Ce lundi, vers quatorze heures trente, alors que je me dirige vers un café de la place Saint-Marc avec mon ordinateur, quatre employés des pompes funèbres font entrer un cercueil dans l’église Saint-Maclou.
En un an, je vois peut-être une dizaine de cercueils. Cela parce que j’habite entre cette église Saint-Maclou et la Cathédrale. En cette dernière, sauf s’il s’agit d’une notabilité, on fait entrer le mort discrètement par la Cour des Libraires. Il ne s’agirait pas de mettre à mal le minimum d’optimisme nécessaire au bon fonctionnement du commerce.
Une dizaine de cercueils, beaucoup n’en voient pas autant. Quelques-uns en voient davantage, qui vivent par exemple près d’un cimetière.
En une année, environ six cent mille Français passent de vie à trépas, mais qui s’en rend compte ? Imagine-t-on, au moment des bilans de fin d’année, à la une des quotidiens : « France, cette année encore : six cent mille morts ».
*
Employé des pompes funèbres, ce fut la dernière profession de mon père, après qu’il eut fait faillite avec la petite exploitation d’arboriculture héritée de son père (grand-père Jules) au moment où la mondialisation commençait ses dégâts.
*
Avant de sortir, j’écoute Les Pieds sur terre sur France Culture. Trois Gilets Jaunes racontent comment ils ont été gravement blessés par des grenades de désencerclement à Paris. C’était leur première manifestation, ils étaient pacifiques mais se sont trouvé mêlés aux violents, ça a failli être leur dernière.
Le troisième est boucher et déclare gagner entre deux mille cinq cents et trois mille euros.
Le deuxième est cadre et marié à une militaire.
Le premier est auto entrepreneur en réparation de téléphones et vente de chaussettes. C’est donc le seul à avoir le profil de celui qui n’a plus d’argent le quinze du mois. Pour ne rien arranger, il a fait six enfants. Monter une entreprise non rentable, avoir une tripotée d’enfants, cela relève d’abord de la responsabilité individuelle.
*
Dans ma boîte à lettres, une circulaire de Gérald Darmanin, Ministre de l’Action et des Comptes Publics, qui doit douter de l’intelligence des destinataires puisqu’il précise :
« Si vous n’êtes pas imposable, le prélèvement à la source ne changera rien pour vous. »
En un an, je vois peut-être une dizaine de cercueils. Cela parce que j’habite entre cette église Saint-Maclou et la Cathédrale. En cette dernière, sauf s’il s’agit d’une notabilité, on fait entrer le mort discrètement par la Cour des Libraires. Il ne s’agirait pas de mettre à mal le minimum d’optimisme nécessaire au bon fonctionnement du commerce.
Une dizaine de cercueils, beaucoup n’en voient pas autant. Quelques-uns en voient davantage, qui vivent par exemple près d’un cimetière.
En une année, environ six cent mille Français passent de vie à trépas, mais qui s’en rend compte ? Imagine-t-on, au moment des bilans de fin d’année, à la une des quotidiens : « France, cette année encore : six cent mille morts ».
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Employé des pompes funèbres, ce fut la dernière profession de mon père, après qu’il eut fait faillite avec la petite exploitation d’arboriculture héritée de son père (grand-père Jules) au moment où la mondialisation commençait ses dégâts.
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Avant de sortir, j’écoute Les Pieds sur terre sur France Culture. Trois Gilets Jaunes racontent comment ils ont été gravement blessés par des grenades de désencerclement à Paris. C’était leur première manifestation, ils étaient pacifiques mais se sont trouvé mêlés aux violents, ça a failli être leur dernière.
Le troisième est boucher et déclare gagner entre deux mille cinq cents et trois mille euros.
Le deuxième est cadre et marié à une militaire.
Le premier est auto entrepreneur en réparation de téléphones et vente de chaussettes. C’est donc le seul à avoir le profil de celui qui n’a plus d’argent le quinze du mois. Pour ne rien arranger, il a fait six enfants. Monter une entreprise non rentable, avoir une tripotée d’enfants, cela relève d’abord de la responsabilité individuelle.
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Dans ma boîte à lettres, une circulaire de Gérald Darmanin, Ministre de l’Action et des Comptes Publics, qui doit douter de l’intelligence des destinataires puisqu’il précise :
« Si vous n’êtes pas imposable, le prélèvement à la source ne changera rien pour vous. »