C’est dans le brouillard que me mène à Paris le train de sept heures cinquante-neuf ce mercredi. Le ciel est bleu quand je sors de terre à Ledru-Rollin. Au comptoir du Café du Faubourg (où l’on paie le café un euro dix), j’ai le temps de lire une partie des articles du Parisien consacrés à l’incendie de Notre-Dame avant d’entrer au lever de rideau chez Book-Off.
Rien de ce que je vis à Rouen ne me manque quand je suis en vadrouille dans les coins de la France, mais ne pas pouvoir aller chez Béo un fois par semaine m’est comme une punition. J’y reste donc un certain temps, dénichant ça et là des livres que je n’attendais pas, puis, après des passages inutiles au marché d’Aligre et chez Emmaüs, m’installe à ma table habituelle pour mon menu habituel au Péhemmu chinois Le Rallye. Mon voisinage est également habituel, provenant de l’atelier de couture, avec cette fois un homme. La conversation porte comme souvent sur les autres étages qui ne disent pas bonjour, puis il est question du vigile.
-Avant, il était racoleur à Saint-Michel dans la rue des restos, dit l’une.
-Racoleur ?
-Euh, comment on dit déjà ? Rabatteur ? Celui qui est dehors pour faire entrer des gens.
J’ai rendez-vous à treize heures sous Beaumarchais avec celle qui avait dû me faire faux bond (comme on dit) le mois dernier. Nous arrivons quasiment au même moment.
-Tu es bien élégante, lui dis-je.
Elle m’explique qu’elle ira ensuite à l’assemblée générale d’une copropriété dans le Marais où elle doit réussir à faire voter un gros budget. Notre temps commun sera donc limité.
Nous le passons au soleil, à la terrasse du Café Français, avec vue sur l’Opéra Bastille, évoquant les derniers évènements de nos vies respectives, puis elle file à son rendez-vous tandis que je vais voir la plaisante serveuse, six euros les deux cafés. Il est facile à Paris de payer plus cher qu’à Arcachon.
J’ai besoin d’aller voir la Cathédrale. Pédestrement, je rejoins l’Hôtel de Ville et constate que plusieurs ponts sont encore barrés. Il me faut poursuivre jusqu’à la place du Châtelet et traverser la Seine par le pont Saint-Michel. De cette rive gauche, mêlé à une foule qui bloque trottoir et piste cyclable, je contemple la dent creuse qu’elle est devenue.
Par la rue de la Huchette, je rejoins l’arrêt de bus en bas du Boul’Mich (comme on ne dit plus). Un Vingt et Un m’emmène à Opéra Quatre Septembre. J’ai encore le temps de fouiller au second Book-Off avant l’heure de mon train de retour.
*
« Métro Bistrot Magot », nouvelle publicité pour les jeux à perdre au Péhemmu chinois (je la remplacerais bien par « Métro Bistrot Gogo »). Une nounou y fait gratter son ticket par la huit neuf ans dont elle a la garde. Après son départ, la tenancière, qui a une fille du même âge, déclare à une autre cliente qu’on ne doit pas faire ça à un enfant.
*
Parmi les livres à un euro rapportés : Abécédaire de Czeslaw Milosz (Fayard), Le bal masqué de Giacomo Casanova de François Roustang (Petite Bibliothèque Payot) et Bonbon Robespierre, la terreur à visage humain de Sergio Luzzatto (Arléa). Que Maximilien ait eu un frère surnommé Bonbon, je l’ignorais.
Rien de ce que je vis à Rouen ne me manque quand je suis en vadrouille dans les coins de la France, mais ne pas pouvoir aller chez Béo un fois par semaine m’est comme une punition. J’y reste donc un certain temps, dénichant ça et là des livres que je n’attendais pas, puis, après des passages inutiles au marché d’Aligre et chez Emmaüs, m’installe à ma table habituelle pour mon menu habituel au Péhemmu chinois Le Rallye. Mon voisinage est également habituel, provenant de l’atelier de couture, avec cette fois un homme. La conversation porte comme souvent sur les autres étages qui ne disent pas bonjour, puis il est question du vigile.
-Avant, il était racoleur à Saint-Michel dans la rue des restos, dit l’une.
-Racoleur ?
-Euh, comment on dit déjà ? Rabatteur ? Celui qui est dehors pour faire entrer des gens.
J’ai rendez-vous à treize heures sous Beaumarchais avec celle qui avait dû me faire faux bond (comme on dit) le mois dernier. Nous arrivons quasiment au même moment.
-Tu es bien élégante, lui dis-je.
Elle m’explique qu’elle ira ensuite à l’assemblée générale d’une copropriété dans le Marais où elle doit réussir à faire voter un gros budget. Notre temps commun sera donc limité.
Nous le passons au soleil, à la terrasse du Café Français, avec vue sur l’Opéra Bastille, évoquant les derniers évènements de nos vies respectives, puis elle file à son rendez-vous tandis que je vais voir la plaisante serveuse, six euros les deux cafés. Il est facile à Paris de payer plus cher qu’à Arcachon.
J’ai besoin d’aller voir la Cathédrale. Pédestrement, je rejoins l’Hôtel de Ville et constate que plusieurs ponts sont encore barrés. Il me faut poursuivre jusqu’à la place du Châtelet et traverser la Seine par le pont Saint-Michel. De cette rive gauche, mêlé à une foule qui bloque trottoir et piste cyclable, je contemple la dent creuse qu’elle est devenue.
Par la rue de la Huchette, je rejoins l’arrêt de bus en bas du Boul’Mich (comme on ne dit plus). Un Vingt et Un m’emmène à Opéra Quatre Septembre. J’ai encore le temps de fouiller au second Book-Off avant l’heure de mon train de retour.
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« Métro Bistrot Magot », nouvelle publicité pour les jeux à perdre au Péhemmu chinois (je la remplacerais bien par « Métro Bistrot Gogo »). Une nounou y fait gratter son ticket par la huit neuf ans dont elle a la garde. Après son départ, la tenancière, qui a une fille du même âge, déclare à une autre cliente qu’on ne doit pas faire ça à un enfant.
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Parmi les livres à un euro rapportés : Abécédaire de Czeslaw Milosz (Fayard), Le bal masqué de Giacomo Casanova de François Roustang (Petite Bibliothèque Payot) et Bonbon Robespierre, la terreur à visage humain de Sergio Luzzatto (Arléa). Que Maximilien ait eu un frère surnommé Bonbon, je l’ignorais.