Un arc en ciel à l’heure du petit-déjeuner témoigne de la dernière averse de la nuit ce samedi.
Avec le bus U Un, je vais à la gare de Saint-Nazaire où j’attends le train pour Le Croisic (sur la Côte d’Amour). Celui-ci vient d’Orléans et se pointe avec dix minutes de retard. Ce n’est pas si mal car il est hors d’âge. Quand il redémarre, il pousse de gros soupirs, tant semble douloureuse l’opération.
Le Croisic est son terminus. On ne peut aller plus loin. La presqu’ile s’y oppose. Le premier port de crevette rose de France est avant tout un lieu touristique avec les inconvénients qui en découlent : parquignes, familles, moules frites, marinières.
Je préfère me balader dans les rues intérieures qui pour certaines ont un bel aspect breton et lorsqu’il s’agit de déjeuner choisis Le Lénigo sur le quai du même nom, face à la criée. L’établissement est conseillé par Michelin, Gault & Millau et le Routard. Ce dernier signale que Marie-Claude (en cuisine) et Ronald (à l’accueil et au service) se sont rencontrés aux Beaux-Arts. C’était il y a plus de trente ans.
Trois employés, dont un apprenti n’ayant que le droit de desservir, les assistent. Nous ne sommes que sept à table, trois couples d’âge certain me tiennent compagnie de loin, dont l’un particulièrement pénible (renvoyant le vin, demandant à voir une huître avant d’en commander, etc.).
Un « menu terroir » est proposé pour dix-neuf euros. Je suis le seul à le choisir. Des amuse-bouche le précèdent que je déguste avec un verre de chardonnay à quatre euros quatre-vingts centimes. Viennent ensuite une galette croustillante de moules au curry puis un pavé de merlu du Croisic avec un écrasé de pommes de terre, beurre de salicornes, qui appellent un second verre de chardonnay. Seule déception : le « gâteau breton de ma grand-mère Anna » n’est pas disponible. Il est remplacé par un petit sablé breton aux fraises. Je n’ose m’enquérir de la santé de cette grand-mère plus que centenaire. Sucre-t-elle les fraises ?
Au moment où je quitte cet excellent restaurant, chez les râleurs on se plaint : « Des langoustines comme ça, ça ne vaut rien » « Y a rien dedans, c’est pas compliqué », mais on ne le dit pas à Ronald.
Je prends le café en terrasse au Skipper à l’autre bout des quais puis vais lire au Mont Esprit, un jardin public à promontoire hélicoïdal.
Le train d’Orléans est encore là quand je retourne à la gare du Croisic. L’InterLoire est son nom. Une équipe de ménage le nettoie à fond, une femme étant chargée de faire les vitres à la raclette. Un simple Téheuherre dont le terminus est Nantes me ramènera à Saint-Naz avec arrêts à Batz-sur-Mer, Le Pouliguen, La Baule-Escoublac, La Baule-Les Pins et Pornichet.
Tout va bien jusqu’à cette dernière escale. Là, le train ne repart pas. Le chef de bord annonce qu’une intervention policière est en cours. Cela suscite bien des conjonctures chez les ancien(ne)s qui voyagent avec moi, dont un couple anglais lisant le Daily Mail. « Qu’est-ce qui peut bien se passer ? » On ne le saura pas. Après un quart d’heure d’immobilisation, le train redémarre et passe devant l’un des bistrots de Pornichet nommé Le Scénario.
*
Musset, Ingres, Balzac et Heredia furent des habitués du Croisic lorsque la vie y était plus palpitante qu’aujourd’hui.
Avec le bus U Un, je vais à la gare de Saint-Nazaire où j’attends le train pour Le Croisic (sur la Côte d’Amour). Celui-ci vient d’Orléans et se pointe avec dix minutes de retard. Ce n’est pas si mal car il est hors d’âge. Quand il redémarre, il pousse de gros soupirs, tant semble douloureuse l’opération.
Le Croisic est son terminus. On ne peut aller plus loin. La presqu’ile s’y oppose. Le premier port de crevette rose de France est avant tout un lieu touristique avec les inconvénients qui en découlent : parquignes, familles, moules frites, marinières.
Je préfère me balader dans les rues intérieures qui pour certaines ont un bel aspect breton et lorsqu’il s’agit de déjeuner choisis Le Lénigo sur le quai du même nom, face à la criée. L’établissement est conseillé par Michelin, Gault & Millau et le Routard. Ce dernier signale que Marie-Claude (en cuisine) et Ronald (à l’accueil et au service) se sont rencontrés aux Beaux-Arts. C’était il y a plus de trente ans.
Trois employés, dont un apprenti n’ayant que le droit de desservir, les assistent. Nous ne sommes que sept à table, trois couples d’âge certain me tiennent compagnie de loin, dont l’un particulièrement pénible (renvoyant le vin, demandant à voir une huître avant d’en commander, etc.).
Un « menu terroir » est proposé pour dix-neuf euros. Je suis le seul à le choisir. Des amuse-bouche le précèdent que je déguste avec un verre de chardonnay à quatre euros quatre-vingts centimes. Viennent ensuite une galette croustillante de moules au curry puis un pavé de merlu du Croisic avec un écrasé de pommes de terre, beurre de salicornes, qui appellent un second verre de chardonnay. Seule déception : le « gâteau breton de ma grand-mère Anna » n’est pas disponible. Il est remplacé par un petit sablé breton aux fraises. Je n’ose m’enquérir de la santé de cette grand-mère plus que centenaire. Sucre-t-elle les fraises ?
Au moment où je quitte cet excellent restaurant, chez les râleurs on se plaint : « Des langoustines comme ça, ça ne vaut rien » « Y a rien dedans, c’est pas compliqué », mais on ne le dit pas à Ronald.
Je prends le café en terrasse au Skipper à l’autre bout des quais puis vais lire au Mont Esprit, un jardin public à promontoire hélicoïdal.
Le train d’Orléans est encore là quand je retourne à la gare du Croisic. L’InterLoire est son nom. Une équipe de ménage le nettoie à fond, une femme étant chargée de faire les vitres à la raclette. Un simple Téheuherre dont le terminus est Nantes me ramènera à Saint-Naz avec arrêts à Batz-sur-Mer, Le Pouliguen, La Baule-Escoublac, La Baule-Les Pins et Pornichet.
Tout va bien jusqu’à cette dernière escale. Là, le train ne repart pas. Le chef de bord annonce qu’une intervention policière est en cours. Cela suscite bien des conjonctures chez les ancien(ne)s qui voyagent avec moi, dont un couple anglais lisant le Daily Mail. « Qu’est-ce qui peut bien se passer ? » On ne le saura pas. Après un quart d’heure d’immobilisation, le train redémarre et passe devant l’un des bistrots de Pornichet nommé Le Scénario.
*
Musset, Ingres, Balzac et Heredia furent des habitués du Croisic lorsque la vie y était plus palpitante qu’aujourd’hui.