Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
24 septembre 2015
Téléphoner plusieurs fois à un autre pour lui dire où on est assis dans le train, lui expliquer comment faire pour se retrouver dans la même voiture, se retourner à chaque fois que la porte bat, pour rien, finir par renoncer et à l’arrivée à Paris, par un nouvel appel téléphonique, comprendre que celui qu’on a attendu en vain était dans le train de huit heures sept, c’est ce qui arrive à l’un qui comme moi arrive à Paris par le sept heures cinquante-neuf ce mercredi.
Il fait soleil dans la capitale. Je prends donc le bus Vingt pour me rapprocher du Book-Off de la Bastille. J’y entre cinq minutes après l’ouverture et suis accueilli cette fois encore par la voix de Léo Ferré. De Jolie Môme et Thank you Satan à Avec le temps et La Solitude, je fais mon marché et oublie les idées noires qui me trottent dans la tête.
Celles-ci reviennent tandis que je rejoins à pied le quartier Beaubourg afin de déjeuner chez New New. Trois semaines de pommade puis une semaine d’antibiotiques sans que disparaisse ce qui est peut-être le symptôme d’autre chose. Que va m’annoncer mon médecin quand je le reverrai la semaine prochaine, quels examens va-t-il m’imposer ? Ou bien ai-je tort de m’alarmer ?
Il y a du monde dès midi dans le restaurant chinois à volonté pour neuf euros quatre-vingts de l’impasse Beaubourg. Certains se jettent sur le buffet sans prendre le temps d’ôter leur manteau. Un groupe d’une dizaine de stagiaires, dans lequel chacun semble surpris de côtoyer les autres, découvre la nourriture asiatique. Tous mélangent dans une même assiette les nems, les viandes et les nouilles à la chinoise, les sushis et les makis. Ils ne sont pas les seuls à se préparer une telle mixture. Un couple répugnant que je vois ici toutes les fois où j’y mange fait de même (et je les soupçonne d'en mettre dans un sac en plastique pour leur repas du soir).
Derrière moi, deux femmes collègues discutent travail : le problème en France, l’obligation d’avoir des diplômes ; l’ennemi, le chef de service ; le faux ami, le psychologue qui te dira « Apprenez à respirer » ou bien « Ecrivez » ; le moyen de se défendre, le congé de maladie ; l’ultime recours, aller aux prud’hommes.
J’ai encore bien des occasions pour penser à ce qui m’obsède pendant que je fais le tour des librairies de Châtelet : Boulinier, Gilda, Le Gai Rossignol (celle-ci entièrement rénovée où j’ouvre une carte de fidélité en matière d’antidote) puis je traverse la Seine à pied pour revoir le Quartier Latin et fureter dans les bacs de trottoir des deux Gibert.
Le bus Vingt-Neuf m’emmène près du Book-Off de l’Opéra. J’y rapporte le petit Taschen sur Lucian Freud acheté deux euros la semaine dernière, m’étant aperçu un peu tard qu’il était en anglais. J’en avais déjà enlevé les étiquettes et je n’ai pas le ticket de caisse, mais on veut bien me l’échanger quand même. « Parce que c’est vous », me dit celle auprès de qui je plaide ma cause.
Dans les rayonnages à deux euros de l’étage, je ne trouve pour le remplacer que Le Havre, Auguste Perret et la reconstruction aux Editions de l’Inventaire, puis je remplis mon panier, au rez-de-chaussée, de livres qui m’intéressent davantage, à un euro, dont Lettres d’une vie, la correspondance de Lucrèce Borgia dans l’édition établie par Guy Le Thiec pour Payot. Ce dernier l’avait envoyé « A Monsieur Jean-Pierre Elkabbach, en respectueux hommage ».
*
Faut-il s’étonner si chez Book-Off à l’intercalaire Sarraute on trouve les livres de Claude, la fille ?
*
Nul soliloqueur ce mercredi au comptoir de la Clé des Champs. L’analyse de l’eau potable par celui de la semaine dernière n’était pas de lui, m’a-t-on appris, mais d’un comique dont la vidéo tourne sur les réseaux sociaux.
J’y découvre la nouvelle serveuse, débutante, pleine de bonne volonté. A un moment, elle vient me voir pour me demander si ça va bien. Je ne sais pas ce qui se passerait si je lui répondais : « Non justement, je suis très inquiet pour ma santé ».
Il fait soleil dans la capitale. Je prends donc le bus Vingt pour me rapprocher du Book-Off de la Bastille. J’y entre cinq minutes après l’ouverture et suis accueilli cette fois encore par la voix de Léo Ferré. De Jolie Môme et Thank you Satan à Avec le temps et La Solitude, je fais mon marché et oublie les idées noires qui me trottent dans la tête.
Celles-ci reviennent tandis que je rejoins à pied le quartier Beaubourg afin de déjeuner chez New New. Trois semaines de pommade puis une semaine d’antibiotiques sans que disparaisse ce qui est peut-être le symptôme d’autre chose. Que va m’annoncer mon médecin quand je le reverrai la semaine prochaine, quels examens va-t-il m’imposer ? Ou bien ai-je tort de m’alarmer ?
Il y a du monde dès midi dans le restaurant chinois à volonté pour neuf euros quatre-vingts de l’impasse Beaubourg. Certains se jettent sur le buffet sans prendre le temps d’ôter leur manteau. Un groupe d’une dizaine de stagiaires, dans lequel chacun semble surpris de côtoyer les autres, découvre la nourriture asiatique. Tous mélangent dans une même assiette les nems, les viandes et les nouilles à la chinoise, les sushis et les makis. Ils ne sont pas les seuls à se préparer une telle mixture. Un couple répugnant que je vois ici toutes les fois où j’y mange fait de même (et je les soupçonne d'en mettre dans un sac en plastique pour leur repas du soir).
Derrière moi, deux femmes collègues discutent travail : le problème en France, l’obligation d’avoir des diplômes ; l’ennemi, le chef de service ; le faux ami, le psychologue qui te dira « Apprenez à respirer » ou bien « Ecrivez » ; le moyen de se défendre, le congé de maladie ; l’ultime recours, aller aux prud’hommes.
J’ai encore bien des occasions pour penser à ce qui m’obsède pendant que je fais le tour des librairies de Châtelet : Boulinier, Gilda, Le Gai Rossignol (celle-ci entièrement rénovée où j’ouvre une carte de fidélité en matière d’antidote) puis je traverse la Seine à pied pour revoir le Quartier Latin et fureter dans les bacs de trottoir des deux Gibert.
Le bus Vingt-Neuf m’emmène près du Book-Off de l’Opéra. J’y rapporte le petit Taschen sur Lucian Freud acheté deux euros la semaine dernière, m’étant aperçu un peu tard qu’il était en anglais. J’en avais déjà enlevé les étiquettes et je n’ai pas le ticket de caisse, mais on veut bien me l’échanger quand même. « Parce que c’est vous », me dit celle auprès de qui je plaide ma cause.
Dans les rayonnages à deux euros de l’étage, je ne trouve pour le remplacer que Le Havre, Auguste Perret et la reconstruction aux Editions de l’Inventaire, puis je remplis mon panier, au rez-de-chaussée, de livres qui m’intéressent davantage, à un euro, dont Lettres d’une vie, la correspondance de Lucrèce Borgia dans l’édition établie par Guy Le Thiec pour Payot. Ce dernier l’avait envoyé « A Monsieur Jean-Pierre Elkabbach, en respectueux hommage ».
*
Faut-il s’étonner si chez Book-Off à l’intercalaire Sarraute on trouve les livres de Claude, la fille ?
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Nul soliloqueur ce mercredi au comptoir de la Clé des Champs. L’analyse de l’eau potable par celui de la semaine dernière n’était pas de lui, m’a-t-on appris, mais d’un comique dont la vidéo tourne sur les réseaux sociaux.
J’y découvre la nouvelle serveuse, débutante, pleine de bonne volonté. A un moment, elle vient me voir pour me demander si ça va bien. Je ne sais pas ce qui se passerait si je lui répondais : « Non justement, je suis très inquiet pour ma santé ».
23 septembre 2015
Bonne découverte que celle d’Adresses fantômes de Michel Longuet, né en mil neuf cent quarante-cinq, qui fit des études d’architecture avant de devenir illustrateur et réalisateur de courts-métrages d’animation. Dans ce livre publié chez Grasset en deux mille treize, il montre une sélection de dessins tirés de ses carnets, ceux concernant les adresses parisiennes « ici vécut » de Méliès, Lautrec, Marquet, Gauguin, Atget, Calder, Beckett, Michaux et Follain.
J’aime ses dessins mais encore plus les textes d’accompagnement qui narrent les circonstances dans lesquelles ils ont été faits, tout en constituant une sorte d’autobiographie en tranches ou en creux.
Echantillon :
A peine ai-je esquissé mon premier trait du 10 rue Cail, où Gauguin emménagea avec son fils Clovis, qu’une jeune fille en compose le code. Je me précipite. Savoir qu’un peintre habita l’immeuble est pour elle une bonne nouvelle. Elle s’intéresse à la peinture et sa voisine est critique d’art. Montez, me propose-t-elle. Je me retrouve alors dans un appartement des étages supérieurs, tout blanc. C’est peut-être celui de Gauguin ? dit-elle. En fait non, c’était au second. Comme dans ces séries policières à la TV le samedi soir, j’aurais pu lui arracher ses vêtements et la violer sur place, me dis-je une fois dans la rue.
Et de constater à une autre occasion :
A quoi bon une pince-monseigneur si un carnet de croquis ouvre toutes les portes ?
Plus que par les jeunes filles, c’est par les humains de son sexe qu’est séduit Michel Longuet, comme il l’évoque de-ci de-là se souvenant de sa jeunesse :
Un soir qu’on déambulait avec quelques élèves des Beaux-Arts entre les tables, une vieille Américaine nous invita à la sienne. A ses côtés, un petit monsieur avec une perle piquée dans sa cravate restait silencieux. Oh ! mais appelez-le, me dit l’Américaine le lendemain, il aime bien les jeunes gens. C’est ainsi que débuta ma relation avec Adrien.
Manque la porte cochère de l’hôtel du prince de Condé que j’ouvrais 2 fois par jour il y a 40 ans pour monter chez Pepito.
Dans les deux cas, on n’en saura pas plus.
Ceci encore que j’ai noté :
Le film était projeté dans l’entrée, j’en ai profité pour dessiner les spectateurs. Un couple voulut voir mon dessin. Tenez, leur dis-je, vous êtes là avec la rose. Oh ! merci, dirent-ils. Peut-être, êtes-vous un peu célèbre ?
Et pour finir :
Je dessine ce portrait d’Eugène Atget à la Bpi en m’inspirant d’une photo de Berenice Abbott. J’aime son sourire. Etonné qu’une jeune photographe s’intéresse à lui. Quelques jours plus tard, il était mort.
*
Autre lecture, décevante celle-là, les mémoires d’Edna O’Brien publiés chez Sabine Wespieser sous le titre Fille de la campagne après avoir été traduits de l’anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat. La vieille dame reste dans les généralités et y parle beaucoup trop de ses enfants.
Seul épisode que j’aie envie de sauver, son récit de tentative de première fois :
Je parlai de mes peurs et, les sentant, il me berça dans le creux de son bras, m’appela « Baby » et me dit que je n’avais pas avoir peur car « il pouvait entrer en moi comme dans du beurre ». Carrément choquant.
Montrant du doigt l’horloge murale, je dis qu’elles devaient rentrer à trois heures, ce qui nous laissait onze petites minutes de mamours. Me tenant vigoureusement, il dit qu’il était « un crac » et qu’il pouvait tout boucler en moins que ça. Le rêve d’amour, de ce lien mystique qui rapproche les âmes autant que les corps, était brisé, et je m’arrachai à son étreinte.
*
Et ceci, avant de ranger A travers le vaste monde d’Erika et Klaus Mann (Payot) dans ma bibliothèque :
Quand on a demandé à George Gershwin comment il avait eu l’idée d’écrire sa Rhapsodie, il a répondu : « J’avais vingt et un ans et je vivais à New York. Que pouvais-je faire d’autre ? »
J’aime ses dessins mais encore plus les textes d’accompagnement qui narrent les circonstances dans lesquelles ils ont été faits, tout en constituant une sorte d’autobiographie en tranches ou en creux.
Echantillon :
A peine ai-je esquissé mon premier trait du 10 rue Cail, où Gauguin emménagea avec son fils Clovis, qu’une jeune fille en compose le code. Je me précipite. Savoir qu’un peintre habita l’immeuble est pour elle une bonne nouvelle. Elle s’intéresse à la peinture et sa voisine est critique d’art. Montez, me propose-t-elle. Je me retrouve alors dans un appartement des étages supérieurs, tout blanc. C’est peut-être celui de Gauguin ? dit-elle. En fait non, c’était au second. Comme dans ces séries policières à la TV le samedi soir, j’aurais pu lui arracher ses vêtements et la violer sur place, me dis-je une fois dans la rue.
Et de constater à une autre occasion :
A quoi bon une pince-monseigneur si un carnet de croquis ouvre toutes les portes ?
Plus que par les jeunes filles, c’est par les humains de son sexe qu’est séduit Michel Longuet, comme il l’évoque de-ci de-là se souvenant de sa jeunesse :
Un soir qu’on déambulait avec quelques élèves des Beaux-Arts entre les tables, une vieille Américaine nous invita à la sienne. A ses côtés, un petit monsieur avec une perle piquée dans sa cravate restait silencieux. Oh ! mais appelez-le, me dit l’Américaine le lendemain, il aime bien les jeunes gens. C’est ainsi que débuta ma relation avec Adrien.
Manque la porte cochère de l’hôtel du prince de Condé que j’ouvrais 2 fois par jour il y a 40 ans pour monter chez Pepito.
Dans les deux cas, on n’en saura pas plus.
Ceci encore que j’ai noté :
Le film était projeté dans l’entrée, j’en ai profité pour dessiner les spectateurs. Un couple voulut voir mon dessin. Tenez, leur dis-je, vous êtes là avec la rose. Oh ! merci, dirent-ils. Peut-être, êtes-vous un peu célèbre ?
Et pour finir :
Je dessine ce portrait d’Eugène Atget à la Bpi en m’inspirant d’une photo de Berenice Abbott. J’aime son sourire. Etonné qu’une jeune photographe s’intéresse à lui. Quelques jours plus tard, il était mort.
*
Autre lecture, décevante celle-là, les mémoires d’Edna O’Brien publiés chez Sabine Wespieser sous le titre Fille de la campagne après avoir été traduits de l’anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat. La vieille dame reste dans les généralités et y parle beaucoup trop de ses enfants.
Seul épisode que j’aie envie de sauver, son récit de tentative de première fois :
Je parlai de mes peurs et, les sentant, il me berça dans le creux de son bras, m’appela « Baby » et me dit que je n’avais pas avoir peur car « il pouvait entrer en moi comme dans du beurre ». Carrément choquant.
Montrant du doigt l’horloge murale, je dis qu’elles devaient rentrer à trois heures, ce qui nous laissait onze petites minutes de mamours. Me tenant vigoureusement, il dit qu’il était « un crac » et qu’il pouvait tout boucler en moins que ça. Le rêve d’amour, de ce lien mystique qui rapproche les âmes autant que les corps, était brisé, et je m’arrachai à son étreinte.
*
Et ceci, avant de ranger A travers le vaste monde d’Erika et Klaus Mann (Payot) dans ma bibliothèque :
Quand on a demandé à George Gershwin comment il avait eu l’idée d’écrire sa Rhapsodie, il a répondu : « J’avais vingt et un ans et je vivais à New York. Que pouvais-je faire d’autre ? »
22 septembre 2015
Après quatre heures de marche en bord de Seine, ce dimanche matin, j’enchaîne avec le vide grenier de la Croix de Pierre, pestant contre ses actuels organisateurs qui le mettent chaque année à la même date que le Quai des Livres alors qu’autrefois il avait lieu le samedi. Autant dire qu’à cette heure, c’est probablement foutu pour moi, d’autant qu’il s’y trouve trop de monde, gens du quartier qui se promènent, moutards, poussettes, chiens, chariots et même certains venus là avec leur vélo, comment apercevoir un livre dans ces conditions.
J’en fais néanmoins le tour, saluant qui je connais à la Conjuration des Fourneaux et à L’Insoumise où l’on utilise les immondes poubelles mises devant la librairie par la Mairie socialiste comme support pour une banderole célébrant l’Anarchisme et la Révolution. En chemin, j’achète une part de creumebeule aux poires au stand du restaurant gastronomique Le Saint-Hilaire puis au bout d’une heure de marche infructueuse je rentre déjeuner sans pouvoir davantage profiter de la bonne ambiance qui règne dans ce quartier car je veux passer l'après-midi au Quai, raison pour laquelle j’ai hier averti l’Opéra de Rouen qu’on pouvait y disposer de ma place pour la Grande Messe vénitienne pour la naissance de Louis XIV, office reconstitué avec des pièces de Rovetta, Cavalli et Monteverdi, donnée à seize heures dans l’église Saint-Vivien pour les Journées du Patrimoine.
Au long de la Seine, je remonte le quai en direction du pont Flaubert, remplissant une dernière fois mon sac de livres à bas prix, parmi lesquels les Carnets de la drôle de guerre de Jean-Paul Sartre (Gallimard), puis rentre, épuisé, les pieds cuits.
Rue Saint-Romain, la file d’attente pour entrer gratuitement à l’Historial Jeanne d’Arc atteint quasiment le carrefour avec la rue de la Croix de Fer. A un cinquième de cette file, un panneau annonce une demi-heure d’attente.
Attendre des heures pour visiter un monument ouvert uniquement lors des Journées de Patrimoine, je comprends, mais attendre deux heures et demie pour voir sans payer une attraction ouverte tous les jours sauf le lundi au prix de neuf euros cinquante, c’est donner peu de prix à son temps de liberté (trois euros quatre-vingts de l’heure).
*
C’en est fini du Morrison, bar du soir sis rue des Fossés-Louis-le-Huitième, où j’ai passé de bons moments bien accompagné, assis dans les mêmes fauteuils que chez moi. Après travaux, s’y installera un infantilisant bar à jeux.
*
Guillaume Erner, nouvel animateur des Matins de France Culture, son insupportable voix, son ton France Inter (d’où il vient) espèce d’enthousiasme exagéré qui sonne faux, ses billets d’humeur sentencieux, ses questions floues montrant qu’il ne domine pas le sujet qu’il aborde avec son invité(e).
Il va bien falloir que je m’habitue.
J’en fais néanmoins le tour, saluant qui je connais à la Conjuration des Fourneaux et à L’Insoumise où l’on utilise les immondes poubelles mises devant la librairie par la Mairie socialiste comme support pour une banderole célébrant l’Anarchisme et la Révolution. En chemin, j’achète une part de creumebeule aux poires au stand du restaurant gastronomique Le Saint-Hilaire puis au bout d’une heure de marche infructueuse je rentre déjeuner sans pouvoir davantage profiter de la bonne ambiance qui règne dans ce quartier car je veux passer l'après-midi au Quai, raison pour laquelle j’ai hier averti l’Opéra de Rouen qu’on pouvait y disposer de ma place pour la Grande Messe vénitienne pour la naissance de Louis XIV, office reconstitué avec des pièces de Rovetta, Cavalli et Monteverdi, donnée à seize heures dans l’église Saint-Vivien pour les Journées du Patrimoine.
Au long de la Seine, je remonte le quai en direction du pont Flaubert, remplissant une dernière fois mon sac de livres à bas prix, parmi lesquels les Carnets de la drôle de guerre de Jean-Paul Sartre (Gallimard), puis rentre, épuisé, les pieds cuits.
Rue Saint-Romain, la file d’attente pour entrer gratuitement à l’Historial Jeanne d’Arc atteint quasiment le carrefour avec la rue de la Croix de Fer. A un cinquième de cette file, un panneau annonce une demi-heure d’attente.
Attendre des heures pour visiter un monument ouvert uniquement lors des Journées de Patrimoine, je comprends, mais attendre deux heures et demie pour voir sans payer une attraction ouverte tous les jours sauf le lundi au prix de neuf euros cinquante, c’est donner peu de prix à son temps de liberté (trois euros quatre-vingts de l’heure).
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C’en est fini du Morrison, bar du soir sis rue des Fossés-Louis-le-Huitième, où j’ai passé de bons moments bien accompagné, assis dans les mêmes fauteuils que chez moi. Après travaux, s’y installera un infantilisant bar à jeux.
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Guillaume Erner, nouvel animateur des Matins de France Culture, son insupportable voix, son ton France Inter (d’où il vient) espèce d’enthousiasme exagéré qui sonne faux, ses billets d’humeur sentencieux, ses questions floues montrant qu’il ne domine pas le sujet qu’il aborde avec son invité(e).
Il va bien falloir que je m’habitue.
21 septembre 2015
Comme un vent de folie dans la ruelle ce samedi soir, d’abord des étudiant(e)s en blouse blanche qui en font leur terrain de jeu pour leur crétine cérémonie d’intégration, hurlements, jet d’œufs, farine, mousse à raser, puis le calme revenu c’est un couple de garçons qui s’installe sous ma fenêtre. L’un se déshabille et se transforme en femme, jupe, perruque blonde, rouge à lèvres que lui met l’autre habillé de blanc orientaliste. Ils entrent ainsi dans le jardin de la copropriété où les a précédés un viril cove-boille ressemblant assez à un bûcheron de Tom of Finland. On fête encore un anniversaire chez mes deux voisines à chiens, un petit mot sur la porte s’excuse par avance du bruit afférent.
Je dors donc en retrait dans la petite chambre et ouvre la porte avant la fin de la nuit sur une rue pleine de salissures alimentaires et hygiéniques. Il s’agit d’être parmi les premiers au Quai des Livres rouennais, ce déballage de dizaines de milliers d’ouvrages vendus par des particuliers, des professionnels, des associations (du Secours Pop au Rot Tari), organisé chaque année par la performative association Rouen Conquérant et, comme rien n’est plus lourd que les livres, je vais d’abord chercher ma petite voiture dans l’île Lacroix. Alors que j’en suis près, j’entends quelque part vers le quai haut de la rive gauche un bruit de freinage désespéré suivi d’un crashage. Cinq minutes plus tard, attendant le feu vert au bout de l’île et n’entendant aucune ambulance, je me demande si je n’ai pas rêvé.
Je me le demande une seconde fois, après m’être garé devant l’Opéra et être descendu sur le quai bas de la rive droite, lorsque j’aperçois parmi les déballeurs matutinaux notre Maire. Vendrait-il tous ses Fabius, tous ses Jospin et même ses Mitterrand ? Que non, il n’est là que pour aider sa femme à installer le stand des Amis de Flaubert et Maupassant.
Plus loin, je comprends qu’un claironné « Bonjour monsieur le professeur » m’est destiné. Une ancienne mère d’élève, adhérente d’une association de bienfaisance, se rappelle à mon bon souvenir.
Encore plus loin un autre porteur de cartons m’interpelle. C’est mon ancien camarade d’école, pas fâché finalement, et même d’humeur allègre. Il se moque de ma propension à annoncer tous les six mois que je suis submergé par les livres et qu’il faut que je m’en débarrasse
-Ça ne dure jamais plus d’une journée, se gausse-t-il
Il exagère un peu.
J’admets que je résiste peu à l’achat d’un livre à bas prix, encore moins quand on m’en propose un lot. Avant même le lever du jour, je deviens propriétaire pour douze euros de vingt-sept numéros de la revue L’Arc, ce qui motive une première décharge dans le coffre de la voiture. Ça ne s’arrange pas ensuite, quand s’offre à moi un lot de cinquante-cinq livres de poésie pour cinq euros qu’il faut deux sacs pour contenir, retour à la voiture. S’ajoutent les nombreux que j’achète à l’unité. L’un m’attire irrésistiblement, énorme, muni d’une étiquette « Aventurier de l’âme, ce livre est pour vous », vendu par un couple et ses deux enfants. Je demande le prix.
-Vous m’en donnez combien, me dit le vendeur qui discute avec un photographe de ma connaissance.
-Moins que ce que vous allez m’en demander, lui réponds-je.
Il me dit dix. Je lui propose huit. C’est ainsi que devient mien The Art of Eric Stanton édité par Eric Kroll pour Taschen.
Il est onze heures quand, le coffre plein, je reprends le volant et suis contraint d’entrer dans les rues piétonnières afin de me rapprocher au mieux de mon domicile pour le déchargement.
*
Ceux et celles qui se fichent pas mal des livres du Quai : coureurs à pied, groupes en visite guidée de Journée du Patrimoine, touristes âgés faisant leur gymnastique sous les ordres d’une jeune femme sur le pont d’un bateau de croisière.
*
Au milieu des déballeurs, sous le chapiteau du Salon des Auteurs Normands, une quinzaine d’autoédité(e)s attendent le lecteur avec espoir. Pour faire face aux éventuels malaises causés par une vente quasi nulle, une antenne de la Croix-Rouge a été installée à côté.
Je dors donc en retrait dans la petite chambre et ouvre la porte avant la fin de la nuit sur une rue pleine de salissures alimentaires et hygiéniques. Il s’agit d’être parmi les premiers au Quai des Livres rouennais, ce déballage de dizaines de milliers d’ouvrages vendus par des particuliers, des professionnels, des associations (du Secours Pop au Rot Tari), organisé chaque année par la performative association Rouen Conquérant et, comme rien n’est plus lourd que les livres, je vais d’abord chercher ma petite voiture dans l’île Lacroix. Alors que j’en suis près, j’entends quelque part vers le quai haut de la rive gauche un bruit de freinage désespéré suivi d’un crashage. Cinq minutes plus tard, attendant le feu vert au bout de l’île et n’entendant aucune ambulance, je me demande si je n’ai pas rêvé.
Je me le demande une seconde fois, après m’être garé devant l’Opéra et être descendu sur le quai bas de la rive droite, lorsque j’aperçois parmi les déballeurs matutinaux notre Maire. Vendrait-il tous ses Fabius, tous ses Jospin et même ses Mitterrand ? Que non, il n’est là que pour aider sa femme à installer le stand des Amis de Flaubert et Maupassant.
Plus loin, je comprends qu’un claironné « Bonjour monsieur le professeur » m’est destiné. Une ancienne mère d’élève, adhérente d’une association de bienfaisance, se rappelle à mon bon souvenir.
Encore plus loin un autre porteur de cartons m’interpelle. C’est mon ancien camarade d’école, pas fâché finalement, et même d’humeur allègre. Il se moque de ma propension à annoncer tous les six mois que je suis submergé par les livres et qu’il faut que je m’en débarrasse
-Ça ne dure jamais plus d’une journée, se gausse-t-il
Il exagère un peu.
J’admets que je résiste peu à l’achat d’un livre à bas prix, encore moins quand on m’en propose un lot. Avant même le lever du jour, je deviens propriétaire pour douze euros de vingt-sept numéros de la revue L’Arc, ce qui motive une première décharge dans le coffre de la voiture. Ça ne s’arrange pas ensuite, quand s’offre à moi un lot de cinquante-cinq livres de poésie pour cinq euros qu’il faut deux sacs pour contenir, retour à la voiture. S’ajoutent les nombreux que j’achète à l’unité. L’un m’attire irrésistiblement, énorme, muni d’une étiquette « Aventurier de l’âme, ce livre est pour vous », vendu par un couple et ses deux enfants. Je demande le prix.
-Vous m’en donnez combien, me dit le vendeur qui discute avec un photographe de ma connaissance.
-Moins que ce que vous allez m’en demander, lui réponds-je.
Il me dit dix. Je lui propose huit. C’est ainsi que devient mien The Art of Eric Stanton édité par Eric Kroll pour Taschen.
Il est onze heures quand, le coffre plein, je reprends le volant et suis contraint d’entrer dans les rues piétonnières afin de me rapprocher au mieux de mon domicile pour le déchargement.
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Ceux et celles qui se fichent pas mal des livres du Quai : coureurs à pied, groupes en visite guidée de Journée du Patrimoine, touristes âgés faisant leur gymnastique sous les ordres d’une jeune femme sur le pont d’un bateau de croisière.
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Au milieu des déballeurs, sous le chapiteau du Salon des Auteurs Normands, une quinzaine d’autoédité(e)s attendent le lecteur avec espoir. Pour faire face aux éventuels malaises causés par une vente quasi nulle, une antenne de la Croix-Rouge a été installée à côté.
19 septembre 2015
La Maison de l’Architecture occupant précédemment l’ancienne Galerie Duchoze sur les boulevards a choisi de s’agrandir en centre ville dans le quartier Ubi Guidoline, précisément rue Victor-Hugo dans un immeuble où se tenaient autrefois de façon mitoyenne un brocanteur et un vendeur de luminaires. L’endroit, dont c’est l’inauguration ce vendredi soir, est complètement transformé et absolument blanc.
-On se croirait à New York dans les années quatre-vingt, me dit l’une de mes connaissances, un ancien beauzarteux du temps où l’Ecole des Beaux-Arts était dans le quartier (depuis qu’elle en est partie, ce quartier est devenu vivant).
-On s’attendrait presque à voir arriver Andy Warhol, ajoute-t-il.
-Mais il va venir, lui dis-je.
En attendant nous sommes une foultitude à occuper les deux salles de cette nouvelle Maison de l’Architecture, devenue de Normandie et sous nommée Le Forum. Il y a là toute la profession et ses annexes et bien sûr les élus dont je crains la poignée de main.
Celle qui me la serre soudainement « Bonjour, Charlotte M… » doit être de la profession car elle me dit : « Vous êtes architecte, je suppose ». « Non non » lui dis-je. « Ah, alors vous êtes grand public ». Elle me quitte aussitôt pour aller en serrer une moins grand public.
Une exposition intitulée La maison des super héros nous est proposée. Je la parcours des yeux rapidement. Depuis l’enfance rien ne m’est plus indifférent que le super héros. D’autres sont intéressés et manifestent leur enthousiasme.
-Super expo, déclare Valérie Fourneyron, ancienne Ministre des Sports, que j’ai croisée en début de semaine alors que, bicycliste, elle roulait sur le trottoir devant le Palais de Justice. Super vélo (bleu ciel).
Vient le moment des discours. Pascal Victor, Président, fait l’historique du lieu et remercie à gogo. Yvon Robert, Maire de Rouen, déclame une ode à la construction. Marc-Antoine Jamet, Vice-Président de la Région Haute-Normandie (jusqu’en décembre) et Maire (de luxe) de Val-de-Reuil s’essaie à l’humour et Anne Le Bellégo, Directrice, évoque les évènements à venir.
Il s’agit maintenant de réussir à s’approcher du buffet. Deux piliers de l’Ubi m’y ont adroitement précédé et me disent que leur maison m’est désormais ouverte à quatorze heures. Une coupe de champagne dans une main, un petit four dans l’autre, je me retire, observant de loin un ancien camarade d’école qui ne me dit plus bonjour depuis que j’ai parlé de lui dans ce Journal et qui sait y faire pour piquer dans l’assiette.
Un ancien parent d’élève du temps que je faisais l’instituteur à la maternelle de Saint-Sever vient me dire bonjour. Il travaille dans l’un des plus importants bureaux d’étude rouennais. Je lui demande à quoi servent les rectangles blancs suspendus au plafond et apprends qu’il s’agit d’un chauffage radiant.
Reposer son verre est quasiment aussi difficile que d’en attraper un. Cela fait, j’aperçois une ancienne élève du temps que je faisais l’instituteur au Bec-Hellouin, possédant maintenant cabinet d’architecture à Rouen, mais comme elle est en grande discussion avec ses consœurs, je ne peux lui dire bonjour.
Je monte à l’étage où se trouve l’administration et l’espace dit de médiation. Y seront reçus notamment les groupes scolaires. Des moutards y construisent des bâtiments avec des planchettes de lutins.
-On se croirait à New York dans les années quatre-vingt, me dit l’une de mes connaissances, un ancien beauzarteux du temps où l’Ecole des Beaux-Arts était dans le quartier (depuis qu’elle en est partie, ce quartier est devenu vivant).
-On s’attendrait presque à voir arriver Andy Warhol, ajoute-t-il.
-Mais il va venir, lui dis-je.
En attendant nous sommes une foultitude à occuper les deux salles de cette nouvelle Maison de l’Architecture, devenue de Normandie et sous nommée Le Forum. Il y a là toute la profession et ses annexes et bien sûr les élus dont je crains la poignée de main.
Celle qui me la serre soudainement « Bonjour, Charlotte M… » doit être de la profession car elle me dit : « Vous êtes architecte, je suppose ». « Non non » lui dis-je. « Ah, alors vous êtes grand public ». Elle me quitte aussitôt pour aller en serrer une moins grand public.
Une exposition intitulée La maison des super héros nous est proposée. Je la parcours des yeux rapidement. Depuis l’enfance rien ne m’est plus indifférent que le super héros. D’autres sont intéressés et manifestent leur enthousiasme.
-Super expo, déclare Valérie Fourneyron, ancienne Ministre des Sports, que j’ai croisée en début de semaine alors que, bicycliste, elle roulait sur le trottoir devant le Palais de Justice. Super vélo (bleu ciel).
Vient le moment des discours. Pascal Victor, Président, fait l’historique du lieu et remercie à gogo. Yvon Robert, Maire de Rouen, déclame une ode à la construction. Marc-Antoine Jamet, Vice-Président de la Région Haute-Normandie (jusqu’en décembre) et Maire (de luxe) de Val-de-Reuil s’essaie à l’humour et Anne Le Bellégo, Directrice, évoque les évènements à venir.
Il s’agit maintenant de réussir à s’approcher du buffet. Deux piliers de l’Ubi m’y ont adroitement précédé et me disent que leur maison m’est désormais ouverte à quatorze heures. Une coupe de champagne dans une main, un petit four dans l’autre, je me retire, observant de loin un ancien camarade d’école qui ne me dit plus bonjour depuis que j’ai parlé de lui dans ce Journal et qui sait y faire pour piquer dans l’assiette.
Un ancien parent d’élève du temps que je faisais l’instituteur à la maternelle de Saint-Sever vient me dire bonjour. Il travaille dans l’un des plus importants bureaux d’étude rouennais. Je lui demande à quoi servent les rectangles blancs suspendus au plafond et apprends qu’il s’agit d’un chauffage radiant.
Reposer son verre est quasiment aussi difficile que d’en attraper un. Cela fait, j’aperçois une ancienne élève du temps que je faisais l’instituteur au Bec-Hellouin, possédant maintenant cabinet d’architecture à Rouen, mais comme elle est en grande discussion avec ses consœurs, je ne peux lui dire bonjour.
Je monte à l’étage où se trouve l’administration et l’espace dit de médiation. Y seront reçus notamment les groupes scolaires. Des moutards y construisent des bâtiments avec des planchettes de lutins.
18 septembre 2015
Ce jeudi matin avec mon sac de courses faites chez U Express, place du Général, je tourne le coin de la rue de la République et la trouve barrée et garnie de véhicules de Police et Pompiers. Un fourgon taxi s’est écrasé (malaise du chauffeur, un piéton renversé sans gravité) contre le pilier qui a lui seul soutient le coin de la seule maison non alignée de la rue, sous laquelle je ne pouvais passer sans penser que je n’aimerais pas habiter là, ayant chaque jour peur de la destruction accidentelle de ce pilier sur quoi reposent trois étages. C’est presque fait. Il penche salement mais nul ne semble craindre que la maison s’écroule.
Quand je repasse par-là, l’après-midi, la rue est de nouveau ouverte à la circulation et le pilier de traviole renforcé d’étais métalliques et entouré de barrières. Le commerçant d’en bas est à l’ouvrage dans sa boutique vendant sans avoir l’air inquiet ses articles funéraires.
*
En voilà un qui a une bonne raison de se plaindre, pas comme tous ceux qui geignent sans cesse sur l’augmentation de leurs charges (c’est ainsi qu’ils appellent les cotisations sociales), augmentation qu’en définitive ils ne paient pas puisqu’ils la reportent sur leur prix de vente, la faisant supporter à la clientèle.
Il suffit d’être en ville le matin un peu avant dix heures pour voir dans quelles voitures roulent ces miséreux, d’énormes kat-kat ou de grosses berlines allemandes qui leur sont nécessaires pour venir de leur belle maison sise en banlieue huppée de Rouen ou dans un village de l’Eure.
*
Le boulot du commerçant : rentrer un produit au prix de dix euros, essayer de le vendre cinquante euros, finir par le solder à trente euros, pendant ce temps être assis derrière sa caisse et médire des fonctionnaires (qui le font vivre étant de ses clients) tout en réfléchissant à de prochains travaux dans la boutique afin de bénéficier de la niche fiscale afférente.
*
Bon, je sais, il y a aussi des commerçants pauvres au centre de la ville de Rouen. Ceux-là font faillite avec constance (et comme je l’avais prévu à l’ouverture de leur boutique). Rue du Père-Adam, entre deux magasins venant de fermer, vient de s’installer une marchande de bonbons. Je ne lui en donne pas pour long.
Quand je repasse par-là, l’après-midi, la rue est de nouveau ouverte à la circulation et le pilier de traviole renforcé d’étais métalliques et entouré de barrières. Le commerçant d’en bas est à l’ouvrage dans sa boutique vendant sans avoir l’air inquiet ses articles funéraires.
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En voilà un qui a une bonne raison de se plaindre, pas comme tous ceux qui geignent sans cesse sur l’augmentation de leurs charges (c’est ainsi qu’ils appellent les cotisations sociales), augmentation qu’en définitive ils ne paient pas puisqu’ils la reportent sur leur prix de vente, la faisant supporter à la clientèle.
Il suffit d’être en ville le matin un peu avant dix heures pour voir dans quelles voitures roulent ces miséreux, d’énormes kat-kat ou de grosses berlines allemandes qui leur sont nécessaires pour venir de leur belle maison sise en banlieue huppée de Rouen ou dans un village de l’Eure.
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Le boulot du commerçant : rentrer un produit au prix de dix euros, essayer de le vendre cinquante euros, finir par le solder à trente euros, pendant ce temps être assis derrière sa caisse et médire des fonctionnaires (qui le font vivre étant de ses clients) tout en réfléchissant à de prochains travaux dans la boutique afin de bénéficier de la niche fiscale afférente.
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Bon, je sais, il y a aussi des commerçants pauvres au centre de la ville de Rouen. Ceux-là font faillite avec constance (et comme je l’avais prévu à l’ouverture de leur boutique). Rue du Père-Adam, entre deux magasins venant de fermer, vient de s’installer une marchande de bonbons. Je ne lui en donne pas pour long.
17 septembre 2015
« Tu as ton parapluie ? » me demande celui que je croise à proximité de la gare de Rouen ce mercredi matin. Oui, et à la main, bien qu’aucune goutte ne tombe encore mais le pire est annoncé.
Ce pire tombe vers onze heures à Paris, pendant que je suis à l’intérieur du Book-Off de la Bastille en compagnie de certain(e)s qui renoncent à « affronter le déluge ». Chacun(e) patiente en achetant quelques livres supplémentaires et en écoutant Léo Ferré, le meilleur choix que pouvait faire l’équipe du magasin, du moins pour moi, un cédé débutant par La The Nana, Petite et Les Anarchistes et s’achevant quand la pluie diminue d’intensité par Poètes vos papiers.
Mes livres protégés, j’ouvre mon parapluie. Le carrefour Ledru-Rollin Faubourg Saint-Antoine étant partiellement inondé, c’est par la rue de Charonne que je rejoins le Bistro du Commerce. J’y déjeune d’un caviar d’aubergine au chorizo suivi d’une pièce du boucher sauce au bleu, frites, salade. Avec un quart de bordeaux et un café, cela fait un peu plus de vingt euros.
La pluie ne cessant, je me réfugie d’un coup de métro chez Pompidou où depuis plusieurs semaines le contrôle de sécurité à l’entrée est renforcé, portique de détection des métaux, fouille approfondie des sacs. Monté au sixième, je revois avec un certain plaisir l’exposition Mona Hatoum qui a déçu le critique Lunettes Rouges : « Mona Hatoum s'est rangée, elle a choisi de se plier au marché, sans doute poussée par sa galerie, elle a choisi de faire de plus en plus d'œuvres agréables, séduisantes, illustratives, vendables, mais sans âme, sans profondeur, sans ambiguïté. »
Je descends à l’étage du dessous dont l’entrée est désormais surmontée d’une pelle à neige de Marcel Duchamp En prévision du bras cassé pendue à un fil et qu’il faudrait renommer, tant le fil qui la suspend est mince, En prévision de la fracture du crâne. J’échappe à cette éventualité et baguenaude parmi les œuvres d’art moderne que je connais bien. Assis un long moment face à la Grande Anthropophagie bleue, hommage à Tennessee Williams d’Yves Klein, j’y découvre soudain un animal furieux à grosse tête bondissant vers la gauche. Près de moi, une jeune Asiatique prend des notes et fait des dessins, Elle est rejointe par deux autres. Leur conversation est en français d’apprentissage, de quoi je déduis qu’elles ne sont pas du même pays : « Les profs sont en retard, c’est catastrophe. »
Il pleut encore un peu lorsque, après avoir pris un café à La Clé des Champs, je me charge d’autres livres dans le second Book-Off, parmi lesquels En attendant l’aube recueil de cinq récits de guerre de Mario Rigoni Stern (La Fosse aux Ours), que je lis Chez Léon, et De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts de Thomas De Quincey (L’Etrangère/Gallimard), que je relis en diagonale et en sommeillant dans le train du retour.
*
Pièce du boucher : ainsi ennoblit-on le faux-filet.
*
Un employé de Beaubourg originaire de Chine à sa collègue : « Je ne peux pas être nostalgique de la Chine, tous les paysages de mon enfance ont disparu. »
*
Buveur de bière à la Clé des Champs : « On lave nos voitures avec l’eau potable, on pisse dans l’eau potable, on chie dans l’eau potable, la seule chose qu’on ne fait pas avec l’eau potable, c’est la boire. »
*
Parmi les autres livres rapportés de Paris : Lettres d’adieu, cent quarante missives écrites par des hommes et femmes célèbres juste avant leur mort prévue ou ignorée et réunies par Agathe Colombier Hochberg (Hugo&Cie), le Dictionnaire des citations de Raoul Vaneigem (Librio) et l’Encyclopédie capricieuse du tout et du rien de Charles Dantzig (Grasset).
Ce pire tombe vers onze heures à Paris, pendant que je suis à l’intérieur du Book-Off de la Bastille en compagnie de certain(e)s qui renoncent à « affronter le déluge ». Chacun(e) patiente en achetant quelques livres supplémentaires et en écoutant Léo Ferré, le meilleur choix que pouvait faire l’équipe du magasin, du moins pour moi, un cédé débutant par La The Nana, Petite et Les Anarchistes et s’achevant quand la pluie diminue d’intensité par Poètes vos papiers.
Mes livres protégés, j’ouvre mon parapluie. Le carrefour Ledru-Rollin Faubourg Saint-Antoine étant partiellement inondé, c’est par la rue de Charonne que je rejoins le Bistro du Commerce. J’y déjeune d’un caviar d’aubergine au chorizo suivi d’une pièce du boucher sauce au bleu, frites, salade. Avec un quart de bordeaux et un café, cela fait un peu plus de vingt euros.
La pluie ne cessant, je me réfugie d’un coup de métro chez Pompidou où depuis plusieurs semaines le contrôle de sécurité à l’entrée est renforcé, portique de détection des métaux, fouille approfondie des sacs. Monté au sixième, je revois avec un certain plaisir l’exposition Mona Hatoum qui a déçu le critique Lunettes Rouges : « Mona Hatoum s'est rangée, elle a choisi de se plier au marché, sans doute poussée par sa galerie, elle a choisi de faire de plus en plus d'œuvres agréables, séduisantes, illustratives, vendables, mais sans âme, sans profondeur, sans ambiguïté. »
Je descends à l’étage du dessous dont l’entrée est désormais surmontée d’une pelle à neige de Marcel Duchamp En prévision du bras cassé pendue à un fil et qu’il faudrait renommer, tant le fil qui la suspend est mince, En prévision de la fracture du crâne. J’échappe à cette éventualité et baguenaude parmi les œuvres d’art moderne que je connais bien. Assis un long moment face à la Grande Anthropophagie bleue, hommage à Tennessee Williams d’Yves Klein, j’y découvre soudain un animal furieux à grosse tête bondissant vers la gauche. Près de moi, une jeune Asiatique prend des notes et fait des dessins, Elle est rejointe par deux autres. Leur conversation est en français d’apprentissage, de quoi je déduis qu’elles ne sont pas du même pays : « Les profs sont en retard, c’est catastrophe. »
Il pleut encore un peu lorsque, après avoir pris un café à La Clé des Champs, je me charge d’autres livres dans le second Book-Off, parmi lesquels En attendant l’aube recueil de cinq récits de guerre de Mario Rigoni Stern (La Fosse aux Ours), que je lis Chez Léon, et De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts de Thomas De Quincey (L’Etrangère/Gallimard), que je relis en diagonale et en sommeillant dans le train du retour.
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Pièce du boucher : ainsi ennoblit-on le faux-filet.
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Un employé de Beaubourg originaire de Chine à sa collègue : « Je ne peux pas être nostalgique de la Chine, tous les paysages de mon enfance ont disparu. »
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Buveur de bière à la Clé des Champs : « On lave nos voitures avec l’eau potable, on pisse dans l’eau potable, on chie dans l’eau potable, la seule chose qu’on ne fait pas avec l’eau potable, c’est la boire. »
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Parmi les autres livres rapportés de Paris : Lettres d’adieu, cent quarante missives écrites par des hommes et femmes célèbres juste avant leur mort prévue ou ignorée et réunies par Agathe Colombier Hochberg (Hugo&Cie), le Dictionnaire des citations de Raoul Vaneigem (Librio) et l’Encyclopédie capricieuse du tout et du rien de Charles Dantzig (Grasset).
16 septembre 2015
Je retrouve le chemin qui mène au Tribunal Administratif de Rouen ce lundi matin afin d’y soutenir, à l’appel du Réseau Education Sans Frontières, un père de famille mongol embastillé depuis quelques jours au Centre de Rétention à Oissel. Des pères et mères d’élèves de l’école Marie Houdemare, située en centre ville, où sont scolarisés deux des enfants de cet homme, m’ont précédé, trois venues avec bébé. Sont là aussi la femme de cet homme, l’une de leurs filles pas encore scolarisée et un ami de la famille. Nous sommes rejoints par quelques autres membres du Réseau. Un peu avant onze heures se présente le fourgon d’où sortent sans menottes celui qu’on attend et un autre irrégulier. Ils sont encadrés par deux Policiers et une Policière détendus. Leur avocate, Cécile Madeline du cabinet Eden, s’entretient avec eux.
Arrive une huissière qui déclare « Je vais avoir besoin de vos noms et de vos cartes d’identité ». Tout le monde obtempère, sauf moi qui me glisse directement dans la salle d’audience.
-C’est légal cette façon de faire ? demandé-je à deux membres du Réseau.
Elles évoquent le plan Vigipirate mais je ne suis pas convaincu. Les audiences sont publiques. Je ne vois pas pourquoi il faudrait justifier de son identité.
-Tu as refusé toi ? me demande l’une.
-Non, je suis entré sans aller la voir.
Le second embastillé est un jeune Tunisien barbu en tenue de sport. Il est rejoint par son amie, une Française en longue robe grise, voilée, mâcheuse de chouine-gomme, venue avec une enfant en bas âge portant un souite marqué « très jolie ». D’autres parents d’élèves de Marie Houdemare arrivent à leur tour, plusieurs avec bébé. Je n’ai jamais vu autant d’enfants de cet âge dans ce Tribunal. Ils s’y tiennent bien.
Nous nous levons à l’arrivée du Juge. Il commence par le dossier du Tunisien de dix-neuf ans dont le téléphone sonne bruyamment lorsque Maître Madeline commence à le défendre. Son cas n’est pas des meilleurs. Il a été mis en Centre de Rétention après avoir fait deux mois de prison pour n’avoir pas justifié régulièrement de son assignation à résidence. L’avocate signale au juge que la jeune amie française de son client, ici présente, est enceinte de lui et que la Tunisie n’a pas au bout de quarante-cinq jours répondu à la demande de réadmission et ne le fera peut-être pas.
Est ensuite évoqué le dossier du père mongol, homme placide dont la femme sourit malgré les circonstances. Ils sont en France depuis six ans et ont été déboutés du droit d’asile. Ils ont quatre enfants. Les deux aînés sont scolarisés à Marie Houdemare dont la directrice et une institutrice viennent d’arriver après la fin des classes. Ces deux enfants parlent mieux le français que leur langue natale et portent comme patronyme le prénom de leur père selon la coutume de leur pays d’origine. Les deux plus jeunes, nés en France, ont pour patronyme celui de leur père selon la coutume d’ici. Comment les autorités chinoises pourraient-elles accepter cela ? D’autant qu’un couple de mongols n’est autorisé qu’à avoir deux enfants.
Le Juge se retire pour délibérer et revient vers treize heures pour annoncer que le jeune Tunisien restera au Centre de Rétention et que le père de famille mongol peut rentrer chez lui mais reste sous l’Obligation de Quitter le Territoire Français. Les parents et les enseignantes de Marie Houdemare poussent un soupir de soulagement tandis que le jeune homme se lève et demande au Juge pourquoi lui il n’est pas libéré.
-Votre avocate vous l’expliquera, déclare celui-ci avant de quitter la salle.
Furieux, le déçu s’emporte dans l’entrée du Tribunal. Les Policiers s’emploient à le calmer avant de le ramener à Oissel.
*
Quatre ans de procédure d’asile pour cette famille de Mongolie Intérieure qui, bien que déboutée, loge encore dans les locaux du Cada (Centre d’Accueil pour Demandeur d’Asile). Un jugement du Tribunal d’Instance lui a accordé un délai de six mois à compter de juin dernier pour partir. C’est sans doute la raison pour laquelle le Préfet de Seine-Maritime a demandé le placement du père en Centre de Rétention, il faut faire de la place pour l’arrivée des Syriens.
*
Une loi récemment votée vise à raccourcir le délai d’étude des dossiers de demande d’asile. Cela est présenté comme un progrès, mais pour les déboutés l’expulsion sera plus facile puisqu’ils n’auront pas le temps de faire naître des enfants en France ni d’en mettre d’autres déjà nés à l’école suffisamment longtemps pour qu’ils y apprennent le français.
Arrive une huissière qui déclare « Je vais avoir besoin de vos noms et de vos cartes d’identité ». Tout le monde obtempère, sauf moi qui me glisse directement dans la salle d’audience.
-C’est légal cette façon de faire ? demandé-je à deux membres du Réseau.
Elles évoquent le plan Vigipirate mais je ne suis pas convaincu. Les audiences sont publiques. Je ne vois pas pourquoi il faudrait justifier de son identité.
-Tu as refusé toi ? me demande l’une.
-Non, je suis entré sans aller la voir.
Le second embastillé est un jeune Tunisien barbu en tenue de sport. Il est rejoint par son amie, une Française en longue robe grise, voilée, mâcheuse de chouine-gomme, venue avec une enfant en bas âge portant un souite marqué « très jolie ». D’autres parents d’élèves de Marie Houdemare arrivent à leur tour, plusieurs avec bébé. Je n’ai jamais vu autant d’enfants de cet âge dans ce Tribunal. Ils s’y tiennent bien.
Nous nous levons à l’arrivée du Juge. Il commence par le dossier du Tunisien de dix-neuf ans dont le téléphone sonne bruyamment lorsque Maître Madeline commence à le défendre. Son cas n’est pas des meilleurs. Il a été mis en Centre de Rétention après avoir fait deux mois de prison pour n’avoir pas justifié régulièrement de son assignation à résidence. L’avocate signale au juge que la jeune amie française de son client, ici présente, est enceinte de lui et que la Tunisie n’a pas au bout de quarante-cinq jours répondu à la demande de réadmission et ne le fera peut-être pas.
Est ensuite évoqué le dossier du père mongol, homme placide dont la femme sourit malgré les circonstances. Ils sont en France depuis six ans et ont été déboutés du droit d’asile. Ils ont quatre enfants. Les deux aînés sont scolarisés à Marie Houdemare dont la directrice et une institutrice viennent d’arriver après la fin des classes. Ces deux enfants parlent mieux le français que leur langue natale et portent comme patronyme le prénom de leur père selon la coutume de leur pays d’origine. Les deux plus jeunes, nés en France, ont pour patronyme celui de leur père selon la coutume d’ici. Comment les autorités chinoises pourraient-elles accepter cela ? D’autant qu’un couple de mongols n’est autorisé qu’à avoir deux enfants.
Le Juge se retire pour délibérer et revient vers treize heures pour annoncer que le jeune Tunisien restera au Centre de Rétention et que le père de famille mongol peut rentrer chez lui mais reste sous l’Obligation de Quitter le Territoire Français. Les parents et les enseignantes de Marie Houdemare poussent un soupir de soulagement tandis que le jeune homme se lève et demande au Juge pourquoi lui il n’est pas libéré.
-Votre avocate vous l’expliquera, déclare celui-ci avant de quitter la salle.
Furieux, le déçu s’emporte dans l’entrée du Tribunal. Les Policiers s’emploient à le calmer avant de le ramener à Oissel.
*
Quatre ans de procédure d’asile pour cette famille de Mongolie Intérieure qui, bien que déboutée, loge encore dans les locaux du Cada (Centre d’Accueil pour Demandeur d’Asile). Un jugement du Tribunal d’Instance lui a accordé un délai de six mois à compter de juin dernier pour partir. C’est sans doute la raison pour laquelle le Préfet de Seine-Maritime a demandé le placement du père en Centre de Rétention, il faut faire de la place pour l’arrivée des Syriens.
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Une loi récemment votée vise à raccourcir le délai d’étude des dossiers de demande d’asile. Cela est présenté comme un progrès, mais pour les déboutés l’expulsion sera plus facile puisqu’ils n’auront pas le temps de faire naître des enfants en France ni d’en mettre d’autres déjà nés à l’école suffisamment longtemps pour qu’ils y apprennent le français.
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