Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Mes picorages dans le Journal de Trêve de Frédéric Berthet

30 juillet 2024


Lecture rapide du Journal de Trêve de Frédéric Berthet aux terrasses rouennaises, livre que le hasard des « un euro » de Book-Off m’a mis entre les mains. Frédéric Berthet, auteur inconnu de moi, était un ami de Barthes, Sollers et Echenoz. Son Journal de Trêve est le journal de l’écriture d’un roman nommé Trêve non mené à bien. Il ne m’a pas intéressé au point de le lire attentivement, mais j’en ai tiré quelques pépites :
Des femmes m’ont plu, et je les ai aimées : les torts sont réciproques.
Ecrire : se sortir de l’eau soi-même en se tirant par les cheveux…
Et quand on me disait que j’étais présentable, je demandais plein d’espoir « A qui ? », mais on ne savait que me répondre.
Quelqu’un a décidé pour moi que je devais me décider tout seul.
Je n’ai jamais vu personne mourir, mais j’ai souvent accompagné des gens à la gare, et ils ont tous la même façon de s’en aller.
Un écrivain, c’est quelqu’un qui fait de la littérature une affaire personnelle.
Les petites annonces que je pouvais passer : échangerais intérieur contre extérieur.
« Ça jappe », disait-elle pour parler des contractions de son vagin au moment de l’orgasme.
La magie des restaurants. Vous dites le mot, et on vous apporte la chose.
Enculer pour mieux sauter.
Le « C’est pour ton bien » invérifiable de l’indifférence universelle.
-Comment trouves-tu mes fesses ?
-Facilement.
Ce qui rompt l’état d’innocence, ce n’est pas la sexualité, mais le langage.
Quant à croire, Dieu est le moindre mal.
Certains embouteillages étaient magnifiques, les matins de départ en vacances : on avait le temps de savoir qu’on partait.
Pouvoir être un « habitué » tout de suite.
Si j’aimais aller à l’école, oui – mais à cause du trajet à travers le quartier.
J’ai l’âge des femmes que j’aime et avec qui je fais l’amour.
-J’ai l’intention, dit-elle, de ressembler à un crime parfait. Tu comprendras que cela m’interdit d’avoir des complices.
Ce siècle commence à nous taper sur les nerfs.
                                                                  *
Frédéric Berthet est mort à quarante-neuf ans, le vingt-cinq décembre deux mille trois, à son domicile parisien, d’un suicide.