J’arrive vers dix-huit heures ce vendredi au Centre Photographique Rouen Normandie, rue de la Chaîne, qui ouvre sa saison avec Farce Satrape de Thorsten Brinkmann. C’est la première exposition personnelle en France de cet artiste allemand. On y voit des autoportraits en dignitaire de comédie pris à distance avec un déclencheur. Devenu roi, reine, prince, princesse, chevalier, il est vêtu de nippes, armé d’objets de récupération et porte comme heaume un objet détourné. Les tons dominants sont l’ocre, le vert émeraude, le vermillon et le lapis-lazuli. Certaines photos sont augmentées d’objets de seconde main les transformant en installations. D’autres sont prolongées par une peinture murale.
« L’œuvre de Thorsten Brinkmann procède en premier lieu d’une collecte assidue d’objets esseulés, usés, dysfonctionnels, mis à la marge par chacun d’entre nous. Nous laissant porter, tantôt allègrement, tantôt avec une molle résistance, par le courant de la société de consommation dans laquelle nous sommes immergés, il en est peu pour se retourner vers ces objets incessamment absorbés dans le vortex de l’obsolète. », écrit plaisamment dans sa présentation de l’exposition Raphaëlle Stopin, maîtresse des lieux.
Je trouve ça décorakitsch. Cela ne me déplaît pas mais ne m’intéresse pas davantage.
Deux marins du Mir passent devant la galerie sans faire plus qu’y jeter un coup d’œil en biais. Cinq minutes plus tard, trois soldates russes entrent sans hésitation. Chacune porte plusieurs sacs à la main car elles viennent de magasiner. Elles regardent chaque œuvre exposée puis repartent comme elles sont venues. Je trouve beaucoup de têtes nouvelles dans ce vernissage et des anciennes issues pour certaines de l’Esadhar (ex Ecole Régionale des Beaux-Arts). L’une porte deux cartons vides trouvés dans la rue et les garde serrés contre elle le temps de sa présence, se livrant ainsi à une discrète performance en hommage à l’artiste célébré ce soir, lequel se définit lui-même par le pléonastique « serialsammler » (collectionneur en série).
Je reste jusqu’au moment des prises de paroles, mais comme ici on ne parle pas allemand et que Thorsten Brinkmann ne parle pas français, l’échange est réduit à peu de chose. Un « verre de l’amitié » suit dont je me dispense.
*
Ce samedi marque le début de la Fête du Ventre, dont le succès n’est pas à démontrer. Une fête de la panse attirera toujours plus qu’une fête de la pensée. Cette année, pour cause de travaux, l’estomac déborde rue de la Jeanne et, pour cause de sécurité, il est ceinturé par des plots en béton. « Qu’est-ce qui te tente ? », demande un père à sa fille vingtenaire. « Tout me tente, lui répond-elle, enfin plus ou moins ».
*
Le traditionnel concert de carillon d’onze heures et demie est un hommage à Charles Aznavour. Au Son du Cor, où c’est encore peut-être la dernière fois que l’on peut prendre un café au soleil en terrasse, on écoute Compay Segundo. Une paix royale règne au jardin dans l’après-midi, les ouvriers de la flèche de la cathédrale sont en ouiquennede et les chiens ailleurs. J’y tapote ce texte tandis que me parviennent les chants et les slogans de la nouvelle mal nommée Marche pour le Climat.
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Objectif de chaque jour : ne pas se laisser absorber dans le vortex de l’obsolète.
« L’œuvre de Thorsten Brinkmann procède en premier lieu d’une collecte assidue d’objets esseulés, usés, dysfonctionnels, mis à la marge par chacun d’entre nous. Nous laissant porter, tantôt allègrement, tantôt avec une molle résistance, par le courant de la société de consommation dans laquelle nous sommes immergés, il en est peu pour se retourner vers ces objets incessamment absorbés dans le vortex de l’obsolète. », écrit plaisamment dans sa présentation de l’exposition Raphaëlle Stopin, maîtresse des lieux.
Je trouve ça décorakitsch. Cela ne me déplaît pas mais ne m’intéresse pas davantage.
Deux marins du Mir passent devant la galerie sans faire plus qu’y jeter un coup d’œil en biais. Cinq minutes plus tard, trois soldates russes entrent sans hésitation. Chacune porte plusieurs sacs à la main car elles viennent de magasiner. Elles regardent chaque œuvre exposée puis repartent comme elles sont venues. Je trouve beaucoup de têtes nouvelles dans ce vernissage et des anciennes issues pour certaines de l’Esadhar (ex Ecole Régionale des Beaux-Arts). L’une porte deux cartons vides trouvés dans la rue et les garde serrés contre elle le temps de sa présence, se livrant ainsi à une discrète performance en hommage à l’artiste célébré ce soir, lequel se définit lui-même par le pléonastique « serialsammler » (collectionneur en série).
Je reste jusqu’au moment des prises de paroles, mais comme ici on ne parle pas allemand et que Thorsten Brinkmann ne parle pas français, l’échange est réduit à peu de chose. Un « verre de l’amitié » suit dont je me dispense.
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Ce samedi marque le début de la Fête du Ventre, dont le succès n’est pas à démontrer. Une fête de la panse attirera toujours plus qu’une fête de la pensée. Cette année, pour cause de travaux, l’estomac déborde rue de la Jeanne et, pour cause de sécurité, il est ceinturé par des plots en béton. « Qu’est-ce qui te tente ? », demande un père à sa fille vingtenaire. « Tout me tente, lui répond-elle, enfin plus ou moins ».
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Le traditionnel concert de carillon d’onze heures et demie est un hommage à Charles Aznavour. Au Son du Cor, où c’est encore peut-être la dernière fois que l’on peut prendre un café au soleil en terrasse, on écoute Compay Segundo. Une paix royale règne au jardin dans l’après-midi, les ouvriers de la flèche de la cathédrale sont en ouiquennede et les chiens ailleurs. J’y tapote ce texte tandis que me parviennent les chants et les slogans de la nouvelle mal nommée Marche pour le Climat.
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Objectif de chaque jour : ne pas se laisser absorber dans le vortex de l’obsolète.