Pire qu’un habituel dimanche désert, le dernier dimanche d’avant Noël est une épreuve que je traverse du mieux que je peux pour aller m’installer avec mon ordinateur au Café de la Ville. J’y transcris les passages relevés lors de ma lecture du Journal de guerre de Valentin Feldman. De temps en temps entrent des familles venues dans le plus grand centre commerçant de Normandie pour acheter les cadeaux, une corvée à laquelle peu échappent. Ce sont toujours des couples avec deux enfants, accompagnés soit d’un beau-frère soit d’une belle-mère. L’ambiance est tendue. D’abord la marmaille se fait remonter les bretelles par la mère puis l’irritation monte entre les deux beaux-frères ou entre la belle-mère et la fille, un passage aux toilettes et les voici partis.
Quand j’en suis à taper le passage où Valentin Feldman, professeur agrégé nommé à Dieppe, raconte l’énervement que lui cause la serveuse blonde du Tout Va Bien qui sourit aux soldats nazis pendant qu’il y lit le Journal d’Eugène Dabit, une drache s’abat sur le Vieux Marché. Elle m’autorise à rester plus longtemps. Quand cela se calme un peu, je me lance à l’extérieur. Las, l’averse reprend de plus belle. Malgré le parapluie, j’arrive à la maison rincé. Le livre et l’ordinateur sont saufs.
Monté à l’étage, un bruit me fait sursauter. C’est mon livre en forme de cercueil qui vient de choir, en quoi je m’efforce de ne pas voir un signe. Ce serait bête de ne pas atteindre deux mille vingt, alors qu’on en est si près.
*
A cette période, Rouen est une ville fréquentée avant tout par des beaufs. Même les Parisiens venus ici en sont.
*
Croisé ce lundi midi, rue du Canuet, une manifestation des plus rigolotes. Des cheminots de Sud au volant d’un petit train blanc surmonté de tous leurs drapeaux colorés et dont la sirène mugit aussi fort que celle d’une locomotive de la Senecefe. Ils crient « Bon Noël » et « Vive la grève ». Devant eux, une voiture de la Police Nationale. Derrière eux, une voiture de la Police Nationale.
Quand j’en suis à taper le passage où Valentin Feldman, professeur agrégé nommé à Dieppe, raconte l’énervement que lui cause la serveuse blonde du Tout Va Bien qui sourit aux soldats nazis pendant qu’il y lit le Journal d’Eugène Dabit, une drache s’abat sur le Vieux Marché. Elle m’autorise à rester plus longtemps. Quand cela se calme un peu, je me lance à l’extérieur. Las, l’averse reprend de plus belle. Malgré le parapluie, j’arrive à la maison rincé. Le livre et l’ordinateur sont saufs.
Monté à l’étage, un bruit me fait sursauter. C’est mon livre en forme de cercueil qui vient de choir, en quoi je m’efforce de ne pas voir un signe. Ce serait bête de ne pas atteindre deux mille vingt, alors qu’on en est si près.
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A cette période, Rouen est une ville fréquentée avant tout par des beaufs. Même les Parisiens venus ici en sont.
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Croisé ce lundi midi, rue du Canuet, une manifestation des plus rigolotes. Des cheminots de Sud au volant d’un petit train blanc surmonté de tous leurs drapeaux colorés et dont la sirène mugit aussi fort que celle d’une locomotive de la Senecefe. Ils crient « Bon Noël » et « Vive la grève ». Devant eux, une voiture de la Police Nationale. Derrière eux, une voiture de la Police Nationale.