unité, on passe d’un univers à un autre, d’un photographe au suivant. Je ne note aucun nom car aucun de ces artistes japonais ne me retient vraiment, hormis celui que je connaissais déjà beaucoup, Araki, dont je revois ici le Voyage sentimental et le Voyage d’hiver.
Il y a quand même pour m’intéresser les images d’objets vitrifiés par les explosions atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, ainsi que celles de survivants qui racontent.
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Plus d’entrée gratuite le mercredi après dix-sept heures à la Mep, Ceci pour éviter la constitution d’une file d’attente à l’extérieur du bâtiment. Une conséquence des attentats islamistes.
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Une habituée du Royal Bourse Opéra, où je bois un café avant d’explorer le second Book-Off :
-Je ne le juge pas, c’est quelqu’un avec qui je vis, hélas, depuis trente ans.