Un soleil éblouissant se lève derrière la grande roue d’Arcachon vers laquelle je marche pour l’avant-dernière fois ce vendredi. Il laisse entrevoir une belle journée que je choisis de passer au Pyla-sur-Mer, appelée Le Pilat avant que le snobisme ne s’en mêle, et bien connue par sa dune.
Le bus Baïa Un de dix heures quarante est déjà devant la gare quand je m’y présente avec un quart d’heure d’avance. Je paie un euro pour un ticket et vais m’asseoir. Derrière moi sont deux sexagénaires qui m’exaspèrent à ne pas comprendre dans quel bus elles sont. Ne sachant pas que Le Pyla-sur-Mer fait partie de La Teste-de-Buch, elles craignent que ce bus ne les emmène ailleurs. Je pourrais les rassurer mais n’en ai pas envie. Les autres passagers sont également des touristes, français, anglais, allemands. Tous veulent voir la dune et y grimper. Les derniers arrivés voyagent debout.
Vingt-cinq minutes plus tard, je suis le seul à descendre à l’arrêt Mairie du Pyla. Où donc pourrait se trouver le restaurant Les Deux Chênes recommandé par Le Guide du Routard il y a neuf ans ? Je demande à un autochtone en tenue de sport. Ça ne lui dit rien, mais allez donc voir là-bas, il y en a un de restaurant, devant lequel je passe tous les jours quand je cours mais je n’ai jamais fait attention à son nom, ça a tellement changé Le Pyla. La Poste est pourtant délicieusement désuète, que je photographie.
C’est bien mon restaurant. Je réserve une table sous les chênes auprès d’une charmante serveuse puis marche jusqu’au bord de la mer par l’accès du Cercle de Voile. Des bancs permettent de s’asseoir à l’entrée du bassin. De l’autre côté, c’est Le Cap-Ferret avec son phare à bout rouge, à gauche la dune. Elle a l’air proche mais un panneau l’indique à cinq kilomètres.
A midi j’ai le choix de la table. J’en prends une entre les deux chênes, à un emplacement qui laisse passer le soleil. L’ambiance est campagnarde, point maritime. Mon Guide du Routard posé sur la table, bien qu’ancien, me vaut un verre de kir offert. Il annonçait en deux mille neuf un menu du jour à douze euros le midi en semaine. Il est désormais à quatorze euros quatre-vingt-dix.
Je choisis les moules marinières à la crème suivies de la pièce du boucher (d’origine charolaise) frites salade et les accompagne d’un quart de bordeaux rouge d’appellation contrôlée à six euros quatre-vingt-dix. Trois ouvriers de générations différentes installés à ma gauche font de même mais refusent le verre pour le vin, préférant boire celui-ci dans le verre à eau « On n’est pas des bourgeois ».
Ces voisins trouvent les moules excellentes et je partage leur avis, bien longtemps que je n’en ai mangées d’aussi belles et goûteuses. Dans leur conversation, il est question d’un intérimaire dans la même entreprise depuis quinze ans et du patron qui a de la chance de ne pas se faire choper, puis d’accidents du travail : un mort à cause d’une toupie, une perte de testicules à cause d’une numérique.
Des couples prennent également place sous les chênes, plusieurs de retraités et un d’actifs où l’homme mange avec sa femme en travaillant au téléphone « N’hésitez pas à me solliciter ».
Vers une heure arrive la famille sans laquelle l’échantillon ne serait pas complet : père, mère, branlotin, branlotine, pré branlotine. « Pouvez-vous nous accueillir à cinq ? » Les trois descendants se chamaillent déjà pour choisir leur place. La plus jeune se prénomme Colombe, ce n’est pas avec ce genre de volatile qu’on peut avoir la paix. La mère est muette, le père élève la voix de temps à autre. Il porte une casquette Ping, et non Pine comme j’avais cru le lire d’abord, cela aurait pu, vu les trois conséquences. Un rouge-gorge vient se poser sur le goulot d’une bouteille d’Abatilles, l’eau d’Arcachon.
Pour dessert, je choisis le gâteau basque et il est délicieux. « C’était parfait », dis-je, lorsque je paie, à la patronne aussi aimable et efficace que ses deux serveuses, lesquelles ont fort à faire. S’il y a du monde au jardin sous les chênes, il y en a aussi en terrasse de trottoir et dans la salle.
Le chemin pour aller jusqu’à la dune aurait été côtier, peut-être aurais-je eu envie de poursuivre mais les propriétés privées allant jusqu’à la mer, il faudrait marcher le long de la route et ça non, même sur une piste pour piétons. Je pourrais continuer en bus mais la perspective de côtoyer des semblables à celles et ceux qui étaient dans le premier m’en empêche. Surtout, j’ai un mauvais souvenir de cette dune du Pyla, même si je ne sais plus pourquoi.
Je reste donc un moment au centre du Pyla-sur-Mer à regarder la mer près du Cercle de Voile, où nul n’en fait. Dans l’après-midi, je rentre à Arcachon où malgré le soleil un vent frisquet nuit aux allers et retours sur la promenade de bord de mer, comme le constatent de nombreux dépités.
Le bus Baïa Un de dix heures quarante est déjà devant la gare quand je m’y présente avec un quart d’heure d’avance. Je paie un euro pour un ticket et vais m’asseoir. Derrière moi sont deux sexagénaires qui m’exaspèrent à ne pas comprendre dans quel bus elles sont. Ne sachant pas que Le Pyla-sur-Mer fait partie de La Teste-de-Buch, elles craignent que ce bus ne les emmène ailleurs. Je pourrais les rassurer mais n’en ai pas envie. Les autres passagers sont également des touristes, français, anglais, allemands. Tous veulent voir la dune et y grimper. Les derniers arrivés voyagent debout.
Vingt-cinq minutes plus tard, je suis le seul à descendre à l’arrêt Mairie du Pyla. Où donc pourrait se trouver le restaurant Les Deux Chênes recommandé par Le Guide du Routard il y a neuf ans ? Je demande à un autochtone en tenue de sport. Ça ne lui dit rien, mais allez donc voir là-bas, il y en a un de restaurant, devant lequel je passe tous les jours quand je cours mais je n’ai jamais fait attention à son nom, ça a tellement changé Le Pyla. La Poste est pourtant délicieusement désuète, que je photographie.
C’est bien mon restaurant. Je réserve une table sous les chênes auprès d’une charmante serveuse puis marche jusqu’au bord de la mer par l’accès du Cercle de Voile. Des bancs permettent de s’asseoir à l’entrée du bassin. De l’autre côté, c’est Le Cap-Ferret avec son phare à bout rouge, à gauche la dune. Elle a l’air proche mais un panneau l’indique à cinq kilomètres.
A midi j’ai le choix de la table. J’en prends une entre les deux chênes, à un emplacement qui laisse passer le soleil. L’ambiance est campagnarde, point maritime. Mon Guide du Routard posé sur la table, bien qu’ancien, me vaut un verre de kir offert. Il annonçait en deux mille neuf un menu du jour à douze euros le midi en semaine. Il est désormais à quatorze euros quatre-vingt-dix.
Je choisis les moules marinières à la crème suivies de la pièce du boucher (d’origine charolaise) frites salade et les accompagne d’un quart de bordeaux rouge d’appellation contrôlée à six euros quatre-vingt-dix. Trois ouvriers de générations différentes installés à ma gauche font de même mais refusent le verre pour le vin, préférant boire celui-ci dans le verre à eau « On n’est pas des bourgeois ».
Ces voisins trouvent les moules excellentes et je partage leur avis, bien longtemps que je n’en ai mangées d’aussi belles et goûteuses. Dans leur conversation, il est question d’un intérimaire dans la même entreprise depuis quinze ans et du patron qui a de la chance de ne pas se faire choper, puis d’accidents du travail : un mort à cause d’une toupie, une perte de testicules à cause d’une numérique.
Des couples prennent également place sous les chênes, plusieurs de retraités et un d’actifs où l’homme mange avec sa femme en travaillant au téléphone « N’hésitez pas à me solliciter ».
Vers une heure arrive la famille sans laquelle l’échantillon ne serait pas complet : père, mère, branlotin, branlotine, pré branlotine. « Pouvez-vous nous accueillir à cinq ? » Les trois descendants se chamaillent déjà pour choisir leur place. La plus jeune se prénomme Colombe, ce n’est pas avec ce genre de volatile qu’on peut avoir la paix. La mère est muette, le père élève la voix de temps à autre. Il porte une casquette Ping, et non Pine comme j’avais cru le lire d’abord, cela aurait pu, vu les trois conséquences. Un rouge-gorge vient se poser sur le goulot d’une bouteille d’Abatilles, l’eau d’Arcachon.
Pour dessert, je choisis le gâteau basque et il est délicieux. « C’était parfait », dis-je, lorsque je paie, à la patronne aussi aimable et efficace que ses deux serveuses, lesquelles ont fort à faire. S’il y a du monde au jardin sous les chênes, il y en a aussi en terrasse de trottoir et dans la salle.
Le chemin pour aller jusqu’à la dune aurait été côtier, peut-être aurais-je eu envie de poursuivre mais les propriétés privées allant jusqu’à la mer, il faudrait marcher le long de la route et ça non, même sur une piste pour piétons. Je pourrais continuer en bus mais la perspective de côtoyer des semblables à celles et ceux qui étaient dans le premier m’en empêche. Surtout, j’ai un mauvais souvenir de cette dune du Pyla, même si je ne sais plus pourquoi.
Je reste donc un moment au centre du Pyla-sur-Mer à regarder la mer près du Cercle de Voile, où nul n’en fait. Dans l’après-midi, je rentre à Arcachon où malgré le soleil un vent frisquet nuit aux allers et retours sur la promenade de bord de mer, comme le constatent de nombreux dépités.