Ce dimanche après-midi, d’un coup de métro jusqu’à l’arrêt Hôtel de Ville de Sotteville-lès-Rouen, je renoue avec le Festival VivaCité qui cette année fête ses trente ans. C’est pour y voir et ouïr Grand Ensemble de Pierre Sauvageot, une composition pour barre d’immeuble et orchestre symphonique déjà jouée en divers endroits, dont à Paris place d’Aligre.
En attendant qu’il en soit l’heure, je fais un tour dans le bois de la Garenne où se tiennent une partie des spectacles de plein air qui sont l’objet de ce festival. Je croise là beaucoup de têtes connues et une mère désespérée qui déclare à ses enfants en bas âge : « On n’a pas vu un seul spectacle, ou c’est pas pour les enfants, ou il y a trop de monde, alors moi je ne sais plus quoi faire. »
Moi non plus je ne sais quoi faire car les artistes près desquels je m’arrête ne me retiennent pas alors je vais m’asseoir sur un banc en retrait pour écrire sur mon petit carnet Muji reluqué par un vigile qui semble tenir cette activité pour suspecte.
Souvent le spectacle de la rue m’intéresse davantage que le spectacle de rue. D’autres préfèrent celui de la nature et s’arrêtent longuement pour observer la mare Un homme vient me voir : « Bonjour monsieur, excusez-moi de vous déranger, je suis à la rue, est-ce que vous auriez un euro ou deux à dépanner ? » Les deux erreurs à ne pas commettre : lui dire qu’ici on est tous à la rue, lui demander le titre de son spectacle.
Vers quatorze heures trente, je rejoins l’immeuble Gascogne situé dans l’espace Marcel Lods (du nom de son architecte). C’est une belle barre marquée d’une succession de bandes bleues, blanches et rouges, mais pas couleur drapeau. Face au bâtiment sont installés des tapis sur la pelouse, une première ligne de transats orange où je trouve place et en arrière plusieurs autres lignes de transats verts. A différents balcons (accueillis par des habitants) ainsi qu’au pied de l’immeuble, des musiciens de l’Opéra de Rouen accordent leurs instruments, protégés par des parasols blancs. Peu à peu le public s’installe à sa guise et confortablement. J’ai près de moi un homme qui renifle ; pour un peu je me croirais dans la salle de l’Opéra. Heureusement il cesse dès que le spectacle est annoncé et décrit comme une collaboration entre les artistes et des habitants de l’immeuble Gascogne.
Grand Ensemble est une œuvre de musique amplifiée, une conversation entre la musique qui court sur les murs et les sons de l’habitat collectif : sonnettes, aboiements, pleurs de bébés, sonneries de téléphone, bonjours en toutes langues, musiques diverses débordant des appartements. Parfois la composition musicale les intègre. Parfois elle lutte contre. S’ajoutent à cela quelques interventions orales donnant une brève histoire du lieu et la parole à quelques résidants, tout en évitant l’écueil pédagogique et l’écueil sociologique. Un brin d’humour parsème le tout, les musiciens étant munis de jouets à couiner pour calmer le bébé, d’éventails pour se rafraîchir et, pour ceux situés tout en haut, de partitions à jeter, vers lesquelles ne se précipitent pas que des enfants. De temps à autre, des habitants n’ayant pas offert leur balcon y apparaissent. Torse nu ou foulard sur la tête, ils regardent ce qui se passe en bas de chez eux. Pendant ce temps, la vie continue dans l’allée qui longe le bâtiment, J’apprécie particulièrement le passage d’un livreur bicycliste de chez Uber et celui de deux pré-branlotins faisant une roue arrière avec leurs vélos.
Cette vie mode d’emploi sonore est fort applaudie et je repars de là content.
En attendant qu’il en soit l’heure, je fais un tour dans le bois de la Garenne où se tiennent une partie des spectacles de plein air qui sont l’objet de ce festival. Je croise là beaucoup de têtes connues et une mère désespérée qui déclare à ses enfants en bas âge : « On n’a pas vu un seul spectacle, ou c’est pas pour les enfants, ou il y a trop de monde, alors moi je ne sais plus quoi faire. »
Moi non plus je ne sais quoi faire car les artistes près desquels je m’arrête ne me retiennent pas alors je vais m’asseoir sur un banc en retrait pour écrire sur mon petit carnet Muji reluqué par un vigile qui semble tenir cette activité pour suspecte.
Souvent le spectacle de la rue m’intéresse davantage que le spectacle de rue. D’autres préfèrent celui de la nature et s’arrêtent longuement pour observer la mare Un homme vient me voir : « Bonjour monsieur, excusez-moi de vous déranger, je suis à la rue, est-ce que vous auriez un euro ou deux à dépanner ? » Les deux erreurs à ne pas commettre : lui dire qu’ici on est tous à la rue, lui demander le titre de son spectacle.
Vers quatorze heures trente, je rejoins l’immeuble Gascogne situé dans l’espace Marcel Lods (du nom de son architecte). C’est une belle barre marquée d’une succession de bandes bleues, blanches et rouges, mais pas couleur drapeau. Face au bâtiment sont installés des tapis sur la pelouse, une première ligne de transats orange où je trouve place et en arrière plusieurs autres lignes de transats verts. A différents balcons (accueillis par des habitants) ainsi qu’au pied de l’immeuble, des musiciens de l’Opéra de Rouen accordent leurs instruments, protégés par des parasols blancs. Peu à peu le public s’installe à sa guise et confortablement. J’ai près de moi un homme qui renifle ; pour un peu je me croirais dans la salle de l’Opéra. Heureusement il cesse dès que le spectacle est annoncé et décrit comme une collaboration entre les artistes et des habitants de l’immeuble Gascogne.
Grand Ensemble est une œuvre de musique amplifiée, une conversation entre la musique qui court sur les murs et les sons de l’habitat collectif : sonnettes, aboiements, pleurs de bébés, sonneries de téléphone, bonjours en toutes langues, musiques diverses débordant des appartements. Parfois la composition musicale les intègre. Parfois elle lutte contre. S’ajoutent à cela quelques interventions orales donnant une brève histoire du lieu et la parole à quelques résidants, tout en évitant l’écueil pédagogique et l’écueil sociologique. Un brin d’humour parsème le tout, les musiciens étant munis de jouets à couiner pour calmer le bébé, d’éventails pour se rafraîchir et, pour ceux situés tout en haut, de partitions à jeter, vers lesquelles ne se précipitent pas que des enfants. De temps à autre, des habitants n’ayant pas offert leur balcon y apparaissent. Torse nu ou foulard sur la tête, ils regardent ce qui se passe en bas de chez eux. Pendant ce temps, la vie continue dans l’allée qui longe le bâtiment, J’apprécie particulièrement le passage d’un livreur bicycliste de chez Uber et celui de deux pré-branlotins faisant une roue arrière avec leurs vélos.
Cette vie mode d’emploi sonore est fort applaudie et je repars de là content.