En cette fin de semaine, des affichettes sommairement collées sur les murs du quartier annoncent que les Gilets Jaunes soutiennent les commerçants. Elles promeuvent le localisme (c’est mieux chez nous). D’autres affichettes annoncent « Annulé samedi. Maintenu dimanche ». Ce sont celles du Printemps de l’aître Saint Maclou, hors les murs en raison des travaux. L’annulation du samedi est bien sûr due aux Gilets Jaunes. Là aussi on vante le on est mieux entre nous. Les exposants sont des céramistes, ferronniers et verriers normands.
Ce samedi, à midi dix, je suis le seul client au Son du Cor lorsque les Jaunes se font entendre. Bientôt ils apparaissent, remontant la rue Eau-de-Robec, allant je ne sais où. Ils font beaucoup de bruit car ils ont une sono mais ne sont qu’une trentaine. Ces Jaunes chantant « On est là On est là » me rappellent les Orange qui arpentaient le boulevard Saint-Michel au début des années soixante-dix en chantant « Hare Krishna Hare Krishna ».
Plus tard, je ne vois en ville que des Gendarmes Mobiles veillant sur la zone interdite. Le soir venu, j’apprends que les Gilets ne furent que trois cent cinquante à Rouen où aucun lacrymogène n’a été lancé. Ils espèrent faire mieux pour la trentième, nommée « A l’abordage » et qui visera l’Armada.
*
A Paris, place de la République, ce sont jets de projectiles, dégradations et incendies divers. Des envieux pillent les magasins Go Sport et Habitat. Des haineux crient aux Policiers « Suicidez-vous Suicidez-vous ».
*
L’après-midi de ce samedi, Le Rêve de l’Escalier profite du calme et du beau temps pour installer son invité bédéiste devant la bouquinerie. Un client quasi permanent du Sacre lit depuis sa table en terrasse le titre de la bédé.
-Tintin en Thaïlande, ça existe ça ?
Celle qui l’accompagne ne sait pas.
- Attends je vais voir, lui dit-il.
Pour aller voir il ne fait pas les trois mètres qui le séparent de la bédé, il met en marche son smartphone.
-Ah non, c’est une parodie, constate-t-il.
*
Dimanche midi, au Son du Cor, je subis la conversation d’un qui raconte comment il s’est fait nasser hier à République. Au moins une décennie que je croise dans différents cafés ce quinquagénaire à l’élocution déficiente et à chapeau rond. Autrefois, il portait un canotier qui lui donnait l’air d’espérer être repéré pour jouer dans un téléfilm tiré d’une nouvelle de Maupassant. Avec ses peutes, il ricanait des manifestations traversant la ville, auxquelles je participais. Il a été prof remplaçant (je l’ai vu se faire bordeliser sous mes fenêtres lors d’une sortie scolaire), puis promeneur de caniche, puis apprenti masseur, puis je ne sais quoi, et le voici devenu Gilet.
Ce samedi, à midi dix, je suis le seul client au Son du Cor lorsque les Jaunes se font entendre. Bientôt ils apparaissent, remontant la rue Eau-de-Robec, allant je ne sais où. Ils font beaucoup de bruit car ils ont une sono mais ne sont qu’une trentaine. Ces Jaunes chantant « On est là On est là » me rappellent les Orange qui arpentaient le boulevard Saint-Michel au début des années soixante-dix en chantant « Hare Krishna Hare Krishna ».
Plus tard, je ne vois en ville que des Gendarmes Mobiles veillant sur la zone interdite. Le soir venu, j’apprends que les Gilets ne furent que trois cent cinquante à Rouen où aucun lacrymogène n’a été lancé. Ils espèrent faire mieux pour la trentième, nommée « A l’abordage » et qui visera l’Armada.
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A Paris, place de la République, ce sont jets de projectiles, dégradations et incendies divers. Des envieux pillent les magasins Go Sport et Habitat. Des haineux crient aux Policiers « Suicidez-vous Suicidez-vous ».
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L’après-midi de ce samedi, Le Rêve de l’Escalier profite du calme et du beau temps pour installer son invité bédéiste devant la bouquinerie. Un client quasi permanent du Sacre lit depuis sa table en terrasse le titre de la bédé.
-Tintin en Thaïlande, ça existe ça ?
Celle qui l’accompagne ne sait pas.
- Attends je vais voir, lui dit-il.
Pour aller voir il ne fait pas les trois mètres qui le séparent de la bédé, il met en marche son smartphone.
-Ah non, c’est une parodie, constate-t-il.
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Dimanche midi, au Son du Cor, je subis la conversation d’un qui raconte comment il s’est fait nasser hier à République. Au moins une décennie que je croise dans différents cafés ce quinquagénaire à l’élocution déficiente et à chapeau rond. Autrefois, il portait un canotier qui lui donnait l’air d’espérer être repéré pour jouer dans un téléfilm tiré d’une nouvelle de Maupassant. Avec ses peutes, il ricanait des manifestations traversant la ville, auxquelles je participais. Il a été prof remplaçant (je l’ai vu se faire bordeliser sous mes fenêtres lors d’une sortie scolaire), puis promeneur de caniche, puis apprenti masseur, puis je ne sais quoi, et le voici devenu Gilet.