Un excellent creume-beule ce vendredi matin au petit-déjeuner, mes hôtes sont curieux de savoir ce que j’ai pensé de La Grande-Motte. Lui surtout aurait eu envie que je sois enthousiasmé. Il veut me prêter deux livres sur la création du lieu. Je le déçois encore en refusant. Il me montre une photo de l’espace nu sur lequel ont été édifiés les bâtiments de Jean Balladur. Je m’abstiens de lui faire remarquer qu’il en est ainsi pour toutes les villes nouvelles : avant rien, après une cité.
Pour ma dernière journée ici, je ne quitte pas la ville. Je commence par faire une halte en forme de pèlerinage à ma terrasse préférée, celle de La Coquille, où je serais fourré tous les jours si j’habitais cette ville, puis je me balade au hasard dans les petites rues labyrinthiques de l’Ecusson, avec l’assurance de me perdre.
Avant midi, je demande à un policier municipal de m’indiquer l’église Saint-Roch, près de laquelle se trouve le Restaurant Agricole où je veux déjeuner une seconde fois.
-Bonjour jeune homme, me dit l’une des serveuses, la petite table habituelle ?
Voilà comme j’aime qu’on me parle. J’opte pour l’artichaut farci au chèvre suivi de la pièce du boucher sauce vigneronne accompagnés d’un quart de vin rouge. Tout cela est bien bon mais me fait moins d’effet que la première fois.
Je rejoins la place de la Comédie. En son extrémité et à l’entrée du jardin du Champ de Mars sont installés les chapiteaux blancs sous lesquels libraires et éditeurs exposent leurs livres pour la trente-troisième Comédie du Livre qui va durer trois jours sur le thème Littérature néerlandaise et flamande. Sont invités pour des rencontres et des signatures des auteurs de ces contrées ainsi que l’éditrice Sabine Wespieser. Les librairies de la ville (Sauramps et Gibert Joseph) exposent les ouvrages en relation avec le sujet et d’autres. Des éditeurs régionaux sont également présents. Il fait chaud sous les tentes au plancher mouvant. Ce sont les régionaux qui attirent le plus de monde. Certains de leurs auteurs, présents derrière une pile de livres, vivent un grand moment d’espoir, mais je vois peu d’achats où que ce soit.
Les auteurs flamands et néerlandais invités (dont je ne connais aucun) écrivent des romans, tout comme Sabine Wespieser en publie, et je n’ai plus le goût d’en lire (sauf exception). Je ne m’attarde donc pas et vais poursuivre la lecture du Journal de Matthieu Galey sur un banc ombragé du jardin où pique-niquent moult scolaires, dont certains venus à vélo.
Dans l’après-midi, je vais m’asseoir une dernière fois à la terrasse du Café Riche où ces saletés de pigeons s’abattent sur les tables dès que leurs occupants s’en vont. L’un d’eux chope même une olive dans la coupelle d’un étranger interloqué. Avec mon café verre d’eau, je ne crains rien, je peux me concentrer sur ma lecture et le va-et-vient montpelliérain.
Regarder qui passe place de la Comédie pourrait être une activité de plein temps. Aujourd’hui, mention spéciale pour deux filles à la peau noire promenant des pancartes « Jésus est le sauveur ».
*
En dix jours, je n’aurai lu que la moitié des mille vingt-quatre pages du Journal de Matthieu Galey.
Et à cette moitié, page cinq cent huit, l’auteur est de passage à Montpellier, le huit novembre mil neuf cent soixante-dix-sept :
Les palais, les rues, parfois, y sont beaux comme à Naples. Un air de printemps aujourd’hui. Et un monsieur, dans une de ces cours, qui voulait absolument « voir quelque chose »… dans mon pantalon. Il a tout de même convenu que l’endroit n’était pas idéal, et m’a donné à la place quelques renseignements historiques. C’était un érudit.
Pour ma dernière journée ici, je ne quitte pas la ville. Je commence par faire une halte en forme de pèlerinage à ma terrasse préférée, celle de La Coquille, où je serais fourré tous les jours si j’habitais cette ville, puis je me balade au hasard dans les petites rues labyrinthiques de l’Ecusson, avec l’assurance de me perdre.
Avant midi, je demande à un policier municipal de m’indiquer l’église Saint-Roch, près de laquelle se trouve le Restaurant Agricole où je veux déjeuner une seconde fois.
-Bonjour jeune homme, me dit l’une des serveuses, la petite table habituelle ?
Voilà comme j’aime qu’on me parle. J’opte pour l’artichaut farci au chèvre suivi de la pièce du boucher sauce vigneronne accompagnés d’un quart de vin rouge. Tout cela est bien bon mais me fait moins d’effet que la première fois.
Je rejoins la place de la Comédie. En son extrémité et à l’entrée du jardin du Champ de Mars sont installés les chapiteaux blancs sous lesquels libraires et éditeurs exposent leurs livres pour la trente-troisième Comédie du Livre qui va durer trois jours sur le thème Littérature néerlandaise et flamande. Sont invités pour des rencontres et des signatures des auteurs de ces contrées ainsi que l’éditrice Sabine Wespieser. Les librairies de la ville (Sauramps et Gibert Joseph) exposent les ouvrages en relation avec le sujet et d’autres. Des éditeurs régionaux sont également présents. Il fait chaud sous les tentes au plancher mouvant. Ce sont les régionaux qui attirent le plus de monde. Certains de leurs auteurs, présents derrière une pile de livres, vivent un grand moment d’espoir, mais je vois peu d’achats où que ce soit.
Les auteurs flamands et néerlandais invités (dont je ne connais aucun) écrivent des romans, tout comme Sabine Wespieser en publie, et je n’ai plus le goût d’en lire (sauf exception). Je ne m’attarde donc pas et vais poursuivre la lecture du Journal de Matthieu Galey sur un banc ombragé du jardin où pique-niquent moult scolaires, dont certains venus à vélo.
Dans l’après-midi, je vais m’asseoir une dernière fois à la terrasse du Café Riche où ces saletés de pigeons s’abattent sur les tables dès que leurs occupants s’en vont. L’un d’eux chope même une olive dans la coupelle d’un étranger interloqué. Avec mon café verre d’eau, je ne crains rien, je peux me concentrer sur ma lecture et le va-et-vient montpelliérain.
Regarder qui passe place de la Comédie pourrait être une activité de plein temps. Aujourd’hui, mention spéciale pour deux filles à la peau noire promenant des pancartes « Jésus est le sauveur ».
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En dix jours, je n’aurai lu que la moitié des mille vingt-quatre pages du Journal de Matthieu Galey.
Et à cette moitié, page cinq cent huit, l’auteur est de passage à Montpellier, le huit novembre mil neuf cent soixante-dix-sept :
Les palais, les rues, parfois, y sont beaux comme à Naples. Un air de printemps aujourd’hui. Et un monsieur, dans une de ces cours, qui voulait absolument « voir quelque chose »… dans mon pantalon. Il a tout de même convenu que l’endroit n’était pas idéal, et m’a donné à la place quelques renseignements historiques. C’était un érudit.