C’est aujourd’hui l’anniversaire de celle qui travaille non loin d’ici mais elle n’est pas disponible pour qu’on le fête ensemble. A midi je déjeune donc seul, d’un confit de canard au Péhemmu chinois Le Rallye, servi par la gentille serveuse qui porte un ticheurte « the gentlewoman ». Elle libère une table dressée pour un sexagénaire et un trentenaire qui commandent un verre. Je comprends vite pourquoi. Ce sont des joueurs atteints d’addiction, deux comédiens qui boivent, se lèvent, jouent, perdent, se rassoient, recommencent, tout en évoquant leur boulot.
Précisément, c’est le plus vieux qui parle et l’autre acquiesce vaguement à ses assertions : « j’essaie de prendre des distances avec moi-même » « les sacrifices que j’ai faits, déjà les enfants que je n’ai pas eus » « la jeunesse qui n’est plus là, l’urgence, le compte à rebours » « des rôles, j’en ai fait assez pour savoir que je peux être drôle »
-Tiens c’est moi qui sonne, comprend ce désenchanté alors que chacun dans la brasserie se demande d’où ça vient. Il décroche : « Oui, ma poupée. Cette semaine tu fais quoi. Ça va ? Moi moyen moyen. »
Quand j’en ai fini, ils en sont toujours à jeter leurs cachets dans les caisses de la Française des Jeux, de l’Etat et du Péhemmu chinois.
Le beau temps m’incite à rejoindre le port de l’Arsenal. J’y lis à l’ombre le Journal de l’Année de la Peste de Daniel Defoe dans l’édition Folio près de deux lycéennes et de deux lycéens qui leur ressemblent, toutes amateures de repas veggie et de soleil ardent mais au bout d’un quart d’heure, l’une ne tient plus, il faut qu’il aille s’acheter de la crème solaire.
Il fait une chaleur épuisante dans la bétaillère de dix-sept heures quarante-huit qui me ramène à Rouen. Heureusement, elle n’arrive qu’avec dix minutes de retard.
*
Devant moi dans le bus Vingt une femme d’origine africaine et sa neuf/dix ans. Cette dernière :
-Quand je serai adulte, j’achèterai une voiture de huit places et toi tu seras assise à côté de moi.
-Et ton père ?
-Derrière avec les enfants.
(Rire de la mère)
*
Dans le second Book-Off un livre à la couverture jaune de chez Grasset déclenche le mouvement de ma main vers lui puis mon œil m’éclaire sur mon erreur : Jean Octeau, et non pas Jean Cocteau.
A quand un Gustave Laubert ou un Marcel Roust ?
Précisément, c’est le plus vieux qui parle et l’autre acquiesce vaguement à ses assertions : « j’essaie de prendre des distances avec moi-même » « les sacrifices que j’ai faits, déjà les enfants que je n’ai pas eus » « la jeunesse qui n’est plus là, l’urgence, le compte à rebours » « des rôles, j’en ai fait assez pour savoir que je peux être drôle »
-Tiens c’est moi qui sonne, comprend ce désenchanté alors que chacun dans la brasserie se demande d’où ça vient. Il décroche : « Oui, ma poupée. Cette semaine tu fais quoi. Ça va ? Moi moyen moyen. »
Quand j’en ai fini, ils en sont toujours à jeter leurs cachets dans les caisses de la Française des Jeux, de l’Etat et du Péhemmu chinois.
Le beau temps m’incite à rejoindre le port de l’Arsenal. J’y lis à l’ombre le Journal de l’Année de la Peste de Daniel Defoe dans l’édition Folio près de deux lycéennes et de deux lycéens qui leur ressemblent, toutes amateures de repas veggie et de soleil ardent mais au bout d’un quart d’heure, l’une ne tient plus, il faut qu’il aille s’acheter de la crème solaire.
Il fait une chaleur épuisante dans la bétaillère de dix-sept heures quarante-huit qui me ramène à Rouen. Heureusement, elle n’arrive qu’avec dix minutes de retard.
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Devant moi dans le bus Vingt une femme d’origine africaine et sa neuf/dix ans. Cette dernière :
-Quand je serai adulte, j’achèterai une voiture de huit places et toi tu seras assise à côté de moi.
-Et ton père ?
-Derrière avec les enfants.
(Rire de la mère)
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Dans le second Book-Off un livre à la couverture jaune de chez Grasset déclenche le mouvement de ma main vers lui puis mon œil m’éclaire sur mon erreur : Jean Octeau, et non pas Jean Cocteau.
A quand un Gustave Laubert ou un Marcel Roust ?