Sans doute est-ce l’ultime fois que j’assiste à un concert dirigé par Antony Hermus, me dis-je en chemin pour l’Opéra de Rouen ce vendredi soir. On y est accueilli par de jeunes joueuses et joueurs de cor du Conservatoire. Elles et eux donnent l’aubade avant un concert qui a du cor, et emploient d’abord des cors droits, des Alpes je suppose, avant d’aller chercher leurs cors d’harmonie posés sur des chaises sur lesquelles des mal debout s’empressent d’aller s’asseoir. L’une des pièces jouées est accompagnée d’une sirène de pompier venue des quais de Seine. Avant que ce soit terminé je grimpe l’escalier.
Cette fois, malgré moult visites à la billetterie, je n’ai obtenu qu’une place dans la moitié supérieure du premier balcon, d’où j’entends le son du cor des débutants. Cette place n’a pas que des désavantages, on y a vue plongeante sur le plateau où chaque musicien est visible. A ma droite est assis un ancien enseignant de collège et lycée qui prétend me connaître, à ma gauche un autre que connaît le premier. Ce dernier est atteint d’un tic de gorge. Il racle toutes les dix minutes.
Antony Hermus est semblable à lui-même, ventre en avant et sourire à lunettes. Il conduit d’abord la Symphonie numéro sept en si mineur dite Inachevée de Franz Schubert qui ne comporte que deux mouvements. Ce n’est pas le Schubert que je préfère. Aussi, contrairement à certains qui se désolent de la fin non écrite, je n’en veux pas à Schubert de l’avoir laissée dans un tiroir.
Quand le maestro revient sur scène, il est accompagné par le corniste Félix Dervaux, vingt-huit ans, premier cor solo de l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Ce jeune homme en costume gris clair au faux air de Tintin donne un coup de vieux aux musiciens de l’Orchestre. Il joue sublimement sa partie du Concerto pour cor numéro un en mi bémol majeur de Richard Strauss. Le son du cor n’est pas forcément métallique, il peut être moelleux. Fort applaudi et rappelé plusieurs fois, il offre en bonus un solo qui lui permet des sons inusuels. « Il a une très bonne maîtrise de son cor », commente un homme derrière moi, c’était fatal.
Après l’entracte, c’est la Symphonie numéro sept en ré mineur d’Anton Dvořák. Les deux premiers mouvements ne m’emballent pas, mais le troisième quel plaisir, ainsi que le quatrième, pour lequel Antony Hermus se démène. A l’issue, il obtient un triomphe triomphal.
*
Que pensent les musiciens de l’Orchestre lorsque joue devant eux un soliste de leur instrument qui les surpasse et qu’ils ne pourront jamais égaler ? Question que je me pose (me posais) à chaque fois. C’est quand même une humiliation publique.
*
« Je me sens toujours le bienvenu à Rouen, avec des musiciens aussi fantastiques, un personnel très attentionné et un public très chaleureux ! J’y ai mes habitudes pour me promener dans la ville, prendre des cafés à mes adresses et piquer une tête dans la piscine quand j’en ai l’opportunité. », confie Antony Hermus à Vinciane Laumonier dans le livret programme.
En rentrant, j’essaie d’imaginer celui que celle qui m’accompagnait autrefois à l’Opéra de Rouen appelait le leprechaun piquant une tête dans la piscine.
Cette fois, malgré moult visites à la billetterie, je n’ai obtenu qu’une place dans la moitié supérieure du premier balcon, d’où j’entends le son du cor des débutants. Cette place n’a pas que des désavantages, on y a vue plongeante sur le plateau où chaque musicien est visible. A ma droite est assis un ancien enseignant de collège et lycée qui prétend me connaître, à ma gauche un autre que connaît le premier. Ce dernier est atteint d’un tic de gorge. Il racle toutes les dix minutes.
Antony Hermus est semblable à lui-même, ventre en avant et sourire à lunettes. Il conduit d’abord la Symphonie numéro sept en si mineur dite Inachevée de Franz Schubert qui ne comporte que deux mouvements. Ce n’est pas le Schubert que je préfère. Aussi, contrairement à certains qui se désolent de la fin non écrite, je n’en veux pas à Schubert de l’avoir laissée dans un tiroir.
Quand le maestro revient sur scène, il est accompagné par le corniste Félix Dervaux, vingt-huit ans, premier cor solo de l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Ce jeune homme en costume gris clair au faux air de Tintin donne un coup de vieux aux musiciens de l’Orchestre. Il joue sublimement sa partie du Concerto pour cor numéro un en mi bémol majeur de Richard Strauss. Le son du cor n’est pas forcément métallique, il peut être moelleux. Fort applaudi et rappelé plusieurs fois, il offre en bonus un solo qui lui permet des sons inusuels. « Il a une très bonne maîtrise de son cor », commente un homme derrière moi, c’était fatal.
Après l’entracte, c’est la Symphonie numéro sept en ré mineur d’Anton Dvořák. Les deux premiers mouvements ne m’emballent pas, mais le troisième quel plaisir, ainsi que le quatrième, pour lequel Antony Hermus se démène. A l’issue, il obtient un triomphe triomphal.
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Que pensent les musiciens de l’Orchestre lorsque joue devant eux un soliste de leur instrument qui les surpasse et qu’ils ne pourront jamais égaler ? Question que je me pose (me posais) à chaque fois. C’est quand même une humiliation publique.
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« Je me sens toujours le bienvenu à Rouen, avec des musiciens aussi fantastiques, un personnel très attentionné et un public très chaleureux ! J’y ai mes habitudes pour me promener dans la ville, prendre des cafés à mes adresses et piquer une tête dans la piscine quand j’en ai l’opportunité. », confie Antony Hermus à Vinciane Laumonier dans le livret programme.
En rentrant, j’essaie d’imaginer celui que celle qui m’accompagnait autrefois à l’Opéra de Rouen appelait le leprechaun piquant une tête dans la piscine.