Jouer de la musique tandis que boivent, mangent et discutent ceux qui l’écoutent, c’est l’expérience à laquelle sont soumis des trios d’élèves du Conservatoire pour lesquels a été installée une scène sur la partie centrale des marches du foyer de l’Opéra de Rouen ce dimanche après-midi en avant-programme du concert Beethoven et Bizet.
Une femme assise à l’une des tables filme sa violoniste de fille avec son smartphone. Mon œil va de l’une à l’autre. Regarder celle qui admire celle qui joue, c’est voir la musicienne dans vingt-cinq ans.
Je n’attends pas qu’en ait terminé le deuxième trio pour aller m’asseoir au troisième rang du premier balcon et y étudier le programme tandis qu’on s’installe autour de moi. En cette fin de saison, il m’en coûte de plus en plus d’avoir des voisins. Ceux-là ne sont pourtant pas gênants.
Des caméras sont placées en différents points. Certaines se débrouillent seules, dont l’une qui va et vient horizontalement en fond de scène. D’autres sont dirigées ou portées par des cadreurs. Le concert est enregistré par la Compagnie Lyonnaise Cinéma et sera notamment diffusé sur La Chaîne Normande.
En apéritif, c’est Leonore, l’ouverture numéro un du Fidelio de Ludwig van Beethoven. David Reiland est à la direction musicale, chef d’orchestre de tendance expressionniste, dont l’ample gestuelle est un moyen de l’efficacité.
Il donne toute sa mesure avec le Concerto pour violon en ré majeur du même. Lorenzo Gatto est au violon, un stradivarius de mil six cent quatre-vingt-dix-huit dont il tire le meilleur. L’Orchestre n’est pas en reste, conduit d’une main de maître par le maestro dansant. Sa façon de jeter son corps en arrière puis de le lancer vers l’avant me plait particulièrement. Impossible pour moi d’entendre ce concerto sans y inclure en arrière-fond La Route du levant que Gérard Manset écrivit pour Anne Vanderlove en mil neuf cent soixante-dix.
Lorenzo Gatto est triomphalement applaudi, et rappelé avec insistance. Il nous offre un bonus qu’il a l’obligeance d’annoncer avant de le jouer : Carnaval de Venise de Paganini. Sa délectable interprétation lui vaut un nouveau rappel, ce qui nous vaut un presto de Jean Sébastien Bach. Nouvelle ovation, Lorenzo Gatto nous dit avoir l’épaule qui commence à fatiguer mais ajoute à notre plaisir une sarabande du même.
En dessert, après l’entracte, l’Orchestre, toujours magnifiquement conduit par le mouvant David Reiland, joue la Symphonie en ut majeur de Georges Bizet, qu’il composa à dix-sept ans et ne fut jouée que soixante ans après sa mort. Chaque mouvement est un régal. L’adagio permet à Jérôme Laborde de montrer ce qu’il sait faire avec son hautbois. Il est applaudi très fort. L’Orchestre a sa part. Et le maestro la sienne, qui ordinairement se partage entre la direction de l’Orchestre National de Lorraine et celle du Sinfonietta de Lausanne. Il serait prêt à nous donner un bis mais quand il consulte les musiciens du regard, ceux-ci lui font comprendre que non, Lorenzo Gatto nous a déjà mis en retard, la journée de travail est finie, c’est l’heure d’aller au lit.
*
Je ne sais plus à quel moment les musiciens de l’Opéra de Rouen ont été autorisés à jeter la cravate rouge qui les faisait ressembler aux gardiens de la Fondation Vuitton mais ce fut une heureuse initiative.
*
Au tour de certains des arbres situés derrière l’église Saint-Maclou de se faire tronçonner. Je le constate tristement ce jeudi en début d’après-midi quand je vais boire un café au Grand Saint Marc. Je fais quelques photos du massacre. Personne ne proteste ? s’étonne un ancien Rouennais de ma connaissance. Eh non ! A chaque fois, le voisinage se lamente, et c’est tout.
*
Première fois de l’année, ce samedi, que la température extérieure me permet d’ouvrir la fenêtre de ma chambre pour écouter le concert de carillon de onze heures trente. Dans le programme : Sur la route de Louviers.
Ville natale, cela fait un moment que je ne t’aie pas vue.
Une femme assise à l’une des tables filme sa violoniste de fille avec son smartphone. Mon œil va de l’une à l’autre. Regarder celle qui admire celle qui joue, c’est voir la musicienne dans vingt-cinq ans.
Je n’attends pas qu’en ait terminé le deuxième trio pour aller m’asseoir au troisième rang du premier balcon et y étudier le programme tandis qu’on s’installe autour de moi. En cette fin de saison, il m’en coûte de plus en plus d’avoir des voisins. Ceux-là ne sont pourtant pas gênants.
Des caméras sont placées en différents points. Certaines se débrouillent seules, dont l’une qui va et vient horizontalement en fond de scène. D’autres sont dirigées ou portées par des cadreurs. Le concert est enregistré par la Compagnie Lyonnaise Cinéma et sera notamment diffusé sur La Chaîne Normande.
En apéritif, c’est Leonore, l’ouverture numéro un du Fidelio de Ludwig van Beethoven. David Reiland est à la direction musicale, chef d’orchestre de tendance expressionniste, dont l’ample gestuelle est un moyen de l’efficacité.
Il donne toute sa mesure avec le Concerto pour violon en ré majeur du même. Lorenzo Gatto est au violon, un stradivarius de mil six cent quatre-vingt-dix-huit dont il tire le meilleur. L’Orchestre n’est pas en reste, conduit d’une main de maître par le maestro dansant. Sa façon de jeter son corps en arrière puis de le lancer vers l’avant me plait particulièrement. Impossible pour moi d’entendre ce concerto sans y inclure en arrière-fond La Route du levant que Gérard Manset écrivit pour Anne Vanderlove en mil neuf cent soixante-dix.
Lorenzo Gatto est triomphalement applaudi, et rappelé avec insistance. Il nous offre un bonus qu’il a l’obligeance d’annoncer avant de le jouer : Carnaval de Venise de Paganini. Sa délectable interprétation lui vaut un nouveau rappel, ce qui nous vaut un presto de Jean Sébastien Bach. Nouvelle ovation, Lorenzo Gatto nous dit avoir l’épaule qui commence à fatiguer mais ajoute à notre plaisir une sarabande du même.
En dessert, après l’entracte, l’Orchestre, toujours magnifiquement conduit par le mouvant David Reiland, joue la Symphonie en ut majeur de Georges Bizet, qu’il composa à dix-sept ans et ne fut jouée que soixante ans après sa mort. Chaque mouvement est un régal. L’adagio permet à Jérôme Laborde de montrer ce qu’il sait faire avec son hautbois. Il est applaudi très fort. L’Orchestre a sa part. Et le maestro la sienne, qui ordinairement se partage entre la direction de l’Orchestre National de Lorraine et celle du Sinfonietta de Lausanne. Il serait prêt à nous donner un bis mais quand il consulte les musiciens du regard, ceux-ci lui font comprendre que non, Lorenzo Gatto nous a déjà mis en retard, la journée de travail est finie, c’est l’heure d’aller au lit.
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Je ne sais plus à quel moment les musiciens de l’Opéra de Rouen ont été autorisés à jeter la cravate rouge qui les faisait ressembler aux gardiens de la Fondation Vuitton mais ce fut une heureuse initiative.
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Au tour de certains des arbres situés derrière l’église Saint-Maclou de se faire tronçonner. Je le constate tristement ce jeudi en début d’après-midi quand je vais boire un café au Grand Saint Marc. Je fais quelques photos du massacre. Personne ne proteste ? s’étonne un ancien Rouennais de ma connaissance. Eh non ! A chaque fois, le voisinage se lamente, et c’est tout.
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Première fois de l’année, ce samedi, que la température extérieure me permet d’ouvrir la fenêtre de ma chambre pour écouter le concert de carillon de onze heures trente. Dans le programme : Sur la route de Louviers.
Ville natale, cela fait un moment que je ne t’aie pas vue.