Sans l’avoir fait exprès, le jour de la rentrée scolaire, et sans l’avoir voulu, le jour où le Préfet étend le port du masque partout tout le temps à l’ensemble de la Métropole de Rouen, j’arrive avec ma valise à roulettes (qui a dû roulant sur les pavés en réveiller plus d’un) à la gare de Rouen ce mardi premier septembre un peu après cinq heures et demie.
Le Corail de six heures neuf pour Paris est à l’heure. J’y partage un compartiment de huit places avec une jeune femme (chacun à un bout de la diagonale). Il roule aussi lentement qu’il faut pour effectuer le trajet en une heure et demie. De Saint-Lazare, avec une rame de métro peu fréquentée de la ligne Douze, je rejoins Montparnasse.
Ayant prévu le pire avec le train normand, je suis en avance. Je bois un café verre d’eau à deux euros soixante en face de la Gare dans un bel établissement dont j’oublie de regarder le nom. A certaines tables sont assis d’énormes ours blancs en peluche. Le personnel y est stressé, dans la crainte d’une fermeture imposée un jour ou l’autre. Dehors c’est ciel bleu et bicyclettes à toute vitesse.
Le Tégévé de neuf heures cinquante et une pour Brest est à l’heure. J’y partage un carré avec une mère et ses deux grandes filles qui vont à Rennes. Dans la voiture, une majorité de jouvencelles. Ce qui conforte mon impression que les filles voyagent plus que les garçons. Le bocage breton remplace le bocage normand. Des éoliennes ne tournent pas. Les maisons deviennent de pierre. Après Saint-Brieuc, c’est Guingamp, où je descends.
Mon studio Air Bibi est à deux pas de la Gare. J’en trouve les clés dans la boîte à code, pose mes bagages et vais déjeuner à côté au restaurant L’Express, malheureusement à l’intérieur, bien fréquenté, car point de terrasse.
Comme j’ai le foie en vrac, je ne prends pas de vin avec mon gravelax de saumon et mon aile de raie aux câpres avec poêlée provençale (excellente). Derrière moi mangent trois femmes d’âge divers. L’une va se rendre aux obsèques d’un homme de quarante-deux ans qu’un agriculteur a trouvé dans son champ de maïs suicidé d’une balle de carabine. Le pire, c’est qu’il a des enfants, dont une fille en Cours Moyen, qui au lieu de faire sa rentrée ira à l’enterrement de son père.
Mes quinze euros payés, je descends en ville où je me documente auprès de l’employée très serviable de l’Office de Tourisme puis, repoussant la découverte de la ville à demain, vais m’asseoir à la terrasse d’un Café Presse Péhemmu sans nom pour un café verre d’eau (un euro quarante) qui me permet de poursuivre la lecture du troisième livre des Essais de Michel de Montaigne.
*
Traumatisé par la mauvaise ambiance qui règne à Rouen, où masqué par obligation, je commençais à regarder de travers qui s’en affranchissait au risque de l’amende de cent trente-cinq euros, arrivé à Guingamp, où la plupart des habitants n’en ont pas (il n’est obligé qu’au marché), il me faut un bon moment avant que je ne me fasse pas l’effet d’être un délinquant en ne le portant pas.
*
Trois livres lus pendant mon passage à Rouen : Journal de guerre de Simone de Beauvoir chez Gallimard (passionnant), Journal de captivité de Louis Althusser chez Stock (décevant) et Journal d’Helen Hessel chez André Dimanche (attachant).
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Ce premier septembre est également le jour des quatre-vingts ans d’Annie Ernaux.
Le Corail de six heures neuf pour Paris est à l’heure. J’y partage un compartiment de huit places avec une jeune femme (chacun à un bout de la diagonale). Il roule aussi lentement qu’il faut pour effectuer le trajet en une heure et demie. De Saint-Lazare, avec une rame de métro peu fréquentée de la ligne Douze, je rejoins Montparnasse.
Ayant prévu le pire avec le train normand, je suis en avance. Je bois un café verre d’eau à deux euros soixante en face de la Gare dans un bel établissement dont j’oublie de regarder le nom. A certaines tables sont assis d’énormes ours blancs en peluche. Le personnel y est stressé, dans la crainte d’une fermeture imposée un jour ou l’autre. Dehors c’est ciel bleu et bicyclettes à toute vitesse.
Le Tégévé de neuf heures cinquante et une pour Brest est à l’heure. J’y partage un carré avec une mère et ses deux grandes filles qui vont à Rennes. Dans la voiture, une majorité de jouvencelles. Ce qui conforte mon impression que les filles voyagent plus que les garçons. Le bocage breton remplace le bocage normand. Des éoliennes ne tournent pas. Les maisons deviennent de pierre. Après Saint-Brieuc, c’est Guingamp, où je descends.
Mon studio Air Bibi est à deux pas de la Gare. J’en trouve les clés dans la boîte à code, pose mes bagages et vais déjeuner à côté au restaurant L’Express, malheureusement à l’intérieur, bien fréquenté, car point de terrasse.
Comme j’ai le foie en vrac, je ne prends pas de vin avec mon gravelax de saumon et mon aile de raie aux câpres avec poêlée provençale (excellente). Derrière moi mangent trois femmes d’âge divers. L’une va se rendre aux obsèques d’un homme de quarante-deux ans qu’un agriculteur a trouvé dans son champ de maïs suicidé d’une balle de carabine. Le pire, c’est qu’il a des enfants, dont une fille en Cours Moyen, qui au lieu de faire sa rentrée ira à l’enterrement de son père.
Mes quinze euros payés, je descends en ville où je me documente auprès de l’employée très serviable de l’Office de Tourisme puis, repoussant la découverte de la ville à demain, vais m’asseoir à la terrasse d’un Café Presse Péhemmu sans nom pour un café verre d’eau (un euro quarante) qui me permet de poursuivre la lecture du troisième livre des Essais de Michel de Montaigne.
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Traumatisé par la mauvaise ambiance qui règne à Rouen, où masqué par obligation, je commençais à regarder de travers qui s’en affranchissait au risque de l’amende de cent trente-cinq euros, arrivé à Guingamp, où la plupart des habitants n’en ont pas (il n’est obligé qu’au marché), il me faut un bon moment avant que je ne me fasse pas l’effet d’être un délinquant en ne le portant pas.
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Trois livres lus pendant mon passage à Rouen : Journal de guerre de Simone de Beauvoir chez Gallimard (passionnant), Journal de captivité de Louis Althusser chez Stock (décevant) et Journal d’Helen Hessel chez André Dimanche (attachant).
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Ce premier septembre est également le jour des quatre-vingts ans d’Annie Ernaux.