Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
14 mai 2016
Et plus j’avançais dans ma lecture, plus je sentais nettement que je m’attachais à cet homme et que j’étais incapable de le définir sans ambiguïté. Certains passages me causaient du dégoût, d’autres suscitaient le respect et même l’admiration. Que de fiel, que de compassion, quelle indépendance et quelle petitesse. Il était heureux lorsqu’il parvenait à arracher un chien errant à la fourrière, fier de la tempête de protestations qu’il déchaînait en traitant Jeanne d’Arc de fille à soldats, et pleinement satisfait lorsque, dans une critique de théâtre, il blessait douloureusement l’auteur.
Ainsi parle Kazimierz Brandys de Paul Léautaud et de son Journal dans Hôtel d’Alsace et autres adresses (publié en France par Gallimard dans la collection Le Messager), ouvrage dans lequel l’écrivain présente à ses lecteurs polonais trois collègues décédés plus ou moins scandaleux peu ou pas connus dans ce pays : Oscar Wilde, André Gide, Paul Léautaud. C’est pour ce dernier que j’ai acheté l’exemplaire proposé un euro chez Book-Off, il y a un certain temps.
Voici comment Kazimierz Brandys évoque le père et la naissance de Paul Léautaud :
Firmin Léautaud, acteur de second ordre, vivait depuis deux ans avec une jeune personne du nom de Fanny Forestier. Un jour, la jeune sœur de Fanny, Jeanne, leur rendit visite. Il se faisait tard et le maître de maison jugea plus raisonnable de lui accorder l’hospitalité jusqu’au lendemain. Ils passèrent la nuit à trois dans un grand lit, Firmin Léautaud entre les deux sœurs. Par habitude, il entreprit d’abord l’aînée, et Jeanne, âgée de seize ans, étendue près d’eux, fit connaissance avec l’intégralité des rapports unissant un homme et une femme. Après quoi elle en fit elle-même l’expérience. La chose eut lieu malgré les protestations de Fanny qui, le lendemain, s’en retourna chez ses parents. Firmin se mit en ménage avec Jeanne. Paul Léautaud naquit le 18 janvier 1872. Au bout de trois jours, Jeanne Forestier abandonnait l’enfant au père.
(…)
Après le départ de Jeanne, Léautaud –le père–, ancien acteur, plus tard souffleur à la Comédie-Française, continue de faire venir chez lui, pour la nuit, des adeptes des mœurs légères, le plus souvent des mineures, et il finit par épouser une mauvaise fille prénommée Louise. Il avait quarante-huit ans ; elle, quinze.
(…)
La toile de fond de ces évènements était le quartier Montmartre, le père habitait rue du Martyrs.
Concernant le Journal de Léautaud (Pour lui, l’existence doit être prise en note, alors seulement elle est la vie. Et inversement : l’écriture doit être enracinée dans la vie pour devenir littérature.), Brandys s’avoue gêné pour employer certains mots qui y figurent et choqueraient les Polonais.
« Je ne suis pas méchant pour deux sous, expliquait-il dans une lettre à Rouveyre. Je suis vif, spontané, je dis carrément ce que je pense, voilà tout. » Et ailleurs : « J’ai toujours rencontré si peu d’esprit autour de moi qu’il a bien fallu que j’utilise le mien. » « On me trouve immoral, subversif, sans respect ; je n’exprime pas le quart, sur toutes choses, de ce que je pense. »
Dans les dernières années du journal, note Brandys, apparaît Irène, seize ans, Léautaud n’en attend pas d’expériences amoureuses au sens naturel, mais il y a des satisfactions de substitution. Il a noté la remarque de cette admiratrice sagace pour son âge : « C’est curieux comme tu es phallique. » Il approchait alors de ses quatre-vingts ans.
*
Dans ce même livre, Brandys à propos d’Oscar Wilde : Sachant qu’en Pologne le seul fait de parler aujourd’hui d’Oscar Wilde paraîtra hors de saison, je me demande pourquoi j’écris à son sujet, pour qui.
Et de citer l’écrivain en question :
Ce que je crains le plus, c’est de n’être pas incompris.
Ainsi parle Kazimierz Brandys de Paul Léautaud et de son Journal dans Hôtel d’Alsace et autres adresses (publié en France par Gallimard dans la collection Le Messager), ouvrage dans lequel l’écrivain présente à ses lecteurs polonais trois collègues décédés plus ou moins scandaleux peu ou pas connus dans ce pays : Oscar Wilde, André Gide, Paul Léautaud. C’est pour ce dernier que j’ai acheté l’exemplaire proposé un euro chez Book-Off, il y a un certain temps.
Voici comment Kazimierz Brandys évoque le père et la naissance de Paul Léautaud :
Firmin Léautaud, acteur de second ordre, vivait depuis deux ans avec une jeune personne du nom de Fanny Forestier. Un jour, la jeune sœur de Fanny, Jeanne, leur rendit visite. Il se faisait tard et le maître de maison jugea plus raisonnable de lui accorder l’hospitalité jusqu’au lendemain. Ils passèrent la nuit à trois dans un grand lit, Firmin Léautaud entre les deux sœurs. Par habitude, il entreprit d’abord l’aînée, et Jeanne, âgée de seize ans, étendue près d’eux, fit connaissance avec l’intégralité des rapports unissant un homme et une femme. Après quoi elle en fit elle-même l’expérience. La chose eut lieu malgré les protestations de Fanny qui, le lendemain, s’en retourna chez ses parents. Firmin se mit en ménage avec Jeanne. Paul Léautaud naquit le 18 janvier 1872. Au bout de trois jours, Jeanne Forestier abandonnait l’enfant au père.
(…)
Après le départ de Jeanne, Léautaud –le père–, ancien acteur, plus tard souffleur à la Comédie-Française, continue de faire venir chez lui, pour la nuit, des adeptes des mœurs légères, le plus souvent des mineures, et il finit par épouser une mauvaise fille prénommée Louise. Il avait quarante-huit ans ; elle, quinze.
(…)
La toile de fond de ces évènements était le quartier Montmartre, le père habitait rue du Martyrs.
Concernant le Journal de Léautaud (Pour lui, l’existence doit être prise en note, alors seulement elle est la vie. Et inversement : l’écriture doit être enracinée dans la vie pour devenir littérature.), Brandys s’avoue gêné pour employer certains mots qui y figurent et choqueraient les Polonais.
« Je ne suis pas méchant pour deux sous, expliquait-il dans une lettre à Rouveyre. Je suis vif, spontané, je dis carrément ce que je pense, voilà tout. » Et ailleurs : « J’ai toujours rencontré si peu d’esprit autour de moi qu’il a bien fallu que j’utilise le mien. » « On me trouve immoral, subversif, sans respect ; je n’exprime pas le quart, sur toutes choses, de ce que je pense. »
Dans les dernières années du journal, note Brandys, apparaît Irène, seize ans, Léautaud n’en attend pas d’expériences amoureuses au sens naturel, mais il y a des satisfactions de substitution. Il a noté la remarque de cette admiratrice sagace pour son âge : « C’est curieux comme tu es phallique. » Il approchait alors de ses quatre-vingts ans.
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Dans ce même livre, Brandys à propos d’Oscar Wilde : Sachant qu’en Pologne le seul fait de parler aujourd’hui d’Oscar Wilde paraîtra hors de saison, je me demande pourquoi j’écris à son sujet, pour qui.
Et de citer l’écrivain en question :
Ce que je crains le plus, c’est de n’être pas incompris.
13 mai 2016
Un concert dirigé par Antony Hermus, c’est un bon moment en perspective. Confiant, je me dirige ce jeudi soir vers l’Opéra de Rouen où au programme sont Johannes Brahms et Antonin Dvořák.
J’y ai bonne place au premier rang de la corbeille, d’où voir tous les instruments de l’Orchestre. Cela commence par un court hommage : Brahms-Fantasie, « Héliogravure » pour orchestre de Detlev Glanert, compositeur allemand né en mil neuf cent soixante, une œuvre qui ne peut rebuter les habituels rétifs aux compositeurs pas encore morts.
Antony Hermus, le leprechaun comme l’appelait celle qui travaille actuellement à Venise, revient en compagnie de Jane Peters, violon solo de l’Orchestre, et de Pieter Wispelwey, violoncelliste de renom doté d’un Giovanni Battista Guadagnini de mil sept cent soixante. Ce dernier n’a pas besoin de partition pour jouer sa partie du Double concerto en la mineur de Johannes Brahms, double dialogue des solistes entre eux et des solistes avec l’Orchestre qu'ordonne le chef à la baguette sure (lequel ne manque pas d’interrompre d’un geste impérieux un applaudissement prématuré à la fin du premier mouvement). Pieter Wispelwey, très attentif à sa compagne de jeu, sort des sons étonnants de son instrument. C’est un gros succès pour tout le monde à l’arrivée.
Après l’entracte, c’est au tour du maestro de se passer de partition pour la Symphonie numéro huit en sol majeur d’Antonin Dvořák dont il fait une lecture expressive et limpide. C’est donc un triomphe pour Antony Hermus, rappelé et ovationné de nombreuses fois, et pour les musicien(ne)s qui semblent ravi(e)s d’être dirigé(e)s par lui. Comme il me plairait qu’il soit le chef principal de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen.
*
Ce jeudi matin, en chemin pour le Centre des Impôts où je veux glisser ma déclaration dans la boîte marquée Rouen, je me laisse encore une fois happer devant la Cathédrale par l’envol d’une grosse cloche. Celle-ci posée en hauteur, je traverse la Seine. Rive gauche, l’espace vert croît sur le quai bas.
Mon enveloppe mise dans la boîte, je vais voir à quoi ressemble le marché à la brocante de la place des Emmurées. Il n’est guère vivant. J’y vois peu de livres et aucun pouvant m’intéresser.
Au stand de Joseph Trotta une femme feuillette Les entités de l’astral.
-C’est combien ? lui demande-t-elle.
Il parcourt l’ouvrage et lui annonce trois euros. Elle commet alors l’irréparable :
-Un euro, ça irait pas ?
-Non !
J’y ai bonne place au premier rang de la corbeille, d’où voir tous les instruments de l’Orchestre. Cela commence par un court hommage : Brahms-Fantasie, « Héliogravure » pour orchestre de Detlev Glanert, compositeur allemand né en mil neuf cent soixante, une œuvre qui ne peut rebuter les habituels rétifs aux compositeurs pas encore morts.
Antony Hermus, le leprechaun comme l’appelait celle qui travaille actuellement à Venise, revient en compagnie de Jane Peters, violon solo de l’Orchestre, et de Pieter Wispelwey, violoncelliste de renom doté d’un Giovanni Battista Guadagnini de mil sept cent soixante. Ce dernier n’a pas besoin de partition pour jouer sa partie du Double concerto en la mineur de Johannes Brahms, double dialogue des solistes entre eux et des solistes avec l’Orchestre qu'ordonne le chef à la baguette sure (lequel ne manque pas d’interrompre d’un geste impérieux un applaudissement prématuré à la fin du premier mouvement). Pieter Wispelwey, très attentif à sa compagne de jeu, sort des sons étonnants de son instrument. C’est un gros succès pour tout le monde à l’arrivée.
Après l’entracte, c’est au tour du maestro de se passer de partition pour la Symphonie numéro huit en sol majeur d’Antonin Dvořák dont il fait une lecture expressive et limpide. C’est donc un triomphe pour Antony Hermus, rappelé et ovationné de nombreuses fois, et pour les musicien(ne)s qui semblent ravi(e)s d’être dirigé(e)s par lui. Comme il me plairait qu’il soit le chef principal de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen.
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Ce jeudi matin, en chemin pour le Centre des Impôts où je veux glisser ma déclaration dans la boîte marquée Rouen, je me laisse encore une fois happer devant la Cathédrale par l’envol d’une grosse cloche. Celle-ci posée en hauteur, je traverse la Seine. Rive gauche, l’espace vert croît sur le quai bas.
Mon enveloppe mise dans la boîte, je vais voir à quoi ressemble le marché à la brocante de la place des Emmurées. Il n’est guère vivant. J’y vois peu de livres et aucun pouvant m’intéresser.
Au stand de Joseph Trotta une femme feuillette Les entités de l’astral.
-C’est combien ? lui demande-t-elle.
Il parcourt l’ouvrage et lui annonce trois euros. Elle commet alors l’irréparable :
-Un euro, ça irait pas ?
-Non !
12 mai 2016
Avant que la pluie ne vienne ce mercredi à Paris, j’ai le temps d’aller à pied du marché d’Aligre au restaurant chinois New New impasse Beaubourg où l’une des convives est contente d’avoir trouvé une crédence pour sa cuisine. Ne sachant pas ce que c’est, je ne peux partager sa joie.
Il pleut sévèrement quand je ressors. Aussi j’entre au Centre Pompidou et vais voir le nouvel accrochage de l’étage Art Contemporain. Il se présente sous la forme d’une exposition intitulée Cher(e)s Ami(e)s regroupant des œuvres offertes au Musée par des personnes privées, par leurs auteur(e)s, par des galeries, des fondations ou des groupes d’amis. Rien de ce que j’y vois ne me retient. Il est même certaines de ces œuvres que je m’empresserais de remettre en réserve si j’en avais le pouvoir.
La pluie redoublant, je passe à l’étage Art Moderne où il y a toujours de quoi me plaire, puis m’y assois en attendant l’accalmie. Près de moi est un visiteur chinois qui a enlevé ses chaussures. Un gardien passant par là pointe du doigt l’objet du délit. Le coupable se rechausse illico.
Les passages couverts sont une bénédiction les jours de pluie. Celui de Choiseul me permet d’aller du café La Clef des Champs au Book-Off de l’Opéra Garnier sans ouvrir le parapluie. Pour protéger les livres achetés n’y sont disponibles que des sacs de petit format. Finis les sacs noirs de grand format que je recyclais en sacs poubelle.
Bientôt, il n’y aura plus que des sacs blancs « eco friendly » à vingt centimes. C’est émouvant de voir ainsi le monde s’améliorer.
Il pleut sévèrement quand je ressors. Aussi j’entre au Centre Pompidou et vais voir le nouvel accrochage de l’étage Art Contemporain. Il se présente sous la forme d’une exposition intitulée Cher(e)s Ami(e)s regroupant des œuvres offertes au Musée par des personnes privées, par leurs auteur(e)s, par des galeries, des fondations ou des groupes d’amis. Rien de ce que j’y vois ne me retient. Il est même certaines de ces œuvres que je m’empresserais de remettre en réserve si j’en avais le pouvoir.
La pluie redoublant, je passe à l’étage Art Moderne où il y a toujours de quoi me plaire, puis m’y assois en attendant l’accalmie. Près de moi est un visiteur chinois qui a enlevé ses chaussures. Un gardien passant par là pointe du doigt l’objet du délit. Le coupable se rechausse illico.
Les passages couverts sont une bénédiction les jours de pluie. Celui de Choiseul me permet d’aller du café La Clef des Champs au Book-Off de l’Opéra Garnier sans ouvrir le parapluie. Pour protéger les livres achetés n’y sont disponibles que des sacs de petit format. Finis les sacs noirs de grand format que je recyclais en sacs poubelle.
Bientôt, il n’y aura plus que des sacs blancs « eco friendly » à vingt centimes. C’est émouvant de voir ainsi le monde s’améliorer.
11 mai 2016
J’ai une excellente place en corbeille, une de celles réservées aux abonnés de première catégorie, qui ne viennent pas tous quand il s’agit de jazz comme ce lundi soir où l’Opéra de Rouen reçoit Chucho Valdès and The Afro-Cuban Messengers dont je n’ai jamais entendu parler. La température dans la salle est adaptée à la musique que l’on va y entendre.
Après la présentation de Michel Jules, Président de Rouen Jazz Action, cinq musiciens prennent place et Chucho Valdès les rejoint au piano, au programme leur dernier disque Border-Free. Il s’agit effectivement d’une musique sans frontières alliant les rythmes cubains, le jazz américain, le mambo, le tango, le classique (Bach, Chopin), etc., très bien jouée, et c’est donc pour moi une soirée agréable, sans plus.
*
Le matin de ce même jour, vers onze heures et demie, je fais le badaud avec beaucoup d’autres devant la Cathédrale. Une imposante grue télescopique y stationne, utilisée pour l’installation des cloches nouvelles ou restaurées dans la tour Saint Romain.
Germaine (ainsi nommée en l’honneur de la femme du Président Coty) est sur le pavé. Elle pèse quatre tonnes et demie. Un homme lui grimpe dessus pour installer autour de son joug les lanières qui permettent de l’accrocher à la grue, puis elle est déplacée un peu plus loin tandis que les hommes s’organisent pour la suite. Cela dure un peu. Un impatient demande au conducteur de la grue dans combien de temps.
-Si vous me payez l’apéro, j’y vais.
Il y va peu après. Germaine s’élève dans les airs et est délicatement déposée sur la plateforme d’un échafaudage d’où elle sera glissée dans la tour.
Après la présentation de Michel Jules, Président de Rouen Jazz Action, cinq musiciens prennent place et Chucho Valdès les rejoint au piano, au programme leur dernier disque Border-Free. Il s’agit effectivement d’une musique sans frontières alliant les rythmes cubains, le jazz américain, le mambo, le tango, le classique (Bach, Chopin), etc., très bien jouée, et c’est donc pour moi une soirée agréable, sans plus.
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Le matin de ce même jour, vers onze heures et demie, je fais le badaud avec beaucoup d’autres devant la Cathédrale. Une imposante grue télescopique y stationne, utilisée pour l’installation des cloches nouvelles ou restaurées dans la tour Saint Romain.
Germaine (ainsi nommée en l’honneur de la femme du Président Coty) est sur le pavé. Elle pèse quatre tonnes et demie. Un homme lui grimpe dessus pour installer autour de son joug les lanières qui permettent de l’accrocher à la grue, puis elle est déplacée un peu plus loin tandis que les hommes s’organisent pour la suite. Cela dure un peu. Un impatient demande au conducteur de la grue dans combien de temps.
-Si vous me payez l’apéro, j’y vais.
Il y va peu après. Germaine s’élève dans les airs et est délicatement déposée sur la plateforme d’un échafaudage d’où elle sera glissée dans la tour.
10 mai 2016
Arrivé un quart d’heure en avance devant le temple Saint-Eloi pour la désormais habituelle soirée Hélios Azoulay du Huit Mai, durant laquelle il évoque musicalement et verbalement la musique composée par les déporté(e)s dans les camps nazis, un évènement curieusement inclus dans le programme du Curieux Printemps organisé par la Mairie de Rouen et la Métropole, je constate que je suis loin d’être le premier.
Tant pis, me dis-je, je verrai ça de loin entre deux têtes et les genoux coincés par la chaise de devant. Certains ont à la main un ticket rose attestant qu’ils ont réservé. D’autres, comme moi, ne l’ont pas. Bientôt, quelques-uns se débrouillent pour en obtenir un avant les autres en quittant la file puis en se glissant dans l’édifice d’où ils reviennent l’air triomphant. Pire, l’un que je connais obtient des organisateurs le droit d’entrer avant tout le monde. Il fait signe à deux femmes qui attendaient. Elles quittent la file et tous trois disparaissent à l’intérieur.
Cela me suffit pour que je décide de rentrer chez moi
*
En lieu et place, je poursuis ma lecture du Journal de Ruth Maier publié par K&B Editeurs, sous-titré De 1933 à 1942, une jeune fille face à la terreur nazie. L’auteure réfugiée en Norvège fut arrêtée à Oslo le vingt-six novembre mil neuf cent quarante-deux et déportée à Auschwitz où elle fut tuée dès son arrivée.
Mercredi 5 octobre 1938, Vienne
Il est tôt, la rue est déserte. Un juif, jeune, bien vêtu, arrive au coin. Deux SS surgissent. L’un, puis l’autre, donne une gifle au juif qui en vacille… se tient la tête… et poursuit son chemin.
Moi Ruth Maier, dix-huit ans, je demande en tant qu’être humain, je demande au monde si une scène telle que celle-là est admissible… Je demande pourquoi il est possible à un teuton, un Allemand, de gifler un juif, pour la simple raison qu’il est allemand et que l’autre est juif !
Je ne parle pas des pogroms, des débordements contre les juifs, des bris de fenêtres et des pillages d’appartements… Ce n’est pas dans ces choses-là que la vulgarité sans fond trouve son expression la pire. Mais là, dans cette gifle.
Tant pis, me dis-je, je verrai ça de loin entre deux têtes et les genoux coincés par la chaise de devant. Certains ont à la main un ticket rose attestant qu’ils ont réservé. D’autres, comme moi, ne l’ont pas. Bientôt, quelques-uns se débrouillent pour en obtenir un avant les autres en quittant la file puis en se glissant dans l’édifice d’où ils reviennent l’air triomphant. Pire, l’un que je connais obtient des organisateurs le droit d’entrer avant tout le monde. Il fait signe à deux femmes qui attendaient. Elles quittent la file et tous trois disparaissent à l’intérieur.
Cela me suffit pour que je décide de rentrer chez moi
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En lieu et place, je poursuis ma lecture du Journal de Ruth Maier publié par K&B Editeurs, sous-titré De 1933 à 1942, une jeune fille face à la terreur nazie. L’auteure réfugiée en Norvège fut arrêtée à Oslo le vingt-six novembre mil neuf cent quarante-deux et déportée à Auschwitz où elle fut tuée dès son arrivée.
Mercredi 5 octobre 1938, Vienne
Il est tôt, la rue est déserte. Un juif, jeune, bien vêtu, arrive au coin. Deux SS surgissent. L’un, puis l’autre, donne une gifle au juif qui en vacille… se tient la tête… et poursuit son chemin.
Moi Ruth Maier, dix-huit ans, je demande en tant qu’être humain, je demande au monde si une scène telle que celle-là est admissible… Je demande pourquoi il est possible à un teuton, un Allemand, de gifler un juif, pour la simple raison qu’il est allemand et que l’autre est juif !
Je ne parle pas des pogroms, des débordements contre les juifs, des bris de fenêtres et des pillages d’appartements… Ce n’est pas dans ces choses-là que la vulgarité sans fond trouve son expression la pire. Mais là, dans cette gifle.
9 mai 2016
Nous ne sommes qu’une poignée dans le train de six heures quarante pour Dieppe. Le contrôleur s’ennuie. Il vient s’asseoir dans la voiture dont je suis le seul occupant et explore son téléphone. Il peut néanmoins se rendre utile à Longueville-sur-Scie où montent trois femmes à qui il vend un billet. La campagne normande est belle et peuplée d’animaux de boucherie.
Arrivé à Dieppe à marée basse, je passe les deux ponts, le levant, le tournant, et me voici au Pollet, ce quartier de pêcheurs et d’ouvriers que j’apprécie fort. S’y déroule ce samedi ce qu’on appelle la braderie et qui est surtout un vide grenier. Je sais par expérience que j’y trouverai peu ou rien car ici on lit surtout des policiers et Lévy-Musso.
Je vois aussi plusieurs exemplaires de Cinquante nuances de Grey. Serait-ce parce qu’un des bars s’appelle La Cravache d’Or ? Les autres estaminets ont pour nom La Cale, La Cambuse, Au Coup de Roulis. Il y a aussi mon préféré, le Mieux Ici Qu’en Face, mais le matin il ne porte pas bien son nom, étant à l’ombre.
Une femme vend le numéro un d’Actuel, dernière formule. Il ne m’intéresse pas mais je lui en demande le prix.
-Vous avez remarqué que c’est le numéro un, me dit-elle (j’aurais eu du mal à ne pas, c’est écrit en gros sur la laide couverture).
-Il faut toujours acheter les numéros un, poursuit-elle, ça prend de la valeur.
-Vous le vendez combien ?
-Cinq euros.
Il coûtait trente francs à sa sortie. La plus-value est mince. Je le repose. Elle essaie de me retenir en m’expliquant qu’il y a des gens qui font collection des numéros un des revues.
-Je sais, lui dis-je, et parmi toutes les collections, c’est sans doute la plus stupide.
Je repasse les ponts afin de trouver le soleil à la terrasse du Tout Va Bien. J’y lis Mémoire de fille d’Annie Ernaux, peut-être son meilleur livre.
A midi pile, je m’installe à l’une des tables de trottoir du Nautic d’où j’ai vue sur les bateaux de pêche à marée haute entre deux poubelles qui débordent. J’y déjeune d’une assiette de fruits de mer (crevettes, bulots, bigorneaux) suivie d’une choucroute de la mer et de deux choux à la crème, cela en buvant du chardonnay et en regardant passer d’incroyables familles sorties de je ne sais quelles contrées. Certaines cherchent une table dedans ou dehors dans tous les restaurants du quai mais à midi et demi leur constat est unanime : « Le problème, c’est qu’y a plus de place nulle part. »
Après le café et un règlement de vingt-six euros, je vais voir la mer côté plage où l’on fait file pour manger devant chaque gargote tandis qu’arrive le bateau d’Angleterre puis je me réfugie loin du tourisme à la terrasse de La Potinière près de l’église Saint-Rémy. J’y poursuis Mémoire de fille en attendant l’heure du train de retour.
Celui-ci, le seize heures neuf, est bien rempli et permet au contrôleur de justifier son salaire. Plus qu’à traverser Rouen à pied jusqu’à la maison, je suis encore dans la venelle que je sais déjà qu’Aboyus est de retour.
*
Au Nautic près de moi mange une famille de quatre : papa, maman et son cinq ans d’un premier lit (comme on disait) et le deux ans des deux.
Le père :
-Ça aurait été bien qu’il mange autre chose que des frites.
La mère :
-Ça va, il retourne à la crèche dès lundi, t’inquiète.
*
On trouve le numéro un d’Actuel (dernière formule) à quatre-vingt-dix centimes sur Price Minister.
Arrivé à Dieppe à marée basse, je passe les deux ponts, le levant, le tournant, et me voici au Pollet, ce quartier de pêcheurs et d’ouvriers que j’apprécie fort. S’y déroule ce samedi ce qu’on appelle la braderie et qui est surtout un vide grenier. Je sais par expérience que j’y trouverai peu ou rien car ici on lit surtout des policiers et Lévy-Musso.
Je vois aussi plusieurs exemplaires de Cinquante nuances de Grey. Serait-ce parce qu’un des bars s’appelle La Cravache d’Or ? Les autres estaminets ont pour nom La Cale, La Cambuse, Au Coup de Roulis. Il y a aussi mon préféré, le Mieux Ici Qu’en Face, mais le matin il ne porte pas bien son nom, étant à l’ombre.
Une femme vend le numéro un d’Actuel, dernière formule. Il ne m’intéresse pas mais je lui en demande le prix.
-Vous avez remarqué que c’est le numéro un, me dit-elle (j’aurais eu du mal à ne pas, c’est écrit en gros sur la laide couverture).
-Il faut toujours acheter les numéros un, poursuit-elle, ça prend de la valeur.
-Vous le vendez combien ?
-Cinq euros.
Il coûtait trente francs à sa sortie. La plus-value est mince. Je le repose. Elle essaie de me retenir en m’expliquant qu’il y a des gens qui font collection des numéros un des revues.
-Je sais, lui dis-je, et parmi toutes les collections, c’est sans doute la plus stupide.
Je repasse les ponts afin de trouver le soleil à la terrasse du Tout Va Bien. J’y lis Mémoire de fille d’Annie Ernaux, peut-être son meilleur livre.
A midi pile, je m’installe à l’une des tables de trottoir du Nautic d’où j’ai vue sur les bateaux de pêche à marée haute entre deux poubelles qui débordent. J’y déjeune d’une assiette de fruits de mer (crevettes, bulots, bigorneaux) suivie d’une choucroute de la mer et de deux choux à la crème, cela en buvant du chardonnay et en regardant passer d’incroyables familles sorties de je ne sais quelles contrées. Certaines cherchent une table dedans ou dehors dans tous les restaurants du quai mais à midi et demi leur constat est unanime : « Le problème, c’est qu’y a plus de place nulle part. »
Après le café et un règlement de vingt-six euros, je vais voir la mer côté plage où l’on fait file pour manger devant chaque gargote tandis qu’arrive le bateau d’Angleterre puis je me réfugie loin du tourisme à la terrasse de La Potinière près de l’église Saint-Rémy. J’y poursuis Mémoire de fille en attendant l’heure du train de retour.
Celui-ci, le seize heures neuf, est bien rempli et permet au contrôleur de justifier son salaire. Plus qu’à traverser Rouen à pied jusqu’à la maison, je suis encore dans la venelle que je sais déjà qu’Aboyus est de retour.
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Au Nautic près de moi mange une famille de quatre : papa, maman et son cinq ans d’un premier lit (comme on disait) et le deux ans des deux.
Le père :
-Ça aurait été bien qu’il mange autre chose que des frites.
La mère :
-Ça va, il retourne à la crèche dès lundi, t’inquiète.
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On trouve le numéro un d’Actuel (dernière formule) à quatre-vingt-dix centimes sur Price Minister.
7 mai 2016
Trois militaires, armes pointées sur le pavé, sont en faction devant la Cathédrale de Rouen à l’heure matutinale où je traverse le parvis en diagonale afin de rejoindre ce jeudi d’Ascension le quartier Saint-Eloi. On vide les greniers là où autrefois on pouvait croiser Molière et ses ami(e)s, comme le rappelle une plaque murale : « Ici était le Jeu de Paume des Bracques où Molière et sa troupe avant de s’établir à Paris jouèrent de Mars à Octobre 1658 ».
Je constate rapidement que je n’y trouverai pas merveille mais je n’en repartirai pas bredouille grâce notamment à l’achat (deux euros) du dernier Annie Ernaux (Gallimard), Mémoire de fille.
Un autre qui ne va pas s’attarder ici, c’est Jean-Pierre Turmel à qui j’explique le Bizarros vendu soixante-quinze euros chez Arts Factory.
Cela ne l’émeut pas. Il m’apprend qu’un exemplaire du quarante-cinq tours de Joy Division qu’il a édité à la même époque a été vendu par une amie à lui mil cinq cents euros.
*
Ce vendredi matin, je vois d’autres Bizarros de chez Sordide Sentimental vendus à peu près au même prix sur eBay et aussi un Joy Division proposé depuis l’Espagne en achat immédiat à trente-cinq euros et treize euros de frais de port. Le temps que je me dise que ce pourrait être malin de l’acheter pour le revendre un bon prix, il est déjà capté par un autre. De quoi me rappeler que je ne suis pas doué pour le commerce.
*
Une heure plus tard, je croise Jean-Pierre Turmel à la brocante du Clos Saint-Marc et lui raconte cette anecdote.
-Il y a beaucoup de pirates, m’apprend-il, de quoi ne plus me faire regretter cet achat raté.
Il en a acheté lui-même. Il y a toujours un petit défaut quelque part qui permet de les reconnaître. Le vinyle de l’un est même de couleur rose. Il ne fait rien contre. Il n’est intervenu qu’une fois quand ce pirate était présenté comme une réédition Sordide Sentimental.
*
Une passante dans la ruelle :
-Finalement, on se disait avec mon papa qu’en vivant à la campagne, on avait plus de bruit que les gens qui habitent ici.
C’est qu’elle ne connaît pas Aboyus et ses deux propriétaires.
Heureusement absentes en ce début de ouiquennede prolongé. Quelle paix !
Je constate rapidement que je n’y trouverai pas merveille mais je n’en repartirai pas bredouille grâce notamment à l’achat (deux euros) du dernier Annie Ernaux (Gallimard), Mémoire de fille.
Un autre qui ne va pas s’attarder ici, c’est Jean-Pierre Turmel à qui j’explique le Bizarros vendu soixante-quinze euros chez Arts Factory.
Cela ne l’émeut pas. Il m’apprend qu’un exemplaire du quarante-cinq tours de Joy Division qu’il a édité à la même époque a été vendu par une amie à lui mil cinq cents euros.
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Ce vendredi matin, je vois d’autres Bizarros de chez Sordide Sentimental vendus à peu près au même prix sur eBay et aussi un Joy Division proposé depuis l’Espagne en achat immédiat à trente-cinq euros et treize euros de frais de port. Le temps que je me dise que ce pourrait être malin de l’acheter pour le revendre un bon prix, il est déjà capté par un autre. De quoi me rappeler que je ne suis pas doué pour le commerce.
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Une heure plus tard, je croise Jean-Pierre Turmel à la brocante du Clos Saint-Marc et lui raconte cette anecdote.
-Il y a beaucoup de pirates, m’apprend-il, de quoi ne plus me faire regretter cet achat raté.
Il en a acheté lui-même. Il y a toujours un petit défaut quelque part qui permet de les reconnaître. Le vinyle de l’un est même de couleur rose. Il ne fait rien contre. Il n’est intervenu qu’une fois quand ce pirate était présenté comme une réédition Sordide Sentimental.
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Une passante dans la ruelle :
-Finalement, on se disait avec mon papa qu’en vivant à la campagne, on avait plus de bruit que les gens qui habitent ici.
C’est qu’elle ne connaît pas Aboyus et ses deux propriétaires.
Heureusement absentes en ce début de ouiquennede prolongé. Quelle paix !
6 mai 2016
La pelouse du jardin de la tour Saint-Jacques est autant occupée qu’une plage de juillet, ce mercredi de soleil à Paris. A voir cela, on serait tenté de croire que les Parisien(ne)s ne travaillent jamais. C’est faux et bien au contraire (comme on dit). En témoigne l’emploi du temps de celle avec qui je ne pourrai même pas fêter l’anniversaire cette année.
Il en est beaucoup d’autres qui travaillent trop. Mon voisin de trottoir Chez Céleste où je déjeune à l’extérieur, d’un chèvre tiède suivi d’un sauté d’agneau aux amandes, est dans ce cas et s’en fait le prosélyte auprès de son stagiaire :
-Si t’as rendez-vous chez le dentiste un mardi après-midi, pas de problème. En revanche, cette liberté a un prix : tu comptes pas tes heures et si ça doit être fait pour demain, tu le fais pour demain.
Ce néo barbu a un semblant de loisir :
-En ce moment, je me fais un énorme kif à regarder des vidéos sur l’astronomie.
De l’autre côté sont deux distribueuses de flayeurs. L’une se plaint d’avoir été refusée par une boutique. « Moi j’y suis bien reçue, lui dit l’autre, mais c’est peut-être parce que je leur achète des sexetoyes. ».
Entré chez Arts Factory, à côté, j’y vois une production Sordide Sentimental de mil neuf cent quatre-vingt, le quarante-cinq tour des Bizarros À l’angle des tourments accompagné de son dépliant. Elle est vendue soixante-quinze euros, et pour dix euros de plus elle est encadrée.
J’entre aussi au Centre Pompidou afin d’y voir l’exposition Paul Klee, L’ironie à l’œuvre, dont on m’a dit peu de bien et, effectivement, je trouve cette rétrospective ennuyeuse. Ce peintre, dont j’ai vu des reproductions dans toutes les écoles par lesquelles je suis passé, est surévalué, me dis-je en redescendant par la chenille. Au vestiaire, où je récupère sac et veste, on se réjouit du beau temps qui fait entrer peu de monde au Musée.
*
Du haut du Centre Pompidou, on distingue un nouveau bâtiment à l’horizon : le futur Palais de Justice dont je suis les progrès de la construction chaque mercredi depuis le train.
*
Information de la Senecefe à destination de qui veut aller à Ermont Eaubonne : « Le train ne circulera pas suite à des problèmes de circulation. »
*
Devant la gare, on vend maintenant le muguet cinq euros les cinquante brins.
Il en est beaucoup d’autres qui travaillent trop. Mon voisin de trottoir Chez Céleste où je déjeune à l’extérieur, d’un chèvre tiède suivi d’un sauté d’agneau aux amandes, est dans ce cas et s’en fait le prosélyte auprès de son stagiaire :
-Si t’as rendez-vous chez le dentiste un mardi après-midi, pas de problème. En revanche, cette liberté a un prix : tu comptes pas tes heures et si ça doit être fait pour demain, tu le fais pour demain.
Ce néo barbu a un semblant de loisir :
-En ce moment, je me fais un énorme kif à regarder des vidéos sur l’astronomie.
De l’autre côté sont deux distribueuses de flayeurs. L’une se plaint d’avoir été refusée par une boutique. « Moi j’y suis bien reçue, lui dit l’autre, mais c’est peut-être parce que je leur achète des sexetoyes. ».
Entré chez Arts Factory, à côté, j’y vois une production Sordide Sentimental de mil neuf cent quatre-vingt, le quarante-cinq tour des Bizarros À l’angle des tourments accompagné de son dépliant. Elle est vendue soixante-quinze euros, et pour dix euros de plus elle est encadrée.
J’entre aussi au Centre Pompidou afin d’y voir l’exposition Paul Klee, L’ironie à l’œuvre, dont on m’a dit peu de bien et, effectivement, je trouve cette rétrospective ennuyeuse. Ce peintre, dont j’ai vu des reproductions dans toutes les écoles par lesquelles je suis passé, est surévalué, me dis-je en redescendant par la chenille. Au vestiaire, où je récupère sac et veste, on se réjouit du beau temps qui fait entrer peu de monde au Musée.
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Du haut du Centre Pompidou, on distingue un nouveau bâtiment à l’horizon : le futur Palais de Justice dont je suis les progrès de la construction chaque mercredi depuis le train.
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Information de la Senecefe à destination de qui veut aller à Ermont Eaubonne : « Le train ne circulera pas suite à des problèmes de circulation. »
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Devant la gare, on vend maintenant le muguet cinq euros les cinquante brins.
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