« Notre époque, qui croit de moins en moins à l'émancipation par l'exercice de la liberté humaine, et pas davantage au fait que chacun d'entre nous recèle sa part obscure, feint de supposer que la science nous permettra bientôt d'en finir avec la perversion. Mais qui ne voit qu'en prétendant éradiquer le mal, dans un geste d'abolition définitive, nous prenons le risque de détruire l'idée d'une possible distinction entre le bien et le mal, qui est au fondement même de la civilisation ? » écrit la maison Albin Michel en présentation du livre d’Elisabeth Roudinesco La part obscure de nous-mêmes (Une histoire des pervers) dans lequel celle-ci évoque, tout à tour, au Moyen Âge Gilles de Rais, les mystiques, les flagellants, au dix-huitième siècle Sade, au dix-neuvième l'enfant masturbateur, l'homosexuel(le), la femme hystérique, au vingtième le nazisme, au vingt et unième le pédophile et le terroriste.
Au cours de ma lecture, c’est l’évocation de la zoophilie qui m’a donné envie de noter :
Dans les arènes de Constantinople, au Vie siècle de notre ère, l’impératrice Théodora, fille d’un montreur d’ours, protectrice débauchée et violente des prostituées et des femmes adultères, adepte enfin de la doctrine monophysique, s’exhibait devant des masses hurlantes, à genoux et les jambes écartées, tandis que des oies soigneusement dressées venaient picorer des graines à même la chair de son vagin.
(…) Ainsi, en 1601, Claudine de Culam, domestique chez le prieur de Revercourt, et issue d’une famille paysanne de Rozay-en-Brie, fut-elle condamnée à périr par les flammes, à l’âge de seize ans, pour avoir été surprise en état d’habitation charnelle avec un chien blanc tacheté de roux : « J’ai trouvé Claudine vautrée sur son lit de repos, raconta le prieur, avec le chien entre les cuisses en train de la connaître charnellement. Dès qu’elle m’a vu, elle a baissé ses jupes et chassé le chien, mais comme celui-ci s’amusait à relever ses jupes avec son museau, je lui ai donné un coup de pied et il est parti en hurlant et en boitant. » La jeune fille prit alors la défense de son chien, roué de coup.
A la demande de sa mère qui la croyait innocente, elle fut examinée par les experts, en présence de l’animal, dans une chambre adjacente à la cour d’appel. Ceux-ci constatèrent alors, dirent-ils ensuite, que le chien s’était jeté sur Claudine « pour la prendre en levrette ». Unis en un même destin, les deux coupables – on aurait envie de dire les deux amants – furent étranglés avant d’être brûlés, puis leurs cendres dispersées afin qu’aucune trace ne subsistât de ce monstrueux coït.
Elisabeth Roudinesco est sans indulgence pour l’impératrice. En revanche, la jeune domestique a droit à toute sa clémence:
Qui osera dire, à la lecture de cette tragique histoire, que le cas de la pauvre Claudine, amoureuse de son chien, soit identique à celui de la terrible Théodora ?
Ah, l’amour.
*
En note infrapaginale, Elisabeth Roudinesco évoque le cas de deux empereurs romains :
Vêtu de peaux de bêtes, Néron se jetait sur les parties sexuelles de suppliciés attachés à des poteaux, tandis que Tibère donnait le nom de « vairons » à de jeunes garçons qu’il entraînait à lui sucer les testicules sous l’eau.
Au cours de ma lecture, c’est l’évocation de la zoophilie qui m’a donné envie de noter :
Dans les arènes de Constantinople, au Vie siècle de notre ère, l’impératrice Théodora, fille d’un montreur d’ours, protectrice débauchée et violente des prostituées et des femmes adultères, adepte enfin de la doctrine monophysique, s’exhibait devant des masses hurlantes, à genoux et les jambes écartées, tandis que des oies soigneusement dressées venaient picorer des graines à même la chair de son vagin.
(…) Ainsi, en 1601, Claudine de Culam, domestique chez le prieur de Revercourt, et issue d’une famille paysanne de Rozay-en-Brie, fut-elle condamnée à périr par les flammes, à l’âge de seize ans, pour avoir été surprise en état d’habitation charnelle avec un chien blanc tacheté de roux : « J’ai trouvé Claudine vautrée sur son lit de repos, raconta le prieur, avec le chien entre les cuisses en train de la connaître charnellement. Dès qu’elle m’a vu, elle a baissé ses jupes et chassé le chien, mais comme celui-ci s’amusait à relever ses jupes avec son museau, je lui ai donné un coup de pied et il est parti en hurlant et en boitant. » La jeune fille prit alors la défense de son chien, roué de coup.
A la demande de sa mère qui la croyait innocente, elle fut examinée par les experts, en présence de l’animal, dans une chambre adjacente à la cour d’appel. Ceux-ci constatèrent alors, dirent-ils ensuite, que le chien s’était jeté sur Claudine « pour la prendre en levrette ». Unis en un même destin, les deux coupables – on aurait envie de dire les deux amants – furent étranglés avant d’être brûlés, puis leurs cendres dispersées afin qu’aucune trace ne subsistât de ce monstrueux coït.
Elisabeth Roudinesco est sans indulgence pour l’impératrice. En revanche, la jeune domestique a droit à toute sa clémence:
Qui osera dire, à la lecture de cette tragique histoire, que le cas de la pauvre Claudine, amoureuse de son chien, soit identique à celui de la terrible Théodora ?
Ah, l’amour.
*
En note infrapaginale, Elisabeth Roudinesco évoque le cas de deux empereurs romains :
Vêtu de peaux de bêtes, Néron se jetait sur les parties sexuelles de suppliciés attachés à des poteaux, tandis que Tibère donnait le nom de « vairons » à de jeunes garçons qu’il entraînait à lui sucer les testicules sous l’eau.