Ecoute est faite de l’Intégrale des Entretiens Radiophoniques de Paul Léautaud avec Robert Mallet, un coffret de dix cédés, chacun de plus d’une heure, publié par Frémeaux & Associés. Outre le plaisir d’ouïr les propos de Léautaud et la manière bien à lui de les exprimer, il y a celui d’entendre Mallet bousculer le vieil écrivain, le questionner sans déférence, le contester, le mettre face à ses contradictions, dénoncer sa mauvaise foi.
Ce dialogue, dont les dernières étapes furent diffusées en mil neuf cent cinquante et un alors que je vagissais dans mon berceau, est bien différent de ceux compassés alors en vogue à la radio, dont les questions et les réponses était préparées à l’avance et lus au micro. En résumé, malgré les contraintes engendrées par la censure, le naturel y règne.
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Dans les propos de Léautaud, ce qui touche à la famille, au sexe, à l’homosexualité (et notamment à celle de Gide), à l’armée, à la patrie et aux comportements des gens de lettres à la Libération a été victime de la censure. Mallet et lui ont dû revenir enregistrer certains passages pour les rendre conformes à ce que la radio tolérait. Ainsi, Léautaud note le deux novembre mil neuf cent cinquante dans son Journal littéraire, à propos de la scène, racontée par lui, où son père couche avec sa mère et sa tante dans le même lit : Le directeur de la radio a jugé qu’on ne pouvait offrir un pareil sujet aux familles, les familles dans la plupart desquelles il s’en passe bien d’autres.
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Les Entretiens avec Robert Mallet, non censurés, ont été publiés au Mercure de France en mil neuf cent cinquante et un, un ouvrage signé Paul Léautaud (Voilà que je signe un livre que je n’ai pas écrit !).
L’exemplaire que je possède a appartenu à mon frère Jacques. Ecouter les entretiens en suivant sur le papier est compliqué, non seulement à cause des différences entre ce qui est présent à l’oral et à l’écrit mais aussi à cause d’une réécriture plus conforme à la syntaxe des propos de l’écrivain.
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Le neuf avril mil neuf cent cinquante et un, à l’Assemblée Nationale où l’on vote le budget de la Radiodiffusion Française, un Député Démocrate-Chrétien interpelle le Gouvernement : « Nous avons entendu récemment pendant des semaines un critique, dont j’ai appris le nom en l’écoutant à la radio, déblatérer, traiter de tous les noms possibles ses contemporains et prétendre ne se plaire que dans la société des animaux. Je ne crois pas indispensable que de telles réflexions soient produites à la Radiodiffusion Française. » Le Ministre Socialiste de l’Information lui répond : « Je crois, et une très nombreuse correspondance le confirme, que c’est tout à l’honneur de la radiodiffusion d’avoir donné à Monsieur Paul Léautaud un public plus large que celui du Mercure de France et qu’il n’est pas inutile que, sortant d’un conformisme quelquefois excessif, des voix comme la sienne puissent se faire entendre. »
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En bonus aux vingt-deux entretiens de l’Intégrale des Entretiens Radiophoniques de Paul Léautaud avec Robert Mallet, la conversation volée entre Paul Léautaud et Julien Benda, enregistrée à leur insu dans les studios de la radio.
En illustration, sur le coffret de cédés, Léautaud et Mallet assis dans le jardin du premier à Fontenay-aux-Roses. Léautaud fume et Mallet a son bébé sur les genoux. Une belle provocation quand on sait à quel point l’écrivain détestait les enfants.
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De Mallet, j’ai tenté de lire il y a longtemps dans l’édition Folio l’épais roman Ellynn. Suis pas allé bien loin. L’ennui était au rendez-vous.
Ce dialogue, dont les dernières étapes furent diffusées en mil neuf cent cinquante et un alors que je vagissais dans mon berceau, est bien différent de ceux compassés alors en vogue à la radio, dont les questions et les réponses était préparées à l’avance et lus au micro. En résumé, malgré les contraintes engendrées par la censure, le naturel y règne.
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Dans les propos de Léautaud, ce qui touche à la famille, au sexe, à l’homosexualité (et notamment à celle de Gide), à l’armée, à la patrie et aux comportements des gens de lettres à la Libération a été victime de la censure. Mallet et lui ont dû revenir enregistrer certains passages pour les rendre conformes à ce que la radio tolérait. Ainsi, Léautaud note le deux novembre mil neuf cent cinquante dans son Journal littéraire, à propos de la scène, racontée par lui, où son père couche avec sa mère et sa tante dans le même lit : Le directeur de la radio a jugé qu’on ne pouvait offrir un pareil sujet aux familles, les familles dans la plupart desquelles il s’en passe bien d’autres.
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Les Entretiens avec Robert Mallet, non censurés, ont été publiés au Mercure de France en mil neuf cent cinquante et un, un ouvrage signé Paul Léautaud (Voilà que je signe un livre que je n’ai pas écrit !).
L’exemplaire que je possède a appartenu à mon frère Jacques. Ecouter les entretiens en suivant sur le papier est compliqué, non seulement à cause des différences entre ce qui est présent à l’oral et à l’écrit mais aussi à cause d’une réécriture plus conforme à la syntaxe des propos de l’écrivain.
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Le neuf avril mil neuf cent cinquante et un, à l’Assemblée Nationale où l’on vote le budget de la Radiodiffusion Française, un Député Démocrate-Chrétien interpelle le Gouvernement : « Nous avons entendu récemment pendant des semaines un critique, dont j’ai appris le nom en l’écoutant à la radio, déblatérer, traiter de tous les noms possibles ses contemporains et prétendre ne se plaire que dans la société des animaux. Je ne crois pas indispensable que de telles réflexions soient produites à la Radiodiffusion Française. » Le Ministre Socialiste de l’Information lui répond : « Je crois, et une très nombreuse correspondance le confirme, que c’est tout à l’honneur de la radiodiffusion d’avoir donné à Monsieur Paul Léautaud un public plus large que celui du Mercure de France et qu’il n’est pas inutile que, sortant d’un conformisme quelquefois excessif, des voix comme la sienne puissent se faire entendre. »
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En bonus aux vingt-deux entretiens de l’Intégrale des Entretiens Radiophoniques de Paul Léautaud avec Robert Mallet, la conversation volée entre Paul Léautaud et Julien Benda, enregistrée à leur insu dans les studios de la radio.
En illustration, sur le coffret de cédés, Léautaud et Mallet assis dans le jardin du premier à Fontenay-aux-Roses. Léautaud fume et Mallet a son bébé sur les genoux. Une belle provocation quand on sait à quel point l’écrivain détestait les enfants.
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De Mallet, j’ai tenté de lire il y a longtemps dans l’édition Folio l’épais roman Ellynn. Suis pas allé bien loin. L’ennui était au rendez-vous.