Toutes les matinées de la semaine menant à Noël noyées par la pluie, bien chiant pour qui comme moi n’a pas la moindre envie de sortir l’après-midi. Reclus, j’assiste à la fin de ma réserve de bougies, constituée au temps des vide greniers, lorsque celle qui me tenait la main m’y accompagnait. Pas moins de six brûlées chaque jour depuis le début du deuxième confinement, la dernière achève de se consumer ce vendredi à l’heure où la plupart fêtent Noël. Reste à jeter les bougeoirs.
Le calme règne dans le voisinage. Quelques-un(e)s réveillonnent ailleurs. D’autres sont seul(e)s comme moi. Aboyus et Abrutus n’ont pu revoir leur Normandie. L’autre chien a déménagé. La vieille femme à chats du dernier étage a disparu. Ma longue absence itinérante m’a fait rater des épisodes.
En cette soirée de Noël, je suis au lit avec les filles du Docteur Marx. Jenny, Laura et Eleanor sont d’agréables épistolières.
*
Comme chaque année, je suis réveillé vers une heure du matin par le grand carillonnage de la Cathédrale. Il témoigne de l’achèvement de la cérémonie nocturne. Dans certaines villes, les messes de minuit ont eu lieu dans des gymnases ou des patinoires, là où le public est d’ordinaire interdit. Cet entassement de catholiques dans ces lieux réputés dangereux me laisse perplexe.
*
Dans les familles, le réveillon c’est six à tables. Certaines, nombreuses, ont prévu d’en faire plusieurs, deux ou trois. Ce qu’une psychologue appelle un Noël sécable. Pour les grands-parents, c’est se mettre en présence du danger deux ou trois fois plus longtemps.
*
Le mort de Noël s’appelle Ivry Gitlis, à quatre-vingt-dix-huit ans. Je me souviens de lui sur la scène de l’Opéra de Rouen, invité par David Stern. C’était il y a bien longtemps, avant que je commence l’écriture de ce Journal.
*
Et maintenant, Karl Marx, Docteur en mauvaise philosophie, j’espère que tu tiendras ta promesse et que tu viendras jeudi. (Eleanor, onze ans, à son père, le dix-neuf mars mil huit cent soixante-six)
Le calme règne dans le voisinage. Quelques-un(e)s réveillonnent ailleurs. D’autres sont seul(e)s comme moi. Aboyus et Abrutus n’ont pu revoir leur Normandie. L’autre chien a déménagé. La vieille femme à chats du dernier étage a disparu. Ma longue absence itinérante m’a fait rater des épisodes.
En cette soirée de Noël, je suis au lit avec les filles du Docteur Marx. Jenny, Laura et Eleanor sont d’agréables épistolières.
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Comme chaque année, je suis réveillé vers une heure du matin par le grand carillonnage de la Cathédrale. Il témoigne de l’achèvement de la cérémonie nocturne. Dans certaines villes, les messes de minuit ont eu lieu dans des gymnases ou des patinoires, là où le public est d’ordinaire interdit. Cet entassement de catholiques dans ces lieux réputés dangereux me laisse perplexe.
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Dans les familles, le réveillon c’est six à tables. Certaines, nombreuses, ont prévu d’en faire plusieurs, deux ou trois. Ce qu’une psychologue appelle un Noël sécable. Pour les grands-parents, c’est se mettre en présence du danger deux ou trois fois plus longtemps.
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Le mort de Noël s’appelle Ivry Gitlis, à quatre-vingt-dix-huit ans. Je me souviens de lui sur la scène de l’Opéra de Rouen, invité par David Stern. C’était il y a bien longtemps, avant que je commence l’écriture de ce Journal.
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Et maintenant, Karl Marx, Docteur en mauvaise philosophie, j’espère que tu tiendras ta promesse et que tu viendras jeudi. (Eleanor, onze ans, à son père, le dix-neuf mars mil huit cent soixante-six)