« Vous avez oublié d’éteindre la lumière » « Rallumez les étoiles », lis-je, ce dimanche matin, tracé à la peinture blanche effaçable sur les vitrines de la rue Ganterie tandis que je me dirige vers la gare rouennaise ; c’est une protestation contre les éclairages nocturnes des boutiques.
J’arrive au moment de l’ouverture de la gare. S’y précipitent zonards et autres marginaux. Y entrent les voyageurs du premier train pour Paris. Un vigile à chien garde l’œil sur les premiers. Le temps devant rester beau, je me suis décidé à passer la journée dans la capitale où m’attirent des vide greniers.
Prenant mon billet à la machine, je constate que celui de première classe est un euro moins élevé que celui de seconde. J’ai donc place en première dans le sept heures douze, ce qui se résume à être assis sur un siège de couleur différente. Les contrôleurs font leur beurre avec des billets non compostés, vingt euros de supplément.
La ligne Quatorze étant hors service, les Neuf et Six se chargent de m’emmener place d’Italie. La fille la plus sexy du métro porte sur son ventre le numéro quatorze mille zéro zéro quatre. Elle va courir. Ses chaussettes en boule lui échappent et roulent dans le couloir de la rame. Je les chope et les lui rends. Après un café près du marché, je rejoins la Butte aux Cailles dont le vide grenier d’automne est autant fréquenté par les exposants que celui du printemps. J’y retrouve le bouquiniste à un euro, dont quelques livres font mon bonheur, et y découvre, dûment badgé comme tous les vendeurs, un prof des Beaux-Arts de Rouen à prénom mythologique qui ne propose pas la Toison d’Or mais quelques livres de peu d’intérêt pour moi.
Quand j’ai parcouru, sans en oublier une seule, toutes les rues du déballage et trouvé quelques autres livres, je retourne place d’Italie puis descends l’avenue des Gobelins, un chemin souvent parcouru du temps de frère Jacques, afin de rejoindre la rue Mouffetard dont le marché bat son plein. Une Edith Piaf y chante La Vie en rose et un Leonard Cohen Dancing Me to the End of Love. Le vide grenier est dispersé, une partie dans la rue Mouffetard, une partie place de la Contrescarpe, une partie dans des rues adjacentes. Je n’y vois pas le moindre livre achetable, hormis ceux d’un bouquiniste mais ils sont hors de prix.
Métro Sept, métro Cinq, métro Onze, je sors à Jourdain pour L’Autre Vide Grenier. Il est organisé par La Main de l’Autre, association caritative, d’où son nom. Sur les camionnettes de ladite est indiqué : « Distributions de produits de première nécessité et de pains ». Malheureusement, je ne vois guère de quoi me plaire dans la partie des exposants situés place de la Rigole et côté rue des Pyrénées ce ne sont que Chinois vendant à même le sol ce qu’ils ont trouvé dans les poubelles.
Métro Onze, métro Trois, je reviens gare Saint-Lazare et à la brasserie du même nom m’installe à une table avec soleil pour déjeuner à quinze heures trente, un exploit pour moi. La formule rapide est à huit euros dix : faux-filet, salade, frites à volonté. Le quart de gaillac est à trois euros quatre-vingt-dix. « Vous aimez la qualité, je me fournis à Rungis », est-il écrit près du dessin d’un boucher sur la porte. Effectivement, le faux-filet est de qualité. En revanche, le vin est infect. Son fournisseur reste anonyme. A ma gauche, des employés d’origine portugaise d’une boutique ouverte le dimanche se montrent des vidéos des dégâts causés par la tempête tropicale qui a touché leur pays.
A la gare une fille vêtue de noir est assise en tailleur sur le sol. Indifférente à l’effervescence, elle a avec elle trois livres de poche : Frédéric Lenoir, Boris Cyrulnik, Barack Obama. C’est ce dernier qu’elle choisit de lire, m’offrant en plongée un peu de son sein gauche.
Je rentre à Rouen avec un billet de seconde classe par le dix-huit heures dix-huit qui part de la voie dix-huit et y lis un livre acheté à la Butte aux Cailles : Haïku érotiques, traduits du japonais et présentés par Jean Cholley (Picquier poche).
*
La phrase du jour à propos du temps chaud dont on ne voit pas la fin :
-Bientôt, on va aller poser les chrysanthèmes sur les tombes en tongs.
J’arrive au moment de l’ouverture de la gare. S’y précipitent zonards et autres marginaux. Y entrent les voyageurs du premier train pour Paris. Un vigile à chien garde l’œil sur les premiers. Le temps devant rester beau, je me suis décidé à passer la journée dans la capitale où m’attirent des vide greniers.
Prenant mon billet à la machine, je constate que celui de première classe est un euro moins élevé que celui de seconde. J’ai donc place en première dans le sept heures douze, ce qui se résume à être assis sur un siège de couleur différente. Les contrôleurs font leur beurre avec des billets non compostés, vingt euros de supplément.
La ligne Quatorze étant hors service, les Neuf et Six se chargent de m’emmener place d’Italie. La fille la plus sexy du métro porte sur son ventre le numéro quatorze mille zéro zéro quatre. Elle va courir. Ses chaussettes en boule lui échappent et roulent dans le couloir de la rame. Je les chope et les lui rends. Après un café près du marché, je rejoins la Butte aux Cailles dont le vide grenier d’automne est autant fréquenté par les exposants que celui du printemps. J’y retrouve le bouquiniste à un euro, dont quelques livres font mon bonheur, et y découvre, dûment badgé comme tous les vendeurs, un prof des Beaux-Arts de Rouen à prénom mythologique qui ne propose pas la Toison d’Or mais quelques livres de peu d’intérêt pour moi.
Quand j’ai parcouru, sans en oublier une seule, toutes les rues du déballage et trouvé quelques autres livres, je retourne place d’Italie puis descends l’avenue des Gobelins, un chemin souvent parcouru du temps de frère Jacques, afin de rejoindre la rue Mouffetard dont le marché bat son plein. Une Edith Piaf y chante La Vie en rose et un Leonard Cohen Dancing Me to the End of Love. Le vide grenier est dispersé, une partie dans la rue Mouffetard, une partie place de la Contrescarpe, une partie dans des rues adjacentes. Je n’y vois pas le moindre livre achetable, hormis ceux d’un bouquiniste mais ils sont hors de prix.
Métro Sept, métro Cinq, métro Onze, je sors à Jourdain pour L’Autre Vide Grenier. Il est organisé par La Main de l’Autre, association caritative, d’où son nom. Sur les camionnettes de ladite est indiqué : « Distributions de produits de première nécessité et de pains ». Malheureusement, je ne vois guère de quoi me plaire dans la partie des exposants situés place de la Rigole et côté rue des Pyrénées ce ne sont que Chinois vendant à même le sol ce qu’ils ont trouvé dans les poubelles.
Métro Onze, métro Trois, je reviens gare Saint-Lazare et à la brasserie du même nom m’installe à une table avec soleil pour déjeuner à quinze heures trente, un exploit pour moi. La formule rapide est à huit euros dix : faux-filet, salade, frites à volonté. Le quart de gaillac est à trois euros quatre-vingt-dix. « Vous aimez la qualité, je me fournis à Rungis », est-il écrit près du dessin d’un boucher sur la porte. Effectivement, le faux-filet est de qualité. En revanche, le vin est infect. Son fournisseur reste anonyme. A ma gauche, des employés d’origine portugaise d’une boutique ouverte le dimanche se montrent des vidéos des dégâts causés par la tempête tropicale qui a touché leur pays.
A la gare une fille vêtue de noir est assise en tailleur sur le sol. Indifférente à l’effervescence, elle a avec elle trois livres de poche : Frédéric Lenoir, Boris Cyrulnik, Barack Obama. C’est ce dernier qu’elle choisit de lire, m’offrant en plongée un peu de son sein gauche.
Je rentre à Rouen avec un billet de seconde classe par le dix-huit heures dix-huit qui part de la voie dix-huit et y lis un livre acheté à la Butte aux Cailles : Haïku érotiques, traduits du japonais et présentés par Jean Cholley (Picquier poche).
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La phrase du jour à propos du temps chaud dont on ne voit pas la fin :
-Bientôt, on va aller poser les chrysanthèmes sur les tombes en tongs.