Ce vendredi matin, j’ai rendez-vous au Bar du Sacre à dix heures et demie avec l’un pour qui j’ai trouvé, après des années de recherche, Ferdydurke de Witold Gombrowicz dans l’édition grand format qu’en fit Christian Bourgois, mais quand j’arrive le serveur vient seulement d’entrer dans ce tripot qui en principe ouvre à dix heures.
Tandis qu’il commence à sortir la terrasse, je me réfugie en face, au Rêve de l’Escalier où il fait bien chaud. Je demande au bouquiniste s’il a lu Georges Hyvernaud dont il a sur un présentoir deux des livres réédités par Le Dilettante. Il ne le connaît pas, ne sait pas qu’il fut professeur à l’Ecole Normale de Rouen.
Celui que j’attendais a le même réflexe que moi, il entre dans la bouquinerie. Il ne connaît pas davantage Georges Hyvernaud. Je lui en fais si bien la promotion qu’il achète les deux ouvrages.
Au lieu du Sacre, nous allons boire des cafés au Rivoli, un établissement de la rue du Guillaume où je ne suis jamais entré et qui s’avère tout petit, quelques tables rondes le long de la vitre et le mur du fond en miroir pour que l’endroit ait l’air deux fois plus vaste. Je remets le livre à son nouveau propriétaire puis nous parlons de ceci et de cela. Au moment où nous nous apprêtons à partir entre une famille qui d’emblée demande les toilettes. Cela semblait urgent.
De même l’après-midi dans le café pro Gilets Jaunes où l’on me tolère et où je tapote sur mon ordinateur des notes de lecture, les arrivants à peine assis se lèvent l’un après l’autre pour aller aux toilettes.
Il y aurait beaucoup moins de monde dans les cafés et autres bars si leur usage premier n’était d’y uriner.
Vers seize heures entrent plusieurs familles à moutards qui créent une file d'attente devant la porte des toilettes et m’incitent à partir avant qu’on me fasse comprendre que je nuis au commerce en occupant seul une table de quatre où je ne bois qu’un café.
*
L’entrée dans les cafés pour soulager un besoin naturel (comme disent certains) est d’autant plus nécessaire à Rouen que les toilettes publiques y sont très rares et peu signalées.
L’une d’elles située au sous-sol de la place de la Calende est en passe d’être détruite pour cause de réfection du « Cœur de Ville ».
Du temps que Patrice Quéréel était vivant, les duchampiens locaux y ont posé une plaque : « Toilettes Marcel Duchamp, artiste défroqué ». J’ai prévenu par mail l’un de ces zélateurs de Duchamp qu’il était temps de la récupérer avant qu’elle disparaisse, mais ma bonne action n’a pas été suivie d’effet, autant pisser dans un violon.
*
S’il y avait eu, depuis les années cinquante, parmi les élus municipaux, un ou une qui s’intéressait à la littérature, il y aurait une rue Georges Hyvernaud à Rouen.
Tandis qu’il commence à sortir la terrasse, je me réfugie en face, au Rêve de l’Escalier où il fait bien chaud. Je demande au bouquiniste s’il a lu Georges Hyvernaud dont il a sur un présentoir deux des livres réédités par Le Dilettante. Il ne le connaît pas, ne sait pas qu’il fut professeur à l’Ecole Normale de Rouen.
Celui que j’attendais a le même réflexe que moi, il entre dans la bouquinerie. Il ne connaît pas davantage Georges Hyvernaud. Je lui en fais si bien la promotion qu’il achète les deux ouvrages.
Au lieu du Sacre, nous allons boire des cafés au Rivoli, un établissement de la rue du Guillaume où je ne suis jamais entré et qui s’avère tout petit, quelques tables rondes le long de la vitre et le mur du fond en miroir pour que l’endroit ait l’air deux fois plus vaste. Je remets le livre à son nouveau propriétaire puis nous parlons de ceci et de cela. Au moment où nous nous apprêtons à partir entre une famille qui d’emblée demande les toilettes. Cela semblait urgent.
De même l’après-midi dans le café pro Gilets Jaunes où l’on me tolère et où je tapote sur mon ordinateur des notes de lecture, les arrivants à peine assis se lèvent l’un après l’autre pour aller aux toilettes.
Il y aurait beaucoup moins de monde dans les cafés et autres bars si leur usage premier n’était d’y uriner.
Vers seize heures entrent plusieurs familles à moutards qui créent une file d'attente devant la porte des toilettes et m’incitent à partir avant qu’on me fasse comprendre que je nuis au commerce en occupant seul une table de quatre où je ne bois qu’un café.
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L’entrée dans les cafés pour soulager un besoin naturel (comme disent certains) est d’autant plus nécessaire à Rouen que les toilettes publiques y sont très rares et peu signalées.
L’une d’elles située au sous-sol de la place de la Calende est en passe d’être détruite pour cause de réfection du « Cœur de Ville ».
Du temps que Patrice Quéréel était vivant, les duchampiens locaux y ont posé une plaque : « Toilettes Marcel Duchamp, artiste défroqué ». J’ai prévenu par mail l’un de ces zélateurs de Duchamp qu’il était temps de la récupérer avant qu’elle disparaisse, mais ma bonne action n’a pas été suivie d’effet, autant pisser dans un violon.
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S’il y avait eu, depuis les années cinquante, parmi les élus municipaux, un ou une qui s’intéressait à la littérature, il y aurait une rue Georges Hyvernaud à Rouen.