Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

De l’orthoptiste au plombier

27 juin 2019


Deux rendez-vous pour cette matinée de mardi, je me rends d’abord pédestrement à la clinique Saint-Hilaire où je dois subir mon examen semestriel du champ visuel à neuf heures. Il fait déjà chaud sur le chemin et c’est pire dans le couloir surplombé d’une verrière où m’a conduit un ascenseur de deux de tension. Assis sur un banc, j’attends que la salle Trois Cent Six ouvre.
C’est une jeune docteure qui me prend en charge. Elle me parle sur le ton avec lequel on s’adresse aux demeurés. Sans doute s’agit-il pour elle d’asseoir son autorité (comme on dit). Une nouvelle fois, je dois cliquer quand je vois des petits points blancs lumineux, et sans doute que j’en loupe pas mal.
Au changement d’œil, devenue plus humaine, elle me propose de mettre en route le ventilateur qui se trouve dans mon dos. Si ça ne me rend pas plus performant, au moins suis-je rafraîchi. « Ça n’a pas été trop désagréable ? » me demande-t-elle. Je lui dis que je préfère une séance chez le dentiste. Elle m’explique qu’il y a forcément un moment où l’attention devient flottante car cela dure cinq minutes pour chaque œil. Elle-même, quand elle en a fait un, s’est laissée dériver. Pour le résultat, votre ophtalmo vous expliquera.
A onze heures et demie, c’est un jeune plombier en tenue adaptée (bermuda et ticheurte) qui sonne à ma porte. Rendez-vous a été pris avec lui via l’agence qui gère ma location pour la raison que ma voisine du dessous, avec qui j’étais sévèrement fâché, est venue me voir pour m’informer que mon chauffe-eau devait fuir au vu ce qui coulait dans sa chambre. Cet incident nous a permis de reprendre une relation dénuée d’animosité.
Ce chauffe-eau difficile d’accès est situé dans un réduit au fond de la petite chambre. Le jeune homme a bien plus de facilité que moi pour se glisser jusqu’à lui et sans délai il m’annonce qu’un tuyau flexible mal installé et formant un coude est cause de ce dégât des eaux. Il va falloir modifier l’installation dont il fait une photo. En attendant que son devis soit accepté un récipient placé au bon endroit devrait éviter que l’eau continue à se répandre en dessous.
                                                         *
Si la Normandie n’est pas la plus concernée par cette canicule de fin juin, il y fait quand même trop chaud pour moi. L’après-midi, je tente de trouver un peu de fraîcheur en bas de la rue Cauchoise sous l’auvent du Sacre dont les panneaux vitrés ont été repliés  Un petit vent coulis s’y fait sentir, j’y suis à peu près bien pour lire. Jusqu’à ce que le serveur latino décide me mettre la musique à fond, montrant par-là cumbia son pays lui manque et son absence de savoir-vivre, car s’il m’empêche de lire, il gêne tout autant la clientèle du restaurant d’en face.
D’une manière générale, la direction et le personnel des cafés rouennais n’aiment pas les clients qui lisent. C’est une illustration du mépris de classe.
                                                          *
La veille dans l’après-midi, à proximité du Gros-Horloge, je croise ma sœur et mon beauf, pas vus depuis longtemps.
-Tu as pris du poids, me dit-elle.