Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Avec le jeune Eugène Delacroix

2 février 2021


Deux fois lu par mes soins, le Journal d’Eugène Delacroix (Plon), commencé par lui le mardi trois septembre mil huit cent vingt-deux s’interrompt le mardi cinq octobre mil huit cent vingt-quatre. Il ne reprendra cette pratique qu’en mil huit cent quarante-sept.
Jeune peintre, Delacroix, comme l’époque le lui permettait, ne craignait pas d’utiliser ses jeunes modèles à d’autres fins, lorsque toutefois son ardeur le lui permettait, ainsi que le montrent ces quelques extraits :
Vendredi seize mai mil huit cent vingt-trois : J’ai vu mardi dernier Sidonie. Il y a eu quelques moments ravissants. Qu’elle était bien, nue et au lit ! Surtout des baisers et des approches délicieuses.
Lundi douze janvier mil huit cent vingt-quatre : Je suis rentré à mon atelier saisi de zèle et, Hélène étant arrivée peu après, j’ai tout de suite fait quelques ensembles pour mon tableau. Elle a emporté malheureusement une partie de mon énergie de ce jour.
Dimanche vingt-cinq janvier mil huit cent vingt-quatre : J’ai pensé, en revenant de mon atelier, à faire une jeune fille rêveuse qui taille une plume, debout devant une table.
Mercredi sept avril mil huit cent vingt-quatre : Ce matin Hélène est venue. O disgrâce… Je n’ai pu. – Irais-je sur les traces de mon brave frère ?
Lundi douze avril mil huit cent vingt-quatre : Je suis toujours possédé d’une petite fièvre qui me dispose facilement à une émotion vive.
Dimanche dix-huit avril mil huit cent vingt-quatre : A l’atelier à neuf heures. Laure venue. Avancé le portrait. C’est une chose singulière que l’ayant désirée tout le temps de la séance, au moment de son départ, assez précipité à la vérité, ce n’était plus tout à fait de même ; il m’eût fallu le temps de me reconnaître.
Lundi vingt-six avril mil huit cent vingt-quatre : La Laure m’a manqué de parole. J’ai travaillé toute la journée avec chaleur. J’étais fatigué sur le soir. Retouché les jambes du jeune homme au coin et la vieille.
Mercredi neuf juin mil huit cent vingt-quatre : La Laure m’a amené une admirable Adeline de seize ans, grande, bien faite et d’une tête charmante. Je ferai son portrait et m’en promets ; j’y pense.
Lundi quatorze juin mil huit cent vingt-quatre : J’aurais besoin d’une maîtresse pour mater la chair d’habitude. J’en suis fort tourmenté et soutiens à mon atelier de magnanimes combats. Je souhaite quelquefois la venue de la première femme venue. Fasse le ciel que vienne Laure demain !