Il a plu et il pleut encore un peu à Guingamp lorsque je sors du Petit Montparnasse direction la Gare pour y prendre ce vendredi le train qui va à Morlaix. Est-ce l’effet Caradec ? (Jean-Michel, né à Morlaix) Qu’elle est belle ma Bretagne quand il pleut. Cela cesse avant que le confortable Corail BreizhGo pour Brest ne m’emporte.
La Gare de Morlaix est le premier arrêt, sitôt après que le train est passé sur l’impressionnant viaduc qui fait la renommée de la ville. A sa sortie, j’admire la passerelle au disagne étudié qui permet d'aller de l’autre côté des voies si on a à y faire. Ce n’est pas mon cas.
Un peu aimable autochtone m’indique que le centre, c’est par là. Je le suis à distance et le vois s’engager dans la rue Courte. Composée de cent quarante marches assez raides à descendre, elle me permet d’arriver directement à proximité de l’Hôtel de Ville. Le viaduc vu d’en bas est aussi impressionnant que dans mon souvenir. Durant la Deuxième Guerre Mondiale, les Anglais l’ont bombardé plusieurs fois sans réussir à le toucher. Des maisons en ont fait les frais mais pas l’église Sainte-Mélaine qui semble bien petite à côté. Derrière la Mairie, c’est le quartier des belles demeures anciennes, dont la Maison de la Duchesse Anne et la Maison à Pondalez, toutes deux visitables moyennant finance et masquage. Au détour d’une venelle, je découvre un portrait mural de la Grande Dame de Morlaix : Brigitte Fontaine. Elle y est née le vingt-quatre juin mil neuf cent trente-neuf.
Je pousse ensuite jusqu’au port. Il ne présente pas d’intérêt, des voiliers et des voiliers, pas un bistrot.
Revenu sur mes pas, je prends place en extérieur à la brasserie La Terrasse. J’y bois un café puis ouvre mon nouveau livre de compagnie : le premier tome de la Correspondance de Paul Léautaud dans l’édition qu’en fit Dix Dix-Huit. C’est le début d’une relecture. Je reste là, face au viaduc et à Sainte-Mélaine, un long moment. De temps en temps passe le petit train touristique. Dedans, que des couples de retraités masqués, l’impression n’est pas celle d’une folle gaité. Comme midi approche, je demande à garder ma table pour le déjeuner.
Fâcheuse initiative : je ne suis pas servi avant midi vingt-cinq et le plat du jour, des sardines façon Essaouira avec semoule, est minable. Je ne veux rien de plus et règle mes neuf euros soixante-dix au gérant de cette maison créée en mil huit cent quatre-vingt-cinq en lui faisant état de mon mécontentement. Il est désolé de ma mauvaise expérience.
Il me faut maintenant remonter les cent quarante marches pour rejoindre la Gare. J’entreprends cette rude grimpette en même temps qu’une demoiselle dont la jupe est identique au nom de la rue. Vite essoufflé, je dois m’arrêter, m’attendant à être dépassé par cette fille aux jambes nues mais elle fait de même et fera ainsi à chacune de mes pauses, va savoir pourquoi.
*
Ecrire, c’est vivre deux fois. (Paul Léautaud évoquant son Journal littéraire)
La Gare de Morlaix est le premier arrêt, sitôt après que le train est passé sur l’impressionnant viaduc qui fait la renommée de la ville. A sa sortie, j’admire la passerelle au disagne étudié qui permet d'aller de l’autre côté des voies si on a à y faire. Ce n’est pas mon cas.
Un peu aimable autochtone m’indique que le centre, c’est par là. Je le suis à distance et le vois s’engager dans la rue Courte. Composée de cent quarante marches assez raides à descendre, elle me permet d’arriver directement à proximité de l’Hôtel de Ville. Le viaduc vu d’en bas est aussi impressionnant que dans mon souvenir. Durant la Deuxième Guerre Mondiale, les Anglais l’ont bombardé plusieurs fois sans réussir à le toucher. Des maisons en ont fait les frais mais pas l’église Sainte-Mélaine qui semble bien petite à côté. Derrière la Mairie, c’est le quartier des belles demeures anciennes, dont la Maison de la Duchesse Anne et la Maison à Pondalez, toutes deux visitables moyennant finance et masquage. Au détour d’une venelle, je découvre un portrait mural de la Grande Dame de Morlaix : Brigitte Fontaine. Elle y est née le vingt-quatre juin mil neuf cent trente-neuf.
Je pousse ensuite jusqu’au port. Il ne présente pas d’intérêt, des voiliers et des voiliers, pas un bistrot.
Revenu sur mes pas, je prends place en extérieur à la brasserie La Terrasse. J’y bois un café puis ouvre mon nouveau livre de compagnie : le premier tome de la Correspondance de Paul Léautaud dans l’édition qu’en fit Dix Dix-Huit. C’est le début d’une relecture. Je reste là, face au viaduc et à Sainte-Mélaine, un long moment. De temps en temps passe le petit train touristique. Dedans, que des couples de retraités masqués, l’impression n’est pas celle d’une folle gaité. Comme midi approche, je demande à garder ma table pour le déjeuner.
Fâcheuse initiative : je ne suis pas servi avant midi vingt-cinq et le plat du jour, des sardines façon Essaouira avec semoule, est minable. Je ne veux rien de plus et règle mes neuf euros soixante-dix au gérant de cette maison créée en mil huit cent quatre-vingt-cinq en lui faisant état de mon mécontentement. Il est désolé de ma mauvaise expérience.
Il me faut maintenant remonter les cent quarante marches pour rejoindre la Gare. J’entreprends cette rude grimpette en même temps qu’une demoiselle dont la jupe est identique au nom de la rue. Vite essoufflé, je dois m’arrêter, m’attendant à être dépassé par cette fille aux jambes nues mais elle fait de même et fera ainsi à chacune de mes pauses, va savoir pourquoi.
*
Ecrire, c’est vivre deux fois. (Paul Léautaud évoquant son Journal littéraire)