C’est samedi, je suis seul au petit-déjeuner à sept heures. J’ai pour spectacle, grâce à la vitre sans tain placée derrière l’accueil de l’Hôtel Colisée Verdun, le ravalement de façade d’une zonarde pour qui la nuit a été difficile. J’en ai terminé avant elle.
Dès dehors, je suis pédestrement les voies de l’un des tramouais jusqu’au quartier Antigone, « le chef-d’œuvre de Riccardo Bofill qui a intrigué les architectes du monde entier par son intégration réussie dans la ville », selon Le Guide du Routard.
Personnellement, je qualifierais cette architecture de néofasciste. La Médiathèque Emile Zola qui fait face à la Piscine Olympique, l’une et l’autre écrasantes, ne me donne pas envie d’attendre son ouverture. Et que dire de l’Hôtel de Région, voulu par le mégalomaniaque Georges Frèche, près duquel coule le pauvre Lez ?
Bien qu’il ne soit que neuf heures, la chaleur fait des siennes sur les dalles. Je n’ai de cesse de rebrousser chemin et après ce purgatoire subis l’enfer de la traversée du centre commercial Polygone pour rejoindre au plus court le bout de la place de la Comédie.
Vite je retourne vers la fraîche place de la Canourgue et prends un café à la terrasse de La Coquille face au délicieux Hôtel du Palais qui sert ses petits déjeuners de sept heures à treize heures, et même quatorze heures le dimanche, « formule buffet, café Bibal, thé Mariage, oranges pressées, réservation conseillée ». Une élégante jeune femme y arrive traînant derrière elle une valise en tissu rose hélas un peu sale.
Rue Jules-Latreilhe, je suis séduit par le nom d’un restaurant à petites tables et chaises bleues d’extérieur : Le Paresseur, puis par son menu du jour à seize euros cinquante : camembert pané aux noisettes gelée de groseille et salade du jardin, tajine de veau aux fruits sec et semoule, carpaccio de fraise à la menthe et sa glace maison. Le quart de vin rouge Mas Peyrolle Pic Saint Loup est à neuf euros. Un couple s’installe à ma gauche. L’homme est disposé à entamer une petite conversation avec moi mais je m’y refuse. Le serveur leur demande s’ils sont en vacances. C’est évidemment lui qui répond :
-Non non ça fait cinq mois qu’on est là. On s’installe. Pourquoi ? On a des gueules de touristes ?
Je rejoins ensuite La Panacée, dont le directeur est Nicolas Bourriaud, l’« éminent critique d’art, écrivain et co-fondateur du Palais de Tokyo à Paris » (comme l’écrit MMM ! Magazine des curiosités touristiques) mais je n’y trouve ouvert qu’un restaurant pour broncheurs à volonté. Aucune œuvre d’art n’y est visible en ce moment et ce soir c’est défilé de mode. L’église néogothique désaffectée Sainte-Anne, autre lieu dédié à l’art contemporain, est fermée pour un an de travaux. Quant au Musée Fabre, ses salles consacrées aux Modernes sont interdites par un changement d’accrochage.
Qu’à cela ne tienne, je m’installe à la terrasse du Café Riche, place de la Comédie. Se côtoient dans ce théâtre de plein air sans metteur en scène : une manifestation de soutien à Gaza avec drapeaux palestiniens, un défilé folklorique occitan avec fifres et galoubets, des gyropodes publicitaires vantant la bière sans alcool Tourtel, des vendeurs de ballons et de lunettes à la sauvette, le petit train promène-touristes et un enterrement de vie de jeune fille.
L’orage menace, les serveurs installent des gouttières entre les parasols.
*
La patronne de La Coquille, d’un air un peu offusqué :
-Non non ici c’est pain au chocolat. La chocolatine, c’est vers Toulouse.
*
Mon voisin au Paresseur :
-Du camembert pané, j’en reviens pas, c’est dingue !
Elle fait une photo.
*
Un trentenaire au téléphone :
-Et vous avez beau temps ? Parce que nous, on est à Montpellier.
Bah ouais !
Dès dehors, je suis pédestrement les voies de l’un des tramouais jusqu’au quartier Antigone, « le chef-d’œuvre de Riccardo Bofill qui a intrigué les architectes du monde entier par son intégration réussie dans la ville », selon Le Guide du Routard.
Personnellement, je qualifierais cette architecture de néofasciste. La Médiathèque Emile Zola qui fait face à la Piscine Olympique, l’une et l’autre écrasantes, ne me donne pas envie d’attendre son ouverture. Et que dire de l’Hôtel de Région, voulu par le mégalomaniaque Georges Frèche, près duquel coule le pauvre Lez ?
Bien qu’il ne soit que neuf heures, la chaleur fait des siennes sur les dalles. Je n’ai de cesse de rebrousser chemin et après ce purgatoire subis l’enfer de la traversée du centre commercial Polygone pour rejoindre au plus court le bout de la place de la Comédie.
Vite je retourne vers la fraîche place de la Canourgue et prends un café à la terrasse de La Coquille face au délicieux Hôtel du Palais qui sert ses petits déjeuners de sept heures à treize heures, et même quatorze heures le dimanche, « formule buffet, café Bibal, thé Mariage, oranges pressées, réservation conseillée ». Une élégante jeune femme y arrive traînant derrière elle une valise en tissu rose hélas un peu sale.
Rue Jules-Latreilhe, je suis séduit par le nom d’un restaurant à petites tables et chaises bleues d’extérieur : Le Paresseur, puis par son menu du jour à seize euros cinquante : camembert pané aux noisettes gelée de groseille et salade du jardin, tajine de veau aux fruits sec et semoule, carpaccio de fraise à la menthe et sa glace maison. Le quart de vin rouge Mas Peyrolle Pic Saint Loup est à neuf euros. Un couple s’installe à ma gauche. L’homme est disposé à entamer une petite conversation avec moi mais je m’y refuse. Le serveur leur demande s’ils sont en vacances. C’est évidemment lui qui répond :
-Non non ça fait cinq mois qu’on est là. On s’installe. Pourquoi ? On a des gueules de touristes ?
Je rejoins ensuite La Panacée, dont le directeur est Nicolas Bourriaud, l’« éminent critique d’art, écrivain et co-fondateur du Palais de Tokyo à Paris » (comme l’écrit MMM ! Magazine des curiosités touristiques) mais je n’y trouve ouvert qu’un restaurant pour broncheurs à volonté. Aucune œuvre d’art n’y est visible en ce moment et ce soir c’est défilé de mode. L’église néogothique désaffectée Sainte-Anne, autre lieu dédié à l’art contemporain, est fermée pour un an de travaux. Quant au Musée Fabre, ses salles consacrées aux Modernes sont interdites par un changement d’accrochage.
Qu’à cela ne tienne, je m’installe à la terrasse du Café Riche, place de la Comédie. Se côtoient dans ce théâtre de plein air sans metteur en scène : une manifestation de soutien à Gaza avec drapeaux palestiniens, un défilé folklorique occitan avec fifres et galoubets, des gyropodes publicitaires vantant la bière sans alcool Tourtel, des vendeurs de ballons et de lunettes à la sauvette, le petit train promène-touristes et un enterrement de vie de jeune fille.
L’orage menace, les serveurs installent des gouttières entre les parasols.
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La patronne de La Coquille, d’un air un peu offusqué :
-Non non ici c’est pain au chocolat. La chocolatine, c’est vers Toulouse.
*
Mon voisin au Paresseur :
-Du camembert pané, j’en reviens pas, c’est dingue !
Elle fait une photo.
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Un trentenaire au téléphone :
-Et vous avez beau temps ? Parce que nous, on est à Montpellier.
Bah ouais !