Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
15 septembre 2015
Isneauville, village rupin de la banlieue de Rouen, organise cette année, comme Oissel Les Landaus la veille, son vide grenier pendant la Fête de l’Humanité et la même punition lui est promise par la météo dès le milieu de la matinée, un raison de plus pour y être de bon matin, à sept heures, avant que le jour ne soit levé. Je me gare devant le collège Lucie Aubrac et constate qu’à côté et jusqu’au bourg les terrains autrefois agricoles sont emplis de maison en construction « Bientôt ici ». La deuxième tranche bénéfice d’un rabais de douze mille euros, ce qui fait suspecter un succès relatif.
Le succès du vide grenier est quant à lui total à en juger par le nombre des exposant(e)s et celui des acheteurs et acheteuses. Parmi celles-ci sont de jolies jeunes filles venues se nipper à moindre frais. Ce plaisir de l’œil compense la déception de trouver ici côté livres surtout Mussi et Busso.
Le jour se lève quand j’arrive à l’autre bout du la rue principale où Joseph Trotta bouquiniste installe de lourds vieux livres sur ses tréteaux protégés d’une bâche. Je poursuis jusqu’à la sortie vers la forêt, où j’ai de si bons souvenirs, puis explore les rues et les places adjacentes sans davantage de succès.
Le sac presque vide, j’entreprends de refaire tout le circuit. Les bruits les plus fous se font entendre : « Il y a mille deux cents exposants » « Il va pleuvoir à verse dans une heure ». Je suis davantage enclin à croire le second et marche d’un bon pas pour terminer mon deuxième tour à temps, sans rien dénicher qui me plaise vraiment. Il est neuf heures quand je reprends le chemin piétonnier qui me ramène au collège. Les premières gouttes se mettent à tomber quand je monte dans ma voiture. C’est le début d’une intense pluie qui durera jusqu’au milieu de l’après-midi.
*
Deux récents messages téléphonés. Par des voix féminines (ça doit inspirer confiance). L’un pour me signaler le fonctionnement anormal de mon compteur électrique. L’autre pour m’annoncer une livraison. Dans les deux cas : merci de rappeler ce numéro de téléphone, numéro hyper taxé bien sûr. Le premier appel au nom d’Heudéheffe. Le second au nom de… Fantômas Livraisons.
*
Dans les rues de Rouen, quinquagénaire, barbu, moustachu, le seul homme à monoroue de la ville file.
*
« Morceau avalé n’a plus de goût » (dicton de patronne du Son du Cor).
Le succès du vide grenier est quant à lui total à en juger par le nombre des exposant(e)s et celui des acheteurs et acheteuses. Parmi celles-ci sont de jolies jeunes filles venues se nipper à moindre frais. Ce plaisir de l’œil compense la déception de trouver ici côté livres surtout Mussi et Busso.
Le jour se lève quand j’arrive à l’autre bout du la rue principale où Joseph Trotta bouquiniste installe de lourds vieux livres sur ses tréteaux protégés d’une bâche. Je poursuis jusqu’à la sortie vers la forêt, où j’ai de si bons souvenirs, puis explore les rues et les places adjacentes sans davantage de succès.
Le sac presque vide, j’entreprends de refaire tout le circuit. Les bruits les plus fous se font entendre : « Il y a mille deux cents exposants » « Il va pleuvoir à verse dans une heure ». Je suis davantage enclin à croire le second et marche d’un bon pas pour terminer mon deuxième tour à temps, sans rien dénicher qui me plaise vraiment. Il est neuf heures quand je reprends le chemin piétonnier qui me ramène au collège. Les premières gouttes se mettent à tomber quand je monte dans ma voiture. C’est le début d’une intense pluie qui durera jusqu’au milieu de l’après-midi.
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Deux récents messages téléphonés. Par des voix féminines (ça doit inspirer confiance). L’un pour me signaler le fonctionnement anormal de mon compteur électrique. L’autre pour m’annoncer une livraison. Dans les deux cas : merci de rappeler ce numéro de téléphone, numéro hyper taxé bien sûr. Le premier appel au nom d’Heudéheffe. Le second au nom de… Fantômas Livraisons.
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Dans les rues de Rouen, quinquagénaire, barbu, moustachu, le seul homme à monoroue de la ville file.
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« Morceau avalé n’a plus de goût » (dicton de patronne du Son du Cor).
14 septembre 2015
Ce samedi matin, c’est jour de vide grenier au lieu-dit Les Landaus à Oissel sur un terrain herbeux près du Super U. Cette année, la direction de ce magasin a cerné son parquigne de ruban plastifié rouge et blanc afin de le laisser libre pour ses client(e)s, je me gare donc dans la rue un peu plus loin. La pluie est annoncée, ce qui n’est pas surprenant car c’est le ouiquennede de la Fête de l’Humanité pendant laquelle il pleut quatre fois sur cinq. En conséquence, il y a moins d’exposant(e)s que les autres années.
J’en fais le tour deux fois. L’un d’eux, au physique de légionnaire, expose deux portraits d’Angela Merkel, l’un accompagné d’un texte imprimé « J’aime l’Allemagne mon deuxième pays ». Il présente aussi un drapeau allemand et un ballon d’un cleube de foute de là-bas et diffuse de la musique bavaroise. Je ne lui demande pas combien il vend le portrait d’Angela, qui passait pour une sans-cœur, intransigeante face au problème grec, faisant pleurer une lycéenne palestinienne, et que voici devenue Mama Merkel pour tous les réfugiés syriens.
En rejoignant ma voiture, je constate que les rubans du Super U n’ont pas tenu longtemps. Dès que parti, la pluie se met à tomber. Les quelques ouvrages que je rapporte sont donc sauvés des eaux, parmi lesquels Ah ! La belle époque ! un livre animé pour adulte (on parle de pop up désormais) publié chez ce coquin de Nathan en mil neuf cent quatre-vingt-trois (imaginé par Lesley Jane Kaiser, adapté par Claude Pistache, illustré par Borje Svensson et dont les mécanismes sont de Keith Moseley et John Strejan), si sage qu’il pourrait être montré aux enfants du vingtième et unième siècle sans contrevenir aux lois concernant les mineur(e)s imposées par le nouvel ordre moral qui va de pair avec l’essor des fanatismes religieux et la prospérité des partis d’extrême droite, et Visages cachés roman de Salvador Dali publié chez Stock en mil neuf cent soixante-treize mais écrit trente ans plus tôt, pendant la guerre, et paru aux Etats-Unis à cette époque, un livre tombé dans l’oubli que je parcourrai avant de le revendre.
*
Dali dans la déclaration d’intention de Visages cachés:
« Dès 1922, le grand poète Garcia Lorca avait prédit que j’étais destiné à une carrière littéraire et avait laissé entendre que mon avenir était justement dans le « roman pur ».
Pourquoi ai-je écrit ce roman ?
Parce que je trouve le temps de faire tout ce que je veux et que je voulais écrire ce roman… »
J’en fais le tour deux fois. L’un d’eux, au physique de légionnaire, expose deux portraits d’Angela Merkel, l’un accompagné d’un texte imprimé « J’aime l’Allemagne mon deuxième pays ». Il présente aussi un drapeau allemand et un ballon d’un cleube de foute de là-bas et diffuse de la musique bavaroise. Je ne lui demande pas combien il vend le portrait d’Angela, qui passait pour une sans-cœur, intransigeante face au problème grec, faisant pleurer une lycéenne palestinienne, et que voici devenue Mama Merkel pour tous les réfugiés syriens.
En rejoignant ma voiture, je constate que les rubans du Super U n’ont pas tenu longtemps. Dès que parti, la pluie se met à tomber. Les quelques ouvrages que je rapporte sont donc sauvés des eaux, parmi lesquels Ah ! La belle époque ! un livre animé pour adulte (on parle de pop up désormais) publié chez ce coquin de Nathan en mil neuf cent quatre-vingt-trois (imaginé par Lesley Jane Kaiser, adapté par Claude Pistache, illustré par Borje Svensson et dont les mécanismes sont de Keith Moseley et John Strejan), si sage qu’il pourrait être montré aux enfants du vingtième et unième siècle sans contrevenir aux lois concernant les mineur(e)s imposées par le nouvel ordre moral qui va de pair avec l’essor des fanatismes religieux et la prospérité des partis d’extrême droite, et Visages cachés roman de Salvador Dali publié chez Stock en mil neuf cent soixante-treize mais écrit trente ans plus tôt, pendant la guerre, et paru aux Etats-Unis à cette époque, un livre tombé dans l’oubli que je parcourrai avant de le revendre.
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Dali dans la déclaration d’intention de Visages cachés:
« Dès 1922, le grand poète Garcia Lorca avait prédit que j’étais destiné à une carrière littéraire et avait laissé entendre que mon avenir était justement dans le « roman pur ».
Pourquoi ai-je écrit ce roman ?
Parce que je trouve le temps de faire tout ce que je veux et que je voulais écrire ce roman… »
12 septembre 2015
Rue de la Chaîne, la Galerie du Pôle Image (rebaptisée Centre Photographique) vernit ce vendredi soir l’exposition J’habiterai mon nom de Seba Kurtis qui doit son titre à une formule de Saint-John Perse dans son poème Exil. Elle est sous-titrée Immigration Files et tombe en plein dans l’actualité. J’y suis dès dix-huit heures afin de voir ça tranquillement.
Seba Kurtis est lui-même ancien immigré illégal pour raison économique (la variété la plus mal vue par les politiciens), venu d’Argentine avec sa famille en deux mille un après la crise financière, installé d’abord en Espagne puis en Angleterre où il a été régularisé (comme on dit). Ses photos prises en divers endroits, dont Cherbourg et Rouen pour cause de résidence, ont pour sujet cette immigration qu’il traite de manière artistique en modifiant l’image par divers procédés techniques dans l’idée de lui faire subir ce que subissent ceux qui fuient leur pays. Le résultat ne m’éblouit pas. La partie de l’exposition qui me retient un peu est celle montrant ses photos familiales sorties d’une boite à chaussures ayant pris l’eau.
Il y a bientôt là quelques dizaines de vernisseuses et vernisseurs dont des représentants d’institutions culturelles locales (Musée, Opéra), toutes personnes de la classe intellectuelle, donc favorables à l’arrivée de gens venus d’ailleurs. Je ne risque pas d’entendre ici le discours majoritaire, celui qui me fait mal aux oreilles dans les cafés ou au marché. Un sosie de Cavanna raconte le récent piratage de la boîte mail de l’Ubi. Je prends un godet empli d’un tiers de vin rouge et écoute Raphaëlle Stopin, directrice artistique du Centre Photographique, parler un peu longuement du travail de Seba Kurtis. Celui-ci, jeune homme enjoué hyper tatoué, remercie en anglais.
Seba Kurtis est lui-même ancien immigré illégal pour raison économique (la variété la plus mal vue par les politiciens), venu d’Argentine avec sa famille en deux mille un après la crise financière, installé d’abord en Espagne puis en Angleterre où il a été régularisé (comme on dit). Ses photos prises en divers endroits, dont Cherbourg et Rouen pour cause de résidence, ont pour sujet cette immigration qu’il traite de manière artistique en modifiant l’image par divers procédés techniques dans l’idée de lui faire subir ce que subissent ceux qui fuient leur pays. Le résultat ne m’éblouit pas. La partie de l’exposition qui me retient un peu est celle montrant ses photos familiales sorties d’une boite à chaussures ayant pris l’eau.
Il y a bientôt là quelques dizaines de vernisseuses et vernisseurs dont des représentants d’institutions culturelles locales (Musée, Opéra), toutes personnes de la classe intellectuelle, donc favorables à l’arrivée de gens venus d’ailleurs. Je ne risque pas d’entendre ici le discours majoritaire, celui qui me fait mal aux oreilles dans les cafés ou au marché. Un sosie de Cavanna raconte le récent piratage de la boîte mail de l’Ubi. Je prends un godet empli d’un tiers de vin rouge et écoute Raphaëlle Stopin, directrice artistique du Centre Photographique, parler un peu longuement du travail de Seba Kurtis. Celui-ci, jeune homme enjoué hyper tatoué, remercie en anglais.
11 septembre 2015
Passant par le marché aux livres et à la brocante du vendredi au Clos Saint-Marc, j’y entends ce qu’on entend partout dans les milieux populaires, des choses du genre : « On aura des réfugiés avec des Daesh dedans » ou « C’est plus facile d’arrêter un Français qui travaille qu’un immigré qui fout rien » et n’y trouve aucun livre à mon goût.
Je vais changer d’air à la Halle aux Toiles où la ressourcerie Resistes organise une nouvelle vente d’objets récupérés parmi lesquels des livres. J’en achète pour deux kilos huit, me dit la balance installée près de la caisse. Elle est censée mesurer l’économie d’empreinte carbone que je fais faire à la planète qui n’en peut mais.
Je ne comprends rien à ce calcul. Aucun des livres que j’emporte ne m’aurait intéressé suffisamment pour que je l’achète neuf (et certains sont épuisés). De plus, ils sont arrivés ici en camionnette. Je me garde bien de discuter du sujet avec la responsable.
*
Ne disons pas du mal de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes. (Silence) N’en disons pas de bien non plus. (Silence) N’en parlons pas. (Silence) Il est vrai que la population a augmenté. Samuel Beckett (En attendant Godot)
Je vais changer d’air à la Halle aux Toiles où la ressourcerie Resistes organise une nouvelle vente d’objets récupérés parmi lesquels des livres. J’en achète pour deux kilos huit, me dit la balance installée près de la caisse. Elle est censée mesurer l’économie d’empreinte carbone que je fais faire à la planète qui n’en peut mais.
Je ne comprends rien à ce calcul. Aucun des livres que j’emporte ne m’aurait intéressé suffisamment pour que je l’achète neuf (et certains sont épuisés). De plus, ils sont arrivés ici en camionnette. Je me garde bien de discuter du sujet avec la responsable.
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Ne disons pas du mal de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes. (Silence) N’en disons pas de bien non plus. (Silence) N’en parlons pas. (Silence) Il est vrai que la population a augmenté. Samuel Beckett (En attendant Godot)
10 septembre 2015
Depuis quelques jours, des usagers quotidiens ou fréquents de la ligne Paris Rouen de la Senecefe font une grève de présentation de leur billet, remplacé par un imprimé « forfait valable sur ligne merdique ». Je ne suis donc pas surpris de l’absence de contrôle ce mercredi dans le sept heures cinquante-neuf.
Celui-ci arrive à l’heure dans la capitale. Je m’y livre à mes occupations favorites. Après Book-Off, je déjeune Chez Céleste (accras de morue, boudin noir, poulet yassa, quart de vin portugais, dix-huit euros et quelques centimes) où je côtoie un homme et une femme de mon âge semblant arriver tout droit du Quartier Latin. Il lui donne un texte à lire pour le prochain numéro de sa revue consacré à l’écologie.
-Bon alors, comment va Claude ? lui demande-t-elle.
-Il est en questionnement. Il fait un travail sur lui-même, lui apprend-il. Toi, ça va toujours aussi bien ?
Je quitte l’endroit sur un « Mais enfin, tout évolue, tout évolue. », entre à côté chez Arts Factory où l’on expose les linogravures de Frédéric Voisin (scènes d’apocalypse et memento mori colorés) puis par le bus Vingt-Neuf vais prendre le soleil au bord du bassin dans le jardin du Palais Royal. J’y lis Jésus-Christ Rastaquouère de Francis Picabia, petit Allia bookoffié où l’on trouve un plagiat par anticipation de Gainsbourg Je fuis le bonheur pour qu’il ne se sauve pas et une suggestion à laquelle je m’associe Vous feriez mieux Messieurs, de peindre en bleu et rouge les falaises de Dieppe, vraiment la nature n’est plus assez moderne !
Modernes, les deux jeunes femmes assises à ma gauche le sont. L’une, jolie blonde, cherche son prochain via Internet et raconte sa dernière pêche à l’autre, jolie brune :
-Quand je l’ai vu, je me suis dit c’est pas possible, c’est pas lui ! Il avait un béret, enfin une sorte de casquette. Il ne me plaisait absolument pas. On a quand même fait la tournée des bars jusqu’à quatre heures du matin et j’ai accepté de prendre un dernier verre chez lui. Je vais aux toilettes et quand je ressors je le trouve en slip. Là, je lui ai dit : tu te trompes totalement.
Au-dessus de nos têtes tourne un hélico. Quand j’ai bien pris le soleil, je vais voir combien il y a de livres pour moi au deuxième Book-Off puis termine l’après-midi Chez Léon.
Outre les lycéen(ne)s du coin et les buveurs du bière du comptoir qui en reprennent jusqu’à être suffisamment saouls pour rentrer chez eux, ce café est fréquenté par des femmes seules qui s’épanchent auprès de la patronne et de sa belle-sœur. Cette dernière s’inquiète auprès d’une cliente quinquagénaire qui semble ne fréquenter ce bar que pour y lire Le Figaro à haute voix des réfugiés qui seraient arrivés ce mercredi dans l’Oise.
-Y en a qui ont dit, on prend que les chrétiens, pourquoi on le dit pas nous ?
Si je dois ne plus mettre les pieds dans les troquets dont la clientèle et les patrons sont désormais lepenisés, je ne vais bientôt plus pouvoir boire un café, me dis-je.
Dans le train du retour, je lis Vrouz, recueil de poésies aux textes inégaux de Valérie Rouzeau (La Table Ronde). Le contrôleur ne passe pas plus qu’à l’aller et lors de l’arrivée ponctuelle à Rouen le chef de bord ne nous gratifie pas d’un aimable au revoir.
Pour le lecteur que je suis, le dernier poème du livre de Valérie Rouzeau remédie à cette négligence :
Avant de descendre assurez-vous
De ne rien t’oublier
Un agréable voyage une bonne journée
Nous vous prions
De bien vouloir nous excuser
Pour la chaîne occasionnée
Votre chef d’abord
Personnel au bout du quai
Etiqueté qui t’es quitté
Abandonné suspect
Bien vouloir nous signaler
Tout objet qui paraîtrait
Nous vous remercions
De votre incompréhension.
*
Citation du moment (qui va durer) :
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. (Antonio Gramsci)
Celui-ci arrive à l’heure dans la capitale. Je m’y livre à mes occupations favorites. Après Book-Off, je déjeune Chez Céleste (accras de morue, boudin noir, poulet yassa, quart de vin portugais, dix-huit euros et quelques centimes) où je côtoie un homme et une femme de mon âge semblant arriver tout droit du Quartier Latin. Il lui donne un texte à lire pour le prochain numéro de sa revue consacré à l’écologie.
-Bon alors, comment va Claude ? lui demande-t-elle.
-Il est en questionnement. Il fait un travail sur lui-même, lui apprend-il. Toi, ça va toujours aussi bien ?
Je quitte l’endroit sur un « Mais enfin, tout évolue, tout évolue. », entre à côté chez Arts Factory où l’on expose les linogravures de Frédéric Voisin (scènes d’apocalypse et memento mori colorés) puis par le bus Vingt-Neuf vais prendre le soleil au bord du bassin dans le jardin du Palais Royal. J’y lis Jésus-Christ Rastaquouère de Francis Picabia, petit Allia bookoffié où l’on trouve un plagiat par anticipation de Gainsbourg Je fuis le bonheur pour qu’il ne se sauve pas et une suggestion à laquelle je m’associe Vous feriez mieux Messieurs, de peindre en bleu et rouge les falaises de Dieppe, vraiment la nature n’est plus assez moderne !
Modernes, les deux jeunes femmes assises à ma gauche le sont. L’une, jolie blonde, cherche son prochain via Internet et raconte sa dernière pêche à l’autre, jolie brune :
-Quand je l’ai vu, je me suis dit c’est pas possible, c’est pas lui ! Il avait un béret, enfin une sorte de casquette. Il ne me plaisait absolument pas. On a quand même fait la tournée des bars jusqu’à quatre heures du matin et j’ai accepté de prendre un dernier verre chez lui. Je vais aux toilettes et quand je ressors je le trouve en slip. Là, je lui ai dit : tu te trompes totalement.
Au-dessus de nos têtes tourne un hélico. Quand j’ai bien pris le soleil, je vais voir combien il y a de livres pour moi au deuxième Book-Off puis termine l’après-midi Chez Léon.
Outre les lycéen(ne)s du coin et les buveurs du bière du comptoir qui en reprennent jusqu’à être suffisamment saouls pour rentrer chez eux, ce café est fréquenté par des femmes seules qui s’épanchent auprès de la patronne et de sa belle-sœur. Cette dernière s’inquiète auprès d’une cliente quinquagénaire qui semble ne fréquenter ce bar que pour y lire Le Figaro à haute voix des réfugiés qui seraient arrivés ce mercredi dans l’Oise.
-Y en a qui ont dit, on prend que les chrétiens, pourquoi on le dit pas nous ?
Si je dois ne plus mettre les pieds dans les troquets dont la clientèle et les patrons sont désormais lepenisés, je ne vais bientôt plus pouvoir boire un café, me dis-je.
Dans le train du retour, je lis Vrouz, recueil de poésies aux textes inégaux de Valérie Rouzeau (La Table Ronde). Le contrôleur ne passe pas plus qu’à l’aller et lors de l’arrivée ponctuelle à Rouen le chef de bord ne nous gratifie pas d’un aimable au revoir.
Pour le lecteur que je suis, le dernier poème du livre de Valérie Rouzeau remédie à cette négligence :
Avant de descendre assurez-vous
De ne rien t’oublier
Un agréable voyage une bonne journée
Nous vous prions
De bien vouloir nous excuser
Pour la chaîne occasionnée
Votre chef d’abord
Personnel au bout du quai
Etiqueté qui t’es quitté
Abandonné suspect
Bien vouloir nous signaler
Tout objet qui paraîtrait
Nous vous remercions
De votre incompréhension.
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Citation du moment (qui va durer) :
Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. (Antonio Gramsci)
8 septembre 2015
La photo de la journaliste Nilufer Denir montrant, mort noyé et échoué sur une plage turque, Aylan Kurdi, enfant de trois ans dont la famille fuyait les combats de la guerre civile syrienne, et plus généralement le mauvais sort fait actuellement aux réfugié(e)s dans certains pays d’Europe, ayant suscité de l’émotion, un rassemblement en faveur des réfugiés est organisé à Rouen via le réseau social Effe Bé par le Collectif Pas En Notre Nom ce dimanche à quatorze heures place de l’Hôtel de Ville au cul du cheval de Napoléon.
A mon arrivée, je constate que, selon une technique bien rodée, le Nouveau Parti Capitaliste s’emploie à prendre le contrôle du rassemblement. Ses drapeaux sont concurrencés par ceux de ses frères ennemis de Lutte Ouvrière, en retrait. Entre les deux sont les chasubles jaunes d’Amnesty International et celles et ceux qui ne portent aucune marque distinctive. Se font remarquer en tenue du dimanche (djine pour elle, pas de cravate pour lui) les Socialistes Valérie Fourneyron, ancienne Ministre de Hollande, ancienne Maire de Rouen et toujours Députée, et Nicolas Mayer-Rossignol, Chef de la Région Haute-Normandie jusqu’en décembre. Ils sont venus témoigner de la capacité de leur Parti à tenir double langage, commençant une phrase par ouvrir la porte aux réfugié(e)s et la terminant par la fermer. Cela fait seulement quelques centaines de présent(e)s. Des jeunes gens installent une banderole sur le socle de la statue : « Réfugiés Welcome ». Des télés filment ça, dont la plus connue des chaînes d’info continue.
Il y a heureusement là quelques réfugié(e)s syrien(ne)s. L’une affiche qu’elle demande le RSA « Retour en Syrie sans Assad ». Une autre que les Syriens ne cherchent pas les aides sociales mais un pays où on ne se fait pas massacrer dans la rue.
Un jeune homme annonce qu’on partira en manifestation et qu’à l’arrivée aura lieu une assemblée générale pour décider de la suite. Le Hennepéha décide du moment du départ, se place en tête du cortège que certain(e)s choisissent de ne pas suivre. J’hésite, finis par y aller. L’habituelle crieuse de slogans usés est au mégaphone, recyclant son maigre bagage avec l’actualité. Derrière, celle de Hello fait de même.
Encadrés par ces fâcheux et par un minimum de policiers, nous enfilons la rue du Canuet, descendons celle de la Jeanne et tournons à droite rue du Gros. La place du Vieux est l’endroit de l’assemblée générale dont je me dispense.
*
Avant le départ, un branlotin de ma connaissance se fait rabrouer par un homme à cheveux blancs pour avoir jeté son mégot sur la pelouse. Dans le monde radieux dont rêvent certains ici, il n’y a pas place pour un tel désordre.
*
Promesse de Hollande : vingt-quatre mille réfugiés seront accueillis en deux ans. Pour trente-six mille communes. Y en aura pas pour tout le monde.
*
Chiffre que l’on peut comparer à celui des cinq cent mille républicains espagnols ayant passé la frontière avec la France à la fin des années trente et au million de rapatriés d’Algérie dans les années soixante.
*
Consternant commentaire que celui d’Arno Klarsfeld publié sous forme de gazouillis à l’orthographe approximative : « personne ne dit que ce n'est pas raisonnable de partir de Turquie avec deux enfants en bas âge sur une mer agitée dans un frêle esquife ».
A mon arrivée, je constate que, selon une technique bien rodée, le Nouveau Parti Capitaliste s’emploie à prendre le contrôle du rassemblement. Ses drapeaux sont concurrencés par ceux de ses frères ennemis de Lutte Ouvrière, en retrait. Entre les deux sont les chasubles jaunes d’Amnesty International et celles et ceux qui ne portent aucune marque distinctive. Se font remarquer en tenue du dimanche (djine pour elle, pas de cravate pour lui) les Socialistes Valérie Fourneyron, ancienne Ministre de Hollande, ancienne Maire de Rouen et toujours Députée, et Nicolas Mayer-Rossignol, Chef de la Région Haute-Normandie jusqu’en décembre. Ils sont venus témoigner de la capacité de leur Parti à tenir double langage, commençant une phrase par ouvrir la porte aux réfugié(e)s et la terminant par la fermer. Cela fait seulement quelques centaines de présent(e)s. Des jeunes gens installent une banderole sur le socle de la statue : « Réfugiés Welcome ». Des télés filment ça, dont la plus connue des chaînes d’info continue.
Il y a heureusement là quelques réfugié(e)s syrien(ne)s. L’une affiche qu’elle demande le RSA « Retour en Syrie sans Assad ». Une autre que les Syriens ne cherchent pas les aides sociales mais un pays où on ne se fait pas massacrer dans la rue.
Un jeune homme annonce qu’on partira en manifestation et qu’à l’arrivée aura lieu une assemblée générale pour décider de la suite. Le Hennepéha décide du moment du départ, se place en tête du cortège que certain(e)s choisissent de ne pas suivre. J’hésite, finis par y aller. L’habituelle crieuse de slogans usés est au mégaphone, recyclant son maigre bagage avec l’actualité. Derrière, celle de Hello fait de même.
Encadrés par ces fâcheux et par un minimum de policiers, nous enfilons la rue du Canuet, descendons celle de la Jeanne et tournons à droite rue du Gros. La place du Vieux est l’endroit de l’assemblée générale dont je me dispense.
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Avant le départ, un branlotin de ma connaissance se fait rabrouer par un homme à cheveux blancs pour avoir jeté son mégot sur la pelouse. Dans le monde radieux dont rêvent certains ici, il n’y a pas place pour un tel désordre.
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Promesse de Hollande : vingt-quatre mille réfugiés seront accueillis en deux ans. Pour trente-six mille communes. Y en aura pas pour tout le monde.
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Chiffre que l’on peut comparer à celui des cinq cent mille républicains espagnols ayant passé la frontière avec la France à la fin des années trente et au million de rapatriés d’Algérie dans les années soixante.
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Consternant commentaire que celui d’Arno Klarsfeld publié sous forme de gazouillis à l’orthographe approximative : « personne ne dit que ce n'est pas raisonnable de partir de Turquie avec deux enfants en bas âge sur une mer agitée dans un frêle esquife ».
7 septembre 2015
Mont-Saint-Aignan (sur un parquigne universitaire), Villequier (sur l’herbe mouillée au bord de la Seine brumeuse), Amfreville-la-Mivoie (sur la route longeant la Seine), Rouen (dans le jardin de l’Hôtel de Ville), ce sont les quatre vide greniers du ouiquennede où j’arrive avec quelque espoir et dont je repars déçu, ayant dans mon sac seulement quelques livres que je revendrai pour payer mon essence.
Partout, une prolifération de layettes, de chaussures, de vêtements et de jouets qui montre à quel point certain(ne)s travaillent à la reproduction de l’espèce. « Mon fils a commencé à dix-huit ans » claironne une vendeuse de Villequier fière d’annoncer le nombre de ses petits-enfants. Une autre femme à Mont-Saint-Aignan à propos d’une enfant de la famille : « Elle a le haut de sa mère et le bas de sa grand-mère, je parle du visage, hein ! ».
Dans le jardin de l’Hôtel de Ville rouennais, l’un des stands est celui de l’antenne normande de l’association France Dépression. « Il y a du soleil alors ça va » déclare l’un de ceux qui le tiennent. Pas pour tout le monde, un peu plus loin je croise sur branlotine plaintive : « Je voulais venir ici et maintenant que j’y suis, je me fous d’y être », peut-être une future adhérente.
S’agissant de ma santé personnelle, je reste dans l’expectative : point de téléphonage de mon médecin pour me convoquer à son cabinet suite à sa lecture du résultat de ma prise de sang, soit le dépassement de norme n’est pas inquiétant vu mon âge avancé, soit ce docteur est négligent.
*
Trouvée dans un des livres rapportés une laide carte postale de Palma de Majorque dont je sauve le texte écrit de la main de Marylène :
« Gros baisers et tendres chatteries. Je suis à court d’inspiration, mais pas d’idées, hélas difficilement transmissibles. Nous sommes bien, hôtel agréable, beau temps, mais mistral ou tramontane. Je n’avais pas besoin de cela. Mon grain de folie n’y résistera pas. »
Celui à qui elle fut adressée, avenue Emile Zola à Paris, porte mon prénom et a pour patronyme celui de mon père.
*
Rangé dans ma bibliothèque le livre de Valérie Mréjen orné de la dédicace de son auteure datée du douze avril deux mille douze :
« pour Béatrice, Forêt noire ou quelques cailloux semés ici et là… bises, Valérie »
Partout, une prolifération de layettes, de chaussures, de vêtements et de jouets qui montre à quel point certain(ne)s travaillent à la reproduction de l’espèce. « Mon fils a commencé à dix-huit ans » claironne une vendeuse de Villequier fière d’annoncer le nombre de ses petits-enfants. Une autre femme à Mont-Saint-Aignan à propos d’une enfant de la famille : « Elle a le haut de sa mère et le bas de sa grand-mère, je parle du visage, hein ! ».
Dans le jardin de l’Hôtel de Ville rouennais, l’un des stands est celui de l’antenne normande de l’association France Dépression. « Il y a du soleil alors ça va » déclare l’un de ceux qui le tiennent. Pas pour tout le monde, un peu plus loin je croise sur branlotine plaintive : « Je voulais venir ici et maintenant que j’y suis, je me fous d’y être », peut-être une future adhérente.
S’agissant de ma santé personnelle, je reste dans l’expectative : point de téléphonage de mon médecin pour me convoquer à son cabinet suite à sa lecture du résultat de ma prise de sang, soit le dépassement de norme n’est pas inquiétant vu mon âge avancé, soit ce docteur est négligent.
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Trouvée dans un des livres rapportés une laide carte postale de Palma de Majorque dont je sauve le texte écrit de la main de Marylène :
« Gros baisers et tendres chatteries. Je suis à court d’inspiration, mais pas d’idées, hélas difficilement transmissibles. Nous sommes bien, hôtel agréable, beau temps, mais mistral ou tramontane. Je n’avais pas besoin de cela. Mon grain de folie n’y résistera pas. »
Celui à qui elle fut adressée, avenue Emile Zola à Paris, porte mon prénom et a pour patronyme celui de mon père.
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Rangé dans ma bibliothèque le livre de Valérie Mréjen orné de la dédicace de son auteure datée du douze avril deux mille douze :
« pour Béatrice, Forêt noire ou quelques cailloux semés ici et là… bises, Valérie »
5 septembre 2015
-J’ai du mal à savoir quand tu parles de l’Ubi si tu t’y sens bien ou non, me disait il y a quelque temps l’ami d’Orléans. La question ne se posera plus, me suis-je dit quand j’ai appris que le lieu artistique mutualisé rouennais n’ouvrirait désormais qu’à seize heures (à titre d’essai pour septembre). Ce n’est pas mon heure. C’est quand les cafés traditionnels ne peuvent me recevoir, occupés qu’ils sont à servir des repas, que j’avais besoin de cet endroit bruissant de vie pour écrire et prendre des notes, m’y sentant souvent bien (pas toujours), y retrouvant trois artistes mutualisés avec qui il faisait bon discuter et plaisanter, y côtoyant pas mal d’autres qui me disaient au moins bonjour et autant qui me considéraient comme un meuble, en moins utile.
J’en suis à me demander où trouver refuge quand un message m’apprend que seul le café sera fermé jusqu’à seize heures et que je peux toujours venir avant, avec mon thermos.
Rasséréné, je me pointe ce vendredi à treize heures quinze sans thermos mais avec mon ordinateur et me heurte à la nouvelle porte complètement close. Fuck !
*
On ne me verra pas davantage chez Guidoline à quatorze heures faute d‘Ubi ouvert. Le temple des bricoleurs de vélos urbains est devenu tellement prospère qu’il a dû se diviser en deux structures, l’ancienne toujours associative et une nouvelle commerciale. Des travaux ont été nécessaires et c’est le café qui a morflé.
*
Deux femmes frôlant les quarante ans au Son du Cor.
L’une évoque un homme de soixante-quinze ans mort fauché par un scouteur dont la femme sénile et le fils handicapé vont devoir être mis en institution.
L’autre : « Moi aussi, il est arrivé un truc horrible, la mère de Gégé, elle a dû faire piquer son chat.
*
Un homme au téléphone rue des Carmes :
-C’est important pour moi, je vais avoir trente ans, je suis à une tournure de ma vie.
J’en suis à me demander où trouver refuge quand un message m’apprend que seul le café sera fermé jusqu’à seize heures et que je peux toujours venir avant, avec mon thermos.
Rasséréné, je me pointe ce vendredi à treize heures quinze sans thermos mais avec mon ordinateur et me heurte à la nouvelle porte complètement close. Fuck !
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On ne me verra pas davantage chez Guidoline à quatorze heures faute d‘Ubi ouvert. Le temple des bricoleurs de vélos urbains est devenu tellement prospère qu’il a dû se diviser en deux structures, l’ancienne toujours associative et une nouvelle commerciale. Des travaux ont été nécessaires et c’est le café qui a morflé.
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Deux femmes frôlant les quarante ans au Son du Cor.
L’une évoque un homme de soixante-quinze ans mort fauché par un scouteur dont la femme sénile et le fils handicapé vont devoir être mis en institution.
L’autre : « Moi aussi, il est arrivé un truc horrible, la mère de Gégé, elle a dû faire piquer son chat.
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Un homme au téléphone rue des Carmes :
-C’est important pour moi, je vais avoir trente ans, je suis à une tournure de ma vie.
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