Impossible de me souvenir depuis combien de temps je ne suis pas allé au Tribunal Administratif de Rouen, avenue Gustave Flaubert. Quand j’y arrive, ce jeudi matin, je suis surpris par le nouveau système d’ouverture de la porte. Trois hommes sont derrière elle. L’un me demande pour qui je viens. Le deuxième me demande ma carte d’identité et prend note sur un cahier. Le troisième me demande de lever les bras pour me passer au détecteur de métaux.
Je vais m’asseoir au fond de la salle d’audience. Je suis évidemment le premier arrivé. Il s’agit de soutenir Elvira et sa fille Victoria à l’appel de gens de théâtre, toutes deux sont menacées de reconduite à la frontière. Une jeune femme se présente juste après moi maïs elle s’est trompée de lieu. Les trois hommes lui expliquent que la manifestation de soutien aux occupants de La Garenne, ancienne résidence de personnes âgées, c’est devant le Palais de Justice (ceux-ci sont en voie d’expulsion suite à la demande d’Yvon Robert. Maire, Socialiste).
Une autre manifestation a eu lieu un peu plus tôt devant l’Hôtel du Département pour protester contre les propos de la directrice du service d’adoption de Seine-Maritime, laquelle a déclaré à une journaliste que les couples d’homosexuels étant atypiques, il ne fallait pas leur confier des bébés en bonne santé mais des enfants atypiques (handicapés, malades, etc.); avant même ce rassemblement cette dame a été remerciée.
Un peu avant neuf heures trente la salle est comble. Sont présents des parents d’élèves et le mari de la directrice de l’école maternelle Marie Houdemare où est scolarisée la petite Victoria et des gens de théâtre (Elvira joue dans la pièce Sur le pont). Celles et ceux arrivés en dernier sont debout derrière. Elvira est anxieuse. Assis à côté d’elle, Yann Dacosta, fondateur de la compagnie du Chat Foin, la réconforte. Tout le monde se lève à l’entrée du Tribunal.
Deux autres affaires sont d’abord évoquées. Celle d’un ressortissant turc d’origine kurde qui risque d’avoir de gros problèmes s’il retourne dans son pays et celle d’un ressortissant sénégalais venu avec un visa d’étudiant et qui est là depuis quinze ans. Pour l’un et l’autre, le rapporteur public se montre favorable à un nouvel examen de leur situation. Après les plaidoiries de leurs avocats, le Président met ces affaires en délibéré. « Le jugement sera rendu le six juillet au plus tard », annonce-t-il.
Pendant ce temps, les manifestants du Palais de Justice sont arrivés au portail du Tribunal Administratif. Ils restent silencieux afin de ne pas nuire aux affaires en cours. C’est au tour de celle dont dépend le sort d'Elvira. Elle va s’asseoir tout près de son avocate Cécile Madeline. Le rapporteur ne prend pas la parole. Maitre Madeline plaide avec la ferveur et le talent qu’on lui connaît. Elvira est arrivée en France avec son mari, homme peu recommandable. Il la battait. Elle a été frappée jusqu’à son huitième mois de grossesse. Il est reparti en Russie pour échapper aux ennuis. Là-bas, les violences conjugales ont été dépénalisées. Si elle est expulsée vers la Russie, elle sera en grave danger, et sa petite fille aussi. Le monde présent dans la salle pour la soutenir montre à quel point elle est intégrée à la société française, indique également Cécile Madeline.
Pour Elvira aussi le jugement sera rendu avant le six juillet. Nous sortons tous. Les affaires suivantes seront évoquées devant une salle quasiment vide. Dehors, les manifestants sont toujours là mais je ne m’attarde pas. Il en est parmi eux que je ne souhaite plus côtoyer depuis les attentats.
*
L’avocat de l’ancien étudiant sénégalais au Tribunal :
-Je vous demande de faire de la résistance.
Le Président :
-Le Tribunal ne fait jamais de résistance… mais il peut tenir compte du temps qui passe.
*
« C’est en cet état brièvement résumé que l’affaire se présente à l’audience » (formule conclusive de la juge introduisant les dossiers).
Je vais m’asseoir au fond de la salle d’audience. Je suis évidemment le premier arrivé. Il s’agit de soutenir Elvira et sa fille Victoria à l’appel de gens de théâtre, toutes deux sont menacées de reconduite à la frontière. Une jeune femme se présente juste après moi maïs elle s’est trompée de lieu. Les trois hommes lui expliquent que la manifestation de soutien aux occupants de La Garenne, ancienne résidence de personnes âgées, c’est devant le Palais de Justice (ceux-ci sont en voie d’expulsion suite à la demande d’Yvon Robert. Maire, Socialiste).
Une autre manifestation a eu lieu un peu plus tôt devant l’Hôtel du Département pour protester contre les propos de la directrice du service d’adoption de Seine-Maritime, laquelle a déclaré à une journaliste que les couples d’homosexuels étant atypiques, il ne fallait pas leur confier des bébés en bonne santé mais des enfants atypiques (handicapés, malades, etc.); avant même ce rassemblement cette dame a été remerciée.
Un peu avant neuf heures trente la salle est comble. Sont présents des parents d’élèves et le mari de la directrice de l’école maternelle Marie Houdemare où est scolarisée la petite Victoria et des gens de théâtre (Elvira joue dans la pièce Sur le pont). Celles et ceux arrivés en dernier sont debout derrière. Elvira est anxieuse. Assis à côté d’elle, Yann Dacosta, fondateur de la compagnie du Chat Foin, la réconforte. Tout le monde se lève à l’entrée du Tribunal.
Deux autres affaires sont d’abord évoquées. Celle d’un ressortissant turc d’origine kurde qui risque d’avoir de gros problèmes s’il retourne dans son pays et celle d’un ressortissant sénégalais venu avec un visa d’étudiant et qui est là depuis quinze ans. Pour l’un et l’autre, le rapporteur public se montre favorable à un nouvel examen de leur situation. Après les plaidoiries de leurs avocats, le Président met ces affaires en délibéré. « Le jugement sera rendu le six juillet au plus tard », annonce-t-il.
Pendant ce temps, les manifestants du Palais de Justice sont arrivés au portail du Tribunal Administratif. Ils restent silencieux afin de ne pas nuire aux affaires en cours. C’est au tour de celle dont dépend le sort d'Elvira. Elle va s’asseoir tout près de son avocate Cécile Madeline. Le rapporteur ne prend pas la parole. Maitre Madeline plaide avec la ferveur et le talent qu’on lui connaît. Elvira est arrivée en France avec son mari, homme peu recommandable. Il la battait. Elle a été frappée jusqu’à son huitième mois de grossesse. Il est reparti en Russie pour échapper aux ennuis. Là-bas, les violences conjugales ont été dépénalisées. Si elle est expulsée vers la Russie, elle sera en grave danger, et sa petite fille aussi. Le monde présent dans la salle pour la soutenir montre à quel point elle est intégrée à la société française, indique également Cécile Madeline.
Pour Elvira aussi le jugement sera rendu avant le six juillet. Nous sortons tous. Les affaires suivantes seront évoquées devant une salle quasiment vide. Dehors, les manifestants sont toujours là mais je ne m’attarde pas. Il en est parmi eux que je ne souhaite plus côtoyer depuis les attentats.
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L’avocat de l’ancien étudiant sénégalais au Tribunal :
-Je vous demande de faire de la résistance.
Le Président :
-Le Tribunal ne fait jamais de résistance… mais il peut tenir compte du temps qui passe.
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« C’est en cet état brièvement résumé que l’affaire se présente à l’audience » (formule conclusive de la juge introduisant les dossiers).