Treize filles de treize ans et un bodybuildeur sont au menu de Het Hamiltoncomplex de l’auteure, performeuse et metteuse en scène belge Lies Pauwels, spectacle donné ce dimanche après-midi au Théâtre de la Foudre du Petit-Quevilly à une heure qui permet d’en revenir par le métro.
J’y arrive par ce moyen avant même que le vigile soit en place à l’entrée. Certaines des filles se reposent, vautrées dans les canapés et veillées par la metteuse en scène. D’autres vont déjà rejoindre le plateau. L’une est en fauteuil roulant.
Il n’y a plus personne quand se présentent celles et ceux qui n’arrivent pas au spectacle avec une heure d’avance. Une que je connais vient me dire bonjour et que j’ai l’air en forme puis va prendre son billet et préfère ensuite se tenir à bonne distance jusqu’à l’ouverture des portes.
J’ai place au milieu du cinquième rang. Devant moi est un couple avec deux filles qui ont à peu près l’âge de celles venues de Flandre. Le rideau est ouvert sur un décor péplum et fantasy des plus kitsch. La pièce maîtresse en est une licorne. A l’avant-scène, de chaque côté, sont installés les écrans qui permettront le surtitrage. Devant l’un se tient un homme en costume cravate surveillant l’installation du public dans la salle. On pourrait croire qu’il s’agit d’un employé de La Foudre. C’est le bodybuildeur.
Les filles entrent en scène, vêtues d’un uniforme d’hôtesse de l’air. L’une d’elles énonce les prescriptions à suivre pour le bon déroulement du spectacle et ce qu’il convient de faire en cas de problème, les autres miment tout ça par derrière. Elle s’inquiète de savoir s’il n’y aurait pas des pédophiles dans la salle « vu notre jeune âge ». A peine ont-elles quitté le plateau qu’elles reviennent en jupette verte, hystérisées par la photo apparue sur les écrans de Matteo Simoni (acteur célèbre en Flandre) à qui elles montrent leur culotte en hurlant. L’homme se précipite pour tenter de remettre de l’ordre dans la mêlée, jette quelques filles en coulisse, en vain. Lorsque épuisées elles ressortent, il ôte ses vêtements et en slip vert montre ses muscles. Ce n’est que le début d’une série de tableaux décapants sur l’obsédante difficulté d’être soi quand on est une fille à l’âge de la transition, guettée que l’on est par un futur de femme adulte qui risque d’être maternel (une scène montre les treize comédiennes enceintes d’un ballon de baudruche, énumérant les mauvaises bonnes raisons de garder l’enfant).
L’homme étalon, tantôt excédé, tantôt attendri, tantôt désespéré, tantôt protecteur, tantôt dangereusement tenté, est très bien joué par Stefan Gota. Quant aux filles, Anne Coopman, Luna De Boos, Bruce Eelen, Zita Fransen, Lies Genné, Robine Goedheid, Liesbeth Houtain, Krekels Julia, Aline Moponami, Ans Schoepen, Emma Van Broeckhoven, Mona Van den Bossche et Lisa Van den Houte, et qui ont pour noms de scène Chastity, Faith, Prudence, Marvellous, Lovely, Gift, Queen, etc., ce sont des concentrés de puberté, subissant tous les états d’âme et de corps, s’individualisant ou s’agglutinant, passant de la poupée aguicheuse à la petite teigneuse, parfaites et prodigieusement douées pour le théâtre, la danse et le chant, laissant à l’issue une scène dévastée.
Comblé par ce Het Hamiltoncomplex, (Le Complexe d’Hamilton, titre faisant référence au photographe désormais accusé de viol par plusieurs de ses anciens modèles quand elles avaient précisément treize ans), je décide de rester pour ce qu’ici on appelle un «bord de plateau», la rencontre avec Lies Pauwels qui parle français.
Celle-ci explique que c’était l’une des dernières présentations de ce spectacle qui tourne depuis un an et demi. Les treize filles n’auront bientôt plus l’âge du rôle. Pour elle, ce passage de l’état d’enfance à celui d’adulte est aussi une métaphore de ce que l’on vit dans notre monde en transition dans lequel on ne sait pas où on en est ni où on va. Je conteste mentalement ce rapprochement. Notre monde n’est pas en crise pubertaire, il est adulte depuis longtemps et atteint d’une maladie chronique et incurable. Le micro est donné à quelques-un(e)s qui ont des questions sans grand intérêt à poser. L’entretien ne dure pas plus longtemps. Il faut rentrer à Gand, il y a de l’école demain.
*
Le soir de ce dimanche, c’est le résultat du premier tour de la Primaire de Droite et la surprise de l’énorme avance de Fillon.
L’élimination de ce fat sot de Sarkozy, dont je ne supporte pas la vulgarité et contre qui j’étais tenté d’aller voter dans un deuxième tour qui l’aurait opposé à Juppé tant l’idée qu’il puisse être à nouveau Président m’était rédhibitoire, me fait du bien mais la victoire prévisible dimanche prochain du thatchero-catho-poutinien modère ma joie.
Ce Fillon ne sera pas forcément élu Président. Il est tellement de Droite qu’il libère une grosse place au Centre et donc à Macron, qui n’est pas un cadeau non plus, mais moins inquiétant.
*
Toujours aller voter pour le moins pire, c’est le point de vue de certains qui ne sont pas de Droite mais décidés à aller voter Juppé contre Fillon au deuxième tour de cette Primaire. L’an prochain, il est possible qu’ils aillent voter Fillon contre Le Pen.
J’y arrive par ce moyen avant même que le vigile soit en place à l’entrée. Certaines des filles se reposent, vautrées dans les canapés et veillées par la metteuse en scène. D’autres vont déjà rejoindre le plateau. L’une est en fauteuil roulant.
Il n’y a plus personne quand se présentent celles et ceux qui n’arrivent pas au spectacle avec une heure d’avance. Une que je connais vient me dire bonjour et que j’ai l’air en forme puis va prendre son billet et préfère ensuite se tenir à bonne distance jusqu’à l’ouverture des portes.
J’ai place au milieu du cinquième rang. Devant moi est un couple avec deux filles qui ont à peu près l’âge de celles venues de Flandre. Le rideau est ouvert sur un décor péplum et fantasy des plus kitsch. La pièce maîtresse en est une licorne. A l’avant-scène, de chaque côté, sont installés les écrans qui permettront le surtitrage. Devant l’un se tient un homme en costume cravate surveillant l’installation du public dans la salle. On pourrait croire qu’il s’agit d’un employé de La Foudre. C’est le bodybuildeur.
Les filles entrent en scène, vêtues d’un uniforme d’hôtesse de l’air. L’une d’elles énonce les prescriptions à suivre pour le bon déroulement du spectacle et ce qu’il convient de faire en cas de problème, les autres miment tout ça par derrière. Elle s’inquiète de savoir s’il n’y aurait pas des pédophiles dans la salle « vu notre jeune âge ». A peine ont-elles quitté le plateau qu’elles reviennent en jupette verte, hystérisées par la photo apparue sur les écrans de Matteo Simoni (acteur célèbre en Flandre) à qui elles montrent leur culotte en hurlant. L’homme se précipite pour tenter de remettre de l’ordre dans la mêlée, jette quelques filles en coulisse, en vain. Lorsque épuisées elles ressortent, il ôte ses vêtements et en slip vert montre ses muscles. Ce n’est que le début d’une série de tableaux décapants sur l’obsédante difficulté d’être soi quand on est une fille à l’âge de la transition, guettée que l’on est par un futur de femme adulte qui risque d’être maternel (une scène montre les treize comédiennes enceintes d’un ballon de baudruche, énumérant les mauvaises bonnes raisons de garder l’enfant).
L’homme étalon, tantôt excédé, tantôt attendri, tantôt désespéré, tantôt protecteur, tantôt dangereusement tenté, est très bien joué par Stefan Gota. Quant aux filles, Anne Coopman, Luna De Boos, Bruce Eelen, Zita Fransen, Lies Genné, Robine Goedheid, Liesbeth Houtain, Krekels Julia, Aline Moponami, Ans Schoepen, Emma Van Broeckhoven, Mona Van den Bossche et Lisa Van den Houte, et qui ont pour noms de scène Chastity, Faith, Prudence, Marvellous, Lovely, Gift, Queen, etc., ce sont des concentrés de puberté, subissant tous les états d’âme et de corps, s’individualisant ou s’agglutinant, passant de la poupée aguicheuse à la petite teigneuse, parfaites et prodigieusement douées pour le théâtre, la danse et le chant, laissant à l’issue une scène dévastée.
Comblé par ce Het Hamiltoncomplex, (Le Complexe d’Hamilton, titre faisant référence au photographe désormais accusé de viol par plusieurs de ses anciens modèles quand elles avaient précisément treize ans), je décide de rester pour ce qu’ici on appelle un «bord de plateau», la rencontre avec Lies Pauwels qui parle français.
Celle-ci explique que c’était l’une des dernières présentations de ce spectacle qui tourne depuis un an et demi. Les treize filles n’auront bientôt plus l’âge du rôle. Pour elle, ce passage de l’état d’enfance à celui d’adulte est aussi une métaphore de ce que l’on vit dans notre monde en transition dans lequel on ne sait pas où on en est ni où on va. Je conteste mentalement ce rapprochement. Notre monde n’est pas en crise pubertaire, il est adulte depuis longtemps et atteint d’une maladie chronique et incurable. Le micro est donné à quelques-un(e)s qui ont des questions sans grand intérêt à poser. L’entretien ne dure pas plus longtemps. Il faut rentrer à Gand, il y a de l’école demain.
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Le soir de ce dimanche, c’est le résultat du premier tour de la Primaire de Droite et la surprise de l’énorme avance de Fillon.
L’élimination de ce fat sot de Sarkozy, dont je ne supporte pas la vulgarité et contre qui j’étais tenté d’aller voter dans un deuxième tour qui l’aurait opposé à Juppé tant l’idée qu’il puisse être à nouveau Président m’était rédhibitoire, me fait du bien mais la victoire prévisible dimanche prochain du thatchero-catho-poutinien modère ma joie.
Ce Fillon ne sera pas forcément élu Président. Il est tellement de Droite qu’il libère une grosse place au Centre et donc à Macron, qui n’est pas un cadeau non plus, mais moins inquiétant.
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Toujours aller voter pour le moins pire, c’est le point de vue de certains qui ne sont pas de Droite mais décidés à aller voter Juppé contre Fillon au deuxième tour de cette Primaire. L’an prochain, il est possible qu’ils aillent voter Fillon contre Le Pen.