Ce jour d’arrivée à Paimpol, sitôt terminé le café ayant suivi le bon et copieux couscous royal du Bistrot Gourmand, je passe de l’autre côté du port, traverse la zone des Salles Kerpalud où sont groupés les marchands de bateaux puis rejoins le Géherre Trente-Quatre qui longe la baie, un sentier qui prend des aspects variés. La mer toujours à ma droite, il me fait passer de la forêt à la brousse des marais où il ne fait que trente centimètres de large, heureusement je n’y croise personne.
Après avoir longé une plage déserte, j’arrive au hameau de Kerroc’h (commune de Ploubazlanec). Il est constitué d’un bel ensemble de maisons traditionnelles. J’en fais quelques photos puis je me mets à la recherche d’une tour qui doit être sur les hauteurs mais où ?
Je demande à un couple venant d’en face, des sérieux qui ont tout l’attirail pour montrer que l’on marche et pas qu’un peu.
-On ne sait pas, me répond la femme, nous on fait le Géherre Trente-Quatre jusqu’à Paimpol.
C’est bien ma grande, ai-je envie de lui répondre. Je regarde s’éloigner ces deux-là qui avancent comme des mécaniques et tout à coup aperçois le haut de cette tour de Kerroc’h qui dépasse d’un groupe d’arbres. Je m’en rapproche par une petite route et trouve le chemin qui y mène. Elle semble en carton-pâte, un élément de décor du tournage d’un film oublié là. Elle est surmontée des statues de Marie, Joseph et Jésus. J’y entre et découvre par ses ouvertures une fort belle vue sur la baie de Paimpol.
En descendant, je me risque dans ce que je pense être un raccourci pour rejoindre le Géherre. Effectivement, me dit une dame qui promène ses deux gros chiens. Elle m’accompagne un moment, lancée dans un monologue sur les touristes qui cherchent la tour et ne la trouvent pas. Je suis content quand elle prend à gauche. Pour moi, c’est à droite, cap sur le port de Paimpol où j’arrive un peu fatigué.
Un café à un euro cinquante et la lecture de Léautaud en bord de port au Bistrot Gourmand me remettent d’équerre.
*
Parmi les hommes de lettres (comme on dit), il n’y a pas qu’Emile Verhaeren à être mort d’un accident de train, il y a aussi Catulle Mendès, connu hier, oublié aujourd’hui. Voici ce qu’en dit Paul Léautaud à Eugene Montfort le quatorze février mil neuf cent neuf : Etes-vous sensible à la mort des gens, une certaine mort ? Moi, l’image de ce malheureux Mendès roulant sous son train ne me quitte pas. Un joli train de mort qu’il a mené là !
Dans une note infrapaginale, Marie Dormoy donne les détails avec un brin de sadisme : « Revenant un soir du théâtre, Catulle Mendès, qui habitait Saint-Germain-en-Laye, est descendu avant l’arrêt complet du train, sous le tunnel. Le train s’étant remis en marche il a été broyé contre le mur. »
Après avoir longé une plage déserte, j’arrive au hameau de Kerroc’h (commune de Ploubazlanec). Il est constitué d’un bel ensemble de maisons traditionnelles. J’en fais quelques photos puis je me mets à la recherche d’une tour qui doit être sur les hauteurs mais où ?
Je demande à un couple venant d’en face, des sérieux qui ont tout l’attirail pour montrer que l’on marche et pas qu’un peu.
-On ne sait pas, me répond la femme, nous on fait le Géherre Trente-Quatre jusqu’à Paimpol.
C’est bien ma grande, ai-je envie de lui répondre. Je regarde s’éloigner ces deux-là qui avancent comme des mécaniques et tout à coup aperçois le haut de cette tour de Kerroc’h qui dépasse d’un groupe d’arbres. Je m’en rapproche par une petite route et trouve le chemin qui y mène. Elle semble en carton-pâte, un élément de décor du tournage d’un film oublié là. Elle est surmontée des statues de Marie, Joseph et Jésus. J’y entre et découvre par ses ouvertures une fort belle vue sur la baie de Paimpol.
En descendant, je me risque dans ce que je pense être un raccourci pour rejoindre le Géherre. Effectivement, me dit une dame qui promène ses deux gros chiens. Elle m’accompagne un moment, lancée dans un monologue sur les touristes qui cherchent la tour et ne la trouvent pas. Je suis content quand elle prend à gauche. Pour moi, c’est à droite, cap sur le port de Paimpol où j’arrive un peu fatigué.
Un café à un euro cinquante et la lecture de Léautaud en bord de port au Bistrot Gourmand me remettent d’équerre.
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Parmi les hommes de lettres (comme on dit), il n’y a pas qu’Emile Verhaeren à être mort d’un accident de train, il y a aussi Catulle Mendès, connu hier, oublié aujourd’hui. Voici ce qu’en dit Paul Léautaud à Eugene Montfort le quatorze février mil neuf cent neuf : Etes-vous sensible à la mort des gens, une certaine mort ? Moi, l’image de ce malheureux Mendès roulant sous son train ne me quitte pas. Un joli train de mort qu’il a mené là !
Dans une note infrapaginale, Marie Dormoy donne les détails avec un brin de sadisme : « Revenant un soir du théâtre, Catulle Mendès, qui habitait Saint-Germain-en-Laye, est descendu avant l’arrêt complet du train, sous le tunnel. Le train s’étant remis en marche il a été broyé contre le mur. »