Ce vendredi matin, à la Gare d’Echanges, je donne deux euros cinquante au chauffeur du car BrezhGo pour Etel, ancien port thonier. Ce car est empli de collégien(ne)s tranquilles, une jeunesse qui descend à Kervignac. Suivent d’autres villages aux noms tout aussi bretons, Merlevenez, Plouhinec, Kergouric, Belz où descend un simplet qui ressemble à Popeye (il s’était assis dans les marches du car des kilomètres avant, de peur de rater son arrêt) et c’est le terminus à Etel, arrêt Gare Routière.
Je descends pédestrement la rue principale pour rejoindre le port sur la ria. « La ria d’Etel, la plus secrète des mers bretonnes », c’est le slogan. Le ciel est bleu. En face, on voit Plouhinec et ses jolies maisons, son cimetière de bateaux dont il ne reste plus grand-chose et au bout de la dune une chapelle. Aucun bar n’est encore ouvert, hormis Le Carré où faute de terrasse, c’est dedans que je bois un allongé à un euro soixante. Cet intérieur est sombre et la clientèle locale. On vient ici pour lire gratis Le Télégramme et Ouest France. La télé d’information continue est allumée avec le son. Ce n’est pas un endroit où s’attarder.
Je marche sur un petit bout du Géherre Trente-Quatre tout plat, le long de la ria en direction de la fameuse « barre d’Etel ». Un monument signale la catastrophe du trois octobre mil neuf cent cinquante-huit. Les noms des péris en mer y sont inscrits mais pas celui du responsable.
Au retour, comme il est onze heures, le Che Luz a ouvert sa grande terrasse face à la mer. Je marche seul dans Buenos Aires y chante Lavilliers dans l’imposante sono. « August Strindberg, tome trois, une grosse saga ? », me demande le patron en m’apportant un café verre d’eau à un euro quatre-vingts. « Sa correspondance », lui dis-je.
Huit euros cinquante avec une bouteille d’eau, c’est le prix du fish and chips à emporter que je me procure au Lamparo. Je le mange face au large. Pendant ce temps le ciel devient plus ou moins gris. Un jeune couple passe main dans la main, elle pleurant à chaudes larmes (comme on dit).
Mon car BreizhGo de retour est celui de treize heures vingt-cinq (le suivant dans trois heures et demie). Je suis né dans une famille modeste, c’est ce qu’écoutent et chantent des garçons à l’arrêt Gare Routière. Ils connaissent tous les paroles par cœur. Des apprentis sans doute, avec des bagages, qui retournent dans leurs familles le vendredi. Bientôt, l’un d’eux grimpe sur le toit de l’abribus. Les autres se lancent des vannes sur la façon dont ils sont habillés.
Dans le car ils se calment, jusqu’à ce que plusieurs lancent des boulettes de papier. Le chauffeur fait un arrêt d’urgence, quitte son siège et annonce qu’il ne repartira que les boulettes ramassées et mises dans la poubelle. L’un, comme un péteux, s’exécute.
*
J’ai logé autrefois dans des petits hôtels à Belz et à Etel quand je suis allé au Festival Interceltique de Lorient qui à ses débuts se tenait à Pâques. Deux fois je pense. Je me souviens particulièrement bien des curés en soutane qui dirigeaient des chorales et des sœurs Goadec.
Tout près est Erdeven où j’étais en mil neuf cent soixante-quatorze au rassemblement contre le projet de centrale nucléaire dont l’invité surprise fut Alan Stivell. Je revois le chapiteau dans les dunes.
*
Etel fut le lieu des premiers exploits d’Alain Bombard. Le trois octobre mil neuf cent cinquante-huit, avec six volontaires, à bord d’un canot de survie de sa conception, il tente de franchir la barre d'Étel, grande lame à l'embouchure de la ria, formée par la rencontre de la marée montante et des eaux qui s'écoulent de la rivière. Le canot se retourne, de même que le bateau de sauvetage chargé d'assurer la sécurité. Bilan : neuf morts, quatre parmi les occupants du canot et cinq parmi les marins sauveteurs de la station d'Etel.
Je descends pédestrement la rue principale pour rejoindre le port sur la ria. « La ria d’Etel, la plus secrète des mers bretonnes », c’est le slogan. Le ciel est bleu. En face, on voit Plouhinec et ses jolies maisons, son cimetière de bateaux dont il ne reste plus grand-chose et au bout de la dune une chapelle. Aucun bar n’est encore ouvert, hormis Le Carré où faute de terrasse, c’est dedans que je bois un allongé à un euro soixante. Cet intérieur est sombre et la clientèle locale. On vient ici pour lire gratis Le Télégramme et Ouest France. La télé d’information continue est allumée avec le son. Ce n’est pas un endroit où s’attarder.
Je marche sur un petit bout du Géherre Trente-Quatre tout plat, le long de la ria en direction de la fameuse « barre d’Etel ». Un monument signale la catastrophe du trois octobre mil neuf cent cinquante-huit. Les noms des péris en mer y sont inscrits mais pas celui du responsable.
Au retour, comme il est onze heures, le Che Luz a ouvert sa grande terrasse face à la mer. Je marche seul dans Buenos Aires y chante Lavilliers dans l’imposante sono. « August Strindberg, tome trois, une grosse saga ? », me demande le patron en m’apportant un café verre d’eau à un euro quatre-vingts. « Sa correspondance », lui dis-je.
Huit euros cinquante avec une bouteille d’eau, c’est le prix du fish and chips à emporter que je me procure au Lamparo. Je le mange face au large. Pendant ce temps le ciel devient plus ou moins gris. Un jeune couple passe main dans la main, elle pleurant à chaudes larmes (comme on dit).
Mon car BreizhGo de retour est celui de treize heures vingt-cinq (le suivant dans trois heures et demie). Je suis né dans une famille modeste, c’est ce qu’écoutent et chantent des garçons à l’arrêt Gare Routière. Ils connaissent tous les paroles par cœur. Des apprentis sans doute, avec des bagages, qui retournent dans leurs familles le vendredi. Bientôt, l’un d’eux grimpe sur le toit de l’abribus. Les autres se lancent des vannes sur la façon dont ils sont habillés.
Dans le car ils se calment, jusqu’à ce que plusieurs lancent des boulettes de papier. Le chauffeur fait un arrêt d’urgence, quitte son siège et annonce qu’il ne repartira que les boulettes ramassées et mises dans la poubelle. L’un, comme un péteux, s’exécute.
*
J’ai logé autrefois dans des petits hôtels à Belz et à Etel quand je suis allé au Festival Interceltique de Lorient qui à ses débuts se tenait à Pâques. Deux fois je pense. Je me souviens particulièrement bien des curés en soutane qui dirigeaient des chorales et des sœurs Goadec.
Tout près est Erdeven où j’étais en mil neuf cent soixante-quatorze au rassemblement contre le projet de centrale nucléaire dont l’invité surprise fut Alan Stivell. Je revois le chapiteau dans les dunes.
*
Etel fut le lieu des premiers exploits d’Alain Bombard. Le trois octobre mil neuf cent cinquante-huit, avec six volontaires, à bord d’un canot de survie de sa conception, il tente de franchir la barre d'Étel, grande lame à l'embouchure de la ria, formée par la rencontre de la marée montante et des eaux qui s'écoulent de la rivière. Le canot se retourne, de même que le bateau de sauvetage chargé d'assurer la sécurité. Bilan : neuf morts, quatre parmi les occupants du canot et cinq parmi les marins sauveteurs de la station d'Etel.