En général, peu me chaut l’opération touristique nommée Journées Européennes du Patrimoine mais cette fois c’est l’opportunité d’aller voir de près le carillon réinstallé depuis un an dans la tour Saint-Romain de la Cathédrale de Rouen, dont la musique m’est familière. A cette fin, je me suis inscrit via Internet pour la première des visites gratuites ayant lieu ce samedi à quatorze heures, faite par les guides-carillonneurs Ryan Dufau et Jean-François Maillard « Au programme : découverte de la cabine et du clavier d'étude, histoire du carillon, et démonstration de l'instrument sur le clavier. »
Le rendez-vous est fixé un quart d’heure avant devant la grille du jardin de la cour d’Albane et il y a déjà foule quand j’arrive. Je comprends pourquoi : beaucoup sont là sans avoir réservé. Les Journées du Patrimoine sont une sorte de rentrée des classes pour adultes. Le nombre de celles et ceux qui veulent s’instruire est supérieur aux possibilités d’accueil (tout comme pour les étudiant(e)s à l’Université de Rouen). Un sans-gêne, que suivent une femme et une fille soumises, se glisse brutalement au milieu de la file. Une femme le rabroue sans effet.
A quatorze heures arrivent les deux guides. Jean-François Maillard a la liste en main. Il indique que seuls les inscrits pourront entrer dans la partie du jardin habituellement fermée (l’ancien cloître des chanoines) sur laquelle donne la porte d’accès à la tour Saint-Romain. Le malotru pique sa crise puis s’éloigne furibard suivi de ses deux penaudes. Mon nom est le dernier de la liste. Nous sommes dix-sept et pas un de plus n’est possible pour des raisons de sécurité.
Je suis le plus vieux, la moitié des présent(e)s sont très jeunes. Jean-François Maillard, dans un style prof à l’ancienne, nous offre une histoire de la Cathédrale un peu longuette à l’aide de documents photographiques. Je n’écoute que d’une oreille, retenant seulement qu’il y aura cent vingt-neuf marches à gravir pour arriver au premier niveau où se trouve le carillon d’étude. Il nous prévient qu’il s’arrêtera plusieurs fois au cours de cette ascension qui se fait par un escalier hélicoïdal étroit en pierre. Cette grimpette n’est pourtant pas fatigante.
Le carillon d’études est semblable au vrai. Il permet aux apprentis de progresser et aux titulaires de répéter sans déranger le voisinage. Le son de chaque cloche, ayant été copié électroniquement, est diffusé par des enceintes acoustiques. C’est ce que nous explique Ryan Dufau, jeune homme au louque contemporain qui en connaît long et dont la spontanéité se heurte parfois à la routine de son associé d’un jour.
Un court escalier métallique permet d’accéder au deuxième niveau d’où, par une étroite fenêtre, on a belle vue sur la rue du Gros-Horloge. Dans une cage métallique vitrée, chauffée l’hiver, climatisée l’été, est installé le véritable carillon dont le clavier est relié aux cloches par des tiges métalliques. Ces cloches se trouvent au-dessus de nos têtes mais on ne devine que les plus grosses en raison de la présence d’un plafond métallique ajouré. Ryan Dufau les connaît toutes par leur prénom. Il nous fait une démonstration minimale Au clair de la lune et Frère Jacques. Nous les dix-sept, on a envie de grimper au-dessus pour les voir en action ces cloches. « Impossible », nous répond Jean-François Maillard.
*
Si je sors frustré de cette découverte du carillon de la Cathédrale de Rouen, au moins ai-je bien ri la veille en apprenant que son Archevêque avait reçu la Légion d’Honneur pour être le supérieur hiérarchique du Père Hamel assassiné par les islamistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray et avoir ainsi vécu, selon la formule de 76actu, « une année éprouvante ».
L’article de ce site d’information est accablant pour le récipiendaire : « Ces 32 ans, ce sont les années que j’ai passées au sein de l’Église, en tant que prêtre et en tant qu’évêque. J’aime à croire que j’ai rendu service à la nation pendant ces années », a dit Mgr Lebrun, ému, devant une foule attentive. Celle-ci était composée du gratin local : élus, représentants de l’Église, de la Justice, de la police et de la gendarmerie mais aussi de la société civile.
Un casting prestigieux pour un homme décrit par la préfète comme « humble ». Un modeste qui avait sollicité Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, pour lui remettre la Légion d’honneur. Ce dernier a accepté l’invitation mais n’a pas pu venir car souffrant. »
Le rendez-vous est fixé un quart d’heure avant devant la grille du jardin de la cour d’Albane et il y a déjà foule quand j’arrive. Je comprends pourquoi : beaucoup sont là sans avoir réservé. Les Journées du Patrimoine sont une sorte de rentrée des classes pour adultes. Le nombre de celles et ceux qui veulent s’instruire est supérieur aux possibilités d’accueil (tout comme pour les étudiant(e)s à l’Université de Rouen). Un sans-gêne, que suivent une femme et une fille soumises, se glisse brutalement au milieu de la file. Une femme le rabroue sans effet.
A quatorze heures arrivent les deux guides. Jean-François Maillard a la liste en main. Il indique que seuls les inscrits pourront entrer dans la partie du jardin habituellement fermée (l’ancien cloître des chanoines) sur laquelle donne la porte d’accès à la tour Saint-Romain. Le malotru pique sa crise puis s’éloigne furibard suivi de ses deux penaudes. Mon nom est le dernier de la liste. Nous sommes dix-sept et pas un de plus n’est possible pour des raisons de sécurité.
Je suis le plus vieux, la moitié des présent(e)s sont très jeunes. Jean-François Maillard, dans un style prof à l’ancienne, nous offre une histoire de la Cathédrale un peu longuette à l’aide de documents photographiques. Je n’écoute que d’une oreille, retenant seulement qu’il y aura cent vingt-neuf marches à gravir pour arriver au premier niveau où se trouve le carillon d’étude. Il nous prévient qu’il s’arrêtera plusieurs fois au cours de cette ascension qui se fait par un escalier hélicoïdal étroit en pierre. Cette grimpette n’est pourtant pas fatigante.
Le carillon d’études est semblable au vrai. Il permet aux apprentis de progresser et aux titulaires de répéter sans déranger le voisinage. Le son de chaque cloche, ayant été copié électroniquement, est diffusé par des enceintes acoustiques. C’est ce que nous explique Ryan Dufau, jeune homme au louque contemporain qui en connaît long et dont la spontanéité se heurte parfois à la routine de son associé d’un jour.
Un court escalier métallique permet d’accéder au deuxième niveau d’où, par une étroite fenêtre, on a belle vue sur la rue du Gros-Horloge. Dans une cage métallique vitrée, chauffée l’hiver, climatisée l’été, est installé le véritable carillon dont le clavier est relié aux cloches par des tiges métalliques. Ces cloches se trouvent au-dessus de nos têtes mais on ne devine que les plus grosses en raison de la présence d’un plafond métallique ajouré. Ryan Dufau les connaît toutes par leur prénom. Il nous fait une démonstration minimale Au clair de la lune et Frère Jacques. Nous les dix-sept, on a envie de grimper au-dessus pour les voir en action ces cloches. « Impossible », nous répond Jean-François Maillard.
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Si je sors frustré de cette découverte du carillon de la Cathédrale de Rouen, au moins ai-je bien ri la veille en apprenant que son Archevêque avait reçu la Légion d’Honneur pour être le supérieur hiérarchique du Père Hamel assassiné par les islamistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray et avoir ainsi vécu, selon la formule de 76actu, « une année éprouvante ».
L’article de ce site d’information est accablant pour le récipiendaire : « Ces 32 ans, ce sont les années que j’ai passées au sein de l’Église, en tant que prêtre et en tant qu’évêque. J’aime à croire que j’ai rendu service à la nation pendant ces années », a dit Mgr Lebrun, ému, devant une foule attentive. Celle-ci était composée du gratin local : élus, représentants de l’Église, de la Justice, de la police et de la gendarmerie mais aussi de la société civile.
Un casting prestigieux pour un homme décrit par la préfète comme « humble ». Un modeste qui avait sollicité Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, pour lui remettre la Légion d’honneur. Ce dernier a accepté l’invitation mais n’a pas pu venir car souffrant. »