Dès potron-jacquet, ce dimanche, j’arrive dans le quartier populaire de la Croix de Pierre où c’est le vide grenier annuel. Comme d’habitude, les déballeurs s’y installent doucement, ce qui m’oblige à plusieurs allers et retours. Au bout d’un moment, je découvre un gisement de cédés dont plusieurs pourraient m’intéresser. Je demande le prix à celui qui est derrière le stand, un cafetier que je connais.
-Ce n’est pas à moi, elle arrive.
Elle arrive en effet, c’est une vieille femme que je connais également et avec qui j’ai de temps en temps des échanges plutôt chaleureux.
-C’est trois euros ou cinq les doubles, me dit-elle.
J’en repose quatre, ne gardant que Vélo Va de Dick Annegarn et Ici-bas, ici-même de Miossec. Dans ce dernier, point de livret.
-Il est complet ?
-J’en sais rien, me répond sa vendeuse peu aimablement.
-Je me demande s’il n’y avait pas un livret.
-J’en sais rien, me répète-t-elle encore plus agressivement, et puis je suis stressée.
Je repose les deux cédés. La vieillesse n’excuse pas tout, et elle me rend service en me dissuadant d’acheter ses cédés alors que je suis devenu incapable d’écouter ceux que je possède.
-Il a de l’argent, se permet de dire le cafetier derrière mon dos, tandis que je m’éloigne. Comme si le problème avait été le prix. Je fréquentais sa terrasse, rue Armand-Carrel, quand celle du Son du Cor était à l’ombre, à l’époque (avec ou sans majuscule) où je n’avais pas repéré celle plus agréable du Sacre.
Foin de ce malotru et de cette mal embouchée, Je suis mieux accueilli chez les anars de L’Insoumise. J’y fais provision de livres à trois pour un euro, dont plusieurs qu’arrivé à la maison je regretterai sûrement d’avoir achetés, mais c’est pour une bonne cause. Un peu plus loin, je me vois offrir par un garçon de ma connaissance Une très légère oscillation (Journal 2014-2017) de Sylvain Tesson (Equateurs), ce dont je le remercie fort.
Un autre vide grenier a lieu ce dimanche, celui très couru d’Isneauville, commune bourgeoise de l’agglomération rouennaise. Y aller ou non, j’hésite puis décide que oui. Pour cela, j’attends le bus Onze devant l’Hôtel de Ville. Sa conductrice m’apprend que des voitures mal garées l’empêcheront d’aller plus loin que la Jardinerie.
Il me faut donc marcher d’abord jusqu’au Lycée, puis suivre la grand-route, le long de laquelle depuis mon dernier passage des immeubles d’habitat collectif ont remplacé les exploitations maraîchères. Enfin j’arrive au carrefour à feux tricolores. La rue principale est à gauche, où débute le déballage protégé par un camion de la voierie mis en travers. Il est dix heures et demie et la foule est là. Parmi les premiers vendeurs un garçon de ma connaissance me salue, à qui je dis que j’ai préféré commencer par la Croix de Pierre où l’espoir de trouver des livres à mon goût était plus grand. Ici, au moins, ce sera une promenade à la campagne. De moins en moins la campagne, me répond-il évoquant les nouvelles constructions.
En fait de promenade, ce n’est pas ça non plus. Il me faut slalomer en gardant mon calme parmi toutes ces personnes qui ont choisi ce lieu comme sortie dominicale avec leurs multiples moutards. « Dès ma sortie de la maternité j’envisageais le suivant », déclare l’une.
Je m’astreins cependant à faire tout le parcours de ce qui ressemble à la rue du Gros-Horloge un samedi après-midi. Ce n’est pas bon pour le commerce. On ne voit pas la marchandise. « J’ai bien cru que je n’arriverais pas à rembourser ma place », déclare une vendeuse. Je ne sors mon porte-monnaie que pour acheter trois pots de confiture de framboise (cinq euros le tout).
Il est midi quand je suis de retour au point de départ. J’en ai plein les bottes (comme on dit) et je dois encore rejoindre pédestrement l’arrêt de la Jardinerie pour attraper le bus de midi trente (le prochain une heure plus tard).
*
Le vide grenier d’Isneauvlle, le seul où patrouillent des Gendarmes munis de fusils mitrailleurs.
-Ce n’est pas à moi, elle arrive.
Elle arrive en effet, c’est une vieille femme que je connais également et avec qui j’ai de temps en temps des échanges plutôt chaleureux.
-C’est trois euros ou cinq les doubles, me dit-elle.
J’en repose quatre, ne gardant que Vélo Va de Dick Annegarn et Ici-bas, ici-même de Miossec. Dans ce dernier, point de livret.
-Il est complet ?
-J’en sais rien, me répond sa vendeuse peu aimablement.
-Je me demande s’il n’y avait pas un livret.
-J’en sais rien, me répète-t-elle encore plus agressivement, et puis je suis stressée.
Je repose les deux cédés. La vieillesse n’excuse pas tout, et elle me rend service en me dissuadant d’acheter ses cédés alors que je suis devenu incapable d’écouter ceux que je possède.
-Il a de l’argent, se permet de dire le cafetier derrière mon dos, tandis que je m’éloigne. Comme si le problème avait été le prix. Je fréquentais sa terrasse, rue Armand-Carrel, quand celle du Son du Cor était à l’ombre, à l’époque (avec ou sans majuscule) où je n’avais pas repéré celle plus agréable du Sacre.
Foin de ce malotru et de cette mal embouchée, Je suis mieux accueilli chez les anars de L’Insoumise. J’y fais provision de livres à trois pour un euro, dont plusieurs qu’arrivé à la maison je regretterai sûrement d’avoir achetés, mais c’est pour une bonne cause. Un peu plus loin, je me vois offrir par un garçon de ma connaissance Une très légère oscillation (Journal 2014-2017) de Sylvain Tesson (Equateurs), ce dont je le remercie fort.
Un autre vide grenier a lieu ce dimanche, celui très couru d’Isneauville, commune bourgeoise de l’agglomération rouennaise. Y aller ou non, j’hésite puis décide que oui. Pour cela, j’attends le bus Onze devant l’Hôtel de Ville. Sa conductrice m’apprend que des voitures mal garées l’empêcheront d’aller plus loin que la Jardinerie.
Il me faut donc marcher d’abord jusqu’au Lycée, puis suivre la grand-route, le long de laquelle depuis mon dernier passage des immeubles d’habitat collectif ont remplacé les exploitations maraîchères. Enfin j’arrive au carrefour à feux tricolores. La rue principale est à gauche, où débute le déballage protégé par un camion de la voierie mis en travers. Il est dix heures et demie et la foule est là. Parmi les premiers vendeurs un garçon de ma connaissance me salue, à qui je dis que j’ai préféré commencer par la Croix de Pierre où l’espoir de trouver des livres à mon goût était plus grand. Ici, au moins, ce sera une promenade à la campagne. De moins en moins la campagne, me répond-il évoquant les nouvelles constructions.
En fait de promenade, ce n’est pas ça non plus. Il me faut slalomer en gardant mon calme parmi toutes ces personnes qui ont choisi ce lieu comme sortie dominicale avec leurs multiples moutards. « Dès ma sortie de la maternité j’envisageais le suivant », déclare l’une.
Je m’astreins cependant à faire tout le parcours de ce qui ressemble à la rue du Gros-Horloge un samedi après-midi. Ce n’est pas bon pour le commerce. On ne voit pas la marchandise. « J’ai bien cru que je n’arriverais pas à rembourser ma place », déclare une vendeuse. Je ne sors mon porte-monnaie que pour acheter trois pots de confiture de framboise (cinq euros le tout).
Il est midi quand je suis de retour au point de départ. J’en ai plein les bottes (comme on dit) et je dois encore rejoindre pédestrement l’arrêt de la Jardinerie pour attraper le bus de midi trente (le prochain une heure plus tard).
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Le vide grenier d’Isneauvlle, le seul où patrouillent des Gendarmes munis de fusils mitrailleurs.