Nous sommes une poignée dans le Téheuherre BreizhGo, un train de type dieppois parti sans contrôleur à huit heures cinquante-cinq à destination de Lannion avec arrêt à Plouaret Trégor. Il est neuf heures vingt-six (comme prévu) et le ciel est gris lorsqu’il arrive à son terminus.
L’aimable autochtone qui m’indique que c’est tout droit le centre de la ville me conseille de grimper jusqu’à l’église de Brélévenez (ce que je comptais faire). Je suis le Léguer jusqu'au pont Sainte-Anne et me voici sur l’autre rive. Devant la Poste se tient un marché d’importance qui occupe aussi les rues principales. Il me faut donc user du masque pour me rapprocher de mon but par ces rues pentues.
Place des 142 Marches, est-il indiqué au pied d’un calvaire. Ce n’en est pas un de monter vers cette église qui me fait signe. Les marches sont assez douces et parsemées de centaines de pâquerettes. L’escalier est bordé de coquettes petites maisons de pierre à hortensias peu habitées. Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà pris. Arrivé, je découvre une église à l’intérieur sombre. Elle est entourée d’un cimetière toujours en activité où l’on peut lire tous les patronymes bretons courants. De là-haut on voit bien une partie assez laide de la ville.
Redescendu, je passe voir l’autre église, Saint-Jean-du-Baly, au coin de laquelle est érigé un buste de Charles Le Goffic « de l’Académie française ancien Président de la Société des Gens de Lettres né et mort à Lannion ». Les titres des nombreux livres de ce glorieux oublié sont gravés dans la pierre. Certains sont fort évocateurs : Amour breton, La visite nocturne, La double confession, L’abbesse de Guérande, L’illustre Bobinet, Bourguignottes et pompons rouges.
Le marché que j’évite le plus possible m’empêche de voir les rues centrales. Je me démasque dès que je peux et repère un restaurant dont le menu du jour me va. Il a nom Le Bornéo et, m’apprend celui auprès de qui je réserve une table, possède une terrasse intérieure.
A l’heure dite une table m’attend, abritée par un auvent au cas où ça tournerait à la pluie. Quelques habitué(e)s mangent à l’entrée de cette terrasse, loin de moi, et beaucoup d’autres à l’intérieur, au rez-de-chaussée et à l’étage. Le jeune serveur qui s’occupe de ma petite personne doit avoir peur que je m’ennuie ou alors il est particulièrement loquace. Vous êtes en vacances ? Ah ! Vous êtes monté à l’église. Quand je fais mon jogging, je cours jusqu’à là-haut et je regarde la ville au coucher du soleil. C’est beau.
C’est bon au Bornéo, guacamole au crabe, sauté d’agneau au curry et frites, tiramisu aux fruits rouges. Avec un quart de cidre Val de Rance et le café, cela fait presque vingt euros.
Le marché se termine lorsque, vers treize heures trente, je retrouve la rue mais je n’ai plus le courage de visiter. Je regarde d’un peu loin le couvent des Augustines hospitalières puis vais me poser sur un banc le long du Léguer, lequel est soumis à la marée. Elle est basse. Sur l’autre rive, dont les arbres sont en train de mourir (la sécheresse ?), un ouvrier cure le bord de l’eau jetant les boues noires dans la partie du fleuve réservée aux kayaks dont il a ouvert les vannes. C’est là que je termine Les Essais de Michel de Montaigne, une lecture qui aura duré presque tout l’été, en sautant moult passages et en me réjouissant de bien d’autres.
A l’heure du retour, un seul train est en gare. Nous serions à Dieppe que tout le monde s’y précipiterait. Ici, on attend qu’il soit affiché. Il y a plus de monde qu’à l’aller, mais pas davantage de contrôleur, dans ce BreizhGo dont le terminus est Saint-Brieuc. Beaucoup, dont trois Chinois(e)s allègres, descendent comme moi à Guingamp, mais c’est pour y prendre le Tégévé, direction Paris.
*
Lannion ne manque pas de palmiers, il fait cependant frais ce jeudi, avec un vent coulis que je suis ravi de pouvoir sentir sur mon visage. Une navette électrique gratuite fait le tour du « cœur de ville », presque toujours à vide. Ici aussi, des élèves de lycée découvrent la ville en autonomie (que des filles).
*
Pour mes notes, à cause du foutu Covid qui m’a interdit d’aller à Paris, un carnet Hema remplace le carnet Muji. Après le Japon, les Pays-Bas.
L’aimable autochtone qui m’indique que c’est tout droit le centre de la ville me conseille de grimper jusqu’à l’église de Brélévenez (ce que je comptais faire). Je suis le Léguer jusqu'au pont Sainte-Anne et me voici sur l’autre rive. Devant la Poste se tient un marché d’importance qui occupe aussi les rues principales. Il me faut donc user du masque pour me rapprocher de mon but par ces rues pentues.
Place des 142 Marches, est-il indiqué au pied d’un calvaire. Ce n’en est pas un de monter vers cette église qui me fait signe. Les marches sont assez douces et parsemées de centaines de pâquerettes. L’escalier est bordé de coquettes petites maisons de pierre à hortensias peu habitées. Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà pris. Arrivé, je découvre une église à l’intérieur sombre. Elle est entourée d’un cimetière toujours en activité où l’on peut lire tous les patronymes bretons courants. De là-haut on voit bien une partie assez laide de la ville.
Redescendu, je passe voir l’autre église, Saint-Jean-du-Baly, au coin de laquelle est érigé un buste de Charles Le Goffic « de l’Académie française ancien Président de la Société des Gens de Lettres né et mort à Lannion ». Les titres des nombreux livres de ce glorieux oublié sont gravés dans la pierre. Certains sont fort évocateurs : Amour breton, La visite nocturne, La double confession, L’abbesse de Guérande, L’illustre Bobinet, Bourguignottes et pompons rouges.
Le marché que j’évite le plus possible m’empêche de voir les rues centrales. Je me démasque dès que je peux et repère un restaurant dont le menu du jour me va. Il a nom Le Bornéo et, m’apprend celui auprès de qui je réserve une table, possède une terrasse intérieure.
A l’heure dite une table m’attend, abritée par un auvent au cas où ça tournerait à la pluie. Quelques habitué(e)s mangent à l’entrée de cette terrasse, loin de moi, et beaucoup d’autres à l’intérieur, au rez-de-chaussée et à l’étage. Le jeune serveur qui s’occupe de ma petite personne doit avoir peur que je m’ennuie ou alors il est particulièrement loquace. Vous êtes en vacances ? Ah ! Vous êtes monté à l’église. Quand je fais mon jogging, je cours jusqu’à là-haut et je regarde la ville au coucher du soleil. C’est beau.
C’est bon au Bornéo, guacamole au crabe, sauté d’agneau au curry et frites, tiramisu aux fruits rouges. Avec un quart de cidre Val de Rance et le café, cela fait presque vingt euros.
Le marché se termine lorsque, vers treize heures trente, je retrouve la rue mais je n’ai plus le courage de visiter. Je regarde d’un peu loin le couvent des Augustines hospitalières puis vais me poser sur un banc le long du Léguer, lequel est soumis à la marée. Elle est basse. Sur l’autre rive, dont les arbres sont en train de mourir (la sécheresse ?), un ouvrier cure le bord de l’eau jetant les boues noires dans la partie du fleuve réservée aux kayaks dont il a ouvert les vannes. C’est là que je termine Les Essais de Michel de Montaigne, une lecture qui aura duré presque tout l’été, en sautant moult passages et en me réjouissant de bien d’autres.
A l’heure du retour, un seul train est en gare. Nous serions à Dieppe que tout le monde s’y précipiterait. Ici, on attend qu’il soit affiché. Il y a plus de monde qu’à l’aller, mais pas davantage de contrôleur, dans ce BreizhGo dont le terminus est Saint-Brieuc. Beaucoup, dont trois Chinois(e)s allègres, descendent comme moi à Guingamp, mais c’est pour y prendre le Tégévé, direction Paris.
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Lannion ne manque pas de palmiers, il fait cependant frais ce jeudi, avec un vent coulis que je suis ravi de pouvoir sentir sur mon visage. Une navette électrique gratuite fait le tour du « cœur de ville », presque toujours à vide. Ici aussi, des élèves de lycée découvrent la ville en autonomie (que des filles).
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Pour mes notes, à cause du foutu Covid qui m’a interdit d’aller à Paris, un carnet Hema remplace le carnet Muji. Après le Japon, les Pays-Bas.