C’est le dernier jour de validité pour ma carte d’abonné mensuel aux cars Zou ! du Var. En l’utilisant ce mardi pour retourner à Bandol avec le sept heures quarante-cinq, je réussis juste à l’amortir.
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
*
A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
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A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).