Sachant que tout peut arriver sur la ligne Rouen Paris, c’est avec le sept heures vingt-huit que je me rends dans la capitale avec la bétaillère où je côtoie un couple de quinquas qui partent également en vacances (après une chamaillerie à propos de nourriture oubliée dans le frigo, elle lit Le Monde et lui L’Equipe) et un quadra qui lit un livre de la Bibliothèque Verte Cinq jeunes filles sur l’Aréthuse (c’est louche).
A Montparnasse, c’est à la Pizza Roma, en buvant un café verre d’eau à deux euros soixante et en commençant une relecture du Journal de Kafka, que j’attends qu’il soit l’heure de pique-niquer puis d’attendre l’affichage du Tégévé Inouï de treize heures pour Quimper d’où je descendrai à Vannes.
« Laissez-vous rêver », est-il écrit sur ses vitres. « Ces nouveaux Tégévés c’est l’enfer », disent celles et ceux qui essaient d’y caser leur bagage plus volumineux que le mien. J’ai près de moi une vieille dame qui a posé sur la tablette sa petite plante verte et en face deux jeunes femmes qui ne dépareraient pas en première classe (salades « Nos grands-mères ont du talent », eau d’Evian, Cosmopolitan et Jalouse). Plus loin, une grand-mère qui fait face à ses deux petites filles finit par perdre son calme : « Attention, quand on va arriver, ça va plus être la même chose. » Un militaire retraité de soixante ans entretient sa voisine des travaux dans sa maison du bord du Scorff « Ce que j’avais peur, c’est à la mérule ».
A l’arrivée à Vannes, je demande à un jeune homme comment me rapprocher de l’étang au Duc. Quand j’y suis, je découvre à sa base le restaurant Le Homard Frites qui m’a été recommandé. Le studio que je loue est à cinquante mètres, rue Saint-Gildas. C’est un ami des propriétaires, par ailleurs agent immobilier, qui m’y introduit.
Mon bagage posé, je vais découvrir une ville où autrefois je n’ai fait que passer. Elle n’est pas d’une lecture facile et envahie par une foule d’estivants. Je tente de boire un café à dix-huit heures au Bar de la Préfecture. Le patron m’envoie bouler d’un « La machine à café est arrêtée ». Je décide alors de regagner mon logis provisoire afin de manger du homard dès ce soir.
Bien que je n’aie pas réservé, le jeune patron me trouve une table dans la partie principale de son établissement. Je commande six huîtres du Golfe à un euro pièce, puis la moitié du crustacé qui fait la renommée de l’endroit (vingt euros), ainsi qu’un demi-pichet de chardonnay (douze euros).
Quand, muni d’un bavoir, je m’attaque à la bête, je constate une deuxième fois (la première était en bonne compagnie) que je n’en suis pas fou. Sans sa sauce corail, il n’aurait guère du goût. En revanche, j’ai beaucoup aimé les huîtres et j’aime les frites ficelle et le vin.
Une jeune apprentie seconde le patron qui lui donne moult conseils de façon rigoureuse et gentille, n’hésitant pas à lui confier la tâche de prendre les réservations par téléphone. Je termine par un tiramisu caramel beurre salé à six euros qu’elle m’apporte avec application et sourire. Il est excellent. « Avez-vous passé une bonne soirée ? » me demande le jeune patron. Je peux répondre par l’affirmative.
*
Dans l’ascenseur qui me permet de retrouver mon logement du quatrième étage, cette citation de Charlotte Brontë choisie par l’entreprise chargée de la maintenance : J’évite de regarder en avant et en arrière mais m’efforce à regarder vers le haut.
*
Toujours en moi cette idée que je risque davantage de mourir en voyage qu’à Rouen.
A Montparnasse, c’est à la Pizza Roma, en buvant un café verre d’eau à deux euros soixante et en commençant une relecture du Journal de Kafka, que j’attends qu’il soit l’heure de pique-niquer puis d’attendre l’affichage du Tégévé Inouï de treize heures pour Quimper d’où je descendrai à Vannes.
« Laissez-vous rêver », est-il écrit sur ses vitres. « Ces nouveaux Tégévés c’est l’enfer », disent celles et ceux qui essaient d’y caser leur bagage plus volumineux que le mien. J’ai près de moi une vieille dame qui a posé sur la tablette sa petite plante verte et en face deux jeunes femmes qui ne dépareraient pas en première classe (salades « Nos grands-mères ont du talent », eau d’Evian, Cosmopolitan et Jalouse). Plus loin, une grand-mère qui fait face à ses deux petites filles finit par perdre son calme : « Attention, quand on va arriver, ça va plus être la même chose. » Un militaire retraité de soixante ans entretient sa voisine des travaux dans sa maison du bord du Scorff « Ce que j’avais peur, c’est à la mérule ».
A l’arrivée à Vannes, je demande à un jeune homme comment me rapprocher de l’étang au Duc. Quand j’y suis, je découvre à sa base le restaurant Le Homard Frites qui m’a été recommandé. Le studio que je loue est à cinquante mètres, rue Saint-Gildas. C’est un ami des propriétaires, par ailleurs agent immobilier, qui m’y introduit.
Mon bagage posé, je vais découvrir une ville où autrefois je n’ai fait que passer. Elle n’est pas d’une lecture facile et envahie par une foule d’estivants. Je tente de boire un café à dix-huit heures au Bar de la Préfecture. Le patron m’envoie bouler d’un « La machine à café est arrêtée ». Je décide alors de regagner mon logis provisoire afin de manger du homard dès ce soir.
Bien que je n’aie pas réservé, le jeune patron me trouve une table dans la partie principale de son établissement. Je commande six huîtres du Golfe à un euro pièce, puis la moitié du crustacé qui fait la renommée de l’endroit (vingt euros), ainsi qu’un demi-pichet de chardonnay (douze euros).
Quand, muni d’un bavoir, je m’attaque à la bête, je constate une deuxième fois (la première était en bonne compagnie) que je n’en suis pas fou. Sans sa sauce corail, il n’aurait guère du goût. En revanche, j’ai beaucoup aimé les huîtres et j’aime les frites ficelle et le vin.
Une jeune apprentie seconde le patron qui lui donne moult conseils de façon rigoureuse et gentille, n’hésitant pas à lui confier la tâche de prendre les réservations par téléphone. Je termine par un tiramisu caramel beurre salé à six euros qu’elle m’apporte avec application et sourire. Il est excellent. « Avez-vous passé une bonne soirée ? » me demande le jeune patron. Je peux répondre par l’affirmative.
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Dans l’ascenseur qui me permet de retrouver mon logement du quatrième étage, cette citation de Charlotte Brontë choisie par l’entreprise chargée de la maintenance : J’évite de regarder en avant et en arrière mais m’efforce à regarder vers le haut.
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Toujours en moi cette idée que je risque davantage de mourir en voyage qu’à Rouen.